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Citations de Boileau-Narcejac (307)


Quand Lucienne…
Assez ! Il s’y était mal pris. Cette lettre, c’était une idée idiote. Elle allait s’imaginer qu’il avait eu peur d’une explication franche. Elle en tirerait avantage… se poserait en victime… Au fond, qu’avait-il à lui reprocher ?…
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Dans le métro, il somnola jusqu’à la station Liberté, passant paresseusement d’une image à l’autre… Le petit Michel, qui remplaçait Amblard, grippé… lui apprendre à servir à bout de bras avec plus d’aisance… Un wagon-restaurant est d’abord un restaurant, ne pas l’oublier… Le menu d’aujourd’hui… Excellent… Quenelles de brochet en aumonière… Osso bucco napolitaine et spaghetti ou bien entrecôte tyrolienne et cœurs de céleri meunière… Elle n’a jamais su faire les spaghetti. Ce n’est pourtant pas difficile… Stop ! Image indésirable !… Une chance de posséder un cuisinier comme Amédée. Les nouveaux n’avaient plus l’habileté, le tour de main, le goût du beau travail. Il leur fallait des plats précuisinés. La tricherie partout.
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— Salut, Paul, dit Theulière, en lui remettant les clefs. Tu as vu le thermomètre ?… Moins quatre !… Ce soir, tu seras à Nice, veinard. Alors, tu t’en fiches…
— Mais demain soir, je serai de retour, dit Chavane, et il pensa à l’odieuse querelle qui l’attendait.
— Rapporte-nous du mimosa, plaisanta Theulière.
Chavane faillit hausser les épaules. Il avait envie de crier à la face du monde : « Foutez-moi la paix ! »
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— Au diable ! murmura Chavane.
Il paya, saisit sa mallette et alla chercher les clefs du wagon. D’habitude, il aimait ce moment de brève flânerie, à contre-courant des vagues de banlieusards. Il achetait son journal, un paquet de Gauloises. Il se sentait chez lui dans la bousculade. Il avait conscience d’être un personnage important. Pourquoi fallait-il que, ce matin, son plaisir fût gâché ?
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Huit heures. Il y avait encore des traces de neige sur les toits des voitures. La foule du petit jour coulait des trains vers la bouche du métro comme le blé jaillissant d’un silo. La gare de Lyon s’éveillait. Chavane, accoudé au bar du buffet, buvait lentement son café. Lucienne devait dormir encore. Elle ne trouverait pas la lettre avant plusieurs heures. Alors, pourquoi cette crispation de colère, comme s’il fallait déjà faire front ? Au lieu de se dire : « C’est un matin comme les autres. Et puis ce qui va arriver, je l’ai voulu et il n’y a d’ailleurs rien de plus banal ! »
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Les hommes, les femmes, j'ai de la peine à les comprendre, à cause de ce nuage de mots et de raisons dont ils s'entourent. Les animaux ne sont qu'amour et souffrance. J'étais le berger du canton, la bête instruite qui rendait la vie aux autres bêtes.
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Ce qui est certain, c'est qu'auprès des bêtes j'entrais en communication avec ma vraie nature. Je sortais de ce flou, de cette brume où ma pensée aimait à s'engluer. Je me concentrais, je devenais extraordinairement attentif. Je me faisais chien, cheval ou bœuf. C'est dans ma chair que je sentais leur chair. Je les déchiffrais à travers moi et je me guérissais à travers eux. Il me semble que les musiciens, les vrais, doivent éprouver quelque chose de semblable, et c'est bouleversant. Il y a là une joie dont on n'est jamais rassasié.
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Je ne fermais jamais les volets, sauf les soirs de grande tempête, quand les embruns volaient au-dessus des prairies. J'aimais voir, du lit, les étoiles et le reflet des phares, si prompt qu'il en devenait imaginaire. Et ensuite ? ...
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D'un accord tacite, nous ne parlions jamais de mon travail. Eliane, en retour, ne se plaignait jamais. Quand je rentrais, fourbu, je me changeais, mettais un costume propre, et passais dans l'autre aile de la maison où Eliane m'attendait. Je l'embrassais. Elle me caressait doucement la joue pour me montrer qu'elle était avec moi, qu'elle restait mon alliée, qu'elle partageait mes difficultés, et puis elle m'emmenait dans la salle à manger. La table était toujours fleurie et le menu agréable. Presque jamais de poisson. Eliane ne savait pas le préparer. Mais des viandes accommodées de vingt manières, des plats de chez elle qui m'engourdissaient. Je somnolais, ensuite, pendant qu'elle regardait la télévision.
