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Critiques de Bast (49)
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En chienneté

Le titre m'a d'abord fait penser à "l'ancienneté", notion intimement liée au service public. Après lecture, je n'exclus pas que l'auteur y ait également pensé. Le sous-titre aussi, peut, à mon avis, être lu dans les deux sens: "Tentative d'évasion artistique en milieu carcéral". On peut en tant que lecteur tenter un détour par la prison, médiatisée par l'artiste, en même temps que les détenus tenteront eux de s'en échapper grâce au même.

Mon impression en trois mots: concis, lucide, convaincant. De prime abord, le vert, aux allures turquoise par moments, m'a renvoyé à mon Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dont je ne peux m'empêcher de citer: "équidistant du bleu céleste et du rouge infernal, tous deux absolus et inaccessibles, le vert, valeur moyenne, médiatrice entre le chaud et le froid, le haut et le bas, est une couleur rassurante, rafraîchissante, humaine. Chaque printemps, après que l'hiver a convaincu l'homme de sa solitude de sa précarité, en dénudant et glaçant la terre qui le porte, celle-ci se revêt d'un nouveau manteau vert, qui rapporte l'espérance en même temps que la terre redevient nourricière. Le vert est tiède. Et la venue du printemps se manifeste par la fonte des glaces et la chute des pluies fertilisantes."

La BD se déroule dans le ventre de la baleine, maison d'arrêt de Gradignan, mais les premières bulles nous y amènent par un temps tout aussi printanier que dans la citation. La route qui mène à la prison n'est pas grise et le jeu de perspectives fort subtil à mes yeux. Il sera complété habilement par les interrogations que soulève l'auteur pudique, mais courageux. "Le stock de kalachnikovs qui venait des Balkans" contraste fortement avec "les Playchtation" rigoureusement encadrées par des surveillants. On rit jaune, car les visages ne sont guère poupons et l'émotion est à son comble devant cette autre vérité "d'où vient cette confusion, ce paradoxe qui transforme les victimes en bourreaux?" Il en faut de la passion pour construire une existence, pour croire en la subsistance. Interrogé sur ses motivations, le dessinateur répond aux mineurs incarcérés, "quand mon livre est vendu 10 €, je gagne 0,80 cts; ça monte pas haut, hein?" Le manque de moyens est abordé de front, avec le PPP (partenariat public privé) et des chiffres évocateurs. Tout ce que j'espérais de cette BD est là: une juste légèreté dans ce compte-rendu humain sur un sujet grave. Plus que de l'autodérision, je vois dans la page 88 une mise en abyme d'une noirceur salutaire. À creuser d'épineuses questions de société à la simple petite cuiller on finit fatalement par déboucher sur un bureau de directeur interloqué. Merci au livre de ne pas avoir oublié l'odeur (évoquée par Dominique Simonot, dans la préface).

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En chienneté

Créés par la 'Loi d'orientation et de programmation pour la Justice' (loi Perben, 2002), les premiers établissements français pénitentiaires pour mineurs (EPM) ont été ouverts en 2007. "Les EPM ont été pensés comme de véritables 'prisons-écoles', avec, à la clef, des projets éducatifs personnalisés".

La réalité est évidemment moins rose, les conditions de détention ressemblent à s'y méprendre à celles des quartiers pour adultes.



Bast a été animateur d'ateliers de bande dessinée auprès d'adolescents incarcérés dans ce type de structure.

Dans cet album, il rend compte de cette expérience avec une grande finesse. Il s'efface, on l'entend mais on ne le voit pas, lui. Observateur, accompagnateur, il écoute et parvient à gagner la confiance de ses "élèves", par le dessin et la parole.

On découvre ces jeunes gens à travers le regard honnête, tendre et émouvant, qu'il porte sur eux. Des faux durs qui font de l'esbroufe mais qui sont encore des enfants, à bien des égards. Certains ont bousillé leur vie en "dérapant", d'autres sont/seront récidivistes, parfois issus d'un environnement délinquant et délétère. Ils seront pour la plupart transférés dans des quartiers pour adultes, une fois majeurs.



