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EAN : 9782362290275
96 pages
Editions Bruno Doucey (08/03/2012)
4.23/5   15 notes
Résumé :
D’où vient-elle ? D’un pays de soleil, sur les rives orientales de la Méditerranée, là où furent trouvées les tablettes des premiers alphabets. Ses souvenirs ont la couleur des jardins suspendus, l’odeur du cumin et de la menthe, la transparence du verre soufflé. Maram al-Masri est née à Lattaquié, en Syrie. Ce n’est pas dans son pays que je l’ai rencontrée, mais à Paris où les pas de l’exil l’ont portée. En 2009, une résidence d’écriture l’entraîne dans le nord de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce recueil est le fruit d'une résidence d'écriture organisée en 2009 sur le territoire d'Artois et la commune de Béthune. La poétesse syrienne Maram al-Masri a arpenté les rues de ces villes du Nord de la France noyées dans la brume où les maisons se serrent les unes contre les autres comme si elles cherchaient à se tenir chaud. Elle a découvert les fêtes foraines, les grandes places où bat le coeur de la cité, les jeux des enfants, les bistrots, la pauvreté et la chaleur humaine. Elle a posé sur les gens et les choses un regard plein de douceur et d'universalité car, comme le dit si bien son éditeur, la poésie ne connait pas de frontières.

Très très longtemps que je n'avais pas lu de poèmes. Il aura fallu une journée d'études à laquelle j'ai assisté la semaine dernière pour que l'envie me reprenne. Il aura surtout fallu que j'y vois Maram a-Masri et que je l'entende susurrer ses textes en arabe de sa voix de velours pour que mon petit coeur d'artichaut fasse boum. Quand elle a pris le micro et qu'elle s'est lancée, j'avoue, j'ai eu les poils au garde à vous. En plus elle est belle Maram, vraiment belle ! Et quand elle « étale ses souvenirs et expose les épices de sa nostalgie, odeur de cumin et de menthe », difficile de ne pas fondre.

Soyons honnête, il serait injuste de s'arrêter uniquement sur le charme de cette sublime poétesse. Les textes de Maram Al-Masri sont ciselés. J'aime cette poésie en prose à hauteur d'homme, sans boursouflure et sans ostentation. J'aime cette délicatesse, cette belle musicalité, le propos à la fois simple et imagé, toujours parfaitement compréhensible. Chaque poème a d'abord été écrit en français puis traduit en arabe par l'auteur. L'ouvrage est donc en version bilingue, arabe sur la page de gauche et français sur la page de droite.

La robe froissée est un magnifique recueil que j'ai dégusté avec gourmandise. Comme quoi il suffit parfois de pas grand-chose pour faire de belles rencontres livresques et reprendre goût à la poésie.
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Il est de ces rencontres qui ne me laissent pas insensible.
Un matin, en salle des maîtres, elle illuminait de son aura et de sa longue chevelue noire l'ambiance des lieux.
Elle, Maram al-Masri, qui a collaboré avec notre école dans le cadre des Rencontres Orient-Occident en 2017.
Elle nous a offert deux de ses livres. Pendant des mois, ils attendirent patiemment leurs lecteurs dans la boîte à livres.
La robe froissée m'a interpellée plusieurs fois par son titre. Un soir, l'appel de la poésie se fit fort. J'en ai tourné les pages et je l'ai pris chez moi, pressentant une magnifique découverte.
Et ce fut le cas.
J'aime le rythme du poète, ses observations silencieuses de la vie quotidienne, ses descriptions colorées et vivantes des gens, des places, des saisons.
Maram al-Masri m'a embarquée dans un voyage bouleversant. Derrière chaque mot, j'ai imaginé la femme syrienne découvrant au autre monde, celui du Nord, vaste, libre, exempt de violence.
La beauté des fêtes foraines, les jeux des enfants, la morsure du temps y prennent vie sous nos yeux écarquillés et curieux...
Maram conte la vie comme elle donne ses sourires : généreusement.
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Je ne lis vraiment que très rarement de la poésie. Ce n'est que grâce au hasard du programme du Bac français de ma fille que le recueil est arrivé entre mes mains ! J'ai découvert une plume féminine élégante tout en douceur et légèreté malgré les thèmes douloureux de certains poèmes. Maram al-Masri est une femme fière de sa culture, drapée noblement dans des valeurs humaines qui nourrit ses textes de ses douleurs, de sa mélancolie mais aussi de tous les bruits et toutes les fureurs de ce monde fou où « Quand parlent les armes » plus personne ne veut entendre la plainte de ceux qui souffrent. le recueil est bilingue pour une grande partie ce qui colore les poèmes en prose en leur rendant un peu de leurs saveurs originelles. Une grande place est donnée aux poèmes du Nord, ceux écrits par Maram, poétesse syrienne qui pose un oeil curieux, tour à tour triste ou amusé, sur ces nouveaux paysages urbains qu'elle découvre. Elle nous rappelle qu'il y a des fondamentaux communs à toutes les cultures et qui dépassent la barrière des langues : la mélancolie de ceux qui ont dû partir, l'horreur des bombes qui écrase l'innocence, l'amour d'une mère pour son fils. Coup de coeur pour le dernier poème de ce recueil « Lettre d'une mère arabe à son fils ». Il m'a rappelé les vers tout aussi forts et sublimes du texte « Si » De Rudyard Kipling.
(...)
Mon fils, sois
la goutte d'eau
qui formera la vague
avec les autres gouttes
qui nettoiera la côte du monde
et adoucira le rocher pointu

