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sur 1790 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gros coup de coeur de la semaine. J'ai adoré découvrir la plume de Virginia Woolf, d'autant plus à travers cet essai où on entend parler sa voix à elle. Sa voix de femme plus que sa voix d'auteurice. Ici, on parle d'écriture et de pourquoi il n'y a pas plus de femmes écrivain dans l'Histoire avec un grand H. Pourquoi et surtout comment les hommes ont encore eu raison de notre pouvoir. Lisez Une chambre à soi !
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Bonjour,

Enfin, j'ai lu Une chambre à soi de Virginia Woolf. La deuxième femme à entrer dans la Pléiade est-elle une révoltée ? Après avoir lu Une chambre à soi, je ne peux que vous répondre oui, oui, oui !

D'ailleurs, ce texte, Virginia Woolf l'a rédigé pour une conférence qu'elle allait donner. Voici l'information que j'ai trouvée dans mon édition Quarto Gallimard.

« Première publication 1929. Cet essai reprend deux conférences prononcées à l'Arts Society de Newnham et à l'Odtaa ( One Damn Thing After Another ) Society à Girton, deux Collèges féminins de Cambridge, en octobre 1928. Les conférences étaient trop longues pour être prononcées en entier et ont ensuite été remaniées et augmentées. » ( p. 1111)

Ainsi, Woolf s'adresse à la jeunesse afin d'expliquer en quoi le fait de posséder une chambre à soi et un revenu a un impact sur les femmes et la littérature. Par ailleurs, elle souhaite enfin accéder à la notoriété qu'elle recherche tant en donnant cette conférence dans un lieu sérieux. Son travail s'avère nécessaire pour la cause féministe et sa plume précise.

Mais encore, selon la page Wikipédia de l'université Cambridge :

« Les premiers collèges pour femmes sont Girton, créé en 1869, et Newnham, créé en 1871. Les premières étudiantes ont passé leurs examens en 1882, mais c'est seulement en 1947, vingt ans après Oxford, que les femmes ont été considérées comme des membres à part entière de l'université. »

Il s'avère intéressant de soulever cet élément. En 1929, les femmes n'étaient pas encore considérées « comme des membres à part entière de l'université. » Je devais répéter ce fait, car il m'apparaît crucial en ce qui concerne l'histoire entourant Une chambre à soi. Virginia Woolf s'est fortement engagée dans la cause des femmes avec ce texte. D'ailleurs, selon la page Wikipédia du livre, il est mentionné :

« Ce texte est considéré comme tenant une place importante dans l'histoire du féminisme3,4. Il figure à la 69e place sur la liste des cent livres du siècle publiée par le Monde en 1999. le Guardian le classe en 2016 parmi les 100 meilleurs livres de non-fiction. »

Bravo Virginia Woolf. Mais de quoi est-il question dans cet essai ?

Une chambre à soi

Par le biais d'une recherche dans les livres, Virginia Woolf s'interroge sur la place des femmes dans la littérature. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour que des écrivaines comme Jane Austen, les soeurs Brontë ou encore George Eliot prennent la plume et publient des romans.

« Seule Jane Austen eut ce génie et cette probité et aussi Emily Brontë. C'est là une nouvelle plume, peut-être la plus belle de leur chapeau. Elles écrivaient comme écrivent les femmes et non comme écrivent les hommes. » (p. 1163)

Auparavant, il n'y a presque rien de mentionné dans les ouvrages masculins sur la place des femmes dans la littérature, car ces dernières étaient pour la plupart incultes. L'Angleterre vit sous le joug patriarcal. Les femmes n'ont pas le droit de vote, le droit de propriété, etc. Souvent, elles ne savent pas lire ou écrire. Elles n'ont pas le temps de réfléchir en buvant un thé sur une terrasse ou de voyager afin de développer leur vision du monde. Elles ne peuvent avoir accès à des lieux comme des bibliothèques universitaires pour faire des recherches sans être accompagnées par un homme y travaillant. Woolf aborde aussi les exigences reliées à la vie maritale comme s'occuper du ménage, de la maison et des enfants. Les femmes ne pouvaient pas écrire dans de telles conditions. À cet égard, Sir Egerton Bridges ( 1762-1837 ) en août 1828 mentionne ceci à propos des romancières :

