Alors le tonnerre éclate parmi les nuages de la méfiance depuis longtemps ramassés.
Une fois de plus Fouché a, de la façon la plus heureuse, changé son manteau d’épaule suivant la direction du vent.
Car Fouché n'est jamais le serviteur de personne et encore moins le laquais.
Fouché a vu juste : contre des hommes il faut lutter, mais des bavards, on les abat d'un geste.
Une fonction est toujours ce qu'en fait celui qui l'occupe.
Car pendant son exil Fouché a reconnu la puissance de l'argent et il la sert comme il sert toute puissance .
Une richesse constante rend efféminé, des applaudissements continus engourdissent l'esprit.
Pourquoi le peuple applaudit-il si passionnément à l’exécution de cet homme que, la veille encore, Pais et la France reverraient comme un dieu ?
C'est ici que, soudain, Fouché reparait, car la nuit est son élément, l'intrigue sa véritable sphère. Son visage couleur de plomb, que l'anxiété rend encore plus terne, passe comme un spectre dans les salles à demi éclairées.
Muets, anxieux, consternés, ils sont assis sur leurs bancs, eux qui autrefois étaient si courageux et si passionnés. L'odieux poison de la peur, qui use les nerfs et écrase les âmes, paralyse leur volonté.