Mon fils, sois le souffle
qui s'unira à l'air
pour que la tempête arrache
les racines de l'injustice

Sois l'étincelle
dans la lumière,
que le soleil de la liberté
illumine ton pays

Ta vie m'est chère...
comme celles des enfants de toutes les mères
je te dédie,
mon fils,
À la liberté.
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Maram al Masri, poétesse syrienne réfugiée en France pour fuir la guerre, a effectué une résidence d'écriture dans le nord de la France en 2009.

1ère partie : La femme à sa fenêtre
Elle observe le monde qui l'entoure : la fête foraine synonyme de liberté ; l'innocence et la joie qu'elle représente et que les enfants des pays en guerre n'ont pas la chance de connaître.
L'auteure décrit les façades des maisons nordistes, la grand place lieu de rassemblement, mais aussi la crise économique et la pauvreté.
Cela ramène ses pensées aux enfants des pays en guerre, aux armes de démolition, à la soif de liberté et sa préciosité.

2nde partie : Petit cheval et autres poèmes
De la nostalgie et beauté dans ces poèmes, mais aussi l'horreur de la guerre.

Maram al-Masri sait conter de façon engagée et tout en délicatesse la vie qui passe, les décors qui l'entourent, les souvenirs qui se confondent malgré les deux cultures différentes qu'elle connait.
Elle use habilement de personnifications pour faire vivre la poussière, les façades et tant d'autres.
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Mais quelle lecture !!

Je découvre avec ce recueil l'oeuvre de Maram al-Masri et je suis clairement sous le charme! Je ne compte d'ailleurs pas m'arrêter là et continuer de découvrir ses écrits tant j'ai adoré cet ouvrage.

Ce recueil de poèmes a donc été publié pour la première fois en 2009, il y a plus de dix ans alors qu'elle faisait un projet d'écriture en arpentant les villes du Nord de la France. L'édition dont vous voyez la couverture ici est plus récente et composée des poèmes de 2009 mais aussi d'autres poèmes inédits ! Il est précisé dans l'ouvrage que Maram al-Masri écrit ses poèmes en français puis les traduits ensuite en arabe ce qui fait de ce recueil une édition bilingue magnifique.

La poétesse nous parle de moments de vie dans les rues du Nord de la France, des grandes places où jouent les enfants, des fêtes foraines, de l'économie ou encore des armes et de la guerre. Syrienne immigrée en France, j'ai trouvé sa poésie très douce et chantante. Même lorsqu'elle abordait des sujets difficiles comme celui des armes tellement sa plume est belle et fine. J'ai été sensible à ses descriptions, à ses images, à sa vision. Et à tous ses mots qui ne sont qu'accueil, tandis qu'elle découvrait de nouveau monde, sans violence ni guerre, libre.

