L’exploit de Magellan a prouvé, une fois de plus, qu’une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables.
(Fin)
Au commencement était l'Épice.
Navigare necesse est, p. 19
Ce qui étonne tout particulièrement les navigateurs ce sont les pieds de ce monstre humain, et c'est a cause de ces "grands pieds" (patagon) qu'ils dénomment par la suite les indigènes de ce pays des Patagons et leur terre la Patagonie.
Une fois de plus, une tête roule sur le sable, éternelle fatalité qui veut que presque toujours les actions les plus glorieuses soient tachées de sang et que ce soient précisément les hommes les plus impitoyables qui accomplissent les plus grands exploits.
Mais ce n'est jamais l'utilité d'une action qui en fait la valeur morale. Seul enrichit l'humanité, d'une façon durable, celui qui en accroit les connaissances et en renforce la conscience créatrice.
L'exploit de Magellan a prouvé, une fois de plus, qu'une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables.
L’alpha et l’oméga de toute nourriture, c’est le biscuit du marin : Magellan en a fait embarquer 21.380 livres,...Selon toute prévision, cette quantité devrait suffire pour deux ans. Pour le reste on serait tenté de penser, en examinant la liste des approvisionnements, à un transatlantique moderne de 20.000 tonnes plutôt qu’à cinq cotres de 500 à 600 tonne ... Afin de maintenir en bon état le moral de l’équipage Magellan a fait acheter le meilleur vin de Xérès : pas moins de 417 outres et de 253 tonneaux. (On a prévu deux rations de vin par jour et par homme pendant deux ans.)
Un seul exploit reste encore à réaliser, le dernier, le plus beau, le plus difficile : faire sur un seul et même navire le tour du globe, prouver envers et contre tous les cosmographes et les théologiens du passé la sphéricité de la terre. Accomplir cette mission sera le but et la destinée de Fernão de Magalhães.
Il ne savait ni sourire, ni plaire, ni se rendre agréable; il était en outre incapable d'exposer ses idées avec éloquence. Peu loquace, renfermé, retranché dans son isolement, cet éternel solitaire créait autour de lui une glaciale atmosphère de gêne et de méfiance.
Souvent la main qui veut repousser un homme le rend en réalité à lui-même.