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3.84/5 (sur 93 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 30/12/1945
Mort(e) à : Paris , le 02/09/2013
Biographie :

Alain Testart est un anthropologue social, né le 30 décembre 1945.

Après l’obtention d’un diplôme d’ingénieur de l’École Nationale Supérieure des Mines de Paris, et une courte insertion dans l’entreprise, Alain Testart recommence des études en ethnologie. Il obtient sa thèse, « Des classifications dualistes en Australie », en 1975, sous la direction de Jacques Barrau. Il entre au CNRS en 1982, successivement membre de l’équipe « Appropriation sociale de la nature » du Muséum national d’histoire naturelle et du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative à l’université Paris X – Nanterre, où il assume plusieurs enseignements. Actuellement il est membre du Laboratoire d'Anthropologie Sociale au Collège de France et directeur de recherche au CNRS.

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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Le stockage est corrélatif d'une tendance à l'individualisation de la propriété. 
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C'est au Natoufien [période de la protohistoire], répandu en Syrie et en Palestine, qu'on trouve les premiers villages qui témoignent pour le moins d'une certaine sédentarité : "La surprise [...] fut que les naturalistes n'y trouvent aucune trace d'agriculture ni d'élevage. On dut dès lors admettre, contre toute attente, que l'apparition d'agglomérations construites n'était pas une conséquence de la production de la subsistance, mais l'avait précédée, avec maintien de l'économie de chasse-cueillette traditionnelle." (citation de Cauvin, "Les premiers villages ..." 1978)

p. 41
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Cet expansionnisme des sociétés agricoles, par-delà la supériorité supposée du mode de vie agricole sur le régime de chasse-cueillette, s'explique par l'accroissement démographique et par la volonté d'enrichissement et de domination des couches sociales supérieures. Ce sont d'ailleurs plutôt les économies agricoles à céréales qui possèdent cette force expansionniste.
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[Pouvoir despotique et esclavage]
Un tel pouvoir n'est tel que s'il a abattu tout autre pouvoir émanant de la société sur laquelle il règne, s'il fait échec à leur émergence, s'il se les subordonne et les contrôle. Il combat toute forme de pouvoir autonome, politique, économique et religieux. Mais il doit tout aussi nécessairement combattre cet autre pouvoir tout à fait évident, mais pour lequel nous n'avons pas de qualificatif : le pouvoir de domination que certains hommes détiennent sur d'autres hommes, tel celui des maîtres sur les esclaves. Ce pouvoir possède un certain nombre de caractéristiques de nature à porter ombrage à un monarque.

Premièrement, il est analogue dans son principe à celui que détient le despote vis-à-vis de ses sujets : c'est un pouvoir direct sur les hommes, un pouvoir de commandement qui implique la possibilité de les contraindre contre leur gré et le droit d'exiger d'eux prestations et contributions.

Ensuite, il est, parmi tous ceux qu'un homme peut détenir sur un autre, le plus extrême. La marque la plus évidente de cet excès, c'est le droit de vie et de mort absolu et arbitraire du maître sur l'esclave, un droit qui ne se retrouve nullement dans d'autres relations de dépendance (...) Aucun souverain n'a jamais traité ses sujets comme un maître ses esclaves. A moins d'être limité donc, le pouvoir du maître sur ses dépendants est plus grand que celui d'un roi sur ses sujets.

Enfin, ce pouvoir est un pouvoir autonome. L'esclave, par son statut, échappe à l'emprise du pouvoir central. Il ne paye pas d'impôt. Il n'est pas sujet du roi, pas plus que dans les cités antiques il n'est citoyen. Il n'est pas astreint au service militaire. L'esclave n'a qu'un seul maître, ne dépend que de lui et n'obéit qu'à lui. La possession d'esclaves représente une puissance privée et une menace potentielle pour toute puissance publique.

