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4,1

sur 1785 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A partir de cette thématique, "Les femmes et le roman", Virginia Woolf va nous livrer un récit qui permet de rendre compte, certes, de la place de la femme dans le roman, mais plus encore de la place de la femme écrivain dans le roman, et dans les autres genres littéraires.

En une série de réflexions, parfois au plus proche du sujet, parfois sous forme de parenthèses qui en reviennent malgré tout toujours au propos de base, l'autrice démontre que si les femmes ont moins écrit que les hommes pendant des siècles, et si les femmes écrivent encore, à son époque, plus de romans que du reste, c'est parce qu'elles en avaient, et en ont moins, la possibilité physique et géographique - moins de temps, pas d'espace à soi pour être au calme -.

Ainsi, avec virulence et ironie, elle démonte d'emblée l'idée reçue du génie masculin, prouvant qu'il n'est de génie que le temps que l'on peut se permettre à écrire, et elle donne pour cela des exemples concrets d'autrices et d'auteurs, de leurs oeuvres, de leur condition d'écriture et de réception au fil des siècles.

Elle espère aussi, avec l'évolution des temps et des moeurs, que davantage de femmes auront un lieu à soi pour écrire et se réaliser en dehors du foyer.

Un texte intéressant, mais qui perd en force par son côté parfois un peu disparate.
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Dans cette analyse pleine de remarques piquantes et d'ironie, Virginia Woolf revient sur la question des femmes et de la fiction/littérature. Pourquoi étaient-elles si peu présentes à l'époque ? Pourquoi ce silence ?

Pour elle, il y a trois principales raisons : une femme ne pouvait pas écrire car on ne lui donnait ni le temps (car elle devait s'occuper de sa famille), ni l'espace (aucun lieu pour s'isoler et écrire au calme), ni l'argent (aucune indépendance financière). Et puis quel homme prendrait le risque de laisser une femme écrire ? Il ne faudrait pas qu'elle lui renvoit la dure réalité en face (c'est-à-dire qu'il n'est pas aussi puissant qu'il ne le pense).

La forme du récit est plutôt originale car pour exposer sa thèse, Virginia Woolf a décidé de raconter une histoire. Eh oui, pourquoi ne pas utiliser la fiction pour parler des femmes et de la fiction ? Elle nous raconte donc l'histoire d'une jeune femme qui s'interroge... sur les femmes et la fiction. Vous suivez toujours ?

J'ai eu un peu de mal à me faire à son style, mais une fois dedans j'ai vraiment passé un bon moment. Ses arguments sont intéressants, et sa conclusion d'autant plus : écrivez. Ne cessez jamais d'écrire, de vous exprimer, de critiquer.

Un manifeste à lire et relire pour en comprendre toute la subtilité et les critiques !
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Un lieu à soi est la nouvelle traduction, faite par Marie Darrieusecq, du fameux essai de Virginia Woolf, A Room of One's own. Si cette traduction nuance légèrement le titre, précédemment traduit comme Une chambre à soi, le propos reste sensiblement le même : une longue dissertation visant à expliquer pourquoi les femmes n'écrivaient pas, ou très peu, de fiction dans les années 1930. A travers un entrelacement d'histoires plus ou moins factuelles ou imaginaires, de réflexions diverses et variées et de faits trouvés dans des livres d'histoire, Virginia Woolf nous explique essentiellement que les femmes ne peuvent pas écrire de fiction parce qu'elles n'ont pas la disponibilité intellectuelle de le faire, disponibilité qui leur est refusée pour deux raisons principales : elles n'ont pas suffisamment d'argent à elles pour pouvoir dédier leur temps aux choses de l'esprit, et elles sont systématiquement interrompues parce qu'elles n'ont pas de lieu à elles où s'isoler pour penser tranquillement.

