Stefan Zweig a été marqué par le nazisme jusqu'à préférer le suicide à la survie lorsqu'il a cru que l'Europe ne reviendrait jamais à de meilleurs auspices.
Dans
le joueur d'échecs, il ne décrit pas les camps de concentration, mais une autre forme de torture de l'époque, l'isolement dans une déshumanisation physique, psychologique et intellectuelle avec, pour seule perspective, les interrogatoires.
Pour résister,
Monsieur B. s'est concentré sur un manuel d'échecs qu'il avait réussi à dérober. Fixer son attention sur un enjeu stratégique de peu de conséquences, lui a permis d'échapper à la folie, mais peut-être pour tomber dans une autre forme de démence. Cet état se révèlera d'ailleurs dans toute son ampleur, lorsqu'il devra affronter un champion mondial, lui-même obnubilé uniquement par l'argent.
Ce court roman m'a fait penser à
vingt-quatre heures de la vie d'une femme avec la place particulière donnée au jeu. le jeu était alors le mal et la folie en découlait. Dans
le joueur d'échecs, le jeu est utilisé comme remède, mais les effets sont les mêmes.
Stefan Zweig sait particulièrement bien décrire les obsessions, leur mise en place progressive, subrepticement d'abord pour qu'elles emportent finalement tout sur leur passage. Est-ce parce qu'il a lui-même été l'objet de telles idées fixes ? Quoi qu'il en soit, il les décrit à la perfection !