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Rose Celli (Traducteur)Agnès Desarthe (Préfacier, etc.)
EAN : 9782757812051
256 pages
Points (05/02/2009)
3.88/5   36 notes
Résumé :
"Le seul conseil en effet qu'une personne puisse donner à une autre à propos de la lecture c'est de ne demander aucun conseil, de suivre son propre instinct, d'user de sa propre raison, d'en arriver à ses propres conclusions."
Loin d'imposer un quelconque jugement, Virginia Woolf partage sans détour sa connaissance profonde et son indéfectible amour de la littérature. Elle admire Proust et Austen, se demande si on peut comprendre Tolstoï sans parler russe et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans “L'art du roman”, Virginia Woolf nous parle de son amour inconditionnel de la lecture et nous explique l'évolution d'un jeune genre de la littérature : le roman. Ce livre est constitué de différents articles ou conférences réalisés autour de ce thème durant toute la vie de l'auteur. L'association des articles s'est fait après le décès de l'auteur mais je trouve l'ensemble plutôt homogène.

Le roman est un genre assez récent dans la littérature anglaise mais Virginia Woolf note son extraordinaire essor durant le XIXème siècle. de très nombreux courants se développent à cette époque qui sont détaillés par Virginia Woolf dans le chapitre intitulé “Les étapes du roman”. Les plus grands auteurs anglais s'y retrouvent dans différentes catégories comme les réalistes avec Defoe, Trollope, les colporteurs de personnages comme Dickens ou Jane Austen, les satiriques comme Sterne ou Peacock, etc… Ce chapitre permet à Virginia Woolf d'insister sur l'incroyable inventivité des romanciers et leurs possibilités infinies de création. Mais pourquoi cette forme littéraire s'est-elle ainsi développée ? Virginia Woolf l'explique par la volonté des écrivains de créer des personnages et de les approfondir : “Autrement dit je crois que tous les romans ont affaire au personnage et que c'est pour exprimer le personnage - pas pour prêcher des doctrines, chanter des chansons ou célébrer les gloires de l'Empire britannique - que la forme du roman, si lourde, si verbeuse, si peu dramatique, si riche, si élastique, si vivante, s'est développée.” le personnage comme centre de la création artistique a apporté un changement d'importance : l'arrivée des femmes en littérature. Elles sont de grandes observatrices de la vie quotidienne et des personnes qui les entourent. Cette prédisposition et la possibilité de disposer d'espaces intimes leur permettent d'investir le champ du roman. Mais, comme pour les hommes, leur matériau principal reste l'humain, son comportement et ses émotions. Virginia Woolf fait le même constat en Russie où le roman a également pris son essor au XIXème siècle. L'âme humaine est le sujet principal des oeuvres de Dostoïevski ou Tolstoï.

Après l'écrivain, Virginia Woolf consacre de longs passage au deuxième acteur du roman : le lecteur. le rôle du lecteur est essentiel car il peut influencer le goût de l'époque. le lecteur doit avant tout suivre son instinct et s'éduquer grâce à ses multiples lectures. Virginia Woolf souligne d'ailleurs la difficulté d'être lecteur : “Ainsi, aller d'un grand écrivain à un autre, de Jane Austen à Hardy, de Peacock à Trollope, de Scott à Meredith, c'est être arraché et déraciné, projeté ici puis là. Lire un roman est un art difficile et complexe. Il vous faut être capable non seulement d'une grande finesse de perception mais encore d'une grande hardiesse d'imagination si vous voulez mettre à profit tout ce que le romancier - le grand artiste - vous apporte.” le lecteur, à force de lectures, devient plus critique et recherche la qualité ce qui, normalement, doit élever le niveau des livres écrits.

L'époque contemporaine, à partir de 1910, permet d'ailleurs une démocratisation de la lecture avec l'ouverture d'écoles et de bibliothèques publiques. On assiste également à une démocratisation du métier d'écrivain. AU XIXème siècle et au début du XXème, l'écrivain est issu, à l'exception de Charles Dickens et D.H. Lawrence, des classes sociales les plus élevées. Cette ouverture, espère Virginia Woolf, permettra une diversité créatrice accrue. Cette nouvelle génération d'écrivains doit trouver sa place et chercher de nouveaux moyens d'expression. La période est instable politiquement, les guerres mondiales ont profondément modifié les comportements et bouleversé l'ordre social. Aussi la période semble peu propice à la naissance de chefs-d'oeuvre. Malgré cela, Virginia Woolf attend et croit beaucoup en l'avenir du roman qui ne peut que s'enrichir de tous ces changements.

