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EAN : 9782365330596
137 pages
Asphalte (07/04/2016)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Bonnie et Clyde vivent dans le centre de Buenos Aires. Lui se consacre entièrement à l'écriture, elle étudie le dessin de mode sans conviction, chacun vit avec son chat. Après une rencontre sur Internet, ils se voient pour la première fois dans une pizzeria?Conte moderne mettant en scène des personnages à la fois seuls et hyperconnectés, Te quiero raconte, jour après jour, le début de l'histoire d'amour entre Bonnie et Clyde, leurs rencontres successives et leurs éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Te quiero est un court récit atypique de 116 pages, suivi d'un autre complémentaire, trés court. Il nous vient d'Argentine, d'un auteur mystérieux qui écrit sous pseudonyme, J.P.Zooey et fait penser à J.D.Salinger.D'ailleurs le style n'en est pas loin.
L'histoire se passe à Buones Aires.Un jeune homme qui écrit de la science-fiction et une jeune femme qui travaille dans un pressing et poursuit des études de stylisme.Ils se rencontrent sur Internet, vivent seuls, chacun avec son chat et s'appellent Bonnie and Clyde.
Ils mangent bio et semblent être quasi végétariens.Ils ont des petites idées loufoques, surtout la Bonnie, comme voler la caisse d'un bar, dévaliser une bijouterie( non réalisée car fermée), kidnapper un lièvre de Patagonie au zoo pour le relâcher dans les bois de Palermo, cambrioler un magasin de jouet pour y voler une grosse boîte de Lego,.....
l'imagination ne manque pas.
Mais ces "serial posteurs" qui communiquent la majeure partie du temps, par tacht sur le net, texto ou WhatsApp, s'acharnant à analyser ce qu'ils ont dit, pensé, lu ou imaginé ce que l'autre pensait, jusqu'à l'obsession....quand ils se rencontrent pour de vrai, communiquent peu ou pas. Chacun parle, mais ne s'écoutent pas."Une zone floue entre solitude et hyperconnection actuelle ", terrible.

Bref ça a l'air léger, loufoque en apparence, mais dans le fond ,c'est une satire sérieuse du vide existentiel de la nouvelle génération du XXI éme siècle. Accro à la consommation, à la nourriture bio,collée à leur smartphone, Facebook et autres, souvent aux envies suicidaires......elle néglige le plaisir de vivre, tout simplement. Vivant dans une bulle, irresponsable, néglige aussi son propre futur. Le Clyde du récit, qui vote pour les élections présidentielles, ayant mis à la place du bulletin, un pouce levé en origami, s'interroge quand même à la sortie :"Je ne devrais pas être aussi apolitique,après tout l'Etat me donne une bourse pour me permettre d'écrire.Je ne demande jamais de facture ni de ticket de caisse, je ne lis pas les journaux et je n'ai aucune idée de qui étaient les quatre derniers présidents de la République de mon pays......Mais quel bordel.La société craint à fond et on s'en fout complètement ".

A la fin du livre, une excellente Postface par l'écrivain argentin Leandro Avalas Blacha, donne un peu plus de clés sur ce récit qui m'a personnellement beaucoup plue.


Il a été publié en v.o. en 2014 et vient d'être traduit en français.
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Alors voilà, Clyde a une petite amie
Elle est belle et son prénom c'est Bonnie.
Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde…
Clyde prend le métro pour le centre-ville de Buenos Aires.
Bonnie ouvre une boite pour chat.

Ce soir, Bonnie & Clyde se rencontrent pour la première fois, autour d'une calzone et d'un jus de légumes aux couleurs gerbantes, après avoir passé beaucoup de temps à se connaitre, à échanger des mails sur leurs ordinateurs Lenovo, à s'écrire des SMS sur leurs derniers Samsung S Galaxy, à se regarder sur Skype… Un peu geek, mais follement amoureux. Deux âmes solitaires qui vivent dans leurs piaules avec leur chat respectif.

D'un esprit un peu fou, un peu foutraque, ils vagabondent dans les rues de Palermo, la tête dans les étoiles, les rêves plein la tête, rêves d'étoiles, rêves de hold-up, rêves d'un monde bizarre. Les fantasmes rythment leurs journées, leurs nuits, leurs tchat. Ou pas. Ils entrent dans la réalité subitement pour s'évader la seconde d'après, couple moderne des nouvelles technologies.

