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4,31

sur 12078 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je considère que les bons livres sont ceux qui bousculent, qui nous interrogent, qui crééent une quelconque émotion violente qui fait que nous n'en sortons pas indemne. C'est aussi ceux qui nous laissent une marque indélébile. Comme "Le joueur d'échecs".

Ma première lecture de cette nouvelle, remonte déjà à plus de 6 ans. J'ai réengagé le jeu de la lecture par une lecture audio d'Edouard Baer (de audiolib). Ca me paraissait très prometteur. Quoique au départ, j'ai pris peur, car bien monotone, et au fur et à mesure, le ton devient vivant, excité et fou. Quoi de mieux pour nous faire entrer dans l'ambiance.

Le début met en place les pions... euh pardon, les personnages. D'un côté, nous avons le champion mondial des échecs que le narrateur décrit comme fruste, un peu vulgaire... Il n'est guère engageant, voire peu finot, si c'est que c'est un champion des échecs. C'est cette partie lue qui m'a parue monotone. Ceci dit, je trouve que ça correspond bien au personnage.
Ce champion accepte, contre argent, des défis d'échecs contre des voyageurs, qui trouvent à chaque partie la défaite. Puis entre en jeu un nouveau personnage, qui semble pouvoir tenir tête au champion... Cet inconnu est intriguant puis se dévoile petit à petit. A partir de ce moment, la lecture s'emballe et devient ( à mon avis) plus intéressante. La narration nous fait alors découvrir une réalité des plus terribles liée aux tortures et expérimentations des nazies... qui conduisent à des traumatismes fusionnels avec la folie.
Avant de reprendre la lecture audio, je confondais l'époque. J'avais tendance à mettre ce court récit à la période de la Grande Terreur du Stalinisme, sans doute, influencée par mon souvenir du "Zéro et l'infini.". Quoiqu'il en soit, ce sont bien les violences des régimes totalitaires, que dénoncent Zweig, des violences intrinsèques à la période.
J'ai trouvé ce texte terrible, car l'auteur semble très pessimiste, il décrit une situation sans issue positive voire un contexte totalitaire sans fin.

Il fait partie de ces livres qu'il faut avoir lu. Je salue aussi la lecture d'Edouard Baer, vraiment talentueuse.
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Quelle partie l'intelligence, la finesse, la mémoire peuvent-elles bien jouer contre la force brutale et aveugle d'un rouleau compresseur ? Cette question est à la base de la nouvelle de Zweig qui oppose sur un paquebot deux joueurs d'échecs usant chacun d'une « stratégie » bien particulière. L'un d'eux est le champion du monde russe, Czentovic, et l'autre un ancien détenu de la Gestapo qui a un jour, pendant sa captivité, pu dérober dans la poche d'un officier SS un manuel d'échecs dont il a, pour occuper son esprit, appris par coeur toutes les parties.
Sur ce paquebot qui « roule sur les gouffres amers » se joue par métaphore, sous les yeux des autres passagers de cette « branloire perenne » une autre bataille qui prend en ce moment une étrange résonance…

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Le joueur d'échecs est un livre qui m'avait passionné étant jeune. Je n'étais pas à l'époque un bon lecteur et j'étais un piètre joueur. Aujourd'hui je suis toujours aussi peu doué sur un échiquier mais j'ai voulu replonger dans ce récit qui m'avait marqué…
Les années ont passées et maintenant en plus de l'intrigue très prenante je découvre la finesse d'écriture qui m'avait échappé adolescent, notamment avec ce qu'on pourrait appeler un twist en cinéma lorsque pendant plusieurs pages l'auteur nous dirige vers ce champion mondial d'échecs pour au final porter son intrique vers un héros anonyme à l'histoire tragique bien plus passionnante que celle qui nous était au début narrée.
C'est l'histoire d'un homme qui trouva son salut dans les échecs par le biais d'une schizophrénie salvatrice.
C'est l'histoire d'un homme qui pour savoir si il est fou va jouer une partie contre un champion du monde…
Une unique partie…
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À bord d'un paquebot, le narrateur apprend la présence d'un champion d'échecs, Marko Czentović, réputé antipathique. Curieux de l'approcher pour en savoir plus, il parvient, avec l'aide d'un autre voyageur, à le convaincre de jouer, moyennant rétribution. Les adversaires du joueur — car ils sont plusieurs — se prennent une pâtée jusqu'au moment où un inconnu leur donne de judicieux conseils.

