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Citations de Boileau-Narcejac (307)


— Drôle d’histoire ! murmura l’inspecteur.
Drôle d’histoire, en effet ! Elle avait commencé bien des années auparavant. Au début, ce n’était qu’une histoire de gosse. Mais ensuite…
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Il faisait noir. Des odeurs d’écurie sortaient d’un porche ; on entendait les échos d’un orchestre, la vibration des cuivres et le battement grave d’une caisse. Le long d’un trottoir étroit stationnaient deux roulottes, vastes comme des wagons. Doutre les contourna et l’homme le retint par le bras, au moment où il allait continuer sa route.
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Moi, de mon temps, on allait danser, on savait oublier Karl Marx. Après, on défilait de la Bastille à la Nation en huant les députés ! Ca n'empêchait pas ! Et quand il fallait cogner sur les flics, on y allait. Je parie que tu n'as jamais reçu un coup de matraque sur la gueule !
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« Vous avez dû le connaître quand vous êtes venu à Vichy ?

— Qui donc ?

— Le Dr Molyneux ? Celui qui a disparu ? »

Lamireau est obligé de faire un effort pour cacher son embarras. Il a beau en avoir l’habitude, il n’adhère pas encore tout à fait à ce personnage dont le nom, la personnalité, lui ont été imposés par Tamara, il y a longtemps mais ça aussi, c’est une longue histoire. En ce temps-là, il était Maurice Lamireau, autant dire personne. Et depuis… il est comme un chien perdu adopté et baptisé par de nouveaux maîtres. Le nom de Lamireau surgit dans son esprit chaque fois qu’on parle du Dr Molyneux. Le rôle qu’il a accepté de jouer, il ne lui colle pas encore très bien à la peau. C’est comme un masque qui remue et qu’on a envie de lisser, de retendre d’une pression furtive.
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Il choisit un cahier dont la couverture s’orne d’un chevalier, visière baissée, lance au poing. Mais lui, ce n’est pas un tournoi qu’il va livrer ! C’est une bataille à la vie à la mort.
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Lamireau n’insiste pas. La silhouette qu’il a cru apercevoir… c’était… mais il est habitué à se tromper… Ça recommence, voilà tout. Et quand on regarde à travers un trou minuscule !… Il boit son café et se risque dans la rue. Il sait bien qu’ils ne vont pas lui tirer dessus ! Ils ont sûrement imaginé un plan plus habile. Mais c’est instinctif, il courbe le dos et court presque jusqu’à la papeterie du square. Un cahier d’écolier suffira. Il n’a pas l’intention de raconter sa vie ! Simplement, l’enchaînement des faits pour tâcher d’y voir clair ; ses notes ne sont destinées qu’à lui. Il les mettra sous clef, et avant de quitter la France, il les détruira.
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« Je n’aurai jamais d’enfants, souffle-t-elle. Tout est pourri ! »