J'ai hâte de lire toutes ses oeuvres sans exception et ne peux que vous encourager à la découvrir
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
C'est le poème que j'ai planté
sur mon oreiller
par une nuit d'amour
qui a fait naître
un rêve de
printemps

Je suis devenue arbre nu
sous le vent
d'automne

Oui j'ai dormi
la pluie
et un vélo aux pneus dégonflés
ont formé mon
hiver

Oh j'ai perdu l'été
dans les bagages que j'ai préparés

pour une mer lointaine.


Petit cheval et autres poèmes
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La femme qui regarde par la fenêtre
a envie d'avoir une baguette magique pour
effacer le gris
et redessiner des sourires

Elle est si heureuse
quand elle voit les lieux pleins de vie
les boutiques
les terrasses de café
remplies de gens

Elle se réjouit quand elle voit des visages lumineux

Les gens se ressemblent
quand ils sourient.

16. La femme à la fenêtre
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À travers le sourire des rideaux
la lumière a réussi à s'immiscer
pour dénoncer la poussière qui danse
et celle qui se repose après son vol
captée en flagrant délit
de s'allonger dans une fainéantise délicieuse
sur la surface des choses
et sur la peau

La poussière
une voyageuse comme moi
une immigrante comme moi
qui, malgré tout, ne s'enracine nulle part
Sans patrie
elle vient de tous les horizons
portée sous les aisselles du vent
Le vent la ramasse avec son balai
avec sa chevelure épaisse
ou avec ses mains

Il la sème là où personne ne la soupçonne
Il la sème même dans le tiroir secret
du cœur


La femme à la fenêtre
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Les visages des enfants sont
les sourires du coeur
ils ont goût de Nutella
Leurs joues
sont des fraises des bois
Leur bouches
sont des lotus sacrés
Leurs mains sont des brins de violette
Et leurs rêves sont la soie de la vie

Sacha, Luna, Patricia, Emilie, Lucie
Guillaume, Sinan, Mathieu, Ryan, Samer
Fatima, Sarah
Shéhérazade
Syrine
Firouzeh
Qu'importe le nom qu'ils portent
Qu'importe leur couleur
Qu'importe leur religion
Ils sont
l'étreinte du ciel et de la terre.
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A travers le sourire des rideaux
la lumière a réussi à s'immiscer
pour dénoncer la poussière qui danse
et celle qui se repose après son vol
captée en flagrant délit
de s'allonger dans une fainéantise délicieuse
sur la surface des choses
et sur ma peau

La poussière
une voyageuse comme moi
une immigrante comme moi
qui, malgré tout, ne s'enracine nulle part
Sans patrie
elle vient de tous les horizons
portée sous les aisselles du vent
Le vent la ramasse avec son balai
avec sa chevelure épaisse
ou avec ses mains

Il la sème là où personne ne la soupçonne
Il la sème même dans le tiroir secret
du coeur

La poussière est la chienne fidèle du vent

Elle court derrière lui et devant
elle vole avec lui
du nord au sud
d'ouest en est
silencieuse
elle se moule comme une robe tendre
sur les corps
abandonnés.
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Videos de Maram al-Masri (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maram al-Masri
Dans cet épisode, c'est Laure, libraire au rayon littérature de Dialogues, qui nous partage ses coups de coeur du moment.
Bibliographie
- Elle va nue la liberté de Maram Al-Masri (Éd . Bruno Doucey) https://www.librairiedialogues.fr/livre/4056340-elle-va-nue-la-liberte-images-de-syrie-maram-al--misri-editions-bruno-doucey - Où je suis de Jhumpa Lahiri (Éd. Chambon) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18212996-ou-je-suis-jhumpa-lahiri-editions-jacqueline-chambon - J'ai hâte d'être à demain de Sandrine Senes (Éd. l''Iconoclaste) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16641972-j-ai-hate-d-etre-a-demain-petites-histoires-d--sandrine-senes-l-iconoclaste
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