Ce recueil d'articles de Virginia Woolf est passionnant et passionné. Elle nous transmet son plaisir de lectrice et ses goûts. Ses fines et pertinentes analyses éclairent à la fois l'histoire du roman mais également ses choix d'écrivain. Lire “L'art du roman” incite à lire de plus en plus et comme le dit fort bien Virginia Woolf : “(…) on ne saurait jamais trop lire.”
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Présentant une dizaine d'articles et de conférences s'étalant de 1919 à 1940, où Virginia Woolf, modeste et brillante à la fois, parle avec passion du roman en général, mais aussi de poésie, de lecture, des romanciers, des critiques, ce livre est devenu pour moi absolument incontournable.

Je vais essayer de vous allécher sans trop en dévoiler non plus.
Elle parle de son amour pour les romans russes et évoque avec humour la fameuse "âme russe". J'ai relevé aussi un intéressant passage sur les traductions de romans étrangers.

Dans Mr. Bennett et Mrs Brown (1924) elle décrit avec brio les différences entre les romanciers contemporains .

Le texte le plus long, Les étapes du roman, est absolument passionnant pour un lecteur vorace et éclectique et montre le parcours, j'allais dire logique, disons argumenté, dudit lecteur, des romanciers de la réalité (Swift, Maupassant), aux romantiques (Scott, Stevenson), puis aux colporteurs de personnages (Austen, Dickens), vers les psychologues (James, Proust), et les satiriques (Sterne), pour terminer par les poètes.

Evidemment j'ai lu avec grand intérêt Les femmes et le roman, où Woolf précise qu'il n'y a pas eu de femmes écrivains en Angleterre avant le fin du 18ème siècle, et donne pour cela des raisons intéressantes.
Mais il me semble qu'en France il y a eu des auteurs féminins bien avant (Madame de Sévigné, Madame de la Fayette, oui finalement des femmes d'un certain milieu). Qu'en pensez-vous?

J'avoue n'avoir jamais lu de roman de Virginia Woolf (me ferait-elle peur?) mais j'ai été séduite par son style fluide, son humour discret, son intelligence. N'attendez pas forcément des réponses aux multiples questions posées, la dame reste modestement en retrait, mais elle propose des pistes de réflexions et des remarques passionnantes. On n'est d'ailleurs pas obligé d'adhérer à toutes ses opinions et projections sur l'avenir du roman, ainsi qu'à son avis sur Dickens (si, elle l'aime quand même!).

Je ressors donc de cette lecture copieuse mais digeste avec une envie furieuse de lire ses romans, (ainsi que Guerre et paix et Tristam Shandy).
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le seul conseil en effet qu'une personne puisse donner à une autre à propos de la lecture c'est de ne demander aucun conseil, de suivre son propre instinct, d'user de sa propre raison, d'en arriver à ses propres conclusions.
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Quand vous avez changé tous les mots d'une phrase, du russe à l'anglais, et ainsi un peu altéré le sens et complètement le son, le poids et l'accent des mots dans leurs rapports mutuels, rien ne reste du sens d'une version brute et "en gros". Ainsi traités, les grands écrivains russes sont comme des hommes dépouillés par un tremblement de terre ou une catastrophe de chemin de fer non seulement de leurs vêtements mais encore de quelque chose de plus subtil et de plus important : leur manière d'être, les singularités de leur nature. Comme l'ont prouvé les Anglais par leur admiration fanatique, ce qui reste est quelque chose de très profond, de très puissant, mais étant donné ces mutilations il est difficile de savoir avec certitude jusqu'à quel point nous pouvons nous fier à nous-mêmes pour ne pas leur prêter, pour ne pas déformer, pour ne pas lire en eux un accent qui n'est pas le vrai.
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Pour nous séparer de la littérature russe nous avons non seulement tout cela mais encore une barrière beaucoup plus sérieuse : la différence du langage. De tous ceux qui ont fait leur régal de Tolstoï, de Dostoïevski et de Tchékhov au cours des vingt dernières années, pas plus d'un ou deux peut-être étaient capables de les lire en russe. Notre jugement sur eux a été formé par des critiques qui n'ont jamais lu un mot de russe, ni vu la Russie ni même entendu de russes parler dans leur langue, et qui étaient donc obligés d'avoir une foi implicite aveugle dans l'oeuvre du traducteur.
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La vie n'est pas une série de lanternes de voitures disposées symétriquement; la vie est un halo lumineux, une enveloppe semi-transparente qui nous entoure du commencement à la fin de notre état d'être conscient. N'est-ce aps la tâche du romancier de nous rendre sensible ce fluide élément changeant, inconnu et sans limites précises, si aberrant et complexe qu'il se puisse montrer, en y mêlant aussi peu que possible l'étranger et l'extérieur ?
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Mais toutes les déductions que nous pourrions tirer en comparant deux arts romanesques si infiniment distincts sont vaines, sauf quand elles nous submergent sous le flot des innombrables possibilités de l'art ; quand elles nous rappellent que l'horizon est sans limite et que rien, ni "méthode" ni expérimentation, même de ce qu'il y a de plus extravagant, n'est interdit, mais seulement l'insincérité et le faux-semblant.
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Videos de Virginia Woolf (84) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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