Qui est, Czentović, cet homme sans finesse, qui ne témoigne d'aucun intérêt pour qui ou quoi que ce soit d'autre que les échecs ? Même si le narrateur relate la vie du joueur, vous n'aurez qu'une réponse indirecte quand B. entrera en scène. La nouvelle bifurque brutalement vers l'histoire de B. Il a été arrêté par les nazis et enfermé, sans aucun stimulus. de quoi rendre fou n'importe qui. B. s'en est sorti, mais pas sans dommages. Et la bataille qui se déroule entre le champion du monde et B. est bien autre chose qu'une simple partie d'échecs.
À lire pour le face-à-face entre un joueur froid, méthodique et un joueur au bord de l'implosion.

Ce texte sombre prend son sens quand on sait qu'il a été publié en 1943, un an après le suicide de l'auteur, alors convaincu que l'Europe était perdue.

Lien : https://dequoilire.com/trois..
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J'étais très curieuse de découvrir cette nouvelle, dernière écrite par l'auteur avant son suicide et publié à titre postum, qui est d'ailleurs la seule qui lui fut inspiré par quelque chose de réel dans sa vie : les échecs.

- Ce récit nous parle de la torture sous sa forme la plus perverse : la torture psychologique. Il nous montre comment les victimes de cette torture s'en sortent en trouvant un échappatoire mental qui bien souvent malheureusement tourne à l'obsession.

- le narrateur n'est pas au centre de cette histoire, il nous raconte les fait et à plus un rôle d'observateur, de transmetteur des informations à destination du lecteur.

- Cette nouvelle va mettre en opposition deux personnalités totalement différentes de par leurs origines sociales, leur prestance, leur intelligence.

- On aborde le thème du traumatisme qui conduit à l'adiction et nous explique la nécessité de s'en éloigner pour toujours sous peine de retomber dans les souvenirs traumatiques et de s'y perdre.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle qui est très abordable et prenante du début à la fin. Encore une fois cet auteur aura réussi à m'embarquer dans son histoire et à me faire réfléchir par la même occasion
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Un monument littéraire, que j'avais lu à la façon de M.B. au temps du lycée !
Lecture imposée = lecture rapide. A l'époque j'avais apprécié la lecture de cette nouvelle encensée de Stefan ZWEIG, sans trop d'introspection.

Aujourd'hui, j'ai fait le CHOIX, sans contrainte, de le relire à la façon de CZENTOVIC... en prenant mon temps, en pesant chaque phrase, chaque mot... après avoir lu la Biographie de l'auteur... et je me rends compte que tant de choses m'avaient échappées !

Bien sûr, à la première lecture, tout ce qui découle d'un point de vue psychanalytique de l'enfermement et de la solitude,... la mécanique du cerveau et de ses défenses,... sont très bien décrits !

Et le questionnement sur les méthodes nazies ?
Quelle pire torture ?
- Se retrouver dans un camp de concentration à subir des violences physiques, entassés avec tout un tas d'autres personnes a subir le même sort, mais où il est permis, même rarement, de parler, d'échanger, de voir, de compatir...
-Ou se retouver enfermé seul des années dans une petite chambre d'hôtel sans matière pour alimenter le cerveau que la propre confrontation à soi-même

Sans rentrer dans l'analyse de l'oeuvre, je ne me sens pas légitime à le faire, ce que je ressens aujourd'hui, c'est qu'au delà de ce qui précède, on peut y voir le reflet d'une autobiographie de l'auteur.

Il a mené sa vie comme on avance des pions sur le grand échiquier de la vie... et Stephan ZWEIG a joué à la façon de M.B., comme s'il imaginait que le temps d'une vie ne suffirait pas à le laisser entrevoir et concevoir tout ce qu'il aurait aimé découvrir et écrire.

Lui qui a été dans l'action perpétuelle toute sa vie s'est retrouvé probablement bridé face à la lenteur et à l'immobilisme de son époque.

Et comme M.B., avec tous ses coups d'avance qui l'éloigne de la réalité du moment présent, il a fait une erreur d'anticipation et a préféré abandonné la partie.