Témoignage passionnant, poignant et parfois teinté d'humour. Il est étayé de quelques faits et chiffres éloquents sur les établissements pénitentiaires en France - surpopulation, vétusté des structures, barbarie de l'architecture intérieure, dépersonnalisation : "surveillants remplacés par des caméras, bips et badges, couloirs ressemblant à des sous-sols de parking, absence de liens sociaux..." (p. 83)



La préface de Dominique Simonnot (journaliste spécialiste des affaires judiciaires) présente brièvement les interventions d'adultes-éducateurs dans les EPM.

En postface, Gabi Mouesca (ancien président de l'Observatoire international des prisons) dénonce l'aberration de ce système pénitentiaire pour mineurs : "La persistance de la prison pour enfants dans notre société est une des plus grandes indignités dont nous nous rendons encore coupables en ce début de XXIe siècle. Il s'agit d'un renoncement à des principes de civilisation ; un enfant délinquant est avant tout un enfant qui a 'mal à sa vie'. Un enfant délinquant est un adulte en devenir."
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17 piges : Récit d'une année en prison

Ben N’Kante, 17 ans, est au lycée en terminale lorsque deux policiers viennent le chercher pour l’emmener directement à la prison de Fleury-Mérogis où il est incarcéré dans le quartier pour mineurs. Il ne sait alors pas qu’il va y rester toute l’année suivante jusqu’à ses 18 ans. Sa vie bascule alors. vers la délinquance après quelques mois seuulement de régime de détention



Isabelle Dautresme, journaliste spécialisée sur les questions d’éducation, et Bast, qui a animé un atelier BD dans un quartier de détention pour mineurs, ont voulu montrer les effets délétères de l’emprisonnement sur ces jeunes dont l’avenir se bouche dès qu’ils passent les portes de la prison.

Très documenté et à hauteur d'hommes,

Ce roman graphique fait prendre conscience de la réalité carcérale.

Le récit est dense, efficace, très bien documenté . ON aime ce récit fictionnel qui dit du coté des coulisses et de l'intérieur la réalité carcérale pour les jeunes prisonniers et le quotidien des encadrants ...




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les historiettes, tome 1 : Bordeaux

"Iconoclaste" ? Même pas ! trop sérieux ce terme "iconoclaste" !

Ludiquement irrévérencieux, poètiquement moqueur ; qu'est-ce que cela est agréable à suivre cette promenade étonnante et surprenante et créative dans ce Bordeaux "nouveau" , accroché aux basques de ces deux bordelais amoureux de leur ville.



En juin, il y a un festival joyeusement nommé "Chahuts". Bast et Matyo, ce sont de sacrés chahuteurs.



Et puis, jetez un coup d'oeil à leur bibliographie : c'est du sérieux !



Alors, s'il vous vient à l'idée de venir visiter cette ville de province, oubliez tous ces guides si lourds et n'emportez dans votre bagage que cette BD qui vous mènera par le bout du nez, le regard fixé à la limite des cieux dans les vieilles rues bordelaises, l'oreille habitée du murmure de si belles légendes et rumeurs.



Voyagez...lèger !
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17 piges : Récit d'une année en prison

Isabelle Dautresme et Bast nous emmènent dans l'univers carcéral des mineurs.



Ben N'Kante a 17 ans, c'est au lycée qu'on vient le chercher pour l'emmener directement dans la prison la plus grande d'Europe, celle de Fleury Merogis. Une aile est dédiée aux mineurs.



Ben N'Kante ne sait pas encore qu'il va passer une année en prison. Une année qui va le transformer et pas vraiment de manière positive.



Au départ Ben, bon élève au lycée, se rend tous les matins au centre scolaire de la prison pour y suivre les cours dans l'espoir d'y décrocher son bac. Il est coopératif mais la vie en prison c'est difficile, les fouilles de la cellule, celles corporelles à poil, humiliantes, la honte ressentie sans cesse, qui détruit.



Le bruit incessant qui rend compliqué la concentration pour étudier. Peu à peu il décroche. Les promenades où l'on rencontre la violence, le radicalisme, les trafics en tout genre, l'isolement en cellule. Tous ces éléments vont le transformer , lui faire perdre confiance. C'est tout à fait inadapté à un mineur qui petit à petit bascule irrémédiablement.



