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3,82

sur 750 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un récit fondateur de la dystopie, et à ce titre c'est toujours intéressant de lire les classiques. Néanmoins, l'effet de style autour de la description (très nébuleuse, pour entrer dans l'esprit de quelqu'un qui a rompu avec l'imagination) amène parfois des lourdeurs et complexifie la lecture. Mais pour moi, le point le plus négatif, qui je trouve nécessiterait un avant propos pour une mise en contexte, est le langage raciste dans la description d'un des numéros, avec le n-word très présent.
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J'étais curieux de découvrir ce roman dystopique publié en 1920. C'est en quelque sorte l'ancêtre des romans le meilleur des mondes, 1984 ou Un bonheur insoutenable. On a accès au journal du personnage principal, D-503. Cet ingénieur et mathématicien travaille à la fabrication de L'Intégral qui sera un vaisseau spatial dont l'objectif sera un prosélytisme actif auprès des civilisations extra-terrestres pour leur faire connaître le bonheur ultime que l'État unitaire offre à ses adeptes. Mais, des rencontres fortuites placent sur le chemin de D-503 des pistes vers d'autres pensées, des sentiments inavouables pour les mondes anciens, le réveil de l'âme et un regard vers la liberté.
Bien qu'intéressante du point de vue de l'histoire littéraire des contre-utopies, cette lecture m'a laissé un peu insatisfait. On voit l'évolution de la pensée de D-503, de la défense du monde dans lequel il vit jusqu'aux questionnements les plus aigus de cette réalité, mais la langue qu'il utilise, cette façon de donner un vernis mathématique à tous les arguments m'apparaissait trop simpliste, trop formatée et cela me faisait parfois décrocher. Il faut reconnaître toutefois qu'écrire un tel roman en 1920 dans le contexte de l'Union soviétique naissante est formidablement contestataire.



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«C'est clair» dit D-503 mais pourtant ce n'est pas évident!
Une narration qu'il faudrait mériter parce que c'est une des premières dystopies bien avant celles anglo-saxonnes, parce qu'elle vient de l'est, que l'auteur écrit dans un contexte très difficile et parce que Zamiatine Evgueni a un style bien particulier qu'il faut amadouer et surtout accepter même s'il donne quelques aigreurs littéraires.
Un texte prémonitoire qui annonce les dictatures scientifiques des masses laborieuses du XX siècle notamment celles russo-asiatiques et qui lorsqu'on se le remémore aujourd'hui nous permet de comprendre notre contexte dictatorial consumériste qui n'a rien à envier à la grande machine de Zamiatine Evgueni.
Les avertissements littéraires de penseurs éclairés
ne change pas les évolutions sociales mais nous permet seulement d'en prendre la mesure du moins pour certains d'entre nous Les autres ont toujours des Grimaldi aux étoiles allumées pour se contenter d'un cocon douillet, stérile et bêtifiant.
Donc «Nous» c'est moi, c'est vous et surtout les autres mais là c'est l'enfer et ce, quelque soit l'époque.
D-503, comme le Numéro six , le prisonnier interprété par Patrick Mc Goohan, pense lorsque la conscience se fait jour «Je ne suis pas un numéro» Mais que peut-il faire contre un entourage empapaouté scientifiquement par le politique. Sinon gémir car il a entrevu d'autres possibilités qui ressemble fort au paradis mais seulement pour celui qui y croit et qui demande une force de caractère phénoménale. S'interroger et surtout douter ce qui est épuisant pour un citoyen lambda isolé surtout si ce sont les mathématiques, sciences dites exactes, qui gèrent cette société et votre vie ? Vivre de manière «sensorielle subliminaire»?
Cette narration est dérangeante dans sa conception car si on comprend qu'à l'époque elle est révolutionnaire et à contre courant de la marche de l'histoire on se demande bien qui a a pu lire, comprendre et apprécier ce genre de littérature dans le chaos de l'empire russe des années 1920 en plein liquéfaction physique et intellectuelle hormis quelques intellectuels «d'extrême gauche» Pour les autres, futurs staliniens, évidemment la pilule est amère.
Autant on peut apprécier ce livre qui est essentiellement didactique, pour sa vision fort juste d'un monde stérile, autant on peut lui reprocher d'être dépossédé de qualités littéraires. Il est écrit sur un style déclamatoire plutôt réservé au théâtre et les états d'âmes incessants et répétitifs du personnage et ses «coups de foret dans la tête» sont, à force, lassants. On ne peux s'empêcher de voir ce personnage comme «le désespéré» de Gustave Courbet les yeux exorbité, la main sur le front faisant les cent pas sous la pression psychologique dans son petit appartement de verre. Autre thème passionnant pour les féministes, c'est encore une femme I-330 (il n'a pas osé 666) qui vient tenter ce brave type. Lui qui ne demande qu'a faire des équations, consulter ses abaques et faire son devoir pourquoi le faire sortir de son paradis? Ah le serpent et sa pomme ici surtout «les dents blanches et suaves...»!

