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3,82

sur 733 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai lu ce roman dans sa version gratuite, traduite de l'anglais, puisque c'est tout récemment qu'il est enfin disponible en français à partir du texte russe. Mais je ne suis pas sûre que les problèmes de traduction suffisent à expliquer mon peu de goût pour la prose zamiatinesque. Pourtant l'oeuvre est assez sidérante pour donner envie de passer outre.
Inspiration avouée d'Orwell pour "1984", cette dystopie présente toutes les caractéristiques de l'univers totalitaire: surveillance de tous par chacun, noms remplacés par des numéros, vie réglée sous l'égide d'un chef bienveillant et immuable, refus de la famille, prééminence des sciences dures (seules capables d'atteindre la vérité), expansionnisme libérateur des peuples encore opprimés, etc. On ne s'étonnera donc pas qu'il ait été censuré par son pays en 1923 (le livre ayant d'abord été édité en Angleterre).
Oui mais bon. Ce roman qui semble si évidemment décrire le totalitarisme stalinien a été terminé en 1920. 1920! Il fallait quand même être sacrément doué pour déceler l'URSS de la belle époque (si j'ose dire) en pleine tourmente révolutionnaire.
Google mon ami m'apprend que Zamiatine avait déjà écrit "Les Insulaires", satire de la bourgeoisie anglaise (il construisait des navires russes en Angleterre), de son conformisme et du machinisme; or Taylor est un des guides de la dictature rationnelle dénoncée dans "Nous autres". Taylor, l'homme qui a inventé l'organisation scientifique du travail, déclaré la guerre à la flânerie... et qui marqua durablement Lénine.
La fameuse phrase "Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme; le communisme c'est le contraire" m'a toujours semblé d'une sagesse indépassable. Les poètes prolétariens de l'époque révolutionnaire chantaient l'usine et le collectif, l'homme mécanique aussi puissant que la machine. Et Zamiatine, ingénieur amoureux des lettres, révolutionnaire qui avait eu l'occasion de se frotter au capitalisme, était bien placé pour comprendre à quoi pouvait aboutir la fascination pour le pire des deux mondes.
Il fut moins visionnaire que témoin lucide des utopies nées de la révolution industrielle. Même s'il ne proposa pour contrer l'homme futur que la femme-amante-et-mère (OMG!), Zamiatine mérite d'être lu et placé au panthéon des esprits libres.
(Pour aller plus loin: https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1981_num_22_2_1910)
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Nous est un livre assez difficile d'accès. J'ai du m'accrocher pour arriver à la fin, la faute à une narration très saccadée, où l'on passe d'un sujet à un autre, où les phrases ne sont pas toutes finies et laissent en suspens les idées des personnages. On est beaucoup dans le non dit. du coup, l'histoire, assez classique pour les lecteurs d'aujourd'hui, n'est pas toujours simple à suivre.
Çà, c'est pour la forme. Pour le fond, comme dit plus haut, l'histoire est assez classique, tant sur les bases du monde développé, que par les péripéties du héros. La fin est plutôt amère. La forme de narration m'a empêchée de totalement m'immerger dans le roman, et j'ai l'impression d'être passée à côté de certains trucs. Pourtant, la critique contre l'état totalitariste reste brulante et d'actualité.
Au final, une lecture en demi-teinte pour moi.
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La lecture de cette dystopie d'Eugène Zamiatine est troublante, d'autant plus lorsqu'on la lit après 1984 ou après le meilleur des mondes, ce qui est mon cas.
Contrairement à l'oeuvre de George Orwell, écrite en plein stalinisme, Nous Autres a été créé en 1920, alors que l'Union Soviétique naissante mettait en place tout ce qui allait suivre.
Dès lors, on ne peut qu'être troublé par la vision d'anticipation de Zamiatine qui, dans un décor futuriste fait d'immeubles transparents cachés derrière un mur vert, parvient à brosser un portrait fidèle de ce qui arrivera quelques années plus tard.
Contrairement au Winston de George Orwell, le narrateur, D503, est ici un pur produit de cette ville aseptisée où l'imagination et l'âme sont proscrites. Parfaitement dans la ligne du Bienfaiteur, il se conforme à la vie qui lui est imposée, jusqu'à ce que son chemin croise celui de I330, une jeune femme qui constitue un cas non-conforme dans le modèle de cette cité prétendument idéale.
Ce court roman, rédigé sous forme de 40 notes courtes, décrit le parcours de cet homme, le constructeur de l'Intégral, vaisseau spatial destiné à essaimer ce modèle dans tout l'Univers.
Si les doutes et les douleurs qui le tenaillent tout au long de son cheminement sont très bien décrits, il apparaît parfois que certains passages souffrent de la traduction et ne semblent pas totalement restitués dans toute leur dimension.
Pour autant, la lecture de ce roman constitue un prolongement intéressant des autres dystopies, pourtant écrites bien plus tard.
Un retour aux sources plein d'intérêt.
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En lisant des critiques sur Babelio, j'ai découvert l'existence de « Nous autres », roman qui a influencé et stimulé la genèse d'autres oeuvres dans le genre que j'affectionne tant, la dystopie qui est le fait d'imaginer un monde futur où il ne fait pas bon vivre…
J'ai attendu la foire du livre de Bruxelles en 2018 pour me le procurer car il a été réédité en français en 2017 sous le titre "Nous" par les éditions Actes Sud dans la collection Exofictions.