« Les romancières devraient se contenter d'aspirer à la perfection en reconnaissant courageusement les limites de leur sexe. » ( p. 1163)

Mais plus que cela, Virginia Woolf présente quelques recommandations aux femmes souhaitant écrire. Elle leur conseille d'avoir une chambre à elleselles peuvent s'enfermer sans être dérangées. Elle leur dit également qu'il faut qu'elles possèdent 500 livres de revenus. Ainsi, elles auront la paix et la liberté pour créer. La liberté intellectuelle leur sera donnée.

« La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, non seulement depuis deux cents ans, mais depuis le commencement des temps, Les femmes ont eu moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes n'ont donc pas eu la moindre chance d'écrire des poèmes. C'est pourquoi j'ai tant insisté sur l'argent et le fait d'avoir une chambre à soi. » (p.1188)

Mais encore, après avoir publié, les femmes devront subir l'épreuve de la critique qui est masculine, donc, cette dernière s'avère habitée par des valeurs masculines.

Mes impressions

Lisez cet essai, s'il vous plait. Je ne comprends pas que j'aie attendu si longtemps pour le lire. Et pourtant, j'ai étudié en littérature une bonne partie de ma vie. Mes professeurs auraient dû rendre cet essai obligatoire. Mais bon, il y avait peut-être trop d'hommes à l'époque en littérature… Il faut le lire pour bien comprendre le machisme qui a marqué la littérature durant des siècles. La femme se retrouve dans une position d'infériorité constante. D'ailleurs, je ne suis pas prête d'oublier cette phrase la duchesse Margaret de Newcastle (1623-1673) :

« Les femmes vivent comme des chauves-souris, des hiboux, travaillent comme des bêtes et meurent comme des vers…» ( p. 1153 )

Bien entendu, si la femme avait eu accès à des conditions de vie différentes au fil du temps, l'histoire de la littérature n'aurait pas été la même.

J'ai adoré la plume de Virginia Woolf, toujours juste et intelligente et je trouve encore très vraies ses recommandations, c'est-à-dire d'avoir un revenu pour être en mesure de créer et d'avoir une chambre à soi dont il faut aussi avoir la clef pour s'enfermer et ne pas être dérangée par le mari ou les enfants. Il me manque cette dernière. À cet égard, Virginia Woolf a marqué le devenir des femmes et elle les a influencées par rapport à l'art de la création et au régime patriarcal sévissant en Angleterre.

Une chambre à soi a été lu dans le cadre du défi Les Classiques c'est fantastique créé par Moka et Fanny . En avril, il fallait plonger dans un classique d'une indignée. Virginia Woolf, grâce à cet ouvrage devenu culte, a démontré à quel point nous devons nous indigner… Vive le quant à soi créatif !