Cet essai, si tant est qu'il puisse être qualifié ainsi est franchement difficile à lire, je ne vous le cacherais pas. Pour autant, je suis contente de m'être accrochée et d'en être arrivée au bout. La thèse m'étant déjà familière, j'ai apprécié de suivre le processus intellectuel, même romancé, ayant permis à l'auteure d'arriver à ce propos. Elle pensait trouver une réponse simple et évidente à sa question dans les livres académiques, mais cet espoir vite déçu, elle a laissé à son imagination et à sa logique plus de place pour interpréter ses recherches. C'est intéressant de suivre ses réflexions qui viennent alors que son esprit s'égare, les gribouillis qui accompagnent ses pérégrinations mentales et révèlent finalement plus que les notes ordonnées qu'elle a couché sur le papier.

Aujourd'hui, les femmes sont bien plus présentes sur la scène littéraire, pour autant, il n'est aisé pour personne de vivre de sa plume à l'heure actuelle. Est-ce que la distinction de sexe, dans ce contexte, existe toujours, non pas telle que Virginia Woolf la décrivait mais sous une nouvelle forme ? Est-ce que le patriarcat existe toujours en littérature au XXIème siècle ?
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Dans cet essai mêlant fiction et réflexion, Virginia Woolf raconte comment elle est (péniblement) parvenue à prononcer sa conférence sur "Les femmes et la fiction". Elle évoque combien le sujet l'a déstabilisée, retrace le cheminement de sa pensée, avoue les écueils qu'elle a rencontrés tout en livrant ici et là les conclusions auxquelles sa démarche intellectuelle l'a menée. le style est très déstabilisant car l'auteure mêle vie quotidienne (pour illustrer son propos) et réflexions en vrac, que le texte est plein de rêveries faisant souvent perdre le fil conducteur (un paysage, une situation, et l'imagination de l'auteur s'emballe, flirtant avec la poésie) et que l'on a parfois du mal à dégager l'essentiel des "tours et détours de mes cogitations".

Cependant, une fois que l'on est habitué à la façon d'écrire de Virginia Woolf, force est de reconnaître que ses idées sonnent juste. Si les femmes se sont mises si tardivement à l'écriture, observe-t-elle, c'est que les conditions n'étaient pas réunies. En cause, "la répréhensible pauvreté de notre sexe" qui a longtemps dépendu financièrement d'un père ou d'un mari, ne possédant rien en propre. En effet, la qualité de vie influe sur les préoccupations et les discussions, les élevant, ou pas. On n'a pas les mêmes conversations selon son niveau social ("Je réfléchissais à l'effet de la pauvreté sur l'esprit; à l'effet de la richesse sur l'esprit"). On n'a pas le même état d'esprit non plus ("Quel remarquable changement de caractère un revenu fixe peut apporter"). On ne peut pas non plus "faire fortune et porter treize enfants".

D'autre part, dans une société "sous la coupe d'un patriarcat", la femme a longtemps été "le faire-valoir de l'homme". Elle n'est que "l'épouse de". Il est difficile, pour celle qui le souhaite, de trouver un travail intéressant et valorisant. Pire, on l'a longtemps jugée moins capable que les hommes, faisant peser sur elle de lourds préjugés quant à ses capacités intellectuelles. Si Shakespeare avait eu une soeur aussi douée que lui, on ne lui aurait pas pour autant proposé les mêmes opportunités que lui. Il y a d'ailleurs une étrange contradiction entre la femme de fiction décrite dans les romans de l'époque, et la femme réelle: "En imagination, la femme est de la plus haute importance (Antigone, lady Macbeth, Anna Karenine, Emma Bovary); en pratique, elle est insignifiante". Combien les femmes intelligentes ont dû être malheureuses autrefois!