le style est froid et constitué de monologue/cogitation quelques dialogues courts et peu expressifs, quelques logorrhées existentielles. Un style adapté au contexte comme celui de Charlie Gordon personnage de Reyes dans «Des fleurs pour Algernon» éveil de la conscience et réchauffement du style au fur et à mesure de l'avancement de l'intrigue mais à peine: passage de «l'obscurité à la lumière" et échauffement du personnage.
Un style synthétique énoncé presque comme une formule mathématique. Des expressions toutefois étranges mais gracieusement mathématiques comme ces «lèvres ciseaux» «petits sourires en X» «sourire-morsure aigu» «O riait rose et rond» On imagine des courbes géométriques, des lignes polygonales, bref des images très cartésiennes, des démonstrations mathématiques pour le moins curieuses «- Si sa vitesse = 0, il ne bouge pas- » Ah! Poésie de la narration, poésie mathématique de l' absurde mais poésie quand même.

Un livre de science-fiction doublé d'un drame psychologique et en fait un conte scientifique intéressant à lire mais sans y mettre d'affects car ce n'est pas possible.
Une curiosité de la part d'un écrivain prescient et prophétique.
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Extrait de "le mage du kremlin" parlant de Nous de zamiatine :
En 1922, Zamiatine avait cessé d'être un simple écrivain et était devenu une machine du temps. Parce qu'il croyait être en train d'écrire une critique féroce du système soviétique en construction. Ses censeurs eux-mêmes l'avaient lue ainsi, raison pour laquelle ils en avaient interdit la publication. Mais en vérité Zamiatine ne s'adressait pas à eux. Sans s'en rendre compte, il avait enjambé un siècle pour s'adresser directement à notre ère. Nous dépeignait une société gouvernée par la logique, où toute chose était convertie en chiffres, et où la vie de chaque individu était réglée dans les moindres détails pour garantir une efficacité maximale.
...
Depuis que je l'avais découvert, Zamiatine était devenu mon obsession. Il me semblait que son oeuvre concentrait toutes les questions de l'époque qui était la nôtre. Nous ne décrivait pas que l'Union soviétique, il racontait surtout le monde lisse, sans aspérités, des algorithmes, la matrice globale en construction et, face à celle-ci,
l'irrémédiable insuffisance de nos cerveaux primitifs.
Zamiatine était un oracle, il ne s'adressait pas seulement à Staline: il épinglait tous les dictateurs à venir, les oligarques de la Silicon Valley comme les mandarins du parti unique chinois. Son livre était l'arme finale contre la ruche digitale qui commençait à recouvrir la planète
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Nous sommes ici sur une Dystopie écrite en 1920 par le Russe Evgueni Zamiatine sur le monde de demain.
Dans ce monde, tout est sous contrôle.
C'est terrifiant, inhumain et sinistre.
Tout y est modifié.
Plus de prénom, mais des lettres et des chiffres.
Une vie sous cloche, où, tout y est calculé, vérifié, surveillé.
Quelques heures seulement par jour, pour un peu de liberté.

L'écriture est assez complexe, par un "passé simple" qui n'est pas courant.
Mais le texte est fluide.
Les chapitres, ou plutôt les notes, sont assez courtes, et se laisse bien lire.
Un bon dynamisme dans cette lecture.

Une jolie découverte.