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J'aurais dû, par exemple, vous décrire notre maison. A la sortie de Beauvoir, se trouve la route du Gois. Elle se glisse entre les marais salants, tout en virages bizarres, un vrai chemin de montagne dans une plaine plate comme la main. Ça et là, poussées au hasard, il y a des fermes, des maisons blanchies à la chaux, des remises ou des granges dont les portes sont ornées d'une grande croix blanche. En Bretagne, on élève des christs aux carrefours. Ici, on peint des croix sur les portes.
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Mon prédécesseur avait perdu sa clientèle en quelques mois, simplement parce qu'il n'avait pas compris que, dans le marais, les bêtes passent avant les hommes.
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Je me levai sans courage. Un accident, sans doute. Un cheval blessé qu'il faudrait peut-être abattre. Je descendis, traversai la cuisine pour prévenir Eliane.
– Je ferai vite. J'irai demain si ce n'est pas trop pressé.
– Tu vas encore manger froid, dit Eliane.
Ce qui signifiait : Je vais encore manger seule !
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Mais je ne vais pas vous raconter ma vie. Je veux seulement vous dire par le menu les événements de ces trois derniers mois, sans les résumer, sans les arranger, tels que je les ai vécus, en un mot. Je ne sais pas si je suis innocent ou coupable. Vous en déciderez quand vous aurez lu ce rapport, car c'est un rapport que je vais m'efforcer d'écrire. Je n'ai pas la prétention de manier la plume avec adresse. Mais mon métier m'a appris à observer, à réfléchir, à sentir aussi, et j'entends par là à être sensible, plus qu'un autre, à ce que j'appelle « les signes ». Quand je m'approche d'une bête pour la première fois, je sais immédiatement comment la mettre en confiance, comment lui parler, la caresser, la rassurer. Ce que mes doigts devinent d'abord sous les pelages trempés de sueur, c'est la peur. Les animaux sont hantés, croyez-moi, par la peur de mourir. J'ai toujours possédé le sens de cette angoisse sourde qui tenaille les bêtes, quand elles sont malades. Je connais tout de la peur. Voilà pourquoi je suis un bon témoin.
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Tout a commencé le 3 mars dernier. Du moins, il me semble. Je ne sais plus ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas. Est-ce la visite de Vial qui a tout déclenché ? En un sens, oui. Mais si l'on ne croit pas au hasard, le drame a commencé deux ans plus tôt. En mars, justement !.. C'est en mars que je me suis installé ici, avec Eliane. Nous arrivions d'Epinal.
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— Tu vois, murmura-t-elle. Ça va mieux. Les paroles, ça guérit. C’est comme un poison qui s’en va.
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Il était tellement pressé d’être heureux !…
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Des idées, j’en ai depuis vingt ans, figure-toi. Il a bien fallu. Ton père n’aimait pas beaucoup réfléchir. Ça le fatiguait.
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Sans Atout ne répondit pas. Il était fasciné. La peinture ne l'avait jamais beaucoup intéressé. Il avait visité le Louvre et quelques autres musées. Trop de tableaux, qu'il fallait voir trop vite. Trop de Vierges à l'Enfant, de Christs, de Saints torturés, de vieillards en prière. Trop de fruits, sur des nappes chiffonnées, de poissons voisinant avec du gibier. Trop de formes, de couleurs, de reflets savants. Mais l'Homme à la dague, pour la première fois, éveillait en lui une émotion profonde.
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Le cœur serré, le jeune garçon retrouve la vieille forteresse.
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Il sent confusément qu'il y a une différence de nature entre la purée d'entrailles d'un massacre et l'orifice à peine sanguinolent d'un projectile. Mais ce qu'il commence à comprendre c'est que la destruction massive, en se substituant à l'exécution fine, est en train de supprimer son métier. La mécanique à tuer risque de remplacer la main de l'artiste et non seulement il n'y aura plus de contrats, mais on s'arrangera pour éliminer les vieux serviteurs devenus inutiles et dangereux. Au fond, cette coïncidence qui a fait si bizarrement se croiser les routes de deux bourreaux, c'est un signe des temps. La vieille technique et la jeune école.
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