AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Boileau-Narcejac (307)


Mais Lupin savait qu'il ne faut jamais aller vite quand on veut se dépêcher.
Commenter  J’apprécie          00
Raoul d'Apignac reconnut, au sommet de la longue montée, les toits sombres des maisons d'Eunerville, et ses mains cessèrent de se crisper sur le volant. Quatre heures depuis Paris, malgré une crevaison ! Raoul changea de vitesse, aborda le tournant d'Eunerville dans un crissement de pneus malmenés. Un instant, les rues endormies du bourg s'emplirent de tumulte. Sa quarante chevaux virait déjà dans un chemin de traverse et tanguait sur des ornières durcies par un été précoce. Raoul éteignit ses phares, coupa l'allumage, roula pendant quelques mètres dans l'ombre d'un bouquet d'arbres et stoppa.

Alors, en quelques gestes vifs, il se débarrassa de ses lunettes, de sa casquette, de son cache-poussière, puis sauta à terre. Il toucha son faux col, tira sur son veston, bâilla. La lune, en son premier quartier, éclairait faiblement le sous-bois.
Commenter  J’apprécie          00
Je cherchai une sonnette. Pas de sonnette. Je frappai donc, discrètement. Aucun bruit. Myriam et son guépard dormaient. Je fis le tour de la villa et découvris la mer, à travers les pins. De ce côté-là, un balcon de bois courait le long de la façade ; il était très large. On y avait laissé une chaise longue près d'un guéridon. Le vent feuilletait doucement un livre ouvert oublié sur la table. Je revins au perron et j'appelai.
– Quelqu'un ?
Au moment où j'allais redescendre, la porte s'ouvrit brusquement et je vis une négresse.
Commenter  J’apprécie          20
Les hommes, les femmes, j'ai de la peine à les comprendre, à cause de ce nuage de mots et de raisons dont ils s'entourent. Les animaux ne sont qu'amour et souffrance. J'étais le berger du canton, la bête instruite qui rendait la vie aux autres bêtes.
Commenter  J’apprécie          10
Ce qui est certain, c'est qu'auprès des bêtes j'entrais en communication avec ma vraie nature. Je sortais de ce flou, de cette brume où ma pensée aimait à s'engluer. Je me concentrais, je devenais extraordinairement attentif. Je me faisais chien, cheval ou bœuf. C'est dans ma chair que je sentais leur chair. Je les déchiffrais à travers moi et je me guérissais à travers eux. Il me semble que les musiciens, les vrais, doivent éprouver quelque chose de semblable, et c'est bouleversant. Il y a là une joie dont on n'est jamais rassasié.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne fermais jamais les volets, sauf les soirs de grande tempête, quand les embruns volaient au-dessus des prairies. J'aimais voir, du lit, les étoiles et le reflet des phares, si prompt qu'il en devenait imaginaire. Et ensuite ? ...
Commenter  J’apprécie          10
D'un accord tacite, nous ne parlions jamais de mon travail. Eliane, en retour, ne se plaignait jamais. Quand je rentrais, fourbu, je me changeais, mettais un costume propre, et passais dans l'autre aile de la maison où Eliane m'attendait. Je l'embrassais. Elle me caressait doucement la joue pour me montrer qu'elle était avec moi, qu'elle restait mon alliée, qu'elle partageait mes difficultés, et puis elle m'emmenait dans la salle à manger. La table était toujours fleurie et le menu agréable. Presque jamais de poisson. Eliane ne savait pas le préparer. Mais des viandes accommodées de vingt manières, des plats de chez elle qui m'engourdissaient. Je somnolais, ensuite, pendant qu'elle regardait la télévision.
Commenter  J’apprécie          10
J'aurais dû, par exemple, vous décrire notre maison. A la sortie de Beauvoir, se trouve la route du Gois. Elle se glisse entre les marais salants, tout en virages bizarres, un vrai chemin de montagne dans une plaine plate comme la main. Ça et là, poussées au hasard, il y a des fermes, des maisons blanchies à la chaux, des remises ou des granges dont les portes sont ornées d'une grande croix blanche. En Bretagne, on élève des christs aux carrefours. Ici, on peint des croix sur les portes.
Commenter  J’apprécie          10
Mon prédécesseur avait perdu sa clientèle en quelques mois, simplement parce qu'il n'avait pas compris que, dans le marais, les bêtes passent avant les hommes.
Commenter  J’apprécie          10
Je me levai sans courage. Un accident, sans doute. Un cheval blessé qu'il faudrait peut-être abattre. Je descendis, traversai la cuisine pour prévenir Eliane.
– Je ferai vite. J'irai demain si ce n'est pas trop pressé.
– Tu vas encore manger froid, dit Eliane.
Ce qui signifiait : Je vais encore manger seule !
Commenter  J’apprécie          10
