Citations de Benoît XVI (69)
Le premier trait original concerne le «lieu » de la purification des âmes. De son temps, on se le représentait principalement en utilisant des images liées à l'espace : on pensait à un certain espace, où se trouverait le purgatoire. Chez Catherine [de Gênes], au contraire, le purgatoire n'est pas présenté comme un élément du paysage des entrailles de la terre : c'est un feu non pas extérieur mais intérieur. C'est cela le purgatoire, un feu intérieur. La sainte parle du chemin de la purification de l'âme vers la pleine communion avec Dieu, en partant de sa propre expérience de profonde douleur pour les péchés commis, face à l'infini amour de Dieu (cf. Vie admirable, 171v).
Le thème de l'amour divin revient souvent dans les visions de Julienne de Norwich qui, avec une certaine audace, n'hesite pas à le comparer aussi à l'amour maternel. C'est l'un des messages les plus caractéristiques de sa théologie mystique. La tendresse, la solitude et la douceur de la bonté de Dieu à notre égard sont si grandes que, pour nous pèlerins sur la terre, elles rappellent l'amour d'une mère pour ses enfants. En réalité, les prophètes bibliques ont eux aussi utilisé parfois ce langage qui évoque la tendresse, l'intensité et la totalité de l'amour de Dieu, manifesté dans la création et dans toute l'histoire du salut et qui atteint son sommet dans l'Incarnation du Fils. Mais Dieu dépasse toujours tout amour humain, comme le dit le prophète Isaie : «Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas » (Is 49,15). Julienne de Norwich a compris le message central pour la vie spirituelle: Dieu est amour et ce n'est que lorsqu'on s'ouvre, totalement et avec une confiance totale, à cet amour et qu'on le laisse devenir l'unique guide de notre existence, que tout est transfiguré, que l'on trouve la véritable paix et la véritable joie et que l'on est capable de la répandre autour de soi.
Nous n'avons pas d'informations sur son enfance, mais ses écrits laissent entendre qu'elle fut tranquille, dans un environnement familial affectueux. En effet, pour dire l'amour sans limite de Dieu, elle a volontiers recours à des images liées à la famille, en particulier des références à son père et à sa mère. Dans l'une de ses méditations, elle écrit: « Beau et doux Seigneur, quand je pense aux grâces spéciales que tu m'as faites par ta sollicitude : en particulier la manière dont tu m'as protégée dès mon enfance et dont tu m'as soustraite au péril de ce monde et m'as appelée à me consacrer à ton saint service, et comment tu as pourvu à toutes les choses qui m'étaient nécessaires pour manger, boire, me vêtir et me chausser, (et tu l'as fait) de telle façon que je n'ai pas eu l'occasion de penser pour toutes ces choses à rien d'autre qu'à ta grande miséricorde » (Marguerite d'Oingt, Ecrits spirituels, Méditation V, 100).
Nous devrions réfléchir si un Hérode ne se cache pas en nous; si nous ne considérons pas Dieu, nous aussi, comme un rival de notre vie, qui nous met des barrières pour nous empêcher de faire ce que bon nous semble et entrave nos décisions. [...] Nous ne pouvons trouver le chemin de la réconciliation que si nous cessons d'être obnubilés par cette idée de rivalité, pour reconnaître que la réalité de l'Amour tout-puissant ne nous enlève rien, n'est pas une menace , mais laisse place à la vie.
Cela me rappelle une histoire de rabin, que relate Elie Wiesel. Il raconte que le petit Jeschiel se précipite en pleurant dans le bureau de son grand-père, le rabbi Baruch. De grosses larmes coulaient sur ses joues, et il se lamentait. [...]
- Nous avons joué à cache-cache, et je me suis si bien caché qu'il ne m'a pas trouvé. Alors il a carrément cessé de me chercher, et il est parti. C'est moche, non ?
La plus belle cachette perd tout son intérêt, parce que l'autre interrompt le jeu. Alors le maître lui caresse les joues, les larmes aux yeux, et lui dit :
- Tu as raison, c'est très vilain. Eh bien regarde : avec Dieu, c'est exactement la même chose. Il s'est caché et nous ne le cherchons pas. Penses-y : Dieu se cache, et les hommes ne le cherchent même pas.
Dans cette petite histoire se trouve exposé tout le mystère chrétien de Noël : Dieu se cache. Il ne nous éblouit pas de l'éclat de sa gloire; Il ne nous fait pas plier les genoux devant sa puissance. Il veut qu'entre Lui et nous se réalise le mystère de l'Amour, qui présuppose la liberté. [...] Il attend que la créature se mettent en route, lui redise un oui parfaitement libre, que la Création l'aime en retour. Il attend l'Homme.
