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4,1

sur 1788 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est en VO que je me suis lancée dans la découverte de ce fameux essai.
Ce n'était pas une découverte de l'auteure puisque j'ai déjà lu au moins un roman, plusieurs biographies et quelques correspondances.
Je savais donc que j'allais retrouver cet esprit piquant, ce mordant, qui fait de Virginia Woolf bien plus qu'une romancière dépressive qui s'est jetée dans l'Ouse.

En six chapitres, Virginia Woolf va faire un état des lieux de la place des femmes dans la production littéraire et en tirer des conclusions, qui sont malheureusement parfois encore d'actualité.

J'ai frissonné d'émotion par passages, lorsqu'elle nous parle de la soeur de Shakespeare, ou lors de sa belle et puissante conclusion, qui m'a atteinte directement par-delà les années. J'ai souri lorsqu'elle a la dent dure ou lorsque nous pensions repérer des allusions grivoises (spoil alert : un "giant cucumber" fait une apparition dans cet essai). J'ai été fascinée, même si pas toujours entièrement en accord avec elle, lorsqu'elle dissèque l'oeuvre de Jane Austen et de Charlotte Brontë

J'ai également eu un peu de mal à la suivre en anglais, lors de ses nombreuses digressions, qui finissent toujours par revenir se lier au sujet de départ, alors j'ai relu chaque chapitre en français, dans la traduction de Marie Darrieussecq.
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Cet essai est tiré de deux conférences tenues par Virginia Woolf en 1928 sur le thème des femmes et de la fiction.
Après une longue entrée en matière dans laquelle elle évoque quelques dîners intellectuels qui m'a déconcertée car je ne voyais pas de rapport direct ni avec « les femmes », ni avec « la littérature », Virginia Woolf expose ses recherches et ses réflexions pour comprendre, globalement, « pourquoi n'y at-t-il pas plus d'autrices classiques ».

Historiquement, les femmes écrivaines sont aux prises avec des difficultés financières (car ce sont les hommes qui travaillent contre salaire) et leur temps déjà bien occupé (éducation des enfants et tenue du foyer) : ces deux paramètres étant résumés dans l'expression « avoir une chambre à soi ». Un lieu au calme pour créer de l'art en s'isolant du monde et des préoccupations matérielles.
A cela s'entremêlent d'autres raisons (qui sont à la fois à l'origine de celles-ci et qui en découlent également), la principale étant l'absence de reconnaissance (et c'est un euphémisme) par la culture dominante (masculine).

Cet essai est très riche et captivant. Quand on voit ce qu'écrivaient certains hommes sur les femmes artistes ou intellectuelles à l'époque, on comprend que le chemin est bien long pour que celles-ci puissent créer sans être dévalorisées simplement parce qu'elles sont femmes.
Les explications de Virginia Woolf sur le fait que les femmes ont été littéralement EMPÊCHEES d'écrire et de publier sont révoltantes. Elle souligne d'autant plus le mérite d'écrivaines telles que Jane Austen ou les soeurs Brontë, qui ont réussi malgré cette adversité à exprimer leur art (malgré les mauvaises conditions dont elles pouvaient bénéficier, comparées à leurs collègues masculins).
Elles ont commencé à tracer la route pour les écrivaines suivantes.

Ecrire et être publié.e, exprimer son talent au public, dépend principalement de conditions matérielles, financières et sociales. Pendant longtemps, les femmes ont été privées des trois – et de la reconnaissance en prime, pour le peu d'entre elles qui ont réussi à écrire et être publiées !

