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sur 278 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Eric Zemmour nous emmerde, c'est bien normal. Il fait le bouffon à la télé, il dorlote son image de marque qu'il essaie de doper à l'anticonformisme et au politiquement incorrect, il se pare de colifichets médiatiques qui finissent par le prendre à son propre piège, dissimulant parfois la pertinence de quelques considérations noyées dans le fatras vaniteux du reste. Il se fait peut-être quelques potes mais il se fait surtout une bonne lignée d'ennemis qui n'accepteront plus jamais de l'écouter, même s'il vire sa cuti.


On ne va donc pas se préoccuper des incursions futiles du Zemmour-médiatique dans ce livre qui mérite lecture et réflexion. Avant tout, il faut se mettre d'accord sur les quelques axiomes zemmouriens de base : le bonhomme vénère le général De Gaulle, il est francophile et il aime, d'une manière générale, tout ce qui le ramène à la société traditionnelle française avec, en tête, le couple traditionnel, la croissance économique et la spécificité culturelle française qui découle d'un long passé chrétien.


Laissons de côté nos convictions personnelles et admettons celles de Zemmour, le temps de la lecture (vous n'allez pas disparaître pour autant, et la société ne va pas se nazifier aussitôt, on vous rassure. En revanche, reconnaître ainsi la diversité des opinions est un bon exercice de pacifisme). Les données factuelles avancées par l'auteur sont incontestables : si elles semblent parfois biaisées, c'est parce que Zemmour fait intervenir son opinion plus souvent qu'à son tour mais comme on en est averti, on saura faire le discernement entre les faits bruts et la présentation qui en est livrée. La collection de ces données tend à démasquer l'hypocrisie étatique et le retrait lent et insidieux de la démocratie, qui se dérobe face aux injonctions libertaires et libérales d'une Union Européenne dogmatique, incohérente, sans représentants, soumise aux Etats-Unis. Si Zemmour hurle si souvent pour clamer au prestige de la France, n'est-ce pas parce qu'il craint de voir toutes les spécificités culturelles se dissoudre derrière l'étendard européen ? Zemmour se sent français et a envie de dire qu'il aime son pays. Il n'empêche personne de clamer son amour pour son propre pays. On se rend compte alors, un peu gêné, que jusqu'à présent nous avions toujours pensé qu'il était mal d'aimer son pays. Quelle est l'origine de cette pudeur ? Qui nous a appris à avoir honte et à détester notre pays ? Est-ce plus ou moins sain que de l'aimer ? Zemmour nous rappelle que charité bien ordonnée commence par soi-même et remarque que la « haine de soi […] tétanise le peuple et le tient coi, silencieux et passif ». Pour qu'on se joue mieux de lui, dans les hautes sphères éthérées de la finance et de la politique. On peut aussi rappeler les réflexions de C. G. Jung dans Présent et avenir :


« Moins nous comprenons ce que nos pères et nos aïeux ont cherché, moins nous nous comprenons nous-mêmes et nous contribuons de toutes nos forces à dépouiller l'individu de ses instincts et de ses racines, si bien que devenu particule dans la masse, il n'obéit plus qu'à l' « esprit de pesanteur ». »


Les détracteurs de Zemmour, et ceux qui le connaissent mal (je faisais partie de cette catégorie avant de commencer ma lecture) devraient se donner le temps de lire le Suicide français. Les raccourcis médiatiques disparaissant, on découvre une pensée plus subtile que prévue, sans être non plus géniale tout le temps, il faut bien le reconnaître. Mais un auteur qui cite et réfléchit par le prisme de personnages tels que Phillipe Muray ou Pierre Bourdieu ne peut pas être foncièrement et totalement pourri. Ainsi, on pourrait dire de Zemmour ce qu'il écrit à propos d'Alain Michel (auteur de « Vichy et la Shoah ») : « Il ose aller au-delà de l'émotion et de la condamnation légitimes, pour creuser les contradictions [du] pouvoir […] et distinguer entre morale et efficacité politique, qui ne vont pas forcément de pair. Il glisse de la complexité dans une histoire qui appelle le manichéisme […]».