C'est pour remédier à ces inconvénients que le pouvoir despotique intervient dans ce qui n'est autrement que le rapport purement privé entre le maître et l'esclave. Il limite le pouvoir de l'un et s'érige en protecteur de l'autre. Il fait d'une pierre deux coups. La menace de mort supprimée, le pouvoir du maître est rogné, sa force de contrainte émoussée. Le rapport de maître à esclave perd son autonomie, le maître devant désormais rendre compte de sa gestion et l'esclave ayant désormais comme un second maître, le roi, répressif ou protecteur selon les cas, à l'image du premier... Dans l'idéal, le pouvoir despotique transforme si profondément le statut des esclaves qu'ils ne semblent plus être que des sujets, de seconde catégorie il est vrai, mais des sujets néanmoins. Ce pouvoir y gagne que plus personne n'échappe à son emprise. Dans l'idéal, le despotisme supprime l'esclavage.

p. 66
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Les deux exemples ethnographiques que nous avons choisis [royaume Ashanti (1701-1896) et la société lignagère non étatique Bëti du Cameroun] sont certes des exemples extrêmes, l'un pour sa clémence, l'autre pour sa dureté. Néanmoins nous verrons que cette opposition, sans être partout aussi nette, tient : on rencontre en général dans les sociétés lignagères un pouvoir absolu de vie et de mort du maître sur l'esclave tandis que dans les royaumes il existe une tendance à limiter ce pouvoir. La comparaison des sociétés antiques nous donne à penser une opposition similaire : les pouvoirs forts protègent l'esclave tandis que le régime de la cité ne le fait pas forcément... C'est dans les sociétés que nous avons l'habitude de considérer comme les moins hiérarchisées et les moins oppressives que se rencontre la pire condition de l'esclave, et c'est dans celles que nous avons tendance à qualifier de despotiques que se rencontre la plus favorable.

p. 52
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Qu'est-ce qu'une société sans esclavage ?
C'est très simple, c'est une société qui ne fait pas de prisonnier. Les Australiens ignorent l'institution de l'esclavage : ils tuent. C'est cohérent avec tout ce que l'on connaît par ailleurs des Aborigènes, car ils n'emmènent pas en captivité ni les hommes ni les animaux ; il n'y a pas de domestication animale, pas non plus d'animaux "captifs", ainsi que l'on en connaît en différents points de l'Amérique du Nord et de la Sibérie. Les Aborigènes ne connaissent pas non plus le sacrifice, car on ne sacrifie en général que les animaux domestiques ou des êtres humains, vaincus ou esclaves.
p. 31
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Bien des chasseurs-cueilleurs sont tout autant révolutionnaires que les agriculteurs.
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La structure symbolique de toutes ces croyances est la même : le versement de vin, de sang ou de sel, se rachète par un versement de vin, de sang ou de sel.L'équivalence entre les trois substances est encore attestée par cette coutume, beaucoup plus rare que les autres, que l'on peut conjurer le malheur du sel du sel renversé sur une table en versant dessus un peu de vin. Si, donc,. les femmes ne pouvaient descendre au saloir sans susciter la grogne de leur père ou mari, c'est parce que le sel évoquait le sang. C'est parce que le saloir (appelé à l'occasion "mère") est comme une femme - on ne peut cumuler les deux. L'analogie est clairement inscrite dans le parler populaire, puisqu'une femme de la Bourgogne d'autrefois dit : "Que ça tourne [le saloir], c'est rapport à la salaison de la femme." On ne pouvait dire plus explicitement menstruation = salaison, soit encore sang = sel.
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Au nord du tropique du Cancer, on trouve partout des chasseurs-cueilleurs sédentaires pratiquant le stockage, sauf dans les déserts et dans les régions déshéritées du nord où la chasse constitue l'activité principale. Loin de constituer un phénomène exceptionnel, ce type d'économie apparaît comme étant la règle dans l'hémisphère nord.
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« […] partout où l'émergence d'un pouvoir économique, même limité, d'une classe d'artisans est envisageable, les outils et le travail ont été accaparés par les hommes ; partout où l'émergence d'un tel pouvoir est impensable, outils et travaux ont été laissés aux mains des femmes. On voit combien on est loin de la thèse du sous-équipement féminin car ce n'est pas de technique qu'il s'agit, mais bien de pouvoir. Même pas du pouvoir des hommes sur les femmes, car il n'y a guère de traces démontrant que les hommes auraient eu du mal à s'approprier les travaux des femmes. Dans des mondes où c'est l'homme qui est vu comme le chef de famille, c'est lui qui décide. Et si les hommes ont dépouillé leurs femmes de leur savoir-faire traditionnel, ce n'est pas pour avoir plus de pouvoir contre elles, c'est pour en avoir plus contre d'autres hommes. » (pp. 130-131)
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