En conclusion : saluons la mémoire et l'héritage des écrivaines pionnières que sont Aphra Behn, Jane Austen, Emily, Charlotte et Anne Brontë, George Elliot... pour les plus connues. Et continuons de lire des autrices et d'écrire.
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Cela faisait si longtemps que j’avais ce livre sur ma wishlist que j’ai oublié qu’il s’agissait d’un essai et non d’un roman.Néanmoins je n’ai pas du tout été déçue par ce texte.
Virginia Woolf revient sur le statut des femmes dans l’histoire et plus particulièrement celui des écrivaines et des artistes. Elle fait le point sur le rôle des femmes dans la société occidentale du moyen age jusqu’aux années 30. Loin d’être ennuyeuse la narration est fluide; en plus des réflexions de l'auteur il y a des passages romancés qui donnent corps au récit, ainsi que des exemples concrets et des anecdotes intéressantes. J’ai été ravie d’en apprendre plus sur certaines écrivaines comme par exemple Jane Austen; je n’aurais jamais cru qu’orgueil et préjugés avait été rédigé en cachette au milieu d’un salon commun bruyant!
L’analyse des besoins des femmes pour s’émanciper et les conseils sont certes dépassés, cependant,ils permettent de mieux comprendre les racines du sexisme moderne et du plafond de verre. C’est aussi une piqûre de rappel utile, n’oublions pas que les droits des femmes sont récents (droit de vote 1944, droit de travailler sans autorisation du mari 1965, loi Veil 1975..) et qu’il y a encore du travail à faire.
Un livre sur un sujet très sérieux qui se lit pourtant très bien,et qui prouve de façon implacable et logique que le féminisme est plus que jamais nécessaire !
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Comme pour Mrs. Dalloway, je commence à aimer le livre à partir de sa moitié. J'adore la toute dernière partie où elle s'adresse directement aux étudiantes. Et le fond et la forme sont exceptionnels. Tandis que la première partie me perd : l'écriture, si poétique soit elle, m'est inaccessible. Sans parler des nombreuses références anglaises de son époque que je ne connais pas. Heureusement je suis familière des soeurs Bronte (et je dois absolument lire Orgeuils & Préjugés de J.Austen). Malgré cette entame qui me rend confuse, le style de l'écrivaine - fleuri, brillant, évocateur - sublime le fond auquel j'adhère complètement. Malheureusement, 100 ans après 1928, la femme n'est pas exactement l'égale de l'homme, comme V. Woolf féministe semble l'imaginer…
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J'ai beaucoup aimé ce roman. Les réflexions y sont très riches et même si presque un siècle nous sépare de ces mots, ils font échos à notre société actuelle. Nous n'avons pas tous, nous n'avons pas toutes, les mêmes temps possibles de ressources, de réflexions, d'écriture. La possibilité ou non d'une autonomie financière et d'un espace à soi pour les femmes, dans une société patriarcale, sont des sujets qui évoluent dans le temps. L'Histoire est en cours d'écriture ou pourrait être réécrite, pour mettre différemment en lumière toutes ces vies de femmes dont nous ne connaissons que trop peu l'histoire. Des thèmes essentiels y sont abordés. Sans exhaustivité : l'accès aux savoirs des femmes, leur temps de loisirs, le travail domestique, la société, les classes sociales, l'homosexualité, la question du genre.
Il est difficile de faire une critique de ce livre, car il est dense et mérite plus que quelques lignes. Un livre à relire! J'ai eu un peu moins de plaisir sur la fin, mais je pense que j'étais moi même dans un contexte avec moins de tranquillité pour lire. Il est de ces livres, dont il faut un temps à soi pour en déguster toute la saveur.
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Je n'ai pas eu peur de lire ce court essai, mais, au contraire, du plaisir à découvrir les arguments déployés par Virginia Woolf qui explique en s'appuyant sur la littérature anglaise pourquoi les femmes ont eu de tout temps des difficultés à écrire et à être publiées. C'est qu'elles n'avaient pas de "chambre" où s'isoler (entendez pas de temps pour elles-mêmes) ni de revenus suffisants pour être libres. L'homme vit à l'extérieur, la femme reste à la maison et ne peut pas, même au salon, s'isoler.

Il y a en effet un grand paradoxe entre la figure de la femme qui "envahit la poésie d'un bout à l'autre" tout en étant "à peu de choses près, absente de l'Histoire". C'est que les enfants et la cuisine ne laissent qu'un faible degré de liberté. C'est aussi la prédominance de l'homme dans la société et son opposition avérée à l'émancipation de la femme (opposition dont l'histoire serait probablement plus intéressante que l'histoire même de cette émancipation).

Cet essai comporte des réflexions fort intéressantes sur l'art du roman. Ainsi "quand le pouvoir de suggestion fait défaut à un livre, si grande que soit la violence avec laquelle il frappe la surface de l'esprit, il ne peut le pénétrer en profondeur". Malgré les nombreuses références à la littérature féminine anglaise qui peuvent entraver la compréhension du propos faute d'une connaissance suffisante, on adhère facilement à l'argumentation de Virginia Woolf ; elle s'exprime après que Jane Austen et Emily Brontë ont été reconnues et que les suffragettes ont obtenu le droit de vote. Un petit reproche à l'éditeur : il aurait pu, dans les pages blanches de la fin du volume insérer de courtes notes de présentation de Lady Winchilsea, Mary Russell Mitford, Christina Rossetti et autre Lady Stephen et de quelques autres écrivaines que je n'ai pas l'heur de connaître.

