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Camille Desilles-Laurent (Autre)Lionel Garnery (Autre)
EAN : 9782330147594
208 pages
Actes Sud (07/04/2021)
4.24/5   17 notes
Résumé :
Yves-Élie Laurent nous accueille dans sa vallée nichée au cœur des Cévennes, où les abeilles prospèrent à l'heure même où elles sont décimées partout ailleurs. Cet apiculteur poète raconte l'élevage, la biologie et l'éthologie des abeilles noires, cette espèce ancienne, frugale et vivace capable de traverser les plus âpres bouleversements climatiques depuis des millénaires. Ce faisant, il nous propose une réflexion poétique sur notre rapport au monde sauvage qui nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre est avant tout un hymne aux abeilles noires, survivantes au filtre du froid des périodes glacières qui a marqué notre continent européen, et qui ont transmis à leur descendance trois qualités héréditaires, à ce jour pas encore altérées par l'homme, qui leur ont permis de traverser le temps : la frugalité, la rusticité, la réactivité.
Ces abeilles sont les "Apis mellifera mellifera", du latin mel, signifiant “miel”, et ferare, “porter”. La redondance mellifera mellifera (double porteuse de miel) est un hommage par lequel Carl von Linné désigna l'abeille noire. Il est probable que ce naturaliste suédois souhaitait souligner que c'est cette abeille noire, née du froid, qui a porté du miel à des dizaines et des dizaines de générations d'Européens.
Pour faire simple, ce sont les abeilles non-hybridées par la main de l'homme (enfin, de l'agriculteur productiviste et de ses clients) qui fabriquent leur habitat dans les troncs de certains arbres (essentiellement des châtaigniers) et dont la cire est noire, patinée par le temps...
Ce livre invite à réfléchir sur notre rapport à la nature, car les abeilles ne sont qu'une porte d'entrée à la compréhension de ce qu'est un biotope, à l'écologie (sans vignettes crit'air, éoliennes, batterie Li-ion et punition).
Il se termine par la déclaration universelle des droits de l'abeille dont je vous livre l'article 1 (sur 11)
"L'abeille a le droit à la tranquillité, à la sédentarité de ses colonies et à être dérangée par l'homme aussi rarement que possible."
Très instructif (histoire, sciences naturelles), très bien écrit et très optimiste (expérience vécue, bien être) malgré nos soucis naturisques.
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Je découvre la collection Mondes Sauvages de chez Actes sud. Et c'est une révélation. Un choc. Je me souviens de mon enthousiasme lors de ma première expérience avec la collection « Nature Writing » de chez Gallmeister, un moment déclencheur de toute une suite. C'est un peu ce que j'ai ressenti ici, et pour les mêmes raisons. La collection est ancrée sur la nature et le rapport humain qui en découle. le fond est certes plus scientifique que chez Nature Writing, mais le tout nous replace au centre de la nature, faisant de nous non plus des dominants mais de simples participants, humbles.

Ce dépoussiérage s'est opéré avec ce documentaire sur des abeilles noires au fin fond des Cévennes. Mais tout d'abord un peu d'Histoire, l'ancienne, celle de l'ère glaciaire, un exposé sur l'adaptation obligée des abeilles aux bouleversements du climat depuis la nuit des temps. Puis focalisation sur la ruche-tronc, son organisation à l'intérieur, la vie de cette communauté d'insectes.

Yves ÉLIE est un sacré spécialiste des abeilles, il a d'ailleurs réalisé quelques films documentaires et créé l'association L'arbre aux abeilles. J'avais peur d'être perdu dans ses explications scientifiques. Mais non, l'auteur reste dans une démarche pédagogique, technique certes, mais toujours accessible pour les novices. Et c'est passionnant. Car le discours est ample, il ne s'arrête pas à la ruche à un moment T, il part de loin, contextualise, pour mieux se recentrer sur les ruches-troncs cévenoles et leur fabrication de miel.

Toutes les étapes de la vie d'une abeille sont retracées : « Cette attraction florale exercée sur les abeilles, ce parfum de la ruche dit aussi la force surréaliste des butineuses minuscules, capables de transporter en vol des charges de nectar ou de pollen équivalentes à la moitié de leur propre poids depuis des fleurs éloignées parfois de 5 à 6 kilomètres de leur colonie, et ce malgré le vent qui souffle en sens contraire et les malmène d'un côté ou de l'autre ».

