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Citations de Autrement (112)


Il y eu une seconde période difficile : en 1944, nous sommes devenus une zone de combats, avec la poche du Verdon. Nous avons eu, cependant, la chance que les anglais minent l'estuaire. La manne nous arrivait par la rivière, et nous trouvions sur les plages farine, tabac, pâtes et conserves, échappés des navires coulés par les mines.
Il y avait aussi des cadavres mutilés, des troncs sans bras ni têtes, qui jonchaient la plage.

(Jean Tougne - Une enfance ordinaire dans des circonstances exceptionnelles).
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Le café était ouvert de quatre heures du matin à deux heures la nuit suivante, et ce, sept jours sur sept. C'est ma mère qui ouvrait le matin, et mon père prenait le relais vers onze heures du matin jusqu'au soir, où il bouclait. Pendant les deux heures de fermeture, une femme de ménage remettait tout en ordre et nettoyait la salle. Maman, par ailleurs, s'est toujours occupée de la maison et de mon éducation, en dehors d'une très courte période où mes parents ont trouvé une personne pour le faire.
Nous étions très loin des trente-cinq-heures.
Pendant la guerre, Vichy a décrété deux jours de fermeture par semaine. Paradoxalement, c'est grâce à ce décret que j'ai pu voir mes parents un peu plus !

(Jean Jarry - Le roi du patin à roulettes).
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Il est possible que, sur le plan épistémologique, la démarche de la pensée biologique n’aurait pas été la même s’il n’y avait pas eu Freud et, avant Freud d’ailleurs, la mythologie grecque, qui fut en quelque sorte le préfreudisme.
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[…] nous montrons par exemple pourquoi l’appétence ou la préférence pour le salé peut varier beaucoup dans une même fratrie : nous montrons qu’une préférence excessive pour le sel peut être due à l’hyperproduction d’angiotensine au cours de la grossesse et ceci parce que la mère de tel enfant a vomi pendant sa grossesse alors qu’elle n’a pas vomi pendant la gestation de l’enfant suivant. […]
Précisons que le vomissement n’agit pas en tant que tel, mais par la déshydratation extracellulaire qu’il entraîne, puisqu’un vomissement est une perte simultanée d’eau et de sel. L’enchaînement est le suivant : cause psychosomatique ou pas, vomissement, déshydratation extracellulaire, sécrétion régulatrice d’angiotensine et d’aldostérone, action transplacentaire sur l’enfant, et propension de ce dernier à préférer le sel tout au long de sa vie.
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Finir une analyse, c’est être capable de renoncer à beaucoup d’illusions, à sa toute-puissance infantile et à celle projetée sur l’analyste ; mais aussi à l’idéal de la « toute santé mentale », ce qui signifie pouvoir tolérer les souffrances inhérentes à la vie, la dépression, l’angoisse, pouvoir avoir peur de la mort.
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[…] si la névrose ne comportait pas quelque gratification (« bénéfices secondaires »), ce mode de fonctionnement serait intolérable : si, quand je suis déprimé, on me fait des petits plats et que je les adore ne serais-je pas fou d’abandonner ma dépression J’oublie alors que des relations positives avec autrui pourraient occasionner les mêmes plaisirs que je crois devoir payer ici par ma dépression.
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Le soleil éclaire le monde et notre physiologie dissèque son rayonnement en une gamme de couleurs. Cette interprétation de l'interaction entre la lumière et les choses est propre à notre cerveau. La couleur est seulement dans nos têtes. Comme le savant sait fabriquer des sources de rayonnement qui sont différentes de celle du soleil, à la fois dans l’étendue du spectre et dans la nature des particules, il peut provoquer des interactions avec la matière, les analyser a l’aide de détecteurs et rassembler des informations qui sont avant tout des listes de nombres, mais qui peuvent souvent être traduites, moins sèchement, en images. Dans ces processus de mesure ou de reconnaissance des interactions avec la matière, entre en premier l’aspect ludique ou policier qui consiste à deviner ou à révéler l’aspect caché des choses, à saisir des secrets, à manipuler des indices. Dans l’esprit de l’opérateur, dans son intérêt à obtenir des images, il entre donc d’abord une curiosité teintée d’un voyeurisme haletant.
[p. 117, Signatures, Paul Caro]