Si on prend encore un peu de recul sur ce qu'a écrit Zemmour, on remarquera que son livre n'est finalement rien d'autre que le témoin de la fin d'une ère dont la transition se révèle par « la revanche des oligarques sur le peuple, de l'internationalisme sur la nation, des nouveaux féodaux sur l'Etat, des Girondins sur les Jacobins, des juges sur la loi, de la féminité sur la virilité ». Zemmour pense qu'il faut lutter contre ce renversement des valeurs. Il semble terrorisé par le changement et considère les événements à court et moyen terme. Il ne voit que les conséquences néfastes immédiates et n'imagine pas que l'on soit parfois obligé de traverser des périodes tumultueuses pour obtenir quelque chose de différent. Il ne propose pas d'autre solution que celle de revenir aux méthodes d'un passé qui a fait son temps et si on ne devait faire qu'un reproche à Zemmour, ce serait bien celui-ci.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Je suis femme, multiculturelle, pro-européenne et même « citoyenne du monde », c'est dire si je suis dans le coeur de la cible sur laquelle Zemmour tire à vue. Mais ce livre, ronchonneur et scrognegneu à souhait, qui dit plaisamment tout haut tout et son contraire, donc toujours un peu ce que chacun pense tout bas, ce livre, donc, chatouille vigoureusement les neurones. D'ailleurs, pourquoi ne faudrait-il lire que les livres avec lesquels on est d'accord ?
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Dressage d'un triste constat de notre société et civilisation Française en proie a une mouvance constante, des inégalités de la mondialisation.
La responsabilité des différents élus est lourde !
clairement argumenté, sans propos excessif ou extrémistes, Eric nous raconte comment cette France a muée, et se perd entre humaniste et intégration! la réalité de demain pour tous politiques, n'est pas d'enjoliver ou de rassurer mais de PRÉVOIR
c'est bien ce qui a manquer sur les 30 derniers années .
après lecture, on n'en sort pas plus instruit, un peu plus inquiet ... et avec un peu moins d'espoir
On ne refait pas le passé, mais tout devoir des hommes politiques et de penser la société de demain!
les politiques sont bien trop préoccupés par leur propre destin pour se soucier de celui des autres et d'un pays.
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Zemmour Eric – "Le suicide français" - Albin Michel, 2014 (ISBN 978-2226254757) - 544 pages

Un pavé de 544 pages, arborant le bandeau : "Les 40 années qui ont défait la France".
Une fois n'est pas coutume, j'ai acheté ce livre pour trois raisons inhabituelles dans mes choix : d'abord il s'agit d'un essai politique polémique, ensuite il fait l'objet d'un battage médiatique si virulent et haineux de la part de la bien-pensance que cela justifie d'aller y voir par soi-même, enfin il connaît une diffusion de masse avec près de 300.000 exemplaires vendus en quelques semaines après sa parution le 15 octobre 2014.
Avant cet esclandre, je ne savais même pas qui était Eric Zemmour, je ne suis même pas certain d'avoir jamais entendu son nom puisque nous vivons à l'abri des absolues nuisances que sont la télévision et la radio.

Oserai-je l'avouer, je n'ai franchement pas été déçu, je l'ai dévoré en quelques soirées !
- Primo, le style est enlevé, drôle, féroce, alerte, j'oserais presque évoquer le si brillant et non moins fielleux duc de Saint-Simon.
- Secundo, la méthode est plaisante : à partir de l'année 1970, l'auteur enchaîne ses chroniques, année par année, en sélectionnant pour chaque année deux ou trois évènements qu'il juge être des clés de compréhension de ses observations politiques ; le choix des évènements ainsi évoqués est varié, il peut s'agir aussi bien d'une chanson de variété, d'un film à succès, d'une loi, que d'un match de foot, un débat télévisé ou un sketch de Coluche.
- Tertio, chaque évènement retenu fait l'objet d'une re-contextualisation historique et politique plus vaste, attestant une connaissance approfondie des mécanismes politiques en oeuvre dans notre doulce France.

Lors de cette première lecture, j'ai retenu trois thèmes principaux.
Tout d'abord, la déculturation des élites françaises mondialisées et décervelées à la sauce Science-Po-ENA-bobo (ça, je le vois et le vis concrètement et quotidiennement dans le cadre de mes activités en région parisienne) menant à la négation de l'héritage culturel de notre pays, à la haine du petit peuple, lequel se venge par la dé-crédibilisation de ces élites (thème cher au FN, mais pas seulement).
Ensuite, la transformation de la construction européenne (qui suscita tant et tant d'espoir dans nos générations d'après-guerre) en une gigantesque machinerie bureaucratique dans laquelle les pays se noient.
Enfin, l'avènement d'une caste dirigeante individualiste standardisée, arriviste, féroce, écrasant et reniant tout sur son passage, totalement coupée des réalités du bon peuple, quelle que soit son appartenance politique (une réalité que le FN exploite à fond).