L'abeille comporte de nombreuses espèces, certaines plus robustes que d'autres, plus pures, moins « arrangées » par l'homme. Parmi elles, l'abeille noire, l'héroïne du présent livre. Certaines abeilles disparaissent par pollution génétique. Présentation des actrices de la ruche. Et l'occasion de faire la rencontre avec l'abeille citerne, celle qui amène l'eau, en un ballet gracieux. On ne cesse d'en apprendre de belles tout au long du récit. « Les abeilles n'existent pas individuellement. Une abeille isolée de sa colonie meurt rapidement, même en présence de nourriture, d'eau et d'une température idéale. Les abeilles ne sont pas un individu comme nous l'imaginons, nous êtres humains. Chez elles, l'être n'est pas l'abeille mais la population ».

Les ruches peuvent être squattées, que ce soit par des fourmis ou de mystérieux scarabées. Ou d'autres encore. Et que se passe-t-il l'hiver dans la communauté ? Comment les abeilles s'organisent ? Vous le saurez en lisant cet essai qui s'attarde aussi sur les conséquences du travail de l'abeille, dressant notamment un historique de l'hydromel. Puis revient sur les résultats catastrophiques de l'activité humaine sur celle des abeilles. « Quel que soit le choix que nous opérons, force est de constater qu'en Europe, les processus de fabrication de la nourriture de masse, notamment les monocultures, ont dégradé les ressources vitales des pollinisateurs sauvages. La malbouffe humaine induit la malbouffe des pollinisateurs ».

Tout au long du texte, on apprend, on s'arrête, on réfléchit ; Sur l'importation de l'abeille caucasienne par exemple, sur la présence du frelon asiatique, sur le fait que jadis, l'abeille fut classée comme animal domestique, ou encore sur la nécessité de militer pour un avenir meilleur pour les abeilles, qui se répercutera de manière positive sur notre propre avenir.

Non seulement ce récit est abordable, mais il est salutaire, car empli d'espoir. Malgré tout. L'auteur convoque Noé et son arche avant de faire place à la postface signée Lionel GARNERY, spécialiste de la génétique de l'abeille. En toute fin de volume : La déclaration universelle des droits de l'abeille.

Ce livre de près de 200 pages est aussi un travail de conscientisation du public. Yves ÉLIE explique la nécessité de se réunir en associations, en groupes afin d'obtenir plus de poids sur la scène locale comme nationale pour protéger la nature sauvage, et l'abeille noire en particulier. Les diffamations sont nombreuses, mais il faut continuer, c'est pour la nature que le combat se doit d'être livré. le texte est balisé par des illustrations magnifiques de Camille LAURENT. À noter que la collection Mondes Sauvages est soutenue par l'association indépendante ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) qui fournit un travail de protection d'envergure sur le terrain. C'est par le biais de cette association que j'ai décidé d'ouvrir enfin un livre de Mondes Sauvages, grand bien m'en a pris, une sorte de cycle étant d'ores et déjà en cours dans mes lectures. « La vallée de l'abeille noire » est paru en 2021. Vous l'aurez compris, il n'est pas nécessaire de posséder de connaissances en la matière pour lire ce documentaire palpitant.

https://deslivresrances.blogspot.com

Lien : https://deslivresrances.blog..
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J'ai rencontré Yves Elie dans une petite librairie de Charente-Maritime où il venait partager sa passion pour les abeilles, en particulier les « abeilles noires », c'est-à-dire les abeilles mellifères sauvages d'Europe de l'Ouest. Séduit par son accent doucement chantant (il vient des Cévennes) et sa façon de parler du vivant, j'ai poursuivi l'échange en lisant son ouvrage.

La Vallée de l'abeille noire parle d'abord d'Apis mellifera mellifera, cette fameuse abeille noire présente depuis des millénaires sur le sol européen et pourtant en danger à cause des pesticides, du recul des espaces fleuris, de certains prédateurs introduits par l'homme et d'une pollution génétique due à l'élevage d'abeilles "Buckfast" sélectionnées par les apiculteurs.

