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Citations de Autrement (112)


[…] au départ une molécule qui devait être totalement inintelligente, inerte, aléatoire dans sa constitution, acquiert, un beau jour, une activité presque spontanée. Elle peut se remanier, un peu comme si elle se grattait le dos et était capable de modifier quelque chose dans sa disposition. De là s’établit une sorte d’intelligence inorganique, à partir de quoi on peut concevoir un monde biologique.
C’est tout de même frappant : les croyants diront alors que cela ne fait que transposer le problème, qu’il est évident que l’intelligence supérieure, celle de Dieu, a pu créer cette pulsion sur l’inorganique et donner la vie. Les non-croyants diront que, là encore, c’est une question de probabilités.
Mais qu’il s’agisse d’une voie ou d’une autre, c’est un phénomène extrêmement important : personne ne peut échapper à cette interrogation.
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Il reste à exposer comment, en pratique, les objets mentaux émergent d’interactions entre neurones. Comment les percepts, les concepts ou les mots sont-ils représentés dans notre cerveau Deux positions extrêmes se sont longtemps affrontées. Selon Barlow, chaque objet mental est codé par un seul ou quelques neurones qui lui sont totalement spécifiques […]. A l’opposé se situe la notion d ‘assemblée distribuée ou de codage holographique, selon laquelle chaque neurone isolé ne code pratiquement aucune information précise, un même neurone pouvant entrer en activité dans des situations très différentes ; il faut alors considérer un grand ensemble de neurones pour comprendre ce qui est codé.
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Je suis frappée de voir qu’on présente, dans la littérature ethnologique ou dans la littérature tout court, l’accession au statut d’agriculteur comme un évènement heureux, émouvant, comme une promotion honorable. Cette appréciation est absolument confortée par la littérature psychanalytique traitant de ce que c’est que de succéder à son père : s’il y a quelque violence, elle n’est que symbolique. Or, dans la paysannerie, l’accès au statut d’agriculteur suppose des violences de tous ordres : économique, politique… Les politiques agricoles européennes misent sur l’exploitation familiale, conçue comme la forme qui assurerait la rentabilité.
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La structure névrotique correspond alors à ce que la psychanalyse entendait par névroses de défense, plus ces névroses de caractère pressenties par S. Freud dès 1908 et élaborées par E. Glover en 1926 : le patient reste conscient du caractère pathologique de ses troubles ; ses symptômes correspondent de façon symbolisée à ses propres conflits intrapsychiques, d’ailleurs refoulés ; le développement de la libido a atteint le stade œdipien ; le sujet demeure capable d’une certaine adaptation sociale.
La structure psychotique est tout autre. […] Le patient n’est plus vraiment conscient du caractère pathologique de ses troubles ; ses symptômes correspondent à des conflits entre le sujet et la réalité ; le développement de la libido est pré-œdipien ; l’adaptation au monde reste labile et ne fonctionne jamais comme il le faudrait.
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L’empirisme du traitement, qui procède aussi du postulat que l’origine de la maladie est complexe et plurifactorielle, est encore imprégné de scientisme, du moins quand le symptôme est pris pour la maladie elle-même : ainsi la cure d’insuline, autre exemple, est-elle supposée résorber le délire. Donc, chez un malade qui contenue de délirer après de tels chocs, la cure a été insuffisamment ou mal administrée. A la limite, le délirant est celui qui n’a pas (encore) reçu les chocs nécessaires. Celui qui, après un choc, reprend son délire est un malade guéri qui rechute, ne remettant pas en cause la validité de la méthode.
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Toute vie s'"achève" sans être achevée. La tâche des survivants est de l'achever, en se construisant le récit, en en constituant l'épilogue. Quand il n'y a plus rien à faire, il reste à dire dans la parole dans l'écriture, ce qu'a été un être, dire et d'abord construire, dans l'après coup, le sens d'une existence.
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Comme si, à bout d’impatience, ils s’étaient mis à détester l’attente, les délais et tout ce qui ne s’ajuste pas d’emblée à leur désir, c’est-à-dire en fait tout ce qui est autre. Comme si le temps des marchands avait progressivement envahi tous les champs de la vie humaine, singulièrement celui de la vie affective et sociale.
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Vouloir guérir les hommes qui souffrent, apaiser leur douleur, non les réparer mais les consoler, c’est participer à une illusion créatrice qui permet de les maintenir debout. Être psychanalyste, c’est aussi accepter de restaurer la dignité humaine, en témoignant des blessures, en refusant l’indifférence et l’inaction.