Clyde rêve d'être écrivain. Écrire à la façon des grands classiques d'antan et ne surtout pas chier des romans de littérature post-modernisme à la noix. Pour ça qu'il a toujours son carnet avec lui, chaque phrase est susceptible de s'y inscrire, de s'y inspirer. Bonnie fait des études de mode, mais presque en dilettante. Ce soir, par exemple, elle veut voler au zoo de Palermo un lièvre de Patagonie pour le libérer de cette société moderne qui l'a emprisonné dans une cellule grillagée. Demain, elle aura certainement envie de faire des gnocchis ou qui sait devenir plombier.
A cet âge-là, les avis changent et diverges comme dix verges devant une prostituée aussi vieille que bandante.

Comme un conte moderne sur la modernité de l'amour, les situations affrontent autant la banalité que la cocasserie, les marques défilent autant sur les écrans que dans nos têtes, syndrome de notre monde devenu malade de sa publicité et de la littérature postmoderne. Les rêves deviennent surréalistes ou est-ce la réalité de la vie qui s'emporte dans les rêves de ces deux jeunes amoureux. Qui n'a pas rêver de délivrer, libérer un lièvre de Patagonie pour le rendre à son environnement naturel, à moins qu'il ne se fasse écraser par un camion aux abords de la sortie Sud de Palermo ? Qui n'a pas eu le profond désir de pisser dans un lac froid de Patagonie après y avoir plongé, le corps nu, juste réchauffé par les rayons solaires de la lune bleue ? Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde…
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Clyde vit seul avec son chat Já dans le centre de Buenos Aires. Il a travaillé quelques années dans la librairie de son frère Gordo Marxxx et se consacre désormais à l'écriture, grâce à une bourse de l'État. En proie à l'apathie et à la dépression, il prend des calmants. Il souffre par ailleurs de saignements à l'oreille et remet à plus tard le moment de consulter un médecin. Il mène une vie désoeuvrée, se lève tard, flâne dans la ville, pense souvent au suicide, note régulièrement des idées pour ses nouvelles de science-fiction. Il est poursuivi par la vision d'un homme vêtu d'un jean, d'un gilet et d'un keffieh qui l'observerait et le suivrait partout dans la ville. Il ne fréquente que trois personnes : son grand frère, son directeur de bourse Moey! (un personnage extravagant à l'extrême) et Bonnie.

Bonnie vit seule dans le centre de Buenos Aires avec son chat Deschanel. Elle travaille dans une laverie automatique et éprouve des difficultés à finaliser ses études de dessin de mode qui ne semblent guère la passionner. Elle a un caractère fantasque, une imagination débordante, fait des origamis et est souvent prises d'envies soudaines complètement décalées.

Bonnie et Clyde se sont rencontrés sur Internet et se voient pour la première fois dans une pizzeria. Conte moderne mettant en scène des personnages résolument très contemporains, à la fois seuls et hyper connectés, Te quiero raconte, jour après jour, le début de leur histoire d'amour, leurs rencontres successives et leurs échanges virtuels, ainsi que leurs difficultés à parler, à se comprendre, à s'apprivoiser, à se faire confiance ou encore à s'engager.

Le thème central du roman – les jeunes hyper connectés dans la ville néolibérale – est traité de manière singulière et efficace.

L'omniprésence des marques, qu'il s'agisse du Web (Skype, Facebook, Youtube, etc.), des aliments ou des vêtements, dénonce les excès absurdes de notre société capitaliste hyper connectée. Quand il sent venir une crise de panique, Clyde énumère des marques pour se rassurer.

Celles-ci ancrent par ailleurs le roman dans une réalité spatio-temporelle précise, à savoir le Buenos Aires d'aujourd'hui. La ville est du reste très présente – numéros des lignes de bus, de métro, noms de rues, de quartiers, de bars, de restaurants, de librairies, etc.

Le protagoniste étant écrivain, un des personnages secondaires libraire, les réflexions sur la littérature – les différentes tendances (classiques, post-modernes), l'inspiration, de construction d'une narration – traversent tout le roman.

Le narrateur intervient très souvent dans le récit en corrigeant ce qu'il vient d'énoncer : le personnage fait, dit ou mange telle chose ; non, il fait, dit ou mange plutôt telle autre.

Certains procédés rhétoriques constituent un autre point fort du texte. L'auteur est parvenu à créer un univers très particulier et à saupoudrer son récit d'humour (souvent noir), provoquant parfois de vrais éclats de rire.

Des prénoms des personnages aux situations, en passant par les échanges décalés entre les protagonistes (Clyde-Bonnie ; Clyde-Gordo Marxxx ; Clyde-Moey!), l'univers du dernier roman de J. P. Zoeey est à la fois familier et déconcertant, voire surréaliste.

Les personnages, de par leurs fragilités et leurs peurs, sont attendrissants, sans jamais céder à la mièvrerie. Les stéréotypes du monde actuel sont présentés de manière insolite, souvent drôles.