La justice est censée éduquer et protéger les mineurs, y compris les délinquants. Un mineur est toujours en construction et en prison il se déconstruit et s'enfonce.



Triste constat ! Ce roman graphique fait prendre conscience que la justice est inadaptée aux mineurs et va à contresens, elle fabrique des délinquants au lieu de les sauver !



Un roman graphique très bien documenté , très réaliste.



A lire et à faire lire !



Ma note : 9.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Le gardien du zoo

Y a des tigres, des ours, des lions . . .

Un pyth . . .non il s'est écrasé.

Y aurait pas une fleur qu'a fait un clin d’œil à un paresseux?

Et un kakapopo.

Mais il fait trop chier

Par contre, Biscotte, elle est à croquer !

Alors c'est simplet, con presque, mais in fine ça guérit de ressortir les vieux albums . . .
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Doigts d'honneur

(np976) Pour le prix lycée. Les thèmes abordés sont trop compliqués et difficiles à intégrer au collège.

(IK971) Un album au graphisme simple mais allant à l'essentiel. Le sujet de l'émancipation des jeunes filles, de l'honneur et du harcèlement est abordé simplement mais avec force. Un album d'actualité qui me semble particulièrement convenir à un public lycéen. Oui pour le Prix lycée.
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17 piges : Récit d'une année en prison

Des tons beiges pour cette bande dessinée traitée comme un documentaire. Comment un jeune des cités se retrouve en prison à l'âge de 17 ans, que se passe t'il dans sa tête, ses relations avec les autres, les surveillants, ses réactions face à l'enfermement, au moral à zéro et au manque de moyens. On retrouve les codes et les clichés. Ce récit peut avoir vocation à décourager certaines personnes qui pensent que la prison est un ascenseur social dans le crime, elle montre la réalité sans fard.
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En plein dans le mythe, tome 1 : Les débuts d..

Il y a des albums qui sont vraiment d'une absolue prise de tête. Quand en plus, c'est dans le genre "humour", cela ne pardonne pas ! La note est ainsi assez sévère.



Alors, oui, l'idée de départ était plutôt intéressante de revisiter certains mythes. Cependant mélanger le prophète Moïse et le roi Arthur ou encore le seigneur Jésus et le séducteur Roméo n'est pas forcément du meilleur goût. Je me rappelle de ce professeur de droit qui jadis parlait de l'affaire Jésus Christ comme on pouvait évoquer une affaire en correctionnelle de petits malfrats. Il avait un tel dédain pour les questions religieuses et cela se faisait au détriment de ceux qui avaient la foi. Je ne souhaite toutefois pas ouvrir un débat du style "peut-on rire de tout ?". Je sais très bien qu'il n'y a pas d'once de méchanceté de la part des auteurs. C'est juste maladroit.



Pour en revenir à la bd, c'est vrai qu'il y a de bonnes idées avec un gag par case. Cependant, quand vous avez 300 fois "Au début, Moïse" sur le même mode "faire s'ouvrir la Mer Rouge", cela en devient très vite lassant. Idem pour les autres personnages choisis (ex: Arthur doit décrocher son épée). On ne retiendra finalement pas grand chose de cet exercice de redondance absolue.
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Entrave N.20

C'est une toute petite histoire qui a pour thème la difficulté de communiquer. Nicolas va être confronté tout le long de la journée à des situations pénibles et à des incompréhensions diverses.



Cela va influencer son repli sur soi et sur sa perception des gens. Il croit que le monde lui tourne le dos. Il arrivera même à se tromper sur les personnes qu'il pense mauvaises alors que ce n'est pas forcément le cas. Bref, il a une perception réellement faussée du monde. Il faudra qu'arrive un déclic pour comprendre.



Pour 4 euros, on ne perd rien à acquérir cette nouvelle qui nous fait ouvrir les yeux. Il y en a toujours qui en auraient le cas échéant besoin !
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En chienneté

J'ai beaucoup apprécié la démarche de cet auteur qui tente d'enseigner le dessin dans le milieu carcéral auprès de jeunes détenus encore mineurs. C'est plutôt courageux comme démarche. Par ailleurs, il décrit fort bien la situation désespérante que nous connaissons (manque de place dans les prisons, promiscuité...).