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S'il est un sentiment que cette ville, étourdissante à première vue, ne paraît pas engendrer, c'est la mélancolie. On peut penser de même, devant son modernisme, sa puissance désordonnée, et son mouvement bruyant, qu'il ne faut pas non plus lui demander une quelconque satisfaction du sentiment poétique. Or c'est une des surprises de Tokyo que de révéler peu à peu un arrière-fond de poésie, et c'est un de ses pièges que de pouvoir inspirer un sentiment diffus de nostalgie.
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Or on peut se demander si la ritualisation, ainsi que l'instrumentalisation d'ailleurs, n'est pas inhérente à tous les phénomènes de la mémoire : la mémoire se définit en effet comme un ensemble de repères « lus » dans le passé qui servent à orienter le présent ; il paraît dès lors inévitable qu'elle soit « instrumentalisée », dans une acceptation non péjorative du terme, c'est-à-dire utilisée comme argument au service d'idées ou d'intérêts. La critique d'une ritualisation qui tourne à vide dès qu'elle n'est pas nourrie par les souvenirs personnels n'est pas, quant à elle, dénuée de fondements, mais elle fait fi des raisons « structurelles », propres à tous les événements historiques, qui peuvent malgré tout la légitimer : le passage de la mémoire vivante à la mémoire institutionnelle, de la mémoire à l'histoire. La mémoire ne peut se passer de symboles et de rites qui contribuent à cimenter le lien social et le sentiment d'appartenance à une collectivité, d'autant que le renouvellement des générations rend inéluctable la « stabilisation » de mémoire par le biais de l'institutionnalisation.
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Je ne suis pas un fanatique de la pharmacologie. Je dis que c’est une médecine d’urgence. Pourquoi est-on content d’avoir des psychotropes ? C’est parce que la société dans laquelle nous vivons est insupportable. Les gens ne peuvent plus dormir, ils sont angoissés, ils ont besoin d’être tranquillisés, dans les mégalopoles plus qu’ailleurs.
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La pathologie s’inscrit dans une courbe de Gauss. 80 pour cent des gens sont dans la moyenne, on les appelle « bien portants ». Il faut avoir tel taux de glycémie, de cholestérol, etc. Et il y en a aux deux extrêmes, qui sont aberrants. Mais du point de vue psychiatrique, quelle est la norme, quelle est la moyenne ? Qu’est-ce qui est aberrant ? La moyenne, c’est le conformiste. Or, je prétends que le conformiste, c’est celui qui mourra d’un infarctus du myocarde car il n’a pas su fuir, au bon moment. Il utilise la société dans laquelle il vit sans contrôler réellement son environnement.
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[…] tout ce qui est vivant, l’homme y compris, appartient à la biologie, si bien que je ne conçois pas que l’on puisse faire de la psychologie, de la sociologie et même de la politique dans l’ignorance complète de ce qui se passe à l’intérieur du cerveau humain, cerveau qui permet le langage et les rapports sociaux. Tant que l’on n’aura pas divulgué très largement aux hommes de la planète, même de façon très schématique, comment fonctionne le cerveau qu’ils utilisent pour entrer en contact avec leurs contemporains, on ne fera sans doute pas de progrès.
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En fait, la majorité des souffrants du cou sont des déprimés. Ils souffrent de ce qu’on a appelé de façon imagée le syndrome d’Atlas : tout le poids du monde repose sur leur cou et leurs épaules. Ces douleurs sont « réelles ». Toutes les douleurs ressenties sont « réelles », même si leur origine n’est pas une lésion étiquetée. Ici, elles traduisent probablement une inadaptation du tonus de postures des muscles rachidiens. L’hypotonie de ces muscles est parallèle à celle des muscles de la mimique, si expressivement affaissée dans les syndromes dépressifs.
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C’est une des découvertes importantes de Freud que d’avoir compris que le mélancolique qui se mésestime, se dévalorise, se rabaisse soi-même, s’adresse en réalité à l’objet en utilisant le fait que l’objet est en lui-même puisqu’il l’a introjecté, puisqu’il s’est identifié à lui.
