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Citations de Boileau-Narcejac (307)


On parlait du Trésor des Templiers, d’un Montségur souterrain… Les imaginations s’échauffaient. Un journaliste eut l’idée d’interroger Isidore Beautrelet. Beautrelet avait disparu. De son côté, par une coïncidence curieuse, Ganimard était en congé. Un député de l’opposition interpella, à la tribune ; le président du Conseil répondit de la manière la plus évasive. Non, le gouvernement n’avait pas négocié avec Arsène Lupin. Le secret de l’Aiguille avait été découvert à la suite d’une longue enquête… Quant à Lupin, il avait, une fois de plus, réussi à s’échapper. Nul ne savait ce qu’il était devenu.
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Mais bientôt une question prima sur toutes les autres. Pourquoi Lupin s’était-il dessaisi de ses richesses ? Avait-il renoncé à sa surprenante carrière ? Avait-il au contraire découvert ailleurs un asile encore plus sûr, encore plus inexpugnable, où il avait rassemblé des collections plus précieuses encore ?
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Et le public s’était aussitôt divisé ; les uns prétendaient que la République s’honorerait en acceptant le royal cadeau du célèbre aventurier ; les autres s’indignaient à la pensée que le fruit de tant de rapines pût être reçu avec honneur.
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Arsène Lupin lègue à la France tous les trésors de l’Aiguille Creuse, à la seule condition que ces trésors soient installés au Musée du Louvre, dans des salles qui porteront le nom de « Salles Arsène Lupin ».
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Pendant plusieurs semaines, le fort de Fréfossé devint un lieu de pèlerinage. La troupe maintenait difficilement les curieux à distance, cependant que se répandaient les bruits les plus absurdes. N’allait-on pas jusqu’à murmurer qu’une partie des tableaux les plus célèbres des musées nationaux étaient des faux et que les toiles authentiques étaient rassemblées là, derrière les murailles de l’Aiguille. Des photographies avaient reproduit l’inscription que Lupin avait tracée à la craie rouge sur la paroi de la plus haute salle :
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On n’a pas oublié l’émotion provoquée, en France et à l’étranger, par l’Affaire de l’Aiguille Creuse. Le Trésor des Rois de France… l’Aiguille transformée en forteresse par Arsène Lupin !… Malgré les consignes de silence données en haut lieu, il fut impossible d’empêcher une partie de la vérité de filtrer.
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Nice, enfin ! Chavane n’avait plus qu’à se rendre au bureau de la gare. De sa mallette, il sortait l’argent et la liasse des factures. Il échangeait quelques banalités avec Mattei.
Ce soir-là, quand il se rendit au local où il allait passer la nuit, juste en face de la gare, les étoiles brillaient avec tant de force que le ciel était comme un champ de bleuets.
— Je suis libre, dit Chavane à haute voix.
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La tiède averse des conseils écœurants ! Qu’est-ce qu’il savait du mariage, l’oncle Ludovic, lui qui était célibataire… Heureusement, le Mistral s’éloignait toujours plus de Paris. C’était une délivrance de dépasser Valence, Avignon, Marseille, où restait la queue du train. Après Toulon, vingt heures quarante-neuf, on pourrait se permettre de flâner un peu. Le restaurant se vidait. Il n’y avait plus à se presser pour desservir. Chavane commençait ses comptes, factures d’un côté, caisse de l’autre. Il faisait bien attention car la moindre erreur lui était retenue. Mais il avait l’habitude et se trompait rarement.
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Chavane n’avait plus le temps de penser à Lucienne.
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Déjà, quelques voyageurs arrivaient. En général, c’étaient les vieilles dames qui se présentaient les premières. Elles allaient en tête du train. Destination Cannes et Nice, vraisemblablement. On les voyait rarement au restaurant parce qu’elles redoutaient de traverser les voitures. Elles grignoteraient des petits-beurre et une tablette de chocolat. Vers treize heures, venaient les hommes à attachés-cases, gens d’affaires regagnant Lyon ou Marseille. Plusieurs étaient des habitués, mais du genre distrait, étudiant entre les plats des statistiques et des carnets de commande. Chavane préférait les négociants, qui se groupaient volontiers par tables de quatre, savaient choisir un bon vin et, après le café, commandaient des alcools. Ils lui parlaient familièrement, laissaient des pourboires copieux ; ils avaient quelquefois un accent du Midi qui chauffait le cœur. Juste avant le départ, accourait souvent quelque starlette, bottes blanches, lunettes noires, un roquet hirsute sous le bras, précédant un porteur encombré de bagages.
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Chavane regarda l’heure. Midi. Elle devait juste se lever. Trop tôt encore pour la lettre. Michel desservait. Une légère secousse prévint Chavane que la machine de manœuvre venait prendre la rame pour l’amener à la gare de Lyon. Le convoi glissa sans bruit et une lumière grise de brouillard et de pluie se colla aux vitres. C’était le moment que préférait Chavane… le grincement des boggies sur les aiguillages… le défilé monotone et toujours nouveau des usines, des H.L.M., des rues noires, des lacis de rails qui se nouaient et se dénouaient comme animés d’une vie dangereuse. Partir ! Être seul maître à bord pendant quelques heures, comme un marin en rupture de famille, de maison, de terre, de tout ce qui colle aux pieds et vous asservit !