J'ai fait du droit et mon mémoire de DEA portait sur le milieu carcéral. Suite à cette expérience, j'ai fait parvenir avec les camarades de ma promo les livres et codes de droit dont nous ne nous servions plus. Cette initiative visait à permettre qu'ils puissent mieux se défendre devant la Justice en toute connaissance de cause. L'auteur Bast essaye également de transmettre quelque chose à ces jeunes délinquants.



Actuellement, notre société est très fermée sur ces questions et certains pensent que la prison est devenue un lieu de villégiature. Si le peuple avait le pouvoir, la peine de mort serait rétablie et même pour les enfants mineurs. L'heure est à l'extrême répression. Les faits divers comme une nouvelle fillette violée et tuée participe plutôt à la haine et la vengeance. Ces actes sont d'une barbarie sans nom. Cependant, toute société devrait avoir une certaine humanité dans les questions du traitement pénitencier. J'ai eu beaucoup d'admiration pour les parents d'une victime des attentats de Boston qui ont indiqué qu'il ne voulait pas que le coupable encourt la peine de mort. Ils ont tout compris.



Bref, cette bd s'inscrit dans cette mouvance humaniste. Cela pousse à une certaine réflexion qui est nécessaire sur les objectifs de la sanction et les moyens de les mettre en oeuvre en respectant tout simplement les droits de l'homme.
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Doigts d'honneur

Doigts d'honneur serait en effet une lecture d'utilité publique surtout dans les pays musulmans où il y aurait encore beaucoup d'effort à réaliser. Il est vrai qu'on préférera sans doute vivre dans un pays qui respecte réellement les droit des femmes et notamment leur intégrité physique, un pays où les filles mineurs violées ne sont pas obligés d'épouser leurs agresseurs pour sauver l'honneur, un pays où l'échange de baisers entre deux adolescentes n'est pas puni d'emprisonnement au détour d'un circuit touristique à l'impérial.



Je suis tellement heureux de vivre dans une démocratie occidentale que je ne renierai pour rien au monde. Je pense que les femmes également dans leur grande majorité. Maintenant, je peux comprendre les us et coutumes de ces pays indépendants mais certainement pas excuser les traditions d'un autre âge.



Il est vrai que cette lecture a eu un effet consternant: être totalement dégoûté par les pratiques odieuses des Autorités mais également de la population macho et même des familles qui au nom de l'honneur sont prêts à ne pas voir la réalité en face et à désavouer leur propre fille. Il est en effet très dur d'être une femme qui n'a pas voix au chapitre et même dans le cadre d'une révolution comme le printemps arabe qui était censée donner plus de libertés aux citoyens.



J'ai bien entendu été durement touché par le récit de la pauvre Layla, étudiante égyptienne qui serait promise à un brillant avenir si les choses étaient autrement dans ce pays. On espère qu'un jour la condition des femmes s'améliorera. Il faudra sans doute du temps et il y aura encore des morts et de la violence. Fort heureusement, Amnesty International mène des actions à travers le monde pour nous ouvrir les yeux. Oui, cette lecture est finalement utile pour tous.
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En chienneté

« Bonjour, je suis Madame C. Je travaille au S.P.I.P. de la Gironde et je vous appelle de la part d'un ami à vous.

_ Le S.P.I.P. de la gironde ?

_ Oui, le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation. Je voudrais faire appel à vous pour venir diriger des ateliers BD auprès de détenus mineurs à la maison d'arrêt de Gradignan.

_ Heu... mais en quoi consistent ces ateliers exactement ?

_ Eh bien, il s'agirait de venir une fois par semaine... vous auriez un groupe de jeunes de 15 à 17 ans... et l'atelier peut durer de 1h à 2h. »



Je sais pas vous, mais moi, si on me fait une proposition similaire, j'y réfléchirais longuement.

Lorsqu'on lui propose ces interventions, Bast se pose évidement cette question qui nous taraude aussitôt : est-ce dangereux ?

