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Citations sur Madeleine Férat (159)

« Lubrica, Lubrica, murmurait-elle entre ses dents... L’enfer t’a vomie, et tu tentes le saint en découvrant ton impure nudité. Ta chevelure rouge, tes lèvres rouges brûlent encore du feu éternel. Tu as blanchi ton corps et tes dents dans les brasiers du gouffre. Tu t’es engraissée du sang de tes victimes. Tu es belle, tu es forte tu es impudique parce que tu te nourris de chair... Mais un souffle de Dieu te fera tomber en poussière, Lubrica, fille maudite, et tu pourriras comme une chienne crevée sur le bord d’un chemin... »
Les époux ne purent saisir que quelques-unes de ces paroles qu’elle mâchonnait fiévreusement, comme une prière d’exorcisme qui devait la protéger contre les attaques du démon. Ils croyaient tous les gens du château couchés, ils furent surpris et effrayés de la trouver là.

Chapitre VII
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Pendant la longue scène de désespoir à laquelle elle venait d’assister, la vieille femme avait gardé son attitude rigide et implacable. Elle goûtait une volupté farouche à écouter ces sanglots et ces cris de la chair. La confession de Madeleine lui ouvrait un monde de désirs et de regrets, de jouissances et de douleurs qui n’avaient jamais secoué son corps vierge, et dont le tableau lui faisait songer aux joies cruelles des damnés. Elle se disait qu’ils devaient rire et pleurer ainsi, ceux que les flammes lèchent et caressent de leurs langues ardentes. Dans son horreur, il y avait une curiosité poignante, la curiosité d’une femme qui a vieilli au milieu de besognes grossières, sans connaître d’homme, et qui entend brusquement le récit d’une vie de passion. Peut-être même envia-t-elle un instant les plaisirs amers du péché, les brûlures infernales dont la poitrine de Madeleine se trouvait déchirée. Elle ne s’était pas trompée : cette créature venait de Satan, le Ciel l’avait mise sur la terre pour la damnation des hommes. Elle la regardait se tordre et s’écheveler, comme elle eût regardé les tronçons d’un serpent remuer dans la poussière : les larmes qu’elle répandait lui paraissaient être les larmes de rage d’un démon qui se voit démasqué ; ses cheveux roux dénoués, son cou gras et blanc gonflé de soupirs, tous ses membres vautrés à terre lui semblaient fumer d’une odeur charnelle et nauséabonde. Elle retrouva Lubrica, le monstre aux seins larges, aux bras tentateurs, l’infâme courtisane cachant un tas de boue infecte sous le satin de sa peau nacrée et voluptueuse.

Chapitre VII
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Les époux regardèrent autour d’eux. Le feu était mort, la lampe ne répandait plus qu’une lueur vacillante et jaunâtre. Cette vaste salle, où ils avaient passé tant de chaudes soirées, s’étendait sombre, glaciale, lugubre. Au-dehors, un grand vent s’était élevé, heurtant les fenêtres qui gémissaient. Il semblait que l’ouragan d’hiver passait dans la pièce, emportant avec lui toute la joie, toute la paix de la vieille demeure. Comme Guillaume et Madeleine se dirigeaient vers la porte, ils aperçurent dans l’ombre Geneviève, droite, immobile, qui les suivait de ses yeux luisants.

Chapitre VII
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Je ne croyais pas cette femme, j’espérais que le Ciel pardonnait quelquefois. Il ne pardonne jamais. Je disais : “Le passé est mort, je puis vivre en paix.” Le passé, c’était cet homme que la mer avait englouti. Il était enseveli avec ma honte au fond des vagues, roulé dans les profondeurs de l’océan, battu contre les rochers, disparu pour toujours. Eh bien ! non, il ressuscite, il revient du gouffre avec ses gros rires ; la fatalité le jette à la côte et l’envoie nous voler notre bonheur... Comprends-tu cela, toi, Guillaume ? Il était mort, et il n’est plus mort... C’est bête et cruel à en mourir... Va, le ciel ne fait que de ces miracles-là. Il se serait bien gardé de tuer Jacques tout à fait. Il avait besoin de ce revenant pour me châtier... Quelle faute avons-nous donc commise ? Nous nous sommes aimés, nous avons été heureux. C’est de notre félicité que nous sommes punis. Dieu ne veut pas que sa créature vive paisible. Cela me soulagerait de blasphémer... Geneviève a raison... Le passé, la faute ne meurt pas.