Mais je ne vais pas vous raconter ma vie. Je veux seulement vous dire par le menu les événements de ces trois derniers mois, sans les résumer, sans les arranger, tels que je les ai vécus, en un mot. Je ne sais pas si je suis innocent ou coupable. Vous en déciderez quand vous aurez lu ce rapport, car c'est un rapport que je vais m'efforcer d'écrire. Je n'ai pas la prétention de manier la plume avec adresse. Mais mon métier m'a appris à observer, à réfléchir, à sentir aussi, et j'entends par là à être sensible, plus qu'un autre, à ce que j'appelle « les signes ». Quand je m'approche d'une bête pour la première fois, je sais immédiatement comment la mettre en confiance, comment lui parler, la caresser, la rassurer. Ce que mes doigts devinent d'abord sous les pelages trempés de sueur, c'est la peur. Les animaux sont hantés, croyez-moi, par la peur de mourir. J'ai toujours possédé le sens de cette angoisse sourde qui tenaille les bêtes, quand elles sont malades. Je connais tout de la peur. Voilà pourquoi je suis un bon témoin.
Commenter  J’apprécie          10
Tout a commencé le 3 mars dernier. Du moins, il me semble. Je ne sais plus ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas. Est-ce la visite de Vial qui a tout déclenché ? En un sens, oui. Mais si l'on ne croit pas au hasard, le drame a commencé deux ans plus tôt. En mars, justement !.. C'est en mars que je me suis installé ici, avec Eliane. Nous arrivions d'Epinal.
Commenter  J’apprécie          10
— Tu vois, murmura-t-elle. Ça va mieux. Les paroles, ça guérit. C’est comme un poison qui s’en va.
Commenter  J’apprécie          10
Il était tellement pressé d’être heureux !…
Commenter  J’apprécie          10
Des idées, j’en ai depuis vingt ans, figure-toi. Il a bien fallu. Ton père n’aimait pas beaucoup réfléchir. Ça le fatiguait.
Commenter  J’apprécie          10
Ce fut un peu avant midi qu'on frappa à la porte. Odette était sortie. On frappa de nouveau et la porte s'ouvrit. Ils étaient deux, en gabardine, le feutre sur l'œil et les mains dans les poches.
- Pierre Doutre ?
- C'est moi.
Ils s'approchèrent lentement, chacun d'un côté du lit. Ils étaient tels que Doutre les avait imaginés, dans ses rêves. Ils n'avaient pas l'air méchants. Ils étaient solides, compacts. L'un des deux, le plus grand, avait une curieuse cicatrice qui courait sur sa joue gauche, comme une fêlure. Ils sentaient le mouillé, la rue, le réel. Doutre se renversa doucement sur son oreiller et sourit.
- Je vous attendais, murmura-t-il... Je vous attendais depuis si longtemps ! ...
Commenter  J’apprécie          20
— Elles étaient deux, fit Ludwig.
— Vous êtes sûr ? 
— Absolument sûr. Je les connaissais bien, puisqu’on a travaillé ensemble au Kursaal, à Hambourg.
Le commissaire étudiait Ludwig. Derrière lui, se tenait un inspecteur, un grand gaillard en imperméable, avec une curieuse cicatrice qui courait sur sa joue gauche, comme une fêlure. Et Ludwig ne pouvait détacher ses regards de cette cicatrice.
— Pourquoi n’êtes-vous pas venu nous raconter cela plus tôt ? demanda l’inspecteur. Il y a plus d’un mois que l’affaire est classée.
— Je ne suis en France que depuis cinq jours, dit Ludwig. Je suis jongleur, chez Amar. Ce sont des camarades qui m’ont appris la mort de la petite… Annegret… J’ai été bouleversé.
— Je vous répète que l’affaire est classée, maugréa le commissaire… Avez-vous des faits nouveaux à nous apprendre ? … Voulez-vous insinuer que cette jeune fille a été tuée ? 
Ludwig baissa les yeux, allongea les mains sur ses genoux.
— Je n’insinue rien, dit-il. Je voudrais simplement savoir laquelle des deux est morte. Et l’autre, qu’est-elle devenue ? Pourquoi ne parle-t-on plus d’elle ? … Comme si elle n’avait jamais existé.
Le commissaire appuya sur un timbre.
— Vous êtes prêt à signer votre déposition ? insista-t-il. Elles étaient deux ? … Je veux bien vous croire, mais si on ouvre une nouvelle enquête…
— Drôle d’histoire ! murmura l’inspecteur.
Drôle d’histoire, en effet ! Elle avait commencé bien des années auparavant. Au début, ce n’était qu’une histoire de gosse. Mais ensuite…
Commenter  J’apprécie          20
— Fantômas ! avait-on crié. Fan-tô-mas ! Fan-tômas !
Commenter  J’apprécie          20
Tout cela vivait encore en lui, avec une intensité effrayante.
Commenter  J’apprécie          30
C’était un cauchemar ; pas un de ces cauchemars horribles qui vous arrachent un cri, en pleine nuit, dans le silence de la maison endormie ; plutôt le cauchemar de quelqu’un qui s’éveille « ailleurs », qui est semblable à un amnésique : qu’est-ce que c’est que ce lit ? qu’est-ce que c’est que cette fenêtre ? … Et moi ? … Qui suis-je ? …
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Boileau-Narcejac Voir plus

Quiz Voir plus

et mon tout est un homme

Le livre est écrit sous forme de lettre ou rapport , à qui est-elle adressée ?

Au préfet
Au Dr Marek
Au président de la république

10 questions
361 lecteurs ont répondu
Thème : Et mon tout est un homme de Boileau-NarcejacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}