Son interlocutrice lui assure que tout est sous contrôle. Personnellement, j'avoue... je ne sais pas si ça m'aurait convaincu.

En revanche le propos de l'album, à savoir une incursion dans le milieu carcéral, m'a rapidement interpellé. J'ai d'emblée eu envie de le lire, de découvrir son contenu, bien aidé je l'avoue par cette interview très alléchante parue sur le magazine Face B.

Et puis ça se passe à Gradignan, c'est à dire la prison du coin, celle où mon beau-frère travaille en tant que gardien. Il faudrait que je lui prête ce bouquin d'ailleurs, peut-être...





En chienneté nous propose donc de jeter un regard un peu voyeur sur les ateliers BD que Bast va ainsi animer de 2004 à 2008. On découvre un peu cet univers pénitentiaire, en l'occurrence la prison pour mineurs. On découvre un lieu de privation de libertés, un lieu où ces gamins ne voient rien du monde extérieur alors que tout le monde les observent. Un premier témoignage troublant que nous confie l'auteur.

Ce challenge, il l'a rapidement accepté. Mais on ressent bien son appréhension au départ, à son arrivée sur les lieux, à ses premiers pas dans cette maison d'arrêt cadenassée qui impose de tout son poids. On ressent le malaise de ses premiers échanges avec les détenus. Puis, petit à petit, au fil des mois et de ses visites on suppose, il s'habitue à ces gamins pour qui il ressent une certaine empathie.





La chronique à lire en intégralité sur BenDis... !
Lien : http://bendis.uldosphere.org..
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En chienneté

« - Ilam… Ça n’a pas l’air d’aller très fort aujourd’hui.

- J’en ai marre. Ça me gave. J’veux rentrer chez oim, on est en chienneté ici.

- En chienneté ?

- En chienneté, en chien quoi. On est traité comme des chiens ici ».



Pendant quatre ans, Bast a animé des ateliers d’écriture et de BD au Quartier des mineurs de la Maison d’ Arrêt de Gradignan (Gironde). A raison d’une séance hebdomadaire et de 4 détenus par séance, Bast est parvenu à créer un espace artistique pour ces jeunes en manque de repères.



C’est le récit d’une expérience particulière qui m’a permis de passer de l’autre côté des murs et d’être témoin d’un drôle de microcosme régulé et cloisonné



(propos de l’auteur, extrait du Quatrième de couverture)



-



Bast est un ancien Professeur d’Arts plastiques en Collège. Il devient auteur de bédé assez tôt puisqu’il publie son premier album en 1999 (à l’âge de 25 ans). En 2004, le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) de Gironde le sollicite pour animer un atelier BD en milieu carcéral auprès de jeunes âgés de 15 à 17 ans. La proposition a de quoi surprendre… et justifie pleinement quelques appréhensions. Il anime la première séance d’atelier la semaine suivante. A une fréquence hebdomadaire, il intervient ainsi en milieu carcéral jusqu’à la fin de l’année 2007. Durant ces quatre années, il a créé un espace d’expression libre, un lieu convivial et sans jugement… pas évident dans un tel contexte.



Depuis plusieurs années,

Bast avait envie de parler de ce vécu professionnel dans un album.



Un ouvrage très différent de ceux qu’il a publiés jusque-là. On sent que l’auteur a été marqué par cette expérience ; il s’est enrichit au contact des délinquants qui ont fréquenté son atelier. Il porte sur eux un regard à la fois amusé, complice et très critique. Certains ont suscité chez lui de l’empathie, un sentiment que l’auteur a gardé en lui et qui est ici parfaitement retranscrit.



