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EAN : 9782882500021
146 pages
Noir sur blanc (01/09/1987)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Mikhaïl Zochtchenko, auteur satirique russe, exerce sa plume acérée contre les travers apparents du régime soviétiques des années vingt. Il nous fait partager quelques épisodes cocasses de la vie quotidienne du petit peuple urbain.
Mais le comique des situations n'est qu'apparent : la difficulté de vivre du petit peuple est manifeste.
Transposé dans le français parlé d'aujourd'hui, le texte truculent du conteur Zochtchenko, nous devient enfin accessib... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Si ta gueule est de travers, ne t'en prends pas au miroir."
(N. Gogol, "Le Revizor")

Le 20ème siècle n'a jamais fait partie de mes préférences, même s'il faut dire que mes excursions dans la littérature russe de cette époque étaient toujours couronnées de succès. J'ai découvert Boulgakov, Bounine, Raspoutine, Aïtmatov... J'ai pu me frotter aux genres que je ne lis pas habituellement, et à chaque fois je fus enchantée. Mais à un moment ou un autre on fait tous un inévitable pas de côté, et pour moi ce fut avec ce Zochtchenko.
Mikhaïl Mikhaïlovitch et moi ne sommes tout simplement pas sur la même longueur d'ondes, même si je suis consciente que c'est en partie de ma faute. Zochtchenko écrit exactement le type de livre qui ne me dit rien.

Mikhaïl Zochtchenko (1894-1958) était un auteur extrêmement populaire, largement lu et apprécié, avant qu'il ne soit interdit de publication à la fin des années 40 - en même temps que la poétesse Anna Akhmatova - prétendument pour avoir "souillé" la radieuse image de l'homo sovieticus avec un récit satirique sur un singe échappé de sa cage au zoo. Des générations d'enfants ont pu se délecter de ses charmants "Récits sur Lénine", et les adultes riaient devant sa critique de la société post-révolutionnaire de l'entre-deux-guerres : de ses personnages pingres et mesquins qui ne s'intéressent pas à la culture ni aux événements importants qui se passent dans le pays, et dont la seule obsession est l'argent. de ceux qui vont encore et encore s'aligner dans une interminable queue pour la vodka, même si juste à côté on distribue gratuitement de l'intelligence.

Les lecteurs se tenaient la panse, sans se rendre compte qu'ils lisaient leurs propres histoires. La jalousie des autres, leur bêtise, leur étroitesse de pensée et leur flemmardise oblomovienne leur paraissaient terriblement drôles, mais ils refusaient de les voir chez eux. Zochtchenko les a mis en face d'un miroir géant, hélas, sa moquerie est loin de la satire de Gogol. Elle est comme un marteau qui loupe non seulement le clou, mais tout le mur avec. Elle est simple, franche et marrante.
L'auteur s'inspire des situations du quotidien et utilise le langage populaire. Il est un bon observateur, bon analyste, et grâce à ses multiples métiers (écrivain, traducteur, cordonnier, chef télégraphiste, adjoint à la milice communale, secrétaire du tribunal, instructeur en reproduction de lapins et volailles...) il n'épargne aucune strate de la société.
Toutes ces histoires (très) courtes sont facilement compréhensibles et le style est formidable, mais vous allez vite dévoiler les intentions et le point de mire, et le reste du récit vous balancera sur des vagues de rire bébête, comme devant les émissions de la caméra cachée.

Oui, de temps en temps il est indispensable d'ouvrir un livre amusant et se reposer tout simplement devant, sans réfléchir sur le contenu qui vous pousse parfois à douter sur le sens de votre propre existence. Mais pour un bonheur complet ce n'est pas suffisant.
Je comprends que Zochtchenko se moque de ses compatriotes en leur montrant leurs faiblesses, mais le lecteur va s'amuser au dépens des autres, puis continuer sa vie comme si de rien n'était. Changer ? Et pourquoi... ?
C'est une satire qui vous fera rire, ça oui, mais sans plus. Elle est loin de celle de Gogol : caustique, bien acérée, contagieuse et diaboliquement cruelle.

