AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782877722131
238 pages
Editions Errance (24/10/2001)
4/5   2 notes
Résumé :
L'esclavage fut une des choses les plus répandues au monde. Son fonctionnement peut varier, mais il est toujours lié à des règles précises. Il a trop longtemps été considéré exclusivement comme une forme sociale de travail. Or, l'esclave n'est pas seulement ouvrier ou paysan, il peut être aussi garde du corps ou spadassin. On naît esclave ou on le devient, après avoir été capturé à la guerre, mais également à la suite de dettes insolvables. L'esclavage est inséparab... >Voir plus
Que lire après L'esclave : La dette et le pouvoirVoir plus
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[Pouvoir despotique et esclavage]
Un tel pouvoir n'est tel que s'il a abattu tout autre pouvoir émanant de la société sur laquelle il règne, s'il fait échec à leur émergence, s'il se les subordonne et les contrôle. Il combat toute forme de pouvoir autonome, politique, économique et religieux. Mais il doit tout aussi nécessairement combattre cet autre pouvoir tout à fait évident, mais pour lequel nous n'avons pas de qualificatif : le pouvoir de domination que certains hommes détiennent sur d'autres hommes, tel celui des maîtres sur les esclaves. Ce pouvoir possède un certain nombre de caractéristiques de nature à porter ombrage à un monarque.

Premièrement, il est analogue dans son principe à celui que détient le despote vis-à-vis de ses sujets : c'est un pouvoir direct sur les hommes, un pouvoir de commandement qui implique la possibilité de les contraindre contre leur gré et le droit d'exiger d'eux prestations et contributions.

Ensuite, il est, parmi tous ceux qu'un homme peut détenir sur un autre, le plus extrême. La marque la plus évidente de cet excès, c'est le droit de vie et de mort absolu et arbitraire du maître sur l'esclave, un droit qui ne se retrouve nullement dans d'autres relations de dépendance (...) Aucun souverain n'a jamais traité ses sujets comme un maître ses esclaves. A moins d'être limité donc, le pouvoir du maître sur ses dépendants est plus grand que celui d'un roi sur ses sujets.

Enfin, ce pouvoir est un pouvoir autonome. L'esclave, par son statut, échappe à l'emprise du pouvoir central. Il ne paye pas d'impôt. Il n'est pas sujet du roi, pas plus que dans les cités antiques il n'est citoyen. Il n'est pas astreint au service militaire. L'esclave n'a qu'un seul maître, ne dépend que de lui et n'obéit qu'à lui. La possession d'esclaves représente une puissance privée et une menace potentielle pour toute puissance publique.

C'est pour remédier à ces inconvénients que le pouvoir despotique intervient dans ce qui n'est autrement que le rapport purement privé entre le maître et l'esclave. Il limite le pouvoir de l'un et s'érige en protecteur de l'autre. Il fait d'une pierre deux coups. La menace de mort supprimée, le pouvoir du maître est rogné, sa force de contrainte émoussée. Le rapport de maître à esclave perd son autonomie, le maître devant désormais rendre compte de sa gestion et l'esclave ayant désormais comme un second maître, le roi, répressif ou protecteur selon les cas, à l'image du premier... Dans l'idéal, le pouvoir despotique transforme si profondément le statut des esclaves qu'ils ne semblent plus être que des sujets, de seconde catégorie il est vrai, mais des sujets néanmoins. Ce pouvoir y gagne que plus personne n'échappe à son emprise. Dans l'idéal, le despotisme supprime l'esclavage.

p. 66
Commenter  J’apprécie          70
Les deux exemples ethnographiques que nous avons choisis [royaume Ashanti (1701-1896) et la société lignagère non étatique Bëti du Cameroun] sont certes des exemples extrêmes, l'un pour sa clémence, l'autre pour sa dureté. Néanmoins nous verrons que cette opposition, sans être partout aussi nette, tient : on rencontre en général dans les sociétés lignagères un pouvoir absolu de vie et de mort du maître sur l'esclave tandis que dans les royaumes il existe une tendance à limiter ce pouvoir. La comparaison des sociétés antiques nous donne à penser une opposition similaire : les pouvoirs forts protègent l'esclave tandis que le régime de la cité ne le fait pas forcément... C'est dans les sociétés que nous avons l'habitude de considérer comme les moins hiérarchisées et les moins oppressives que se rencontre la pire condition de l'esclave, et c'est dans celles que nous avons tendance à qualifier de despotiques que se rencontre la plus favorable.

p. 52
Commenter  J’apprécie          68
Qu'est-ce qu'une société sans esclavage ?
C'est très simple, c'est une société qui ne fait pas de prisonnier. Les Australiens ignorent l'institution de l'esclavage : ils tuent. C'est cohérent avec tout ce que l'on connaît par ailleurs des Aborigènes, car ils n'emmènent pas en captivité ni les hommes ni les animaux ; il n'y a pas de domestication animale, pas non plus d'animaux "captifs", ainsi que l'on en connaît en différents points de l'Amérique du Nord et de la Sibérie. Les Aborigènes ne connaissent pas non plus le sacrifice, car on ne sacrifie en général que les animaux domestiques ou des êtres humains, vaincus ou esclaves.
p. 31
Commenter  J’apprécie          62

autres livres classés : esclavageVoir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3197 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}