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Evgueni Ivanovitch Zamiatine (1884-1937) parfois appelé en français Eugène Zamiatine ou Ievgueni Zamiatine, est un écrivain russe puis soviétique, également ingénieur naval et professeur. Je n'entre pas dans le détail de ses rapports houleux avec les pouvoirs de l'époque car son oeuvre est constamment animée par une volonté hérétique qui lui vaudra les foudres de la censure des gouvernements tsariste, puis communiste. Il quitte l'URSS en 1931 et, après un passage par Berlin, s'installe à Paris en 1932. Zamiatine y écrit encore quelques nouvelles, ainsi que le scénario de l'adaptation cinématographique des Bas-fonds de Gorki par Jean Renoir. Il meurt le 10 mars 1937 d'une angine de poitrine. Il est enterré dans le cimetière parisien de Thiais. Un mois après sa mort, au cours d'une soirée commémorative, Vladimir Nabokov et Ivan Bounine lurent deux de ses nouvelles.
Nous (1920) jusqu'alors connu en France sous le titre Nous autres, doit son nouveau titre à sa dernière traduction (2017) faite à partir de sa version originale russe, et non à partir de sa traduction anglaise. Roman de science-fiction, dystopie (?), il aurait inspiré Aldous Huxley pour le Meilleur des mondes (1932) et George Orwell pour 1984 (1949).
Longtemps, longtemps après une très longue guerre qui a décimé la majeure partie de la population mondiale, les hommes vivent sous une énorme cloche de verre, sous la férule acceptée du Bienfaiteur qui « détient les clés de la forteresse inexpugnable de notre bonheur » comme l'écrit D-503 notre héros, dans son journal, ce livre. Mathématicien, il a conçu et supervise la construction de l'Intégral, un vaisseau spatial destiné à convertir l'univers tout entier à ce qu'ils appellent le Bonheur.
Les humains n'ont plus de nom propre mais des numéros, leur vie est réglée comme du papier à musique, heure du lever, heures de travail, autorisation écrite pour les rapports sexuels, etc. tout est consigné dans la Table des heures. Les appartements aux murs de verre, n'offrent aucune intimité sauf durant quelques heures codifiées elles aussi durant lesquelles on peut baisser les stores. le « je » n'existe plus, seul le « nous » se doit d'être pour ces Numéros dont les existences sont structurées comme les mathématiques.
D-503 a une liaison codifiée avec O-30 et ils suivent avec application et ferveur les règlements, jusqu'au jour où il croise la route de I-330, une jeune femme délurée (elle boit et fume, ce qui est formellement interdit) et très mystérieuse qui va éveiller en lui des émotions insoupçonnées, l'entrainant dans une aventure hors norme pour cette société bloquée. Une révolution se prépare dans l'ombre…
Description effrayante d'un Etat totalitaire qui sous couvert d'offrir le bonheur à ses sujets en régissant toutes les activités humaines sans exceptions, les prive de leurs libertés individuelles. Quand le Bienfaiteur va lancer son projet ultime, celui qui assurera la bonheur absolument parfait, en éradiquant l'imagination des cerveaux par une petite opération chirurgicale, D-503 va devoir lutter entre tout ce en quoi il croyait et constituait l'essence même de sa vie, et cet avenir fou mais libre, qui se profile dans la mouvance de I-330 à laquelleil est désormais liée par amour.
Un bon roman mais qui parfois est un peu complexe à lire, ne serait-ce que parce qu'il est très difficile de visualiser certaines actions ou descriptions et que l'écriture, travaillée en ce sens, n'en rend pas le déroulé limpide.
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D-503, Constructeur numéro un d'un aéronef, l'Intégrale, rédige des notes sur le bouleversement que va subir sa vie. Dans son monde où règne l'harmonie. Un monde régi par un Bienfaiteur où les Numéros glissent sans rêve et sans révolte car les Numéros déviants sont traités par la Machine. Monde aseptisé de verre, de tonalités apaisantes où persiste cependant une frontière interdite vers le sauvage, la brutalité libre d'avant.
Le Constructeur rencontre I-330, une femme étrange qui défit les normes. La suite ? Un amour fou, interdit. Et la révélation du pouvoir de l'âme, des rêves.
Beaucoup plus qu'un roman d'anticipation, concret et détaillé, cette étrange confession lyrique interroge sur l'assujettissement, le rêve et le pouvoir de l'amour, de l'irrationnel.
Ou comment résister à une société lobotomisée pour son plus grand bien?