En constatant que les femmes ont longtemps manqué de conditions propices à l'acte de créer (de l'argent, de l'éducation, de la disponibilité, un endroit où écrire au calme), Virginia Woolf élargit progressivement sa réflexion à la création littéraire en général. Si "la liberté intellectuelle dépend des choses matérielles", il faut aussi être libre d'écrire ce que l'on veut. Or les premières à se lancer ont été freinées par le jugement des hommes (une femme ne peut pas écrire sur n'importe quel sujet, tenir n'importe quel propos...). Il a donc fallu s'affranchir de la peur d'être dénigrée ou contestée.
Ensuite, il faut trouver son propre style d'écriture, se démarquer des auteurs masculins, ne pas chercher à les copier: "Hommes et femmes ont des perceptions différentes de la réalité", une sensibilité autre.

Virginia Woolf termine son élocution en encourageant les femmes de l'assemblée à ne pas se poser de questions mais plutôt à se lancer dans l'aventure: "Je vous demanderai d'écrire toutes sortes de livres, en n'hésitant devant aucun sujet". Les temps changent, les mentalités évoluent, et ce sont autant d'occasions à saisir: "Tant que vous écrivez ce que vous avez envie d'écrire, c'est tout ce qui compte", car "le plus important est d'être soi-même".
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Roman, essai, conférence, thèse et antithèse... Une chambre à soi est tout cela à la fois, et surtout la prise de position d'une femme de lettres extrêmement douée, une féministe à la plume si habile que les plus hostiles seraient conquis... est-ce que je me trompe ? Qu'on adhère ou pas, je conseille à tous de lire cet ouvrage car l'art de la démonstration est très respectable, complété par une humilité et un regard sur elle-même et sur les autres qui offrent également humour, émotion, méditation...
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La réputation de Virginia Woolf n'est plus à faire. J'ai souvenu entendu son nom venir aux lèvres des auteurs, lecteurs, professeurs passionnés de littérature anglaise, et encore plus lorsqu'il s'agit de parler de littérature féministe. La femme et l'écriture sont les sujets centraux de cet essai.

La thèse de V. W. est simple et connue : une femme qui veut écrire a besoin d'une chambre à elle et de 500 livres de rente. Comment en vient-elle à cette conclusion ? C'est toute la réflexion qu'elle nous propose, passant par le campus fictif d'Oxbridge dans lequel les femmes se voient exclues des bibliothèques. le constat est inévitable : les hommes écrivent pour les hommes. Mais un autre constat se profile: chaque femme qui écrit ouvre un chemin et une place aux autres femmes dans la littérature. Ainsi les ouvrages de Jane Austen, des soeurs Brontë et de George Eliot ont permis à d'autres plumes de se révéler.

V. W. invite les femmes à s'inscrire dans cet héritage et combattre les inégalités. Car après tout, la lutte pour l'égalité des sexes passe tout autant par les mots. Des extraits s'interrogeant sur la légitimité d'un texte sur le football ou la guerre face à des écrits sur les salons des femmes et la mode, sont particulièrement révélateurs. C'est à se demander si ce texte a bien seulement cent ans ?!

Une chose est sûre, le message est clair et transpire de cet essai : mesdames, écrivez !
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"Votez Virginia !"
Je voulais absolument voir Une chambre à soi au programme du #cafeduclassique parce que je l'avais déjà lu il y a peu et que je m'étais retrouvée bien seule face à ma lecture. Et que j'entrevoyais le livre essentiel sans pour autant avoir assez de recul pour m'en assurer.
Apres une nouvelle salve de "Votez Virginia" c'était parti pour notre lecture commune, pour moi avec l'édition 10/18, extrêmement jolie, mais sans préface ni apparat critique. Ce qui n'était pas le cas de certains d'entre nous qui possédaient une autre édition et qui ont eu la gentillesse de partager les éléments qui manquaient à ma lecture.

Parce que cet essai de Virginia Woolf n'est pas simple à appréhender. S'il est riche et d'une grande pertinence sur la place des femmes au début du XXe siècle, il n'en demeure pas moins hermétique sous certains aspects (coucou le chapitre 2 qui ne me paraît pas beaucoup plus clair à la relecture). Pourtant, il soulève un sujet d'envergure : la place des femmes dans l'histoire littéraire et leur nécessaire émancipation pour pouvoir construire une oeuvre.