Mais il parle aussi des expérimentations que Elie pousse avec sa femme Chantal et quelques autres dans leur vallée cévenole pour élever des abeilles sans sélection, avec le moins d'intervention possible, en respectant leur cycle de vie, leurs particularités, leurs forces et leur faiblesse. En quelque sorte, ils font revivre une apiculture d'antan, c'est-à-dire telle qu'elle s'est pratiqué depuis des millénaires avant la professionnalisation des apiculteurs à partir des années 1970, mais dans une démarche qui intègre les outils scientifiques les plus modernes et le contexte du changement climatique et de l'exposition massive aux pesticides tueurs.

En lisant ce livre, j'aurais appris énormément de choses sur les abeilles et les fleurs, je me serais émerveillé des facéties de l'évolution et régalé de mille anecdotes.

Le seul défaut du livre, c'est qu'il est écrit de façon un peu déstructurée. C'est voulu par l'auteur, qui prévient en introduction qu'il ne souhaite pas écrire un essai classique, mais du coup plusieurs passages se répètent un peu. Malgré cela, l'écriture de Elie est fluide et poétique, on passe d'explication techniques à des jolies formules littéraires. Bref, encore un très chouette livre de la collection « Mondes sauvages ».
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Un livre qui nous donne une vision différente de l'apiculture, une apiculture plus originelle, loin de l'apiculture d'aujourd'hui ou le rendement est devenu le facture premier de la pratique, même en tant qu'amateur.

On y apprend ainsi ce que sont les abeilles noires, l'origine de l'appellation abeille domestique, qui n'a aucun sens logique, et on nous donne une approche beaucoup plus nature de l'apiculture, ou chaque essaim, unique, est au coeur de toute interaction. Une bouffée d'air fraiche que devrait lire tout apiculteur, surtout les amateurs .
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Au coeur des Cévennes, il existe encore un lieu où le temps est une ressource, le bien-être animal une priorité, la tradition une évidence. Un voyage poétique au milieu des abeilles noires et de leurs ruchers-troncs avec un apiculteur passionné qui nous propose une réflexion sur notre rapport à ce petit insecte volant sans qui la vie n'existerait pas.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Creuser une ruche dans un tronc d’arbre est captivant, dans la mesure où cela ne devient pas une activité répétitive et mécanique, ce qui a le don de tuer le plaisir de travailler. Au rythme où le pratiquaient nos ancêtres, qui fabriquaient de 2 à 4 ruches par an, cela commence par une belle rencontre entre un homme et un arbre, dans le projet d’y creuser un nid pour les abeilles. Que rêver de plus beau ? L’avantage des outils traditionnels, du vilebrequin, de la tarière et de la gouge de charron, est précisément que cela “prend du temps”. C’est-à-dire que nous allons donner du temps au tronc d’arbre lors de son façonnage. Prendre du temps étant un acte de liberté des plus importants dans un monde marqué par une accélération globale.
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Traditionnellement, le paysan est inquiet. Exposé à la violence et aux caprices de la nature, il se fait du souci pour ses animaux. Après la récolte des ruches-troncs, plus d'un apiculteur devait partager les inquiétudes d'Alfred Velay, du rucher de Saint-Maurice-de-Ventalon. Pendant sept nuits consécutives à la récolte, il ne trouvait pas le sommeil, se tournait et se retournait dans le lit et finissait par réveiller sa femme pour lui avouer, avec une angoisse dans la voix : "Je crois que cette fois, j'ai trop pris de miel aux abeilles, elles ne passeront pas l'hiver."
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Ce phénomène d'hybridation aérienne (durant le vol nuptial) paraît un peu atténué, du moins dans nos montagnes, du fait que les abeilles noires semblent, comme beaucoup d'autres espèces, pratiquer une homophénotypie positive : elles préfèrent, dans la mesure du possible, des partenaires sexuels de la même lignée évolutive. Hypothèse d'autant plus probable que, si ce n'était pas le cas, nous n'aurions pas dans les Cévennes, devenues une plaque tournante de l'exploitation apicole, d'aussi "beaux restes" vestiges des abondantes populations d'abeilles noires.
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Lorsque l’on ouvre une ruche pour la première fois, il y a quelque chose qui change dans notre rapport à la nature.
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Dans la Déclaration universelle des droits de l'homme manquerait alors un passage sur le menu de l'humanité. Un article essentiel pour que cesse la maltraitance des abeilles et de tous les autres êtres vivants, qu'ils volent, qu'ils marchent ou qu'ils nagent : "Tout être humain a le droit et le devoir de manger une nourriture élaborée dans le respect de la biologie des populations animales et végétales."
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