L'homme pieux ne discute pas avec celui qui doute, il prie avec lui. Il récite les prières de son enfance, par lesquelles son coeur s'est éveillé à Dieu. Il affermit son cœur.
[...] La mission divine confiée par le Christ aux Apôtres est destinée à durer jusqu'à la fin des siècles, étant donné que l'Évangile qu'ils doivent transmettre est pour l'Église principe de toute sa vie, pour toute la durée des temps.
Pour le chrétien, l'homme cultivé n'est pas celui qui sait ou peut faire le plus de choses possibles, mais celui qui est devenu homme, le plus possible et le plus purement possible. Mais il ne peut ni devenir ni être cela sans se laisser toucher par Celui qui est le fondement et la mesure de l'homme et de tout être. C'est pourquoi un homme simple, qui a le sens des valeurs suprêmes et par là même un sentiment très fin de l'autre, du droit, du beau, du vrai, peut être infiniment plus cultivé que le technocrate le plus expérimenté, doué d'un cerveau aux performances d'ordinateur.
Ce qui caractérise donc la foi chrétienne parmi toutes les religions, c'est qu'elle met l'homme sur la voie vérité, qu'elle lui donne un soutient, non dans ses habitudes, mais dans la vérité, et qu'elle revendique ainsi l'apanage de la raison. Elle est infidèle à elle-même si elle se cache devant la raison. Combattre l'ignorance et chasser l'hypocrisie font partie de ses tâches. La recherche de la culture lui est imposée de l'intérieur. Elle veut libérer l'homme de son hébétude, parce qu'elle le sait créature de Dieu et image de celui qui est le Logos, la Vérité : l'homme glorifie le Créateur quand brille en lui la richesse du Créateur.
Saint François de Paule, dans une lettre à son ordre, a mis en garde avec insistance contre le pouvoir de la pensée mauvaise : « Le souvenir du mal est une chose mauvaise, il maintient le péché enfermé en nous ; c'est un poison de l'âme... un ver rongeur dans l'esprit, la destruction de la prière... la perte de la charité, un clou fixé dans l'âme, l'iniquité toujours en éveil... Une mort quotidienne ».
La parole, dans le sacrement, exprime le caractère historique de la foi ; la foi ne vient pas à l'homme comme à un Moi isolé, mais celui-ci la reçoit de la communauté de ceux qui ont cru avant lui et qui lui apportent Dieu comme une réalité de leur histoire.
La lecture de l’Ecriture sainte est prière, elle doit être prière, elle doit naître de la prière et conduire à la prière.
À tous je veux rappeler : l’expérience de La Croix révèle la vérité de notre vie. - Cardinal Robert Sarah -
Une vie selon le monde ne peut produire dans une âme sacerdotale qu’un sentiment d’incohérence, d’incomplétude et d’écartèlement. « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mat 6, 24).
Le mot "saint" exprime la nature particulière de Dieu. Lui seul est le Saint. L'homme devient saint dans la mesure où il commence à être avec Dieu. Etre avec Dieu, c'est écarter ce qui est seulement le moi et devenir un avec le tout de la volonté de Dieu. Cependant, cette libération du moi peut se révéler douloureuse, et n'est jamais accomplie une fois pour toutes.
Qui pourrait imposer une charge aux autres sans en aimer le sens profond ? Ne serait-ce pas une forme de pharisaïsme ?
Plus une Eglise est jeune, plus elle a besoin de la rencontre avec la radicalité de l'Evangile.
« Au fond, la question se présente ainsi : l’homme a-t-il la possibilité de fixer définitivement le domaine central de son existence ? Peut-il, en décidant de sa manière de vivre, assumer un lien définitif ? A cela je répondrai deux choses : il ne le peut que s’il est réellement et solidement ancré dans la foi ; et deuxièmement , c’est seulement ainsi qu’il arrive à la plénitude de l’amour humain et de la maturité humaine. » -Benoît XVI-
Ordonner prêtre un homme marié reviendrait à amoindrir la dignité du mariage et à réduire le sacerdoce à une fonction.
« SPE SALVI facti sumus » – dans l’espérance nous avons été sauvés, dit saint Paul aux Romains et à nous aussi (Rm 8, 24). Selon la foi chrétienne, la « rédemption », le salut n’est pas un simple donné de fait. La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent : le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin. Maintenant, une question s’impose immédiatement : mais de quel genre d’espérance s’agit-il pour pouvoir justifier l’affirmation selon laquelle, à partir d’elle, et simplement parce qu’elle existe, nous sommes rachetés ? Et de quel genre de certitude est-il question ?