Le réalisme minimaliste et fragmenté du roman n'est pas sans faire penser à certains textes de Perec, Queneau ou encore Italo Calvino. Les idées étonnantes de Bonnie rappellent, de loin cela va sans dire, le personnage de Marcovaldo. On retrouve par ailleurs certains échos de Salinger (dont le pseudonyme de l'auteur est directement inspiré) ou encore de l'écrivain américain plus contemporain, Tao Lin, que le personnage de Clyde cite (voir extrait de Vol à l'étalage chez American Apparel en pièce jointe).

Pour résumer, Te quiero est un roman délirant dont la lecture s'avère plaisante et sympathique.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
En descendant Serrano, Bonnie dit qu'avant de partir chez elle, elle avait regardé E.T. de Spielberg. Et qu'elle avait trouvé ça parfaitement triste. Elle aurait préféré qu'E.T. reste sur Terre avec Elliot, ou qu'Elliot parte avec E.T. dans sa navette spatiale. Clyde dit que c'était son Spielberg préféré. Bonnie avait beaucoup aimé le fait que les E.T. emportent des fleurs avec eux, qu'ils aient une serre dans leur navette spatiale, parce que l'autre extraterrestre qu'elle connaissait, le Petit Prince de Saint-Exupéry, était lui aussi obsédé par une fleur. Clyde lui dit qu'elle avait raison et qu'il n'y avait jamais réfléchi. Bonnie dit aussi que pour pouvoir retourner sur sa planète, E.T. avait dû frôler la mort, et que le Petit Prince, lui, avait du carrément mourir pour retourner sur la sienne, de planète. Clyde admit qu'il n'y avait jamais réfléchi non plus. Bonnie dit que si elle devait mourir pour vivre sur Terre, elle le ferait ; Clyde dit que lui aussi.
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Clyde dit à Bonnie qu’il fallait bien préparer le hold-up et que le meilleur endroit pour cela était la librairie-café Etrena Cadencia, à l’angle Honduras-Fitz Roy. Il y était déjà allé une fois avec Moe ! pour discuter de l’influence du programme spatial américain sur l’œuvre de Thomas Pynchon, ou inversement.
Bonnie commanda un gâteau au chocolat meringué et un thé, Clyde commanda un café court.Bonnie dit : « J’ai envie de nager dans un lac de meringue. » Clyde dit : « J’ai envie de pisser dans un lac de meringue croquante et de l’écouter craquer et fondre. » Bonnie lui dit qu’il était trop bête et que s’il continuait à dire ce genre de choses et à la faire rigoler comme ça, elle allait finir par faire dans son froc. Clyde la supplia de ne plus utiliser d’expression en rapport avec la défécation.
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Bonnie commanda un verre de Cabernet Sauvignon, Clyde un whisky Jim Beam avec un glaçon. Le serveur leur apporta aussi des chouchous et des petits carrés de chocolat. Bonnie but la moitié de son verre en deux gorgées, puis dit :
- J'ai envie de faire l'amour avec un petit coeur doux et tiède.
- Ah bon, répondit Clyde.
- Le malaxer, d'abord, puis l'avoir en moi pendant qu'il bat toujours.
Clyde songea qu'elle essayait de le provoquer ; il prit un air supérieur, fit mine de n'en avoir rien à faire et se gratta la barbe.
- Mais là, il me faut un moment de silence, dit Bonnie.
Du bout de son doigt, elle étala la trace de rouge à lèvres qu'elle avait laissée sur le bord du verre.
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Bonnie raconta à Clyde que Plume_d'ange, la gérante du pressing, parlait des hommes comme s'il s'agissait de chaussures à talon, durs et prévisibles.Selon lui, c'était l'attitude de base de la trentenaire biberonnée à Sex and the City , cynique et suffisante.Il ajouta que Plume_d'ange représentait typiquement l'esprit amer et suffisant qui rongeait la littérature contemporaine. P.22
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Un jour, j’ai vu un film sur quatre amants. Le premier, un médecin, prétendait qu’un cœur n’avait pas plus de dignité qu’un maudit coup de poing sanglant, ou quelque chose comme ça, dit Clyde.
Bonnie lui demanda ce que cela signifiait.
Que toute cette foutue littérature postmoderne soi-disant branchée a oublié ses classiques et que les classiques, eux, n’avaient pas oublié qu’écrire sur l’amour, c’était comme se retrouver seul au milieu du ring à frapper un fantôme avec un poing sanglant.
Miaou, répondit Bonnie sur le tchat de Skype.
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