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3.76/5 (sur 594 notes)

Nationalité : Liban
Né(e) à : Beyrouth , 1960
Biographie :

Charif Majdalani est un écrivain libanais de langue française.

Né à Beyrouth en 1960, Charif Majdalani quitte son pays en 1980 à destination de la France pour suivre des études de lettres modernes à l'université d'Aix-en-Provence. Il revient au Liban en 1993 après avoir soutenu sa thèse sur Antonin Artaud.

Dans un premier temps, il occupe un poste d'enseignant à l'université de Balamand puis à l'université Saint-Joseph de Beyrouth où il est professeur de lettres.

À partir de 1995, il participe à la revue d'opposition L'Orient-Express, en charge de la rubrique littéraire. Cette collaboration s'achèvera en 1998 année de la cessation de publication de ce journal.

En 1999, Charif Majdalani revient à l'enseignement dans l'université Saint-Joseph de Beyrouth où il est en charge du département de Lettres Françaises. Ce poste lui permet d'accueillir des romanciers français et libanais. Lors du sommet de la francophonie 2002, il publie un livre Le petit traité des mélanges. Parallèlement à l'enseignement, on peut lire sous sa plume une chronique mensuelle publiée dans le journal La Montagne.

"Villa des femmes" obtient le Prix Transfuge du meilleur roman arabe et prix Jean-Giono 2015.

"Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement" reçoit le Prix Femina - Prix spécial du jury.
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Citations et extraits (183) Voir plus Ajouter une citation
Avec le jardinier, on se demandait quelle forme concrète allait prendre la mainmise des banques sur les usines et les terres du côté sud-ouest, si ce seraient des fils barbelés ou si on détruirait carrément les bâtiments. Mais il ne se passa rien, parce que les banques ont tout leur temps, et que, même si on se précipitait allègrement vers le gouffre, elles pouvaient attendre qu'on en sorte, fût-ce au bout de cent ans. D'ailleurs, nous aussi nous vivions comme si tout allait perdurer, comme si le tissu des jours ne pouvait jamais se déchirer , et moi, j'aimais sentir se nouer et se dénouer autour de moi les gestes' quotidiens parce qu'ils étaient comme la preuve de l'éternité du monde et des choses. Je n'avais jamais cessé d'aimer la sarabande des bonnes; celles qui chantait en passant la serpillière pieds nus sur le dallage frais, celle qui mettait le volume de la radio trop haut avant de le baisser sous les cris de Jamilé, ou cette jolie Kurde que je surpris involontairement, en passant devant la fenêtre de sa chambre, en train de se contempler devant le miroir tandis qu'elle défaisait son chemisier, et que j'espionnai en faisant discrètement un pas en arrière pour la regarder lentement défaire son haut, puis dégrafer son soutien-gorge, pour libérer ses deux superbes seins, lourds et droits, qu'elle se mit à caresser amoureusement et comme son bien le plus cher. J'aimais ce sentiment que tout allait durer toujours, avec la même population diverse et variée passant par le portail, les marchands des quatre-saisons qui s'arrêtaient et attendaient la ruée des servantes puis la lente et cérémonieuse arrivée de Jamilé, la camionnette du pressing qui entrait tous les mardis et le vélo du poissonnier tous les vendredis, et aussi les démarcheurs et les représentants que j'étais chargé de reconduire mais que je laissais arriver jusqu'à mon perron, comme ce singulier représentant en poignées de portes qui avait toutes sortes d'accessoires aux formes bizarres dans une petite valise et qui prétendait que l'on ne pouvait vendre des poignées de porte sans être un expert dans l'art de mouler ses mains et ses paumes sur leurs formes comme sur celles d'une femme, et que les meilleurs amants étaient de ce fait et indubitablement les représentants en poignées de porte.
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En ce lieu où je me trouvais à ce moment, soudain et malgré la chaleur et l’inconfort, était ravivée à mon insu ma nostalgie ancienne et jamais formulée pour une vie hors de l’Histoire et des événements qu’elle secrète, et je me dis alors que tous les lieux où le temps semble s’annuler dans la répétition de lui-même sont ce que l’on rêve sous le nom de paradis, cet endroit où plus rien n’arrive, où l’on est livré à la pure contemplation du mystère de l’existence du monde. Je me rendis compte que j’avais soudain envie que disparaisse tout ce pour quoi j’étais là, et que je n’aie plus rien à faire qu’à demeurer face au spectacle immuable des choses et de leur beauté.
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.....l’idée des mouvements de fond, invasions ou transformations sociales qui fonderaient l’Histoire et la rendraient compréhensible et donc prévisible m’a toujours un peu agacé, parce qu’elle ne prend pas en considération le facteur humain et encore moins le plus grand vecteur de l’Histoire à mon avis, à savoir le hasard, l’imprévu.....Si Hitler avait été tué au cours de la Première Guerre mondiale, si un artilleur français avait fait osciller de quelques millimètres son canon ou sa mitrailleuse, si un soldat allemand n’avait pas malencontreusement tué d’un coup de baïonnette un soldat français qui un instant plus tard aurait trouvé sur sa trajectoire l’affreux Adolf qu’il aurait abattu ou embroché, tout n’aurait-il pas été différent ? Certes, il y aurait eu l’injustice du traité de Versailles, et le désir de revanche allemand, et l’antisémitisme dans l’Europe de cette époque. Mais ils ne se seraient pas exprimés de la même manière, et peut-être pas avec la même violence. Le monde n’aurait pas été ravagé ni les juifs exterminés de la sorte, et du coup, la mauvaise conscience n’aurait pas poussé les Européens à soutenir la naissance d’Israël, qui n’aurait peut-être pas vu le jour, ou pas comme cela s’est produit. Toutes les misères qui se sont ensuite succédé n’auraient pas eu lieu, et la situation ici aujourd’hui, là où nous nous trouvons, et qui peut-être découle d’un coup de baïonnette raté il y a cent ans, n’aurait pas été celle-là, et vous et moi n’aurions pas été en train d’en parler à l’instant.
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.....la démocratie aurait pu être une certaine forme, et la plus réussie, de fin de l’Histoire. Sauf qu’elle aussi porte des contradictions internes qui la minent, et en particulier la liberté d’expression qui est intrinsèque à son être et simultanément le poison qui l’emportera, parce que l’on ne peut brider la liberté d’expression sans aller contre le principe de démocratie, et qu’on ne peut la laisser totalement débridée sans qu’elle permette que s’expriment les démagogues qui flattent les plus bas instincts de l’homme et sa bêtise.
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J’ai toujours aimé les années trente à Beyrouth, l’ambiance légère des costumes blancs et des chemises en lin, la ville bucolique, les maisons vénitiennes aux murs plongeant non dans l’eau sale des canaux mais dans la verdure de leurs jardins. J’ai toujours envié ceux qui y vécurent,.....
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Acheter une terre avec les derniers sous qui vous restent, rêver de construire dessus quelque chose, cela devient un acte de résistance contre l’idée même d’effondrement.
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La bêtise, l’égoïsme et l’incompétence sont sans doute ce qui conduit le monde bien plus que la lucidité, la sagesse ou l’intelligence.
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Il doit avoir des tantes, des grands-tantes un peu partout dans le quartier, chez qui il pourrait s'arrêter pour manger du pain chaud. Mais il ne s'arrête pas, il marche entre les traverses, il fanfaronne sûrement car il plaît aux femmes et il le sait. Ou plutôt ce n'est pas lui qui fanfaronne. Il laisse ses moustaches et son tarbouche fanfaronner pour lui. Lui il a l'oeil sombre, et ce regard singulier qui semble toujours effleurer le bord supérieur des choses. Il porte une canne qui lui donne un supplément d'allure. Ce n'est pas la canne en bois d'ébène avec l'anneau d'or aux initiales de son père. Celle-ci, il la garde pour les occasions ou le dimanche, elle est debout dans un coin de l'armoire normande, dans sa chambre à coucher. Et c'est curieux, voilà que cette armoire me permet de pénétrer chez lui, d'imaginer un peu la maison d'avant, quoiqu'il me sera toujours très difficile de croire qu'il ait pu habiter ailleurs que dans la Grande Maison qu'il fondera à Ayn Chir. Je vois soudain un jardin, avec des néfliers et un citronnier, trois marches, un perron surélevé, et à l'intérieur un sol en tomettes aux motifs en arabesques, des pièces ouvertes les unes sur les autres, où circulent aisément l'air doux du printemps, les parfums des arbres, l'odeur de laurier qui embaume les vêtements rangés dans les armoires, mais aussi les bruits simples de la vie domestique, la voix de son frère cadet qui chantonne en s'habillant dans une pièce voisine avant de sortir pour aller à son bureau, disons à Khan Antoun Bey, ou celle de sa mère qui reçoit ses cousines et ses belles-soeurs de bon matin et s'installe avec elles dans des fauteuils sur le perron, sa mère qui figure elle aussi sur une photo de Bonfils, lointaine et rêveuse dans sa robe à corset, si rigide et si hiératique que je parviendrai toujours difficilement à l'imaginer autrement qu'en habit victorien, presque aussi irréelle, désincarnée et majestueuse que les reines anciennes sous leur masque mortuaire. Et puis, je vois aussi cette armoire normande devant laquelle il se poste tous les matins avant de sortir, dont il ouvre un battant pour se juger dans la glace un peu terne. Il juge son pantalon, son veston, son faux col, lisse sa moustache, ajuste son tarbouche, plante un regard dans son propre regard trop sombre avant d'ouvrir l'autre battant, sur lequel il y a aussi une glace, et de voir soudain, dans les deux miroirs qui se font face, son image se refléter à l'infini. J'aime à penser qu'il s'amuse tous les matins à cette démultiplication de lui-même avant de sortir égrener dans la marche sa présence au monde.
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Il dormait mal, ou pas du tout, se levait dans l’obscurité et allait marcher sur la terrasse, ou s’asseyait dans un fauteuil en osier, se demandant, devant le spectacle du brasillement tranquille des étoiles et face aux bruits de la nuit, le bois des arbres qui craque et les loups au loin, comment le monde pouvait continuer à tourner aussi naturellement alors que tant d’horreurs étaient commises chaque jour qui auraient dû finir par en empêcher la marche.
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Lorsque nous avons parlé des poubelles qui ne sont plus ramassées depuis quelques jours, les dieux de l’Olympe ont fait leur travail et un ancien bouquiniste a détourné le sujet en racontant comment il lui arrivait parfois d’acheter des fonds de livres entiers, des centaines et des centaines d’ouvrages, dont certains sans aucune valeur qu’il portait alors lui-même jusqu’aux plus proches bennes à ordures du quartier, avant de les voir revenir quelques jours plus tard, proposés à la vente par des chiffonniers qui les y avaient récupérés. Il a donc pris le parti de jeter ce genre d’acquisitions inutiles dans des décharges plus lointaines, dans d’autres quartiers, mais les livres revenaient, inévitablement, comme par sortilège, ou comme une farce que lui aurait réservée quelque dieu rigolard.
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