Un cri ! Un vrai cri de révolte. Lamireau l’entend. Il lui arrive de l’évoquer, de l’écouter, comme si c’était un disque. La façon qu’elle avait de rouler les r… d’allonger le mot… de retenir comme un hurlement entre ses dents. Lui, ce n’était pas comme ça qu’il prononçait « pourri ». Et d’abord c’est un mot qu’il ne prononçait plus depuis longtemps. Il n’en avait plus le droit. Le monde était entré en lui. Eh oui, c’était une longue histoire !
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Lamireau rallie en douceur son unique fauteuil, le fauteuil à rêver. Il allume une Gauloise. Tant pis, le voyeur d’à côté s’en apercevra, mais comment se douterait-il que l’homme qui est là, les yeux fermés, se rappelle en ce moment le baiser d’autrefois ? Il n’a jamais rien connu de plus doux ! Un baiser qui avait goût de violence, qui s’était prolongé sur fond de tumulte, de bataille, de détonations sourdes.
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Lamireau revit tout cela. Il faudrait l’écrire. Quoi de mieux quand on ne sait que faire ? Et peut-être les deux d’à côté se lasseraient-ils ? Lamireau a senti fléchir légèrement le plancher. Le gros doit être là. Il est du côté du cabinet de toilette. Facile de s’en assurer. Il y a un trou qui donne à voir le lavabo. Ah, le gros se rase. Quand il aura fini, il travaillera un peu sa moustache. On entendra le pépiement des ciseaux en quête de poil à picorer. Le gros s’est donné un mince fil de moustache, à la manière de Douglas Fairbanks… Mais qui se souvient du grand Doug ?
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cette Tamara, venue au quartier Latin pour… oui, pour quoi faire ? Son droit ! Tu parles ! À quoi ça lui servira, à Leningrad ou à Moscou ! Ah ! il lui en veut de cette blessure qui l’empêche, lui, de lapider les C.R.S., de libérer cette haine qui… Ça ne s’explique pas… Ce qui compte, c’est de cogner, de faire saigner, de faire souffrir, pour se venger de…
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— Tu viens à une manif avec un sac ? Et tout le reste, je parie ? Le rouge à lèvres, la poudre… Tu es gonflée !… Franchement, tu viens en curieuse, hein ?
— Imbécile ! » murmure-t-elle. Le mot ne veut pas être méchant. Il ressemble à la tape qu’on donne sur le museau d’un chien trop empressé. Lamireau est soudain furieux.
« Ça va, dit-il rageusement. Allez, à cheval, qu’on en finisse. » Il la ramasse brutalement, la serre contre lui, sent un sein qui flotte, mais les seins, il s’en fout. Ce qu’il veut, c’est larguer au plus vite cette… comment, déjà ?… cette Tamara, venue au quartier Latin pour… oui, pour quoi faire ? Son droit ! Tu parles !
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« Je suis médecin, dit-il. Quand je t’aurai bandé le pied, tu ne sentiras presque plus rien. En attendant, accroche-toi ! Mieux que ça, le bras autour de la taille…
Qu’est-ce que tu fais ? Étudiante ?
— En droit, oui, répondit-elle. Une thèse.
— Comme moi. Sauf que moi, j’en ai encore pour un bon bout de temps… Tu t’appelles comment ?
— Tamara… Tamara Kossenko. Et toi ?
— Maurice Lamireau. Arrêtons-nous. Je n’en peux plus. »
u loin, des ombres passaient en courant. Il se tâta.
Merde, je n’ai plus de cigarettes.
— Dans mon sac, dit-elle.
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« Tu as mal ? disait-il.
— Non. Pas trop.
— Fais voir ce pied ! »
Elle portait un pantalon d’homme dont il remonta la jambe, et il commença à tâter la cheville tout en grommelant : « Pas idée de venir à une manif avec des talons hauts. T’avais donc pas de vraies godasses ? » Elle étouffait de petits gémissements, laissant échapper :
« Là… Ça va aller. Si tu peux m’aider jusque chez moi. J’habite rue de Tournon, à l’entrée. »
Ils se mirent en route, chacun prenant possession de l’autre comme deux danseurs que la musique commence à souder.
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Il s’assoit sur le lit, se gratte la poitrine, bâille encore, déjà découragé par tout ce temps qu’il va falloir vivre jusqu’à la prochaine nuit. Chaque minute à éplucher, à ronger ou à sucer, selon ce qu’il trouvera dans sa mémoire, au petit bonheur de l’ennui. Tamara peut-être, à la Sorbonne, le soir de la barricade de l’Odéon. Au fait, pourquoi pas ! C’est loin, loin, mais tout est parti de là ! Ou plus exactement, tout a commencé quand Tamara a reçu un pavé sur le pied. Il l’a soutenue, accrochée à son cou et sautillant, son T-shirt déchiré, oui, elle répétait : « Laisse tomber, ils ne me boufferont pas ! »
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Le Tatoué, avec son mètre quatre-vingt-dix et ses cent kilos, est aussi simple qu’un chien de berger. On peut lui prêter n’importe quel langage sans détour, on est sûr qu’il comprend, tandis qu’avec le Jockey… ! Lamireau regarde l’heure… huit heures et demie. Diable, il est temps de commencer la journée.
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Lamireau sourit. Il imagine tellement bien la scène : le Tatoué essayant de faire l’intéressant, et quelqu’un, là-bas, appréciant, les dents serrées… Imbécile !
Mais le Tatoué commente : « Ça devait être un somnifère parce qu’il a éteint et il s’est endormi tout de suite. Il dort encore ! À part ça, R.A.S. Rien à signaler si vous préférez. »
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Le Tatoué est probablement en train de téléphoner du bistrot du boulevard. Il doit expliquer, avec tous les détails… « Il a lu jusqu’à minuit, un bouquin assez gros. Pas vu le titre. De temps en temps, il notait des choses dans la marge ou bien il soulignait… du moins il en avait l’air… Et puis il a pris un comprimé… Quoi ?… Oui, un machin assez gros, avec de l’eau de Vichy, forcément. »
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Lamireau traverse la chambre. Il a déjà pris l’habitude de marcher lui aussi sur la pointe des pieds. Effacé le long du mur, il soulève d’un doigt le rideau de la fenêtre. Parbleu, il est là, le Jockey, au volant de sa Peugeot, portière entrouverte parce qu’il fait déjà chaud, et il fume paresseusement, la tête appuyée au dossier, les yeux regardant, rêveurs, le nom de l’hôtel en lettres mutilées : Hôtel-Restaurant de la… magne ; manquent deux lettres, Limagne sans doute.
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Ils savent bien que l’homme qu’ils surveillent n’est pas redoutable. Il ne doit téléphoner à personne, il ne doit rencontrer personne, il ne doit écrire à personne, et, surtout, ne pas se douter qu’il est observé sans trêve ; mais enfin si l’on s’accorde de temps en temps un court entracte, alternativement bien entendu, où est le mal ?
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D’autres trous, très peu visibles, permettent d’apercevoir, sous l’angle le plus pervers, quelques fragments du cabinet de toilette des plus suggestifs. Pour le moment, il n’y a personne. Lamireau ose s’étirer, se détendre, bâiller derrière sa main. Il sait que les deux espions ne sont pas loin, mais il faut bien que leur faction s’interrompe de temps en temps. Ils ont beau être payés pour monter une garde sévère, il y a forcément de brefs moments de relâchement.
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