Je retiens également trois faiblesses.
Premièrement : la destruction du genre masculin et – surtout – du rôle du père, me semble incomplètement traitée.
Deuxièmement, le rôle spécifique de la communauté juive (dont l'auteur est issu) fait l'objet de développements dont je suis bien incapable d'évaluer la pertinence (le régime de Vichy a-t-il sacrifié les juifs étrangers pour sauver les juifs français ?).
Troisièmement, la plus grosse faiblesse de l'ouvrage réside cependant dans l'absence totale de proposition ouvrant des perspectives, mais reconnaissons que ce n'est pas son objet.

Quelques passages particulièrement réussis à mes yeux : les années immédiatement consécutives à mai-68, l'emprise grandissante de la bien-pensance « de gôôôche » boboïsée, qui formate la vie culturelle du pays depuis quarante ans, la mondialisation-standardisation broyant le populo de tous les pays sur son passage. Reste surtout l'impression de lire enfin quelque chose de différent du sempiternel et uniforme prêchi-prêcha copieusement dispensé par la nomenklatura cultureuse et journaleuse standard, quel que soit son bord politique.

Cela fait déjà quelques années qu'en France, certains intellectuels (Gauchet, Finkielkraut etc) osent émettre des idées, poser des questions ou avancer des opinions en rupture avec le terrorisme intellectuel imposé par la gauche caviar bon chic bon genre, laquelle se bornait jusqu'à présent à user de son contrôle fort étendu sur les moyens de communication pour prodiguer des fatwas d'excommunication en assimilant toute question dérangeante au fascisme ou à l'extrême-droite. Ce qui est peut-être nouveau, avec le succès du livre de Zemmour, c'est de voir ces questionnements percer auprès du grand public qui n'a plus peur des anathèmes lancés par les ayatollahs de la bien-pensance. C'est plutôt réjouissant, même si c'est encore très embryonnaire, très imparfait et très superficiel.

Un style vociférant manié avec un art consommé de la polémique, une lecture stimulante s'il en est, et souvent rigolote… Que demander de plus à un essai ?
Ceci étant, j'ai jeté un oeil aux autres livres publiés par ce Zemmour, ça m'a paru plutôt rasoir et répétitif… Celui-ci constituerait-il une exception ?