Existe-t-il deux sexes dans l'ordre spirituel comme il y en a deux dans l'ordre physique ? La réponse est nuancée : en chacun de nous coexistent deux forces, l'une masculine, l'autre féminine et leur fusion harmonieuse ouvre la voie à la plus grande fertilité.

le ton de cette plaidoirie, souvent ironique, est plaisant. le lecteur comprend mieux l'émergence grandissante de la place de la femme en Occident pendant l'entre-deux-guerres. Virginia annonce Simone.
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Un très bon livre qui nous montre le chemin parcouru des femmes considérées moins qu'un esclave et mises à l'écart sur le plan Littéraire (mais pas que). Ecrit par une femme et qui se questionne bien plus profondément sur le sujet que les hommes eux-mêmes ne le font sur eux et ne le feront peut-être jamais.
Ce qui est extraordinaire, c'est une fois le chemin ouvert, les femmes ont galopé glorieusement pour être aux même niveaux que les hommes en Littérature, Virginia Woolf en est un très bon exemple.
Mais près de 90 ans après la publication de cet essai, une réflexion reste encore à faire sur le sujet, la route est certes ouverte aux femmes mais sujettes trop encore à des brimades, et il serait intéressant de se demander ce Mme Woolf penserait de la situation actuelle.
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- UNE CHAMBRE A SOI -

Un essai qui je pense plaira à toute les femmes du monde car oui je pèse bien mes mots. Car Virginia Woolf arrive a poser des mots sur ce que les femmes ressentent et de l'injustice de l'époque qui continue a rester. Elle met aussi un thème qui maintenant aujourd'hui nous parlons dans les université. Les femmes et la littérature , si le sujet vous intéresse Lidia Jorge aussi à écrit un chapitre sur ce thème mais le livre n'a pas été encore traduit en France, je crois. Nous pouvons ressentir la colère de Virginia et réussir à sentir ces mots qu'elle emploie avec justesse.
Je conseille vivement que les personnes le lisent.

Carlaine
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Première fois pour moi que je lisais un essai.
C'est une agréable surprise avec un sujet qui m'apparait comme actuel quant à la place de la femme dans la société. D'autant plus que Virginia Woolf n'a pas du tout une attitude de féministe, mais réellement de questionnement sur la place de la femme dans la littérature. Elle ne blame pas les époques de ne pas avoir laissé de place aux femmes, elle cherche à comprendre et expliquer le pourquoi de leur silence avant au moins le XVIII ou XIX è siècle. Elle nous explique qu'il ne s'agit pas entièrement d'une exclusion de la femme volontaire de la part des hommes mais surtout une histoire de faits. le fait est par exemple que les femmes n'étant pas instruite, il leur était impossible d'écrire, le fait est que les femmes s'occupaient des enfants mis au monde, donc elle manquait de temps, etc.
Au cours de cet essai, Virginia, nous fait voyager à travers les époques, et nous permet d'arriver jusqu'à son époque, durant laquelle les femmes se "libèrent" et se mettent à écrire. Et là encore elle analyse, quel type d'écriture ? roman ? poésie ? et pourquoi ?

J'ai beaucoup aimé cet essai qui m'a permis d'en apprendre plus sur les femmes en littérature. J'ai énormément apprécié que l'auteure utilise une analyse très objective et non subjective (qu'en tant que femme elle aurait pu choisir).
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Dans cet essai V.Woolf s'interroge sur le silence des femmes dans la littérature avant le XIXe s, et conclut avec les trois choses indispensables à toute liberté intellectuelle : de l'argent, du temps et une pièce que l'on peur fermer à clé. C'est la condition sine qua non pour rêver, penser et écrire .
Elle insiste aussi sur l'importance d'avoir confiance en soi, et d'écrire sans se soucier de l'opinion des autres. Elle témoigne ainsi de son admiration pour Shakespeare et Jane Austen, survolant contraintes et critiques pour écrire des oeuvres géniales.

Enfin, elle fait preuve d'un féminisme qui ne prône ni la comparaison ni la similarité des hommes et des femmes. Pour elle les deux sexes sont complémentaires, et l'éducation devrait mettre en valeur leurs différences et se détacher ainsi de revendiquer une supériorité, et imputer une infériorité.

Le style oral de cet essai le rend parfois un peu touffu, comme un flux de conscience auquel il faut s'accrocher pour se laisser dériver. Mais les éclairages sur les contraintes d'une société patriarcale sont une source de réflexion inépuisable.
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