D’anecdotes en anecdotes, Bast partage avec son lecteur des moments forts qui l’ont marqué durant ces années. La composition narrative est intéressante. La présence de Bast est discrète. On ne le verra jamais. Il n’est présent que par le biais d’une voix-off. Il utilise régulièrement quelques phylactères pour énoncer quelques consignes d’exercices ou pour réagir à un échange. Les jeunes en revanche interagissent en permanence, lancent des boutades, règlent leurs comptes, se plaignent de leur conditions de détention, parle d’eux et de leurs familles…



Seule la scène introductive se passe en extérieure. Bast décrit son premier trajet vers le Quartier des mineurs, l’attente, le contrôle d’identité, les passages des portes… Le reste de l’album se passe dans la salle d’activité. On n’en sortira pas, à l’instar de ces gamins enfermés pour des actes répréhensibles… l’enfermement leur permettra-t-il réellement d’en comprendre la gravité ? Plus qu’une simple description du quotidien en milieu carcéral, En Chienneté propose une réflexion de fond sur la détention, ses enjeux individuels et sociétaux, son coût. Surpopulation des établissements de détention, vétusté des bâtiments, maigres perspectives de réinsertion… Au-delà de ça, c’est aussi une réflexion sur l’Art et sa place dans nos sociétés. La pertinence de permettre l’existence de telles activités culturelles, où le dessin n’est autre qu’un support intermédiaire utilisé à des fins de socialisation. Il s’agit également, ici, de leur donner envie de dessiner pour s’échaper de leur quotidien aliénant.



Au premier abord, l’ambiance graphique d’En chienneté surprend un peu. Le vert opaline omniprésent met à mal. On ressent tout d’abord l’austérité du lieu puis, à force de côtoyer ces adolescents et à force d’écouter la voix de l’auteur-narrateur, l’atmosphère devient sereine. J’ai été frappée par le dessin de Bast qui n’hésite pas à donner à ces jeunes détenus l’apparence d’adultes.
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17 piges : Récit d'une année en prison

Album BD sur la vie en milieu carcéral d'un mineur. Ayant travaillé dans ce milieu je peux dire que malheureusement, l'incarcération se passe comme la décrit l'auteure. Les premiers jours c'est l'abattement, le détenu perd tous ses repères, puis petit à petit il s'installe et se familiarise avec son nouvel environnement : la cellule, le parloir, la cour de promenade et surtout les trafics en tout genre : tel portable, drogue, alcool tout s’achète et tout se vend. La durée de l'incarcération favorise aussi la violence et pour certains la radicalisation. Cette bd est vraiment bien travaillée, le travail de recherche est sérieux et les dessins sont très bons. J'ai bien aimé, à partager avec vos ados, ça donne à réfléchir.
Lien : https://www.facebook.com/phi..
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Doigts d'honneur

Un livre dur et difficile sur le viol des femmes pendant les manifestations du printemps arabe en Egypte entre 2011 et 2013. Très instructif sur les événements politiques avec des mises au point sur la situation, les différents personnages qui ont pris le pouvoir durant cette période, un peu moins précis sur les différents mouvances politiques qui ont orchestré ce printemps arabe. On se demande où se trouve la démocratie la dedans et surtout, la démocratie pour qui ? pas pour les femmes manifestement qui sont considérées comme subalternes et forcement soumises et sous le contrôle d'un homme, frère, père, cousin....

Et puis à travers , l'histoire de cette jeune fille Layla, étudiante sérieuse et respectueuse , l'histoire de nombreuses de femmes ayant manifestées ou pas en Egypte à cette époque , des femmes à la merci des hommes puisqu'elles ne sont pas respectées ni écoutées (par la police qui les traite de pute. Et quand bien même, cela donnerait des droits aux hommes ! ) . Cela a été aussi le cas de journalistes . Je me souviens de Caroline Sintz, journaliste pour France 3 . "Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed-Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans", raconte la journaliste, citée par le Monde.fr. "J'ai été tabassée par une meute de jeunes et d'adultes qui ont arraché mes vêtements" et qui ont procédé à des attouchements répondant "à la définition du viol", continue-t-elle. "Quelques personnes ont essayé de venir m'aider sans y parvenir. J'étais lynchée. Cela a duré environ trois quarts d'heure, jusqu'à ce qu'on puisse m'extraire. J'ai cru que j'allais mourir".