Sauf erreur de ma part, à ce jour, seules deux personnes ont joint leurs efforts pour formuler une réponse au livre de Zemmour, il conviendrait donc de lire le «Contre Zemmour : réponse au suicide français» publié par Mamère et Farbiaz : pour ma part, ceci excède le temps et l'intérêt que je puis éprouver pour ce type d'essais.
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A Monsieur le Commissaire, à mes amis(es) babeliote, à ceux qui le seront demain, et ceux qui ne le seront jamais, je viens me constituer prisonnière, j'aime ma France, j'ai lu Zemmour et j'ai souvent été d'accord.
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Quarante ans d' Histoire de France sont balayés et utilisés pour servir la thèse de l'auteur. Cette lecture orientée des évènements, un reproche que l'on peut faire à de nombreux idéologues contient quelques fulgurances qui ne peut que recueillir l'assentiment du plus grand nombre. le monde évolue, l'époque porte les graines de bouleversements fondamentaux, un changement de civilisation s'annonce. Faut-il regretter le passé ou accompagner la transition vers un autre monde en essayant d'y maintenir des valeurs transgénérationnelles ? Chacun répondra à cette question selon ce qu'il est et ce en quoi il croit. Un livre qui vaut la peine d'être lu et qui pose question. N'est-ce pas le propre d'un ouvrage politique ? Pour ma part, tout n'était pas mieux avant, même si une forme de nostalgie m'a surprise parfois à l'évocation de cette France d'hier...
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Ce livre est un pamphlet réactionnaire, il promeut le retour à l'ordre et dénonce le libéralisme économique et culturel. Ce libéralisme est selon Zemmour la cause de tous les maux de la société. Cet essai n'est donc pas très argumenté, les exemples choisis ne sont pas toujours convaincants. Par exemple quand il dit : « Avec le voile, puis plus tard le hijab, ces femmes rejettent l'injonction du désir, l'aliénation du consumérisme, et pour tout dire la loi du marché. » A mon avis c'est mal connaître les femmes voilées. J'en croise souvent à la bibliothèque de mon quartier. L'une cherchait 50 nuances de Grey, l'autre lisait Gazelle un magazine féminin pour femmes maghrébines... le problème d'Eric Zemmour c'est qu'il a une pensée parfois simpliste, binaire, manichéenne. Mais c'est aussi un atout que d'avoir cet esprit de synthèse qui fait de ce gros bouquin une bible, une introduction à la critique de la société moderne. Je l'ai lu dans l'ordre chronologique, j'aurais pu le lire dans l'ordre antéchronologique ou mieux : de manière thématique. le problème c'est que les titres des chapitres sont souvent peu clairs. Comment savoir que « Verlaine et Van Gogh » s'intéresse à la création du RMI ? Ces titres sont aussi formés de dates, historiques ou anecdotiques ; celles de la promulgation d'une loi, de la sortie d'un disque, d'un ordinateur ou encore de l'ouverture d'un hypermarché. Les passages sur l'évolution des moeurs et les questions sociales sont ceux qui m'ont le plus intéressé : la mort du père de famille, les lois Pleven et Evin, les homosexuels, l'anti-racisme, le divorce, la TV (Dallas, Hélène et les garçons et Canal +), Coluche et le charity business, les alter-mondialistes et les écolos, Paris et les ville-mondes mais aussi l'intégration et la jeunesse. Il faut dire que l'auteur a le sens de la formule. Et il n'hésite pas à reprendre celles des autres. Ce livre est donc un plaisir pour celui qui comme moi aime surligner des passages. Il y a plein de références, des auteurs qui ont influencé la pensée zemmourienne comme Christopher Lash ou Jean-Claude Michéa et également des auteurs d'extrême gauche comme Anne Clerval qui a écris un bouquin récent et intéressant mais très partisan sur la gentrification de Paris. Zemmour a le sens du slogan marketing, à l'instar du titre choc de son ouvrage. Les idées défendues sont clairement traditionnelles : travail, famille, patrie. Elles sont parfois assez extrêmes mais plus par bêtise que par méchanceté comme quand il critique la loi contre l'avortement en avançant l'argument démographique...
Pour conclure, ce que je voulais vraiment dire concernant ce texte, c'est qu'il est très bien écrit. le vocabulaire est riche, un peu vieilli même. Il faut dire que l'auteur est féru d'histoire. A ce propos, une solide culture historique et politique est requise. J'ai eu du mal avec de nombreux chapitres, j'en ai même passé plusieurs. Pour résumer je dirais que c'est plus une réussite sur la forme que sur le fond. J'ai l'impression qu'on retrouve un peu ici le talent de ses (très écrites) chroniques radio. Etant donné que l'écrivain s'exprime bien mieux à l'écrit à l'oral, ce livre est donc le livre à lire pour qui s'intéresse à la pensée « zemmourienne ». J'ai vraiment adoré son concept : un essai qui refait l'histoire de ces dernières décennies, la grande et la petite, avec une approche multi-disciplinaire. On peut au moins lire les chapitres qui nous intéressent le plus ou ceux qui correspondent à certaines années importantes pour nous (naissance, enfance, moments marquants comme la victoire en coupe du monde de foot en 1998). C'est ce que je referais avec plaisir.
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LE SUICIDE FRANÇAIS. Eric Zémmour ; Ed. Albin Michel
SYNOPSIS : L'éditorialiste Eric Zémmour se livre à une critique sans concession de la France des 40 dernières années. La France des élites, qui pas à pas, ont entrepris de déconstruire tout ce qui en avait fait la richesse et la fierté de ses habitants.
CE QUE J'EN PENSE : Ce livre m'a dans un premier temps amusé, car Zemmour écrit comme il parle… Il a la langue acérée et sait illustrer ses propos par des anecdotes appropriées. Mais ce qui est amusant à entendre en 3 minutes sur RTL l'est beaucoup moins sur 500pages. Je ne remets pas en question son analyse (c'est la sienne… et elle est critiquable, comme toutes analyses), mais plutôt le style, type « étouffe-chrétien », et le sentiment de désespérance qui en ressort.
3/5 car je ne l'ai même pas fini. Trop déprimant.
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Le contenu est souvent excellent et savoureux.
On découvre comment les anciens progressistes sont devenus des bourgeois, mention particulière aux protagonistes de l'affaire de Bruay-la-Buissière. Ou comment ces anciens maoistes ont fini dirigeants gavés chez AXA.
En fait, le plus décevant, c'est le tout début du livre. Il fait commencer le déclin français par l'égalité homme-femme en 1970. Cette vision paternaliste et conservatrice gâche tout.
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