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Ma chère Lucienne… Quand elle la lirait, cette lettre, elle serait bien obligée d’admettre qu’ils n’avaient été que des associés. D’ailleurs, il lui mettait les points sur les i. Il lui disait notamment : Le moment viendra où l’indifférence se changera en haine… Oui. Il n’avait pas reculé devant le mot. Parce que la haine, il commençait à la connaître. Quand Lucienne passait une heure à se faire les ongles… Quand elle occupait interminablement le cabinet de toilette… Ou bien quand elle prétextait des migraines pour paresser au lit… Ou quand elle réclamait de l’argent car elle était toujours à court… Et toujours avec l’air d’être loin, de l’autre côté d’un mur de verre et de silence.
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Chavane ne savait pas très bien ce qu’il entendait par là. Mais souvent, quand il servait, par exemple, un couple marié du matin et en route pour la Côte d’Azur, il pensait en regardant la jeune femme portant son bonheur comme un arbre de Noël ses étoiles : « Une vraie ! C’est une vraie ! » Ou bien, c’était une vieille dame, cheveux légèrement mauves, des éclats de lumière aux doigts. Une vraie, elle aussi. D’un coup d’œil, il jugeait les toilettes, la distinction des gestes. Rien de plus difficile que de porter une fourchette à sa bouche sans faux mouvement, sans embardée du poignet, pendant la traversée cahotante des triages. L’élégance, la classe ! Tout ce que Lucienne ne possédait pas. Mais ce n’était quand même pas une raison pour…
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Le tunnel défilait en grondant. Sur la paroi, comme sur un écran, il relisait sa lettre. Ma chère Lucienne… Première erreur. On ne dit pas : ma chère Lucienne, à une femme que l’on veut quitter. C’est une façon de s’avouer coupable… Je t’écris sans animosité, comme si tu étais mon amie… Mais justement, elle n’était même pas une amie. Elle était quoi ? Une sorte de voisine partageant le même appartement… gentille, d’ailleurs. Et même serviable. Exactement comme les petites hôtesses qui ne traversaient jamais le wagon sans un sourire et un mot aimable. Tandis qu’une femme, une vraie…
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Quand Lucienne…
Assez ! Il s’y était mal pris. Cette lettre, c’était une idée idiote. Elle allait s’imaginer qu’il avait eu peur d’une explication franche. Elle en tirerait avantage… se poserait en victime… Au fond, qu’avait-il à lui reprocher ?…
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Dans le métro, il somnola jusqu’à la station Liberté, passant paresseusement d’une image à l’autre… Le petit Michel, qui remplaçait Amblard, grippé… lui apprendre à servir à bout de bras avec plus d’aisance… Un wagon-restaurant est d’abord un restaurant, ne pas l’oublier… Le menu d’aujourd’hui… Excellent… Quenelles de brochet en aumonière… Osso bucco napolitaine et spaghetti ou bien entrecôte tyrolienne et cœurs de céleri meunière… Elle n’a jamais su faire les spaghetti. Ce n’est pourtant pas difficile… Stop ! Image indésirable !… Une chance de posséder un cuisinier comme Amédée. Les nouveaux n’avaient plus l’habileté, le tour de main, le goût du beau travail. Il leur fallait des plats précuisinés. La tricherie partout.
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— Salut, Paul, dit Theulière, en lui remettant les clefs. Tu as vu le thermomètre ?… Moins quatre !… Ce soir, tu seras à Nice, veinard. Alors, tu t’en fiches…
— Mais demain soir, je serai de retour, dit Chavane, et il pensa à l’odieuse querelle qui l’attendait.
— Rapporte-nous du mimosa, plaisanta Theulière.
Chavane faillit hausser les épaules. Il avait envie de crier à la face du monde : « Foutez-moi la paix ! »
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— Au diable ! murmura Chavane.
Il paya, saisit sa mallette et alla chercher les clefs du wagon. D’habitude, il aimait ce moment de brève flânerie, à contre-courant des vagues de banlieusards. Il achetait son journal, un paquet de Gauloises. Il se sentait chez lui dans la bousculade. Il avait conscience d’être un personnage important. Pourquoi fallait-il que, ce matin, son plaisir fût gâché ?
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Huit heures. Il y avait encore des traces de neige sur les toits des voitures. La foule du petit jour coulait des trains vers la bouche du métro comme le blé jaillissant d’un silo. La gare de Lyon s’éveillait. Chavane, accoudé au bar du buffet, buvait lentement son café. Lucienne devait dormir encore. Elle ne trouverait pas la lettre avant plusieurs heures. Alors, pourquoi cette crispation de colère, comme s’il fallait déjà faire front ? Au lieu de se dire : « C’est un matin comme les autres. Et puis ce qui va arriver, je l’ai voulu et il n’y a d’ailleurs rien de plus banal ! »
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Son crime à lui, c’est un enchaînement de menues circonstances, de petites lâchetés consenties par indifférence. Si un juge, un bonhomme comme le père de Lucienne, l’interrogeait, il répondrait en toute bonne foi : Je n’ai rien fait ! Et, parce qu’il n’a rien fait, il ne regrette rien. Pour regretter, il faudrait se repentir. Se repentir de quoi ? De proche en proche, il faudrait se repentir d’être ce qu’on est. Et cela n’a aucun sens. 
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