Avez-vous lu Une chambre à soi de Virginia Woolf ?
https://madamelit.ca/2024/04/29/madame-lit-une-chambre-a-soi-de-virginia-woolf/
Lien : https://madamelit.ca/2024/04..
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Ce livre m'a énormément touché par la sincérité, l'analyse fine, l'ironie de cet essai sur le pourquoi entre les deux guerres il n'y avait pas beaucoup d'autrices. Virginia Woolf réfléchit et fait des recherches. Elle pose devant nous ce qu'elle a trouvé à la bibliothèque, ce qu'elle a expérimenté et force est de constater que pour pouvoir écrire, il faut être au calme (une pièce à soi) et avoir un minimum de revenu. Je suis émue par cette lecture car elle me parle en tant qu'autrice. Elle m'a fait replonger dans mes heures assise par terre dans le couloir avec mon mac sur les genoux attendant que mon fils s'endorme et luttant pour ne pas abandonner car c'était tellement important pour moi d'écrire ces romans. Je ne peux imaginer un monde où je ne pourrais pas m'asseoir et écrire dans mes cahiers et je souffre pour toutes celles qui avaient-ont ce besoin impérieux et n'ont pas pu y repondre. Ce livre m'a mise en colère également car j'en ai marre de cette société où l'on essaye de nous dire que le compteur de l'égalité entre les sexes est remis à zéro alors que ce n'est tellement pas le cas et cela depuis si longtemps. Il suffit de voir la charge mentale de bon nombre de femmes pour deviner qu'écrire et contempler sont très loin sur leur liste de priorité. Mme Woolf montre l'importance de donner un espace aux femmes pour qu'elles se retrouvent, puissent réfléchir, contempler, s'exprimer et surtout pour que l'on s'affranchisse des règles que l'on essayerait de nous inculquer. C'est un plaidoyer pour la liberté. Lisez-le !
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Je ne vais pas me priver d'être la 200eme à donner mon avis ! On a sans doute déjà tout dit sur Une chambre à soi mais je ne peux réfréner mon envie de clamer à toutes qu'il FAUT lire ce livre.
Longtemps j'ai imaginé qu'il s'agissait d'un roman un peu obscur sur une femme écrivain. Que nenni, il n'en est absolument rien. C'est donc avec un plaisir immense que j'ai dévoré cette conférence donnée par Virginia Woolf devant une assemblée d'étudiantes anglaises, au début du XXe siècle. Tout est déjà là, il y a bientôt un siècle. L'autrice dépeint et dénonce tout ce qui fait le combat féministe actuel : la charge mentale, la pauvreté, l'infériorisation, le patriarcat… Tout y est brillamment et intelligemment exposé.
Cet écrit m'a donné l'envie de découvrir les romans de Woolf, histoire de vérifier qu'elle écrit bien comme une femme de son temps, débarrassée de la colère contre les hommes qu'elle reproche à certaines de ses contemporaines.
Je me réjouis d'être tombée sur l'édition du Livre de Poche préfacée par Lauren Bastide dont l'introduction au texte est, elle aussi, un petit bijou.
Un essentiel donc !
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Un coup de coeur pour l'écriture de Virginia Woolf ! Je regrette seulement de ne pas l'avoir acheté en anglais!
Cette conférence a été publiée il y a 100 ans environ. Pourtant elle fait toujours réfléchir bien que la place de la femme ait quand même bien évoluée durant ce lapse de temps! Et heureusement d'ailleurs n'en déplaise à certains!
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Un livre à avoir obligatoirement dans sa bibliothèque et/ou sur sa table de nuit pour amener un peu plus le sujet de la condition des femmes, notamment les écrivaines du 19° siècle absolument pas reconnue comme tel. Cet essai montre bien à quel point au 19° siècle il est un poids d'être une femme lorsqu'on veut être écrivaine et qu'il n'existe qu'une infime reconnaissance masculine pour ce statut. Un livre qui aujourd'hui encore résonne pour la parole des femmes.
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Je l'ai lu en une après-midi. Je pensais que c'était un genre de pamphlet féministe (que je ne renie pas bien sûr) un peu sérieux, un peu édifiant. Pas du tout.
D'abord, on marche à la suite de Virginia dans les jardins de l'université, où elle se fait éjecter parce que femme. J'ai pris ça pour un tic littéraire qui m'a un peu déconcertée. Puis je me suis laissée embarquer par le style, d'une ironie fine et délicieuse, j'imaginais bien Virginia se moquer du monde, essentiellement masculin.
Son propos est étonnamment actuel. Elle enfonce les portes qui ont été (entr') ouvertes cinquante ans après elle ! Elle avait une exceptionnelle longue vue.
Son passage sur la soeur de Shakespeare est d'une telle évidence qu'il sera repris par nombre de nos féministes actuelles.
Je suis d'accord avec elle sur son portrait de Jane Austen, la précurseure des écrivaines qui comptent (en Angleterre) . C'est effectivement celle qui a le regard le plus féministe (sur la nécessité du mariage, sur la dépendance financière, sur le besoin de se réaliser par le travail tout simplement, ou l'art.)
Bref, j'ai surtout aimé le livre à cause de son style, je n'ai rien appris, bien sûr sur son constat. Mais j'ai passé une après-midi agréable à converser avec une bonne copine (intelligente !) On est tombé d'accord sur le fait que, ici et maintenant, un siècle après, une chambre, un boudoir, un coin, à soi pour une femme est encore un luxe qui se paie cher en renoncements.
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Une claque ce livre. Lu en version originale. C'est une écriture dense. L'autrice écrit comme quelqu'un qui pense et vous fait part de ses réflexions comme si elles lui venaient à l'esprit mais c'est structuré, imagé et documenté.