Pour conclure, j'emprunterai la traduction des propres mots de Stefan ZWEIG (issus de sa Correspondance 1932-1842) et écrits peu avant son suicide avec son épouse Lotte en 1942 :

"... Mais après soixante ans, il faut des forces particulières pour recommencer entièrement une fois de plus. Et les miennes sont épuisées par ces longues années d'errance sans patrie. J'estime donc préférable de mettre fin à temps et debout à une vie dans laquelle le travail de l'esprit a toujours été la joie la plus pure, et la liberté personnelle le bien suprême sur cette terre.
Je salue tous mes amis ! Puissent- ils voir l'aurore après la longue nuit ! Moi qui suis trop impatient, je m'en vais avant eux. "
Stephan ZWEIG, Petropolis, 22 février 1942
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D'ébène et d'ivoire,
Des échecs et du précipice de l'esprit …

Jeu royal, vivacité de l'esprit, pratique compulsive, destructrice…
Le cerveau humain et ses capacités d'adaptation face à l'isolement absolu, l'enfermement, torture à bas-bruit infligée par la Gestapo parmi celles des nazis...
La lisière entre réalité et folie…
Tout cela dans un si court roman. Quel prodige !

Sur un paquebot de croisière en partance pour Buenos Aires depuis New-York, une traversée, reflet de l'esprit humain.

A l'origine paysan roublard, le cupide et arrogant Mirko Czentovic use pourtant de tactique et de stratégie en s'illustrant aux échecs sur la scène mondiale. Notre narrateur, passionné de psychologie et intrigué, voudrait en connaître davantage sur ce personnage atypique…lorsque son attention se reporte sur un autre passager, Monsieur B. autrichien.
Mais quel est-il, cet homme étrange qui ose se mesurer à un champion du monde d'échecs ?
Il n'aurait pas joué depuis plus de vingt ans…

Les évènements relatés par notre narrateur sont captivants : l'histoire en elle-même, la tournure que prend le récit, la fine analyse de la pensée, les tourments de l'âme, l'habileté du style.

Le symbolisme présent dans le roman apporte toute sa densité et sa puissance à l'histoire.

L'énergie des mots avec lesquels l'auteur décrit l'isolement et la pensée humaine est fulgurante.
Un style direct et subtil, fort et précis qui m'a emportée ; de l'art, vertigineux.
*
Je continue à être fascinée par le talent de cet immense auteur, Stefan Zweig, dans ce roman écrit en 1942 et publié en 1943 après son suicide.

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A mon sens le joueur d'échec et 24h de la vie d'une femme resteront les deux nouvelles incontournables de S. ZWEIG. Je l'ai dévoré en très peu de temps tellement ce dernier est addictif.
Cette nouvelle, en plus d'un devoir de mémoire, nous plonge directement dans la torture intellectuelle et morale subie par le protagoniste.
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C'est un petit roman classique avec lequel j'ai débuté ce joli mois de mars.
Un roman court et magnifique et qui se lit d'une traite.
Une oeuvre posthume de l'auteur, ce roman a été publié après sa mort.
Un livre poignant sur un illustre joueur d'échec qui va se fait emprisonner et sombré dans une folie, car il s'est fait battre aux échecs.
Emprisonnée, il n'a pas de solution, c'est alors qui se met à lire un livre sur toutes les combinaisons possible pour gagner de nouveau.
Mais malheureusement, il va s'approprier et roman et l'isolement pour lui va être mal vécu .
Un livre sur l'addiction et sur l'isolement qui peut parfois être un danger extrême pour la personne qui les vis.
Encore une belle oeuvre de l'auteur que j'ai découvert.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Deux heures d'écoute sur Audible, la plume de Stefan Zweig lue par l'envoutante voix d'Edouard Baer.

Deux heures de pure félicité, portée par une plume lyrique et grandiose. Après avoir lu et adoré vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, j'ai choisi de lire cet incontournable de l'auteur et cela confirme mon envie d'en découvrir encore davantage.

Une nouvelle d'une centaine de pages où des destins se croisent, des joueurs invétérés s'affrontent et des tempéraments se méfient. Alors que l'on imagine suivre un champion d'échec, arrogant et antipathique, Zweig nous surprend avec la mise en scène d'un personnage tout aussi énigmatique. Cette mise en abîme, dans un huit-clos à bord 'un navire entre l'Europe et l'Amérique, nous plonge dans une aventure dans les tréfonds de l'âme humaine, de ses tourments, de ses difformités...

Une oeuvre considérable, dans laquelle j'aurai aimé rester encore quelques centaines de pages... Incisive et si juste, la fin me laisse avec une profonde admiration pour Zweig et une envie (si ce n'est un besoin) bouillonnante de continuer à lire encore et encore des livres de ce conteur, au talent incontestable.
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