La relecture m'aura permis de voir toute l'ironie de Virginia Woolf et son ton sarcastique que je n'avais pas forcément perçu la première fois, bien trop concentrée sur le sens pour m'intéresser à la forme. Et c'est le sel de cet essai et le poivre tant cela a du gratter la gente masculine. Je pense qu'il existe une adaptation scénique qui doit être un bonheur, tant ce texte, qui est en réalité une conférence, gagne a être lu à voix haute.

Je suis convaincue par cet essai dont les références, d'Austen à Shakespeare me parlent et m'interrogent. Il reste d'une grande actualité, encore plus après trois confinements où de nombreuses femmes se sont retrouvées cantonnées à des espaces communs pour teletravailler. Nous sommes encore loin du lieu à soi pour laisser libre court à sa créativité. Je crois être prête pour une troisième lecture d'ici quelques années, dans une autre traduction, qui sait.
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Un essai féministe brillant de Virginia Woolf, dans lequel elle pose la question de l'absence ou du peu de présence des femmes dans l'histoire de la littérature.
Bien évidemment, et sans avoir lu le livre, nous pouvons d'emblée pointer du doigt le responsable, qui a pour nom "patriarcat"... à des degrés différents selon les époques et les pays.
Virginia Woolf nous offre une analyse subtile et référencée dont la clé peut se résumer par cette formule : "500 livres par an et une chambre à soi"... formule illustrant la nécessaire indépendance des femmes pour pouvoir créer. Je la cite : " La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, et cela non seulement depuis deux cents ans, mais depuis le commencement des temps. Les femmes ont eu moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes n'ont donc pas eu la moindre chance de pouvoir écrire des poèmes. Voilà pourquoi j'ai tant insisté sur l'argent et sur une chambre à soi."
Ce qui, pour ma part, a fait que cette lecture a été enrichissante, ce sont des affirmations telle celle de Cleridge qui dit " qu'un grand esprit est androgyne", et des mots comme ceux-ci : " Les compte-rendus de littérature contemporaine ne sont-ils pas une perpétuelle illustration de la difficulté de juger ? "Ce grand livre", "ce livre dépourvu de toute valeur", c'est un même livre qui est ainsi qualifié. Ni louange ni blâme ne signifient rien. Non, quelque délicieux que puisse être le divertissement de faire des évaluations, c'est la plus vaine de toutes les occupations et se soumettre aux décisions des distributeurs de bons et de mauvais points, la plus servile des attitudes.
Écrivez ce que vous désirez écrire, c'est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours.
Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par référence envers quelque maître d'école tenant une coupe d'argent à la main... c'est la plus abjecte des trahisons."
Voilà... j'espère vous avoir donné envie d'écouter et de lire les mots de l'illustre conférencière auteure de - Une chambre à soi -
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A room of one's own de Virginia Woolf est un essai passionnant sur la place des femmes dans la société, à la fin des années 20. J'ai lu cette oeuvre dans la langue originale, au style incisif, et je trouve dommage que le titre en français ne permette pas de traduire parfaitement le jeu de mots mis en évidence par l'auteure. "A room of one's own", c'est non seulement un lieu à soi, (avoir un appartement pour une femme seule à l'époque est alors impossible), mais c'est également avoir une place, en son nom. Virginia Woolf exprime avec brio ses idées sur la place des femmes, dénonce le patriarcat et démystifie de nombreux préjugés.
Un classique.
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C'est avec maîtrise et doigté que Virginia Woolf nous livre son analyse sur les femmes auteures, sur les femmes et la poésie, sur leur absence du monde littéraire avant XIXème.
Elle s'interroge, argumente et nous explique avec justesse les raisons et l'inéluctabilité de tels faits.
Excellent essai qui retrace des conditions heureusement révolues, quoique...
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