Un scénario sous l'éclairage des témoignages de Amnesty International sur les quelques dernières pages. 99% des femmes égyptiennes ont déjà subi des agressions ou harcèlement à caractère sexuel . Une horde d'hommes concupiscent pour une poignée d'hommes sauveurs !

je me demande qu'elle est le pourcentage en France de femmes qui avouerait s'êtes faites tripoter dans le bus , ou à qui ont aurait susurré quelques vulgarités ...j'en fait partie évidemment et je sais à quel point c'est révoltant d'autant plus de notre impuissance. J'espère qu'un Me Too , passé par là, a fait vraiment changé les choses en France en tout cas. Quant à l'Egypte ....

brrr, glaçant, révoltant ....Comme le titre de ce roman graphique ....Quand une bd n'est pas un moment de loisir et de détente mais un cri militant sur la situation des femmes dans le monde .
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Doigts d'honneur

Doigts d’honneur ? Le titre est évocateur. Placé juste au-dessus d’une foule en train de se déchaîner sur un bout de tissu vers, il questionne. Doigts d’honneur ? On scrute alors cette couverture et l’on tente de comprendre ce que signifient les expressions sur les visages de ces hommes qui s’échinent ensemble. Celui-ci est-il en colère ? Celui-là est-il mis en tension par la somme qu’il a misé sur un combat de rue ? L’hébétude ? La pulsion ? L’avidité ?



Tout à la fois ?



Difficile à dire. Il ne reste plus qu’au lecteur à ouvrir l’album… et prendre la mesure des propos qui y sont rapportés.



Leyla est une étudiante. Elle n’a plus que quelques semaines pour boucler son mémoire d’études et devenir ingénieur agronome. Elle touche presque au but après cinq années de formation universitaire. Ce soir-là, son ami Asim vient la chercher. Ils ont rendez-vous sur la Place Tahrir. Une révolution y gronde pour signifier la colère et le mécontentement d’un peuple à l’égard de ses dirigeants. Mohamed Morsi, président élu, est sommé de partir. Le pays n’en finit plus d’être en révolution depuis les événements de 2011, dorénavant englobé dans ce que l’on appelle « Le printemps des arabes». Un peuple fier et solidaires aspire à la liberté et demande le respect de ses droits.



Fier ? Solidaire ? Alors comment expliquer le fait que chaque jour, sur cette même place symbole de liberté, des centaines de femmes soient bafouées, humiliées… violées ?



Code couleur dans cet album en noir et blanc. Bast (auteur de l’excellent « En chienneté ») a choisi de faire apparaître la couleur par touches. Elle permet de faire jaillir ponctuellement un détail afin que l’on puisse mieux repérer Leyla dont les cheveux sont recouverts d’un voile vert. Comment ne pas penser à ces révolutions de couleurs qui ont éclaté aux quatre coins du globe : rouge, orange… ? Comment ne pas penser au soutien-gorge bleu de cette femme, à la tunique rouge d’Azza Suleiman qui lui était venue en aide… à ses dépens… Pour d’autres raisons, comment ne pas penser à ce vert-crocodile retenu par Thomas Mathieu dans son ouvrage sur le harcèlement de rue ?



Ferenc quant à lui passe cette fois du côté de la création. Editeur chez La Boîte à bulles depuis plusieurs années, il se lance avec brio dans la réalisation d’un scénario engagé, didactique certes… mais prenant. Il fait le choix d’aborder le sujet à plusieurs niveaux : local, international ; il intègre même dans son récit le processus de création puisque le lecteur assiste à la première impulsion donnée (par Vincent Henry), celle-là même qui a conduit les auteurs à faire les premières recherches sur le sujet qu’ils développeront ensuite dans « Doigts d’honneur ».



Le récit resserre progressivement son sujet. Passée la contextualisation de la révolution égyptienne de 2013, ils se concentrent progressivement sur une autre révolution qui cherche à obtenir de la visibilité. La révolution des femmes qui aspirent à leurs droits les plus élémentaires.



Lire l'article complet sur le blog : https://chezmo.wordpress.com/2016/02/22/doigts-dhonneur-ferenc-bast/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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En chienneté

✏ Nous voici dans une prison pour mineur avec le dessinateur Bast qui y anime un atelier d’écriture et de BD.

Ce lieu, si particulier, a ses propres codes ainsi qu’un langage spécifique.

L’environnement est gris avec des barreaux partout, des portes qui ne s’ouvrent qu’avec des clés et des règles bien définies.