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La peur de la mort ne fait pas mourir la mort, dit une chanson bambara du Mali. Alors même que nous baignons dans des images de mort, à travers les médias, mais d'une mort extraordinaire, relativement rapide et brutale, lointaine, qui relève plus de l'accident que de l'inéluctabilité génétique, l'histoire des fins de vie "ordinaires" qui sont de plus en plus médicalisées, se déroule dans des lieux clos, institutionnalisés, faits pour ça, bien souvent si mal faits. Pourtant, devant ces excès d'une société techniciste, des praticiens, des personnalités, des associations commencent à prendre position pour affirmer que mourir fait partie de la vie et la vraie question n'est plus d'occulter la mort, mais de la vivre dans sa diversité et sa singularité. Hospitalisation à domicile, soins palliatifs, apaisement de la douleur, accompagnement des mourants, droit de mourir dans la dignité : une réflexion naît, des pratiques nouvelles amorcent des réponses, le tabou se lève. Dans ce cadre, récusant la fausse alternative, trop souvent posée : pour ou contre l'euthanasie, ce numéro veut, à travers analyses et témoignages, apporter sa contribution à un débat qui nous concerne tous et dont les maîtres-mots sont : respect de la personne et qualité de la vie.
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Nés dans le Sud de l'Italie, les combats de gladiateurs sont attestés à Rome sans interruption depuis 264. Ils atteignent, à la fin de la République, une ampleur que deux chiffres permettent d'imaginer : cinq jours de combats, du matin au soir, et trois cent vingt paires de combattants pour les jeux de César en 65.
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C'est là que, pour la première fois, j'ai senti la différence entre nous et les autres. Mon frère et moi étions les seuls à être circoncis, et sous la douche les autres chantaient : " Et youp et youp et tralalala..." Nous nous sommes sentis humiliés.

(Léon Sapir - Le curé, ma mère et un chien...)
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Mon père a été mobilisé le 10 septembre 1939. Ce jour-là, ma mère a arrêté d'effeuiller l'éphéméride, qui n'a repris sa course qu'au retour de captivité de mon père, le 25 juin 1943.
Mon père est parti en nous disant : "Je pars le temps de tirer les oreilles à Hitler et je serai là pour Noël."
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[…] pour moi, toute la pathologie dépend de la façon dont on peut ou non contrôler son environnement par l’action.
J’avais trouvé, entre 1970 et 1974 […] que, lorsqu’il y a inhibition de l’action, il y avait augmentation de la cortisolémie. Tout le monde sait également que le cortisol détruit le système immunitaire. […] Le système vasculaire est rétréci, contient trop de liquides et toute une pathologie en dépend (hypertension, infarctus).
Maintenant, en ce qui concerne l’inhibition du système immunitaire, on appelle cela la « neuro-immunomodulations ». J’ai d’abord mis en évidence les aires cérébrales qui aboutissaient à ce que j’ai appelé l’ « attente en tension » du moment où l’on peut agir. Si ça ne dure pas longtemps, ça va ; et cela peut même parfois vous sauver la vie. Mais si par exemple vous êtes ouvrier chez Renault, que la tête du contremaître ne vous revient pas, vous ne pouvez pas lui casser la figure parce que l’on vous poursuivrait ; vous ne pouvez pas fuir parce que vous seriez au chômage ; vous ne pouvez pas lutter. Vous êtes en inhibition d’action. Vous libérez alors vos glucocorticoïdes et détruisez votre système immunitaire : les ennuis arrivent.
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Finalement, n’est-il pas vrai que le psychanalyste est l’objet d’un transfert par lequel le passé vécu se remobilise et se répète dans la relation analytique, permet de revivre les représentations de l’objet initial d’attachement ? Ainsi son empathie lui permet-elle de revivre à son tour ces relations émotionnelles, bien ou mal accordées, et de les énoncer dans ses interprétations reconstructrices qui sont le fruit de son travail d’archéologue.
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La survie psychique : celle du moi et celle de la pensée. Une des choses que nous apprennent (à leurs manières, qui sont très différentes) les bébés et les schizophrènes est que le moi ne survit pas sans objet. Or le drame fondamental d’un schizophrène est le suivant : loin de l’objet il dépérit, mais tout près de lui il étouffe. Sa solution, et la seule, est le paradoxe, car lui seul permet à l’objet et à soi-même cette acrobatie : être en n’étant pas.
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Un être humain peut avoir […] trois possibilités pour résoudre le problème de la perte d’objet : une première est celle […] contenue dans le travail de deuil ; […] la deuxième consiste dans un déni accompagné de délire : la perte d’objet (le décès d’une personne aimée…) est niée […] ; la troisième voie est, elle, spécifique à la mélancolie et à la dépression en général : elle consiste à accepter consciemment la perte de l’objet aimé tout en le conservant inconsciemment.
Cette solution en apparence paradoxale, consiste dans l’introjection de l’objet dans le sujet, par une sorte de mise à l’abri de l’objet à l’intérieur de l’appareil psychique du sujet, qui peut aller jusqu’à l’identification du sujet à l’objet. Pour parler simplement, le sujet se met à ressembler à l’objet et, à la limite, à se sacrifier soi-même pour que l’objet existe et lui permette de se « réincarner » en lui, en lui prêtant, en quelque sorte, sa chair psychique pour exister.
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Actuellement, on a souvent tendance à assimiler causalité psychique et causalité somatique. Le danger est alors de traduire littéralement les propos ou les interprétations des patients ou des familles : « je suis malade parce que ». Il s’agit de l’assimilation du fonctionnement symbolique, dont les lois sont bien différentes, à la causalité organique au moyen d’une reconstruction du vécu. Le recours à la causalité psychique est encore facilité par les réactions suscitées par le malade grave. Celui-ci est un agresseur pour son entourage familial et ses soignants. Il menace les uns de rupture, les autres d’échec, tous de la mort.
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Le repas de famille était la chose que je redoutais le plus, Dieu sait si on pouvait s'y emmerder. Les enfants se nourrissent et ensuite ils veulent partir. Mais ils sont forcés de subir ces repas où les questions de procès en mitoyenneté s'éternisent. Ils regardent par la fenêtre tout ce temps gâté ; il n'est pas de bon ton de dire aux grandes personnes, aux adultes - "Bon, excusez-nous, on vous laisse ensemble. Vous allez discuter de vos petites histoires de notaire, et nous on s'en va...3
Le dimanche dans un pavillon de banlieue, avec la famille, c'est épouvantable. On voit les plantes vertes, les rideaux en macramé, le buffet avec une chasse sculptée... Quel ennui !... c'étaient les dimanches volés à la jeunesse, je les détestais. Souvent, le repas se terminait par la balade digestive... Dimanche lamentable où on traîne avec les gamins...