Chapitre VII
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" Ce silence, cette ombre qui t’effrayent, nous ont endormis dans un rêve divin. Et jamais nous ne nous réveillerons, mon ami ; j’ai la certitude et l’avant goût d’une éternité de paix."

Chapitre VII
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« Entends ce grand silence qui nous environne, regarde la lueur paisible de cette lampe : c’est là ma vie. Dis-toi quelle existence douce tu mènerais dans ce calme parfait, si tu avais au cœur une tendresse, et que tu eusses devant toi, pour contenter cette tendresse des jours, des mois, des années semblables, également tranquilles... Marie-toi et viens. »

Chapitre VII
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(...), Geneviève fut convaincue que c’était le diable dont elle se trouvait possédée, qui la forçait à faire malgré elle ces grimaces de douleur. Elle crut apercevoir enfin la bête immonde cachée sous cette peau nacrée, dans cette chair de perdition, et n’aurait pas été trop étonnée de voir le corps superbe et voluptueux de la jeune femme se changer en un monstrueux crapaud.

Chapitre VII
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Ces diablotins qui tourmentaient le pauvre saint avec d’atroces grimaces, cette bouche de l’enfer qui s’ouvrait pour engloutir la vertu à la moindre défaillance, étaient un symbole fidèle de ses croyances religieuses.

Chapitre VII
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Depuis longtemps, son esprit d’inquisiteur flairait le péché chez la jeune femme. Cette belle et forte créature, aux cheveux roux, aux lèvres rouges, exhalait pour elle une odeur charnelle, infernale. Malgré les répugnances de sa religion pour les images, la fanatique possédait dans sa chambre une gravure de la tentation de saint Antoine dont le tohu-bohu démoniaque plaisait à sa nature visionnaire. Ces diablotins qui tourmentaient le pauvre saint avec d’atroces grimaces, cette bouche de l’enfer qui s’ouvrait pour engloutir la vertu à la moindre défaillance, étaient un symbole fidèle de ses croyances religieuses. Dans un coin, des femmes étalaient lascivement leur gorge nue devant le vertueux ermite, et le hasard avait voulu qu’une de ces femmes eût une lointaine ressemblance avec Madeleine. Cette ressemblance frappait singulièrement l’imagination ardente de Geneviève ; elle s’épouvantait en retrouvant dans la jeune épouse de Guillaume, le sourire gras, la chevelure insolente de la courtisane, du monstre vomi par l’abîme. Souvent même elle l’appelait, dans sa pensée, avec une exaltation d’exorciste, de l’épithète latine : Lubrica, qui se trouvait écrite sur la marge de la gravure, au-dessous de la diablesse. Tout le bas de cette image, grossièrement imprimée, était ainsi couvert de noms figurés personnifiant un vice dans chaque démon. Lorsque, à la nouvelle de la résurrection de Jacques, le visage de Madeleine eut de brusques contractions, Geneviève fut convaincue que c’était le diable dont elle se trouvait possédée, qui la forçait à faire malgré elle ces grimaces de douleur. Elle crut apercevoir enfin la bête immonde cachée sous cette peau nacrée, dans cette chair de perdition, et n’aurait pas été trop étonnée de voir le corps superbe et voluptueux de la jeune femme se changer en un monstrueux crapaud. Si elle ne comprit pas le drame qui secouait la malheureuse, elle eut conscience que le péché l’étouffait. Aussi se promit-elle de la surveiller pour la mettre hors d’état de nuire, dans le cas où elle tenterait de faire rentrer, à la Noiraude, Satan qui en était sorti avec l’âme de M. de Viargue, par la cheminée du laboratoire.

Chapitre IX
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Chaque seconde qui s’écoulait était pour elle un siècle d’angoisse. Les yeux fixés sur la porte, elle baissait les paupières au moindre bruit, pour ne pas voir. Cette situation, cette attente qui dura au plus une minute, renferma toutes les souffrances d’une vie.

Chapitre IX
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