✏ Il est difficile de créer un climat de confiance et de convivialité tout en restant totalement neutre avec une population dépourvue de repères et d’attachement.

L’auteur réalise que malgré les réticences de certains à dessiner, l’art graphique fait pourtant souvent partie de leurs vies d’une manière assez intime et sans qu’ils le réalisent vraiment.



✏ La bd se découpent en différents ateliers avec des groupes de 3 à 4 jeunes.

Le dessin leur permet de s’évader en utilisant leur imagination mais aussi de réaliser davantage qui ils sont…



✏ J’ai bien aimé ce retour d’expérience de la part de Bast.

J’en ai appris davantage sur les EPM (Établissements Pour Mineurs) et leurs évolutions se voulant « modernes ».

Cela m’a rappelé certaines expériences vécues en pédopsychiatrie avec quelques jeunes en grande difficulté.

C’est un ouvrage qui parle vrai, qui est sincère et touchant.





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Doigts d'honneur

Été 2013, au Caire. Près d'une centaine d'agressions sexuelles ont été commises sur la place Tahrir en quelques jours, en marge des manifestations contre le président Morsi. Layla, étudiante à l'avenir prometteur, fait partie des victimes. Nous suivons son combat pour la vérité. Mais comment se défendre lorsque pour les femmes, qui n'ont pas voix au chapitre, il s'agit de mener de front deux révolutions? La révolution politique et la révolution socio-culturelle. Car il s'agirait bien là d'un mode de pensée à réformer car globalement : " Si je ne poursuivais pas les femmes, mes copains me prendraient pour un homosexuel ", “Si tu n'étais pas accompagnée par un homme, que faisais-tu ici, tu mens”. En effet, l'homme du peuple n'aurait que peu d'occasion d'occuper l'espace public alors si la femme, cette subalterne, s'y met aussi…elle doit être punie!



Le titre, “Doigts d'honneur”, est tellement fort et renvoie à plein d'interprétations. Ce geste, probablement vieux de plusieurs milliers d'années met ici en parallèle violences sexuelles, sacro-saint honneur qui surpasse la dignité, insulte envers les harceleurs…J'aimerai bien mieux retenir l'origine possible dans le monde méditerranéen au Ier siècle, où tendre le digitus impudicus était l'une parmi plusieurs méthodes utilisées pour éloigner le mauvais oeil…



Cette non fiction à charge contre les violences faites aux femmes et pour leurs droits est servie par une mise en image simple et efficace. Du noir et blanc avec des touches de couleurs pour mettre en relief les éléments/personnages importants comme le voile vert de Layla. Un ouvrage glaçant qui me fait dire que le chemin est vraiment long, très long...

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Doigts d'honneur

Le Printemps arabe a débuté en janvier 2011 en Égypte. Une vague de contestations qui demandait au départ la destitution du Président Hosni Moubarak et qui n’a jamais cessé. Depuis, de révolution en révolution, le pays est en constante ébullition : Moubarak, Tantawi, Morsi, Mansour… ils ont tous fait les frais de cette période contestataire qui a vu des milliers de civils dans les rues et ce malgré les interdictions, les répressions et les morts…



[...]



Être une femme, dans ce contexte qui sent la poudre, est une épreuve au quotidien. Selon un sondage mené par ONU Femmes en 2013, « 99,3 % des femmes égyptiennes ont déjà connu le harcèlement sexuel sous une de ses formes. » Il y a les insultes, les attouchements… il y a aussi les viols… et ce même en public !



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Layla, héroïne malgré elle de ce livre, va militer sur la place Tahrir – haut lieu de rassemblement populaire – pour la démission de Mohamed Morsi en 2013. Elle se retrouve confrontée, comme des centaines d’autres femmes [...], au viol en place publique. Vraisemblablement, il n’est pas acceptable d’être une femme dans une foule militante, manifester est un rôle d’hommes…



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Ferenc et Bast ont livré un livre coup de poing pour faire des Doigts d’honneur à toutes ces pratiques. Ils ont pour cela été aidés par Amnesty International qui leur a donné accès à tous les documents nécessaires.



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La chronique intégrale sur Bedea Jacta Est !
Lien : https://bedeajactaest.wordpr..
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