(Robert Doisneau, "L'amour, le vélo, les jonquilles")
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Tout le quartier savait que les Le Bihan nous hébergeaient, ma cousine et moi. Personne n'a jamais rien dit.
La directrice de l'école avait reçu comme consigne de dénoncer les petits Juifs.
Elle a dit à Mme Le Bihan qu'elle s'y refuserait. Cela a rassuré Mme Le Bihan, qui, pour plus de sécurité, nous a, malgré tout, inscrites au patronage.
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« Lorsque je suis seul, je me surprends à laisser mon cerveau fonctionner à toute vitesse comme si je ne pouvais pas l’arrêter : je me vois pénétrer à l’Elysée, donner des conseils au président de la République, parler comme un ministre ; sans compter le nombre important de femmes qui tombent amoureuses de moi. Je ne peux arrêter cela tout seul, mais dès que quelqu’un vient ou qu’une activité courante intervient, tout rentre dans l’ordre et je me demande ce qui m’a pris. »
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L’après-coup est, par essence, le moment où ce qui a été vécu sans pouvoir encore s’intégrer dans un contexte significatif va s’organiser dans l’inconscient en de nouveaux rapports qui, émergeant dans la conscience, y prendront sens et porteront effet de sens. Encore convient-il de préciser que ce qui va ainsi se signifier n’est jamais quelque idée isolée ; c’est une représentation mise en latence mais toujours agissante, que l’évènement soit réel ou fantasmé (mais pareille distinction est bien peu pertinente en psychanalyse). C’est, tout aussi bien, la mise en rapport actif de deux évènements jusqu’alors indifférents quant à leurs effets immédiats mais qui, dans l’interaction de leur rencontre, vont être désormais posés comme les termes d’un conflit –conflit qui va alors pouvoir apparaître comme le produit de cet après-coup.
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