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Citations de DOA (311)


La frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan file à un jet de pierre au nord de Miranshah. La cité de Khost, capitale de la province afghane du même nom, se trouve un jet de pierre plus loin, dans la même direction. Quarante bornes les séparent, pas plus. Khost est érigée au centre d’un plateau d’une soixantaine de kilomètres de diamètre, perché à environ mille mètres au-dessus du niveau de la mer et totalement cerné par la chaîne montagneuse de Soulaïman. Au sud et à l’est, ça grimpe vite à deux mille cinq cents mètres d’altitude, partout ailleurs, à plus de trois mille. La ville est un carrefour stratégique majeur, porte ouverte sur les régions tribales, réservoirs à insurgés sur le point de déborder en ce mois de janvier 2008, elle peut verrouiller ou déverrouiller l’accès à Kaboul, située à peine cent cinquante kilomètres au nord-est, via l’axe Khost-Gardez, seule route véritable de cette partie du pays.
Elle fut l’un des objectifs principaux du conflit avec l’Union soviétique et subit plusieurs années de siège intense. Ici, les moudjahidines de Jalalouddine Haqqani et Aqal Khan Zadran, le père de Sher Ali, retardèrent l’avancée de l’Armée rouge avant de la stopper complètement.
Les Américains n’ont pas oublié cette période de l’histoire. Ils se sont installés très tôt à Khost, fin 2001, en prenant d’abord le contrôle de l’aérodrome construit par les Russes et d’un poste avancé, en périphérie.
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Tout le mal de ce monde vient de ce qu’on n’est pas assez bon ou pas assez pervers. Ce n’est pas de moi, c’est de Machiavel. A son époque, l’Italie vénérait autre chose que des footballeurs, des pédés créateurs de mode et des starlettes à gros seins.
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Pour le fugitif, le mouvement perpétuel devient vite une drogue dure, indispensable et destructrice. S’arrêter, c’est la mort, continuer, l’absence de vie. L’horizon est à la fois infini et sans issue.
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Évaluation rapide de leur situation. Hafiz a déplacé une mitrailleuse derrière un tas de briques, à l'endroit de la cloison effondrée, pour couvrir ce côté. Il surveille également la seconde, en batterie dans la pièce voisine, dirigée vers la ligne de crête, où les forces talibanes sont concentrées. Il les fait tirer par courtes volées, pour économiser les munitions, leurs réserves diminuent à vue d'œil. Un supplétif renforce à l'est, un défend à l'ouest, où rien ne se passe pour le moment. Un troisième gît sur le sol, entre les deux salles, décalotté par du shrapnel. Une vision étrange, il est couché sur le dos, les yeux ouverts, et marmonne encore tandis que sa cervelle, violacée, se répand sur le sol avec sa chiasse. Il se vide par tous les trous, ça pue.
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Dans son oreille, Fox entend l'opérateur de Lilley l'interpeller pour lui demander un rapport. Pas le temps de lui répondre, il doit faire mouvement. Rassemblant ses supplétifs, il organise une arrière-garde avec Akbar, chargée de couvrir leur progression, et se place en pointe avec Hafiz. En traçant juste sous la piste, ils éviteront les tirs insurgés, du moins l'espère-t-il, et devraient pouvoir atteindre leur destination sans trop de dégâts. Il faut juste prier pour que personne ne les attende là-haut. Fox balance une grenade sous son Polaris, son ordinateur portable s'y trouve encore et il n'est pas question de le voir tomber aux mains des talibans. Dès qu'elle a explosé, il se tourne vers Tiny et lui ordonne de se mettre en route. Il le voit hésiter, regarder Anwar et doit répéter ses instructions sur un ton plus sévère pour le faire bouger.
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La position n'est pas tenable. Ils sont en dessous de l'ennemi, sur le point d'être débordés et pas en mesure de riposter correctement. Dégager dans leur dos vers le fond de la vallée n'est pas une solution, ils seront plus vulnérables. Il faut impérativement remonter vers le point le plus haut de la colline et, si c'est encore possible, s'emparer de la ruine pour y organiser leur défense.
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Moins de trois minutes après le début de l'embuscade, Fox a déjà perdu deux hommes et une partie de sa capacité de combat. À en juger par le déluge de plomb qui s'abat sur eux, les insurgés sont nombreux. De brefs coups d'œil lui permettent d'évaluer l'effectif adverse à une trentaine de combattants au bas mot, difficile cependant de bien voir entre les arbres. Ils sont proches, moins de cinquante mètres, et déjà quelques-uns traversent la piste en contrebas, pour leur couper la route et les prendre à revers par le nord. De l'autre côté, Fox ne voit rien encore.
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La première roquette a été suivie de plusieurs autres. Heureusement moins précises, elles sont passées au-dessus de leurs têtes ou ont tapé trop court. L'une d'elles a même foutu le bordel parmi les tireurs et a ralenti l'offensive ennemie. Mal ajustée, elle a percuté un tronc situé à quelques pas des talibans, retournant ses effets dévastateurs contre les militants les plus proches. Leur confusion n'a pas duré et, peu après cette salve initiale, ils ont changé de tactique et commencé à arroser la troupe de 6N à la mitrailleuse et au fusil d'assaut.
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Dernier coup d’œil alentour, il est tranquille. Il récupère le petit stroboscope IR dans son brêlage. L’appareil est une demi-sphère en plastique haute résistance translucide, prolongée par un interrupteur rotatif. Il pèse un peu moins qu’une grenade et tient bien en main. Dans le noir, son flash émet par intermittence un halo très léger. Hafiz se redresse en position accroupie, adresse une prière à Allah. La porte de la baraque de Speaker se trouve à une bonne trentaine de mètres de lui, en léger dévers. Il la vise et, d’un lancer précis, balance son marqueur.
Bruit étouffé lorsque le stroboscope touche le sol de terre battue. Il a atterri à quelques pas de l’entrée. Rien ne bouge. Deux minutes. Personne n’a rien vu ou entendu. Deux minutes. Dégage ! Mieux vaut être loin quand ça pétera
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— Non. » Putain, c’est foutu, c’est foutu, c’est foutu, Hafiz est coincé. « Je m’en occupe. » Fox donne son satphone à Tiny. « Démerde-toi pour qu’ils tirent pas jusqu’à notre signal. Si ça chie, tu t’arraches avec Akbar. » Afin de couper court à toute objection, il file sans attendre. Courbé vers l’avant, son AK devant lui, Fox se met à remonter le