Pour la défense de l'auteur, je dois dire que les auteurs cités plus haut m'ont sans doute ramollie et habituée à tout autre sorte de gourmandise. Quand vous vous précipitez à la pâtisserie pour acheter de la Forêt Noire et qu'il ne reste plus qu'un petit morceau de flan tremblotant, vous serez forcément un peu déçus.
3,5/5 Désolée, classique russe, tu sais mieux faire...
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Le titre et le sous-titre de ce recueil de nouvelles en résume parfaitement le propos. le plus souvent le narrateur y raconte quelques mésaventures révélatrices de la vie populaire russe. On y retrouve successivement des indices de pauvreté, d'ivrognerie, d'incompréhension face à des conventions sociales ou politiques contraignantes voire aberrantes.

En préface, le traducteur explique qu'il a dû procéder à une traduction non littérale, d'un vocabulaire souvent familier, voire argotique, afin de ne pas trahir l'esprit de l'auteur. Selon le traducteur, ce style et la caricature sous- jacente du système politique soviétique caractériseraient Mikhaïl Zochtchenko (1895-1958), écrivain russe trop peu connu du public français. Dans son pays, après le rapide succès qu'auront connu ses nouvelles pendant la période de la Nouvelle Economie Politique (1921-1929), son état de santé et la censure politique limiteront sa création littéraire.

J'ai trouvé le style plutôt agréable, adapté à la concision des nouvelles. Si l'on y ressent divers aspects négatifs de la vie des soviétiques dans les années 1920, la critique de la société soviétique et de son organisation restent sous-jacents et porte sur des détails plutôt que sur le système dans son ensemble. le style et le propos de Zochtchenko étaient sans doute très novateurs pour les soviétiques des années 1920, mais ils n'ont plus grand chose d'original pour un lecteur occidental au XXIe siècle.

Un auteur à découvrir pour ceux qui s'intéressent à cette période de l'Union soviétique.
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Mikhaïl Zochtchenko fait partie de ces auteurs fâcheusement oubliés qui symbolisèrent pourtant grâce à leur humour corrosif une forme de la résistance au totalitarisme stalinien montant dans l'U.R.S.S. des années 1920 et 30.
Son emploi du Skaz, une transcription du langage parlé de "l'homo-sovieticus", participa certainement à sa très grande popularité qui le mit temporairement à l'abri de la censure croissante mais pas des multiples tracasseries que la bureaucratie lui fit subir. Il fut finalement exclu de l'Union des écrivains en 1946 et donc interdit de publier. Les persécutions qui suivront, auront bientôt raison de sa santé physique et mentale, jusqu'à sa mort en 1958.
Ses nombreuses nouvelles, réputées intraduisibles, méritent pourtant l'intérêt pour leur caractère extrêmement révélateur de cette période historique.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Moi, bien entendu, je ne bois pas. Quand il m'arrive de boire, des fois, je bois peu - enfin, pour respecter les convenances, ou pour soutenir une joyeuse compagnie. De toute façon il m'est absolument impossible de descendre plus de deux bouteilles en une fois. Ma santé me l'interdit. Une fois, je me rappelle, le jour de mon ex-ange gardien, j'ai consommé un quart.
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J'ai toujours sympathisé avec les convictions capitales. Donc, même quand on a instauré la NEP à l'époque du communisme de guerre, je n'ai pas protesté. A la NEP comme à la NEP. Ils en savent plus long. Mais par ailleurs quand on a instauré la NEP, mon coeur se serrait désespérément. Je pressentais quelque brusque revirement. Et effectivement du temps du communisme de guerre on était positivement plus libre au niveau de la culture et de la civilisation. Par exemple, on pouvait tranquillement ne pas se déshabiller au théâtre - pas au vestiaire. C'était un progrès.
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Le téléphone
Je dois vous avouer, citoyens, que je me suis fait mettre le téléphone récemment. Car à notre trépidante époque actuelle, si on n'a pas le téléphone, c'est comme si on n'avait pas de bras. Bien sûr, on ne sait pas où appeler, c'est effectivement vrai. Mais d'un autre coté, au plan matériel, on n'est plus en 1919. Faut comprendre. En 19, non seulement on se passait de téléphone, y avait rien à bouffer et on ne râlait pas.
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Les étrangers
Je saurais toujours distinguer un étranger de nos compatriotes soviétiques. Eux, les étrangers, ont un je ne sais quoi de différent sur leur gueule.
Comment dire, ils ont une expression plus immobile et méprisante sur leur gueule que nous.
Mettons que leur visage prenne une certaine expression, eh bien, ils regardent tout le reste avec cette même expression.
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