Ecrit en 1920 par l'auteur russe Ievgueni Zamiatine, sa publication sera interdite en 1923 et Zamiatine s'exilera à Paris en 1931.

« Nous » se situe au XXVIème siècle, après la guerre de 200 ans. L'Etat Unique, régime totalitaire dirigé par le Bienfaiteur, règne sur Terre depuis 10 siècles. Les habitants sont devenus des Numéros désignés par leur matricule (voyelle pour les filles, consonne pour les garçons).
Le narrateur s'appelle D-503, il est ingénieur et construit un vaisseau spatial destiné à aller propager leur méthode du bonheur aux autres civilisations, par la force s'il le faut. Eux, «qui se trouvent peut-être encore à l'état sauvage de la liberté »...
Les Numéros habitent des maisons de verre transparentes et mangent de la nourriture synthétique. Leur emploi du temps est régi de manière stricte par les Tables des Heures. Tout comportement suspect doit être dénoncé dans les 48 heures au Bureau des Gardiens. Les criminels sont alors arrêtés et interrogés au moyen de la Cloche Pneumatique, puis exécutés lors de cérémonies, où après récitation de poèmes en public, ils sont passés à la Machine. Les Numéros qui se sentent "malades" qui font des rêves ou ont des pensées incorrectes, peuvent d'eux-mêmes se rendre au Bureau Médical où ils subiront la Grande Opération destinée à abolir l'imagination.

Ce roman d'anticipation est écrit comme un journal de bord. Il comprend 40 notes où tout se passe bien jusqu'au jour où D-503 rencontre I-330, une femme séduisante et rebelle qui lui apprend qu'un autre monde existe. Lentement, notre héros relate dans son journal son chemin progressif vers la folie avec ses angoisses, ses visions, ses résistances.
Il se rend compte qu'il devient de plus en plus attiré par l'ancien monde caractérisé par le choix, l'incertitude et la fragilité du bonheur.

"Nous" reste un livre à l'écriture codée, difficile à lire, avec un langage inspiré des sciences, des métaphores insensibles, loufoques ou tout simplement incongrues : "Cette femme agissait sur moi aussi désagréablement qu'une quantité irrationnelle et irréductible dans une équation."
Zamiatine vous emporte dans un futur aussi plausible que terrifiant. On lui fera confiance pour avoir une idée assez juste de ce que peut être un "régime fort".

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« le Type-qui-change-d'avis »

"Nous autres" d'Evgueni Zamiatine ou tout simplement "Nous" dans la nouvelle traduction d'Actes Sud est un roman russe de science-fiction dystopique de 1920 qui aurait notamment inspiré des romans comme le meilleur des mondes d'Huxley ou 1984 d'Orwell. L'histoire se passe dans un futur indéterminé et dans un état totalitaire où hommes et femmes abandonnent peu à peu leur individualité au profit d'un hypothétique bien commun.

Je crois avoir lu que Robert Heinlein identifiait trois et seulement trois structures d'histoires : il y avait celle du "Vaillant-petit-tailleur", celle du "Garçon-qui rencontre-la-fille" et enfin celle du "Type-qui-change-d‘avis", et je crois me souvenir qu'il ajoutait que cette dernière était loin d'être la plus inintéressante car on pouvait imaginer bien des choses passionnantes autour d'un personnage ébranlé dans ses certitudes. Je suis tout à fait d'accord avec cette dernière affirmation et "Nous" raconte de fait l'histoire d'un homme, D-503 (Oui, Zamiatine a nommé ses personnages d'après les pièces mécanique d'un brise-glace dont il dirigeait la construction afin d'accentuer le caractère déshumanisé de la société) qui est au départ un fervent défenseur du régime, se fondant totalement dans le moule imposé par l'état, et qui va peu à peu se mettre à douter du bien-fondé de la société policée dans laquelle il évolue et rêver d'un monde plus libre et imprévisible...