Sans doute l'un des premiers essais féministe où le mot patriarcat est mentionné.

J'ai d'ailleurs découvert en écrivant cette critique que le mot patriarcat vient de la bible. le saviez-vous?

Publié en 1929, il y a moins de 100 ans... A l'époque (pas si lointaine) les femmes n'avaient pas le droit de rentrer dans une bibliothèque non accompagnée. le père avait tous les droits sur une fille... Et beaucoup en abusait.

Bref c'est à la fois prosaïque et très éclairant.

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Essai qu'on m'a recommandé il y a longtemps, plébiscité, souvent cité comme récit féministe incontournable, honnêtement je me suis laissé totalement absorber par ses mots.
La plume de V.Woolf est très agréable et pertinente, un peu moqueuse et cynique mais franche autour de la question " des femmes et de la littérature " . Sa rétrospective des écrits par des femmes des siècles précédents de la construction de la société, du rapport au genre, à l'argent et la liberté est très intéressante.
Mais ce qui fait que cet essai m'a fait un effet "wow" c'est son dernier chapitre. Discours actuel, moderne, pourtant écrit il y a 100 ans mais surtout véritable bouffée d'inspiration et de force.
Une lecture nécessaire.
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"Une Chambre à Soi" est un essai étendu, initialement conçu comme une série de conférences sur les femmes et la fiction. Pour ceux qui ont déjà lu Virginia Woolf et sont familiers avec la complexité de son style, il n'est pas surprenant que cet essai évolue vers quelque chose de différent.

En résumé, Woolf avance que pour qu'une femme puisse pleinement exprimer sa créativité, elle a besoin de son propre argent et d'un espace de liberté (une chambre où elle peut être elle-même). Cet essai est profondément féministe, nous rappelant combien il était (et peut-être est toujours) difficile pour une femme de réussir dans un monde patriarcal.

Parmi ses arguments, Woolf imagine Judith, la soeur fictive de Shakespeare, tentant de s'imposer en tant que dramaturge. Elle conclut qu'elle aurait été marginalisée ou même devenue folle. Woolf va plus loin en utilisant l'exemple de Shakespeare : "“Imaginez, par exemple, que les hommes aient toujours été représentés dans la littérature sous leurs aspects d'amants des femmes et jamais sous celui d'amis des hommes, de soldats, de penseurs, de rêveurs. Que peu de rôles, alors, leur seraient destinés dans les pièces de Shakespeare ! Et combien la littérature en souffrirait ! ”

L'essai débute par l'expérience de Woolf, refusée à l'entrée d'une bibliothèque d'Oxbridge parce qu'elle n'était pas accompagnée d'un homme. Elle évoque également d'autres incidents apparemment anodins mais qui privent les femmes de leur liberté créative, ainsi que les préjugés dans les écrits des érudits masculins sur les femmes.

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