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Que dire, mitigé. Voilà des années que j'avais entendu parler de ce livre. Fan d'anticipations et de dystopies, c'est avec avidité que je me suis plongé dedans et là...le propos reste fort intéressant, surtout quand on pense à l'époque à laquelle ce livre a été écrit (1920) et son périple pour se retrouver accessible. Cependant j'ai trouvé le style...difficile: de nombreuses phrases sont interrompues, laissées en suspension, beaucoup de suggestions, de changements soudains de lieux, de personnages... J'ai trouvé la lecture extrêmement peu fluide, d'où ma note très moyenne malgré la critique féroce du communisme début XXe.
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La lecture fut laborieuse mais c'est enfin fini... J'ai acheté ce livre parce qu'il aurai inspiré 1984 et le meilleur des mondes. Mais je ne peux m'empêcher de préférer ces deux derniers que Nous. La première chose à dire, c'est que ce roman est difficile d'accès et il faut franchement s'accrocher pour arriver jusqu'au bout. Les phrases sont saccadées, parfois incomplètes, les idées s'enchaînent sans vraiment avoir de lien entre elles, etc... Cependant, il a tout de même beaucoup de qualités. Déjà, nous avons la vision d'un avenir (très pessimiste) d'un homme des années 1920. Un siècle déjà ! Je trouve ça tellement intéressant. Ensuite, il nous dépeint un futur où l'individualité n'existe plus vraiment : tout le monde vit à la même heure et fait les même chose, il n'y a plus de prénom, plus de nom, seulement une lettre suivi d'un numéro. Les sentiments sont mis de côté. La sexualité est organisé. L'humain devient une machine que l'on contrôle. Tout le roman est parsemé de paradoxe mathématique qui résonne, je trouve, avec leur façon de vivre. Et vu que nous avons le point d'un habitant de ce futur, ces problèmes mathématique sont une façon pour lui de mettre des mots (des chiffres) sur les problèmes de sa vie et sur ses propres questionnement : il est censé être heureux dans cette société idéale et pourtant...
Je pense que c'est un roman à lire et qui pose beaucoup d'idées intéressantes mais qui est difficile à lire et dont je n'ai certainement pas réussi à apprécier à sa juste valeur. de plus, il a le mérite d'être le premier et d'être celui qui nous a donné 1984, le Meilleur des mondes, Fahrenheit 451, La Servante écarlate, Minority Report, etc...
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J'ai lu ce roman dans sa version gratuite, traduite de l'anglais, puisque c'est tout récemment qu'il est enfin disponible en français à partir du texte russe. Mais je ne suis pas sûre que les problèmes de traduction suffisent à expliquer mon peu de goût pour la prose zamiatinesque. Pourtant l'oeuvre est assez sidérante pour donner envie de passer outre.
Inspiration avouée d'Orwell pour "1984", cette dystopie présente toutes les caractéristiques de l'univers totalitaire: surveillance de tous par chacun, noms remplacés par des numéros, vie réglée sous l'égide d'un chef bienveillant et immuable, refus de la famille, prééminence des sciences dures (seules capables d'atteindre la vérité), expansionnisme libérateur des peuples encore opprimés, etc. On ne s'étonnera donc pas qu'il ait été censuré par son pays en 1923 (le livre ayant d'abord été édité en Angleterre).
Oui mais bon. Ce roman qui semble si évidemment décrire le totalitarisme stalinien a été terminé en 1920. 1920! Il fallait quand même être sacrément doué pour déceler l'URSS de la belle époque (si j'ose dire) en pleine tourmente révolutionnaire.
Google mon ami m'apprend que Zamiatine avait déjà écrit "Les Insulaires", satire de la bourgeoisie anglaise (il construisait des navires russes en Angleterre), de son conformisme et du machinisme; or Taylor est un des guides de la dictature rationnelle dénoncée dans "Nous autres". Taylor, l'homme qui a inventé l'organisation scientifique du travail, déclaré la guerre à la flânerie... et qui marqua durablement Lénine.
La fameuse phrase "Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme; le communisme c'est le contraire" m'a toujours semblé d'une sagesse indépassable. Les poètes prolétariens de l'époque révolutionnaire chantaient l'usine et le collectif, l'homme mécanique aussi puissant que la machine. Et Zamiatine, ingénieur amoureux des lettres, révolutionnaire qui avait eu l'occasion de se frotter au capitalisme, était bien placé pour comprendre à quoi pouvait aboutir la fascination pour le pire des deux mondes.
Il fut moins visionnaire que témoin lucide des utopies nées de la révolution industrielle. Même s'il ne proposa pour contrer l'homme futur que la femme-amante-et-mère (OMG!), Zamiatine mérite d'être lu et placé au panthéon des esprits libres.
(Pour aller plus loin: https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1981_num_22_2_1910)
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