A priori tous les ingrédients étaient réunis pour que j'adore ce livre. Et pourtant... je dois bien avouer que mon intérêt et mon plaisir sur cette lecture se sont amenuisés au fur et à mesure des pages. La faute en revient à D-503, le narrateur et personnage principal pour lequel je n'ai ressenti aucune empathie et que j'ai trouvé incroyablement passif tout le long du roman. de plus l'auteur nous embarque dans un début de romance, une relation d'attraction-répulsion associée à un scenario de triangle amoureux, qui m'a plutôt ennuyé. Si j'ai attaqué cette lecture avec enthousiasme, mon intérêt s'est érodé vers le milieu du livre et a continué à décroitre jusqu'à sa fin. L'humour discret et ponctuel de l'auteur et le style plutôt fluide (le roman a la forme d'un journal de bord écrit par D-503) n'ont pas contrebalancé mon sentiment de déception vis à vis d'un roman dont j'attendais beaucoup.

Je reste sur un sentiment mitigé après cette lecture.
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J'étais curieux de découvrir ce roman dystopique publié en 1920. C'est en quelque sorte l'ancêtre des romans le meilleur des mondes, 1984 ou Un bonheur insoutenable. On a accès au journal du personnage principal, D-503. Cet ingénieur et mathématicien travaille à la fabrication de L'Intégral qui sera un vaisseau spatial dont l'objectif sera un prosélytisme actif auprès des civilisations extra-terrestres pour leur faire connaître le bonheur ultime que l'État unitaire offre à ses adeptes. Mais, des rencontres fortuites placent sur le chemin de D-503 des pistes vers d'autres pensées, des sentiments inavouables pour les mondes anciens, le réveil de l'âme et un regard vers la liberté.
Bien qu'intéressante du point de vue de l'histoire littéraire des contre-utopies, cette lecture m'a laissé un peu insatisfait. On voit l'évolution de la pensée de D-503, de la défense du monde dans lequel il vit jusqu'aux questionnements les plus aigus de cette réalité, mais la langue qu'il utilise, cette façon de donner un vernis mathématique à tous les arguments m'apparaissait trop simpliste, trop formatée et cela me faisait parfois décrocher. Il faut reconnaître toutefois qu'écrire un tel roman en 1920 dans le contexte de l'Union soviétique naissante est formidablement contestataire.



Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Un roman assez court mais profondément inquiétant et déstabilisant.

Bien avant 1984 ou encore le meilleur des monde, Nous autres nous présente un monde dans lequel le bonheur est "trouvé" il passe par une logique absolue, une application humaine du taylorisme qui transforme l'homme en machine et détruit l'idée même d'individualité.

Par ailleurs pour accentué cela plus de nom, mais des lettres et des numéros. L'imagination est un mal, une âme est une maladie rare et incurable.

Dans le contexte culturel, il faut noter que l'auteur est russe, et que derrière ce texte ce cache une critique du Stalinisme.