[…] Nous avons vu que le travail de mélancolie a pour but de liquider l’investissement narcissique de l’objet, de l’objet perdu. Or, l’investissement narcissique de l’objet est lié à l’idéalisation de l’objet, chez le mélancolique à coup sûr, et par conséquent attaquer l’idéalisation de l’objet, dévaloriser l’objet, c’est rendre impossible de continuer à l’investir narcissiquement. D’autre part, et en opposition parfaite avec le discours conscient du mélancolique, le sujet mélancolique finit par se reconnaître (inconsciemment bien entendu) comme supérieur à l’objet.
C’est par ce double mouvement –dans lequel l’objet dévalorisé est le sujet implicitement valorisé par rapport à l’objet –que se crée la distance entre les deux, laquelle rend impossible la continuation de l’investissement narcissique d’objet, qui les éloignerait l’un de l’autre. / Tout ceci, comme nous le savons, est lié à une souffrance inouïe pour le sujet mélancolique. Mais il faut dire que la souffrance ne consiste pas seulement dans le fait que le sujet mélancolique est obligé de s’attaquer soi-même pour attaquer l’objet (introjecté) : la souffrance consiste aussi, sinon surtout, dans la déchirure du lien étroit (narcissique dans le plein sens du mot) qui les reliait auparavant. C’est une véritable torture, comparable à une amputation, que le mélancolique s’inflige à lui-même, mais c’est aussi, et par là même, la rupture avec l’objet perdu, et donc la sortie de l’accès mélancolique.
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Il n’est de traumatisme possible que dans l’après-coup pour la bonne raison que celui-ci ne peut signifier que par et dans sa victime, et non pas du fait de son agent. Le trauma n’existe véritablement qu’à partir du moment où l’après-coup vient signifier et historiser l’évènement primordial ; il n’est surtout pas dans cet évènement lui-même, aussi fondamentalement nécessaire soit-il […] ; il n’est pas à situer comme action du monde extérieur, mais comme processus psychique en rapport avec une perception que le psychisme situe à l’extérieur. Le traumatisme postule l’existence d’un coup, mais il ne peut agir et se révéler que dans l’après-coup.
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[…] plus une espèce est sexuellement différenciée, plus elle est mortelle. Il y a une certaine relation entre le développement de la reproduction sexuée et l’incapacité bipartitive, donc une potentialité de mort plus grande chez les pluricellulaires que chez les unicellulaires.
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Au niveau des êtres pluricellulaires que nous sommes, la mort cellulaire est une composante positive de la genèse de l’individu.
Dans l’acquisition de l’architecture du cerveau, si importante pour les hominidés, on sait que ce que l’on appelle l’organogenèse –la mise en place, tridimensionnelle, du cerveau- implique, comme disent les biologistes, un programme, qui n’est pas que de nature génétique. Non seulement il commande la production de substances codées par les gènes, mais il contient aussi des ordres de mort ou de vie au niveau de telle ou telle cellule. En effet, si certaines cellules ne mouraient pas, notre cerveau grandirait à l’infini et ce, dans n’importe quelle direction.
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Je ne vous étonnerai pas en vous disant que le concept même de mort cellulaire est loin d’être clair puisque pour beaucoup de physiologistes la cellule ne meurt pas. Entendons-nous : si on la place dans des conditions extrêmes, elle perd ses capacités de division. La mort étant au plan biologique, strictement parlant, l’incapacité irréversible à produire des descendants, elle est définie, là, par rapport à la capacité divisionnaire de la cellule ; ce qui d’ailleurs n’est pas sans poser problème, puisqu’une cellule qui ne pourrait plus fabriquer certains éléments mais qui arriverait tout de même à se diviser serait vivante.
Le fameux paradoxe c’est alors que si une cellule isolée d’un individu composé lui-même de milliards de cellules, est placée dans un environnement adéquat, on peut lui assurer une vie tout à fait pérenne pour autant que l’on remplace les éléments nutritifs, que l’on assure l’oxygénation, etc. Il est donc extrêmement difficile de définir la mort.
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Un nombre considérable de données expérimentales montrent que les comportements majeurs (comportement alimentaire dont nous parlerons plus loin, comportements sexuel de défense) sont dépendants des messages humoraux et nerveux corporels adressés aux centres cérébraux et qu’en retour l’acte comportemental affecte la genèse de ces signaux. Les hormones gonadiques œstrogènes ou androgènes, par exemple, sont déterminantes de la libido. En retour, l’activité sexuelle modifie leur sécrétion. Le comportement n’est pas seulement une réponse univoque et stéréotypée à des stimuli sensoriels et à une situation de l’environnement. Il est une réponse à une combinaison de stimuli internes et externes.
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