Je n'ai pas été séduite par le style, mais dur de juger du fait de la traduction, mais les idées de l'auteur et leur aspect terrifiant ne m'ont pas laissé indifférente. Bref une bonne lecture, même si pas un coup de coeur.
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Magnifique pour les uns, déception pour les autres...Un livre culte, demie déception pour moi
Première dystopie écrite il y a presque 100 ans, publiée en 1924.
D-503, le narrateur mathématicien est le concepteur de l'Intégral, vaisseau spatial qui doit décoller dans 120 jours pour aller porter la civilisation partout dans l'univers, la civilisation de leur monde dirigé par le Bienfaiteur. Une civilisation dans laquelle hommes et femmes sont vêtus "d'unifs bleus", dans laquelle ils sont connus par des numéros...une civilisation dans laquelle tous se réveillent, mangent en mastiquant 15 fois chaque bouchée et dorment aux mêmes heures .
Ils n'ont que deux heures personnelles par jour au cours desquelles ils peuvent faire ce qu'ils souhaitent, obtenir un ticket rose pour faire l'amour avec qui leur demande : "N'importe quel numéro a le droit d'utiliser n'importe quel autre numéro à des fins sexuelles" et tirer pour cela les rideaux de leurs cages de verre. Bref le monde parfait dans lequel ils peuvent aimer et pourront connaître le bonheur parfait à partir du moment où leur imagination sera détruite......Un monde entouré par des murs électrifiés infranchissables, dans lequel toute liberté individuelle est bannie.
D-503 est un mathématicien "génial" puisqu'il est le premier qui a découvert la racine de -1.... ceux qui ont transpiré à grosses gouttes sur quelques problèmes de maths pour passer des concours apprécieront. Un D-503 qui voit des maths partout, dans la musique qu'il écoute, dans le monde qui l'entoure....des délires mathématiques souvent répétés, qui deviennent lassants et "hermétiques" pour le lecteur et qui n'apportent rien à la narration. Il écrit son journal "Nous autres" qu'il cache, et souvent s'adresse au lecteur par l'intermédiaire de ce journal, et rencontrera I-330 une femme réfractaire au régime, une femme libérée qui fume, boit et qui, comme les nombres sont infinies, pense qu'il ne peut y avoir de dernière révolution...J'ai apprécié l'image
Zamiatine a donné naissance avec "Nous autres" au courant littéraire qui vit naître "Le meilleur des mondes", "1984", "2084 : La fin du monde", "Un bonheur insoutenable" etc...et j'avoue que plusieurs m'ont plus "emballé" que "Nous autres".. A chacun ses goûts.
Une intrigue dont on pressent l'issue, un livre dans lequel on trouve souvent le temps long, mais dans lequel l'auteur a eu le mérite d'être le premier à décrire et dénoncer avec prémonition ces mondes totalitaires, uniformisés : URSS de Staline, Chine de Mao, Corée du Nord de Kim-Jong-il et de Kim-Jong-un....
C'est pour cela que Staline l'interdira et arrêtera Zamiatine, c'est pour cela que j'apprécie l'homme-auteur
Un livre à connaitre, puisqu'il fait partie des classiques contemporains, mais beaucoup trop "Science-fiction" pour me plaire complètement et me passionner. D'autres l'apprécieront et le porteront aux nues.....au moins cette différence d'appréciation prouvera que nous ne sommes pas encore dans ce monde parfait décrit par Zamiatine

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Evgueni Ivanovitch Zamiatine (1884-1937) parfois appelé en français Eugène Zamiatine ou Ievgueni Zamiatine, est un écrivain russe puis soviétique, également ingénieur naval et professeur. Je n'entre pas dans le détail de ses rapports houleux avec les pouvoirs de l'époque car son oeuvre est constamment animée par une volonté hérétique qui lui vaudra les foudres de la censure des gouvernements tsariste, puis communiste. Il quitte l'URSS en 1931 et, après un passage par Berlin, s'installe à Paris en 1932. Zamiatine y écrit encore quelques nouvelles, ainsi que le scénario de l'adaptation cinématographique des Bas-fonds de Gorki par Jean Renoir. Il meurt le 10 mars 1937 d'une angine de poitrine. Il est enterré dans le cimetière parisien de Thiais. Un mois après sa mort, au cours d'une soirée commémorative, Vladimir Nabokov et Ivan Bounine lurent deux de ses nouvelles.
Nous (1920) jusqu'alors connu en France sous le titre Nous autres, doit son nouveau titre à sa dernière traduction (2017) faite à partir de sa version originale russe, et non à partir de sa traduction anglaise. Roman de science-fiction, dystopie (?), il aurait inspiré Aldous Huxley pour le Meilleur des mondes (1932) et George Orwell pour 1984 (1949).
Longtemps, longtemps après une très longue guerre qui a décimé la majeure partie de la population mondiale, les hommes vivent sous une énorme cloche de verre, sous la férule acceptée du Bienfaiteur qui « détient les clés de la forteresse inexpugnable de notre bonheur » comme l'écrit D-503 notre héros, dans son journal, ce livre. Mathématicien, il a conçu et supervise la construction de l'Intégral, un vaisseau spatial destiné à convertir l'univers tout entier à ce qu'ils appellent le Bonheur.
Les humains n'ont plus de nom propre mais des numéros, leur vie est réglée comme du papier à musique, heure du lever, heures de travail, autorisation écrite pour les rapports sexuels, etc. tout est consigné dans la Table des heures. Les appartements aux murs de verre, n'offrent aucune intimité sauf durant quelques heures codifiées elles aussi durant lesquelles on peut baisser les stores. le « je » n'existe plus, seul le « nous » se doit d'être pour ces Numéros dont les existences sont structurées comme les mathématiques.
D-503 a une liaison codifiée avec O-30 et ils suivent avec application et ferveur les règlements, jusqu'au jour où il croise la route de I-330, une jeune femme délurée (elle boit et fume, ce qui est formellement interdit) et très mystérieuse qui va éveiller en lui des émotions insoupçonnées, l'entrainant dans une aventure hors norme pour cette société bloquée. Une révolution se prépare dans l'ombre…
Description effrayante d'un Etat totalitaire qui sous couvert d'offrir le bonheur à ses sujets en régissant toutes les activités humaines sans exceptions, les prive de leurs libertés individuelles. Quand le Bienfaiteur va lancer son projet ultime, celui qui assurera la bonheur absolument parfait, en éradiquant l'imagination des cerveaux par une petite opération chirurgicale, D-503 va devoir lutter entre tout ce en quoi il croyait et constituait l'essence même de sa vie, et cet avenir fou mais libre, qui se profile dans la mouvance de I-330 à laquelleil est désormais liée par amour.
Un bon roman mais qui parfois est un peu complexe à lire, ne serait-ce que parce qu'il est très difficile de visualiser certaines actions ou descriptions et que l'écriture, travaillée en ce sens, n'en rend pas le déroulé limpide.
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“La seule façon de passer de la nullité à la grandeur, c'est d'oublier que l'on est un gramme et de se sentir le millionième partie d'une tonne.”

Après l'extraordinaire Avant la nuit de Reinaldo Arenas, je poursuis mon petit tour d'horizon des dénonciations de systèmes totalitaires – et vous, votre dimanche, bien ou bien ?

Considéré comme le premier grand roman d'anticipation en la matière, Nous autres décrit le quotidien de D-503, un citoyen lambda qui oeuvre à la construction d'un vaisseau spatial supposé fédérer le reste de l'univers autour d'une société présentée comme idéale. Chaque journée est millimétrée par la table des heures qui garantit un emploi du temps identique pour tous. Les murs des bâtiments sont transparents car les habitants n'ont rien à cacher et cela allège le travail du Bienfaiteur, haute autorité chargée de maintenir le bonheur.

Si vous êtes un(e) adepte des romans d'anticipation, vous devez avoir votre alerte “1984” qui clignote à plein régime. Il est vrai que les parallèles entre les 2 oeuvres ne manquent pas : la société décrite, placée sous surveillance constante d'une instance qui rappelle en tous points Big Brother, le rôle déclencheur d'une femme dans le désir d'émancipation, la dénonciation d'une société totalitaire où l'Homme est privé de ses libertés...Il faut toutefois savoir que Nous autres a été publié 29 ans plus tôt – et naturellement censuré en URSS.

L'oeuvre de Zamiatine impressionne donc en ce qu'elle ne se contente pas de décrire un système pré-existant sur lequel l'auteur aurait quelques années de recul comme ce fut le cas pour Orwell ou Huxley mais ce qui est en train de se construire voire est à venir – de fait le système y est donc moins bien décortiqué que dans 1984. le style est quant à lui d'une grande ingéniosité et se libère de sa rectitude à mesure que le héros s'émancipe du système. le dernier chapitre illustre quant à lui habilement la désintégration du “je” au profit du “nous” et à travers eux, la perte d'individualité et la déshumanisation.

Il y a d'ailleurs dans ce roman une exactitude des mots, de leur sens qui est assez remarquable : "Pourquoi est-ce beau ? me demandai-je. Pourquoi la danse est-elle belle ?" Parce que c'est un mouvement contraint, parce que le sens profond de la danse réside justement dans l'obéissance absolue et extatique, dans le manque idéal de liberté."

Pourquoi cette note en demi-teinte alors ? Tout simplement à cause du manque de fluidité de l'ensemble qui, à quelques fulgurances près (dont celle ci-dessus), m'a ôté absolument tout plaisir de lecture. J'ai été extrêmement gênée par l'écriture et la pensée mathématiques du protagoniste (même si bien sûr j'en comprends le but). le choix du journal à la 1ère personne a qui plus est exacerbé ce défaut – passer un peu plus de 200 pages dans la tête d'un ingénieur quand tu n'as jamais eu de relation pacifique avec les sciences, c'est compliqué.


•°•°•°• A lire tout particulièrement si :
- vous aimez les romans d'anticipation ;
- vous n'avez pas encore lu le meilleur des mondes et/ou 1984 (autrement, je trouve qu'on risque plus la déception) ;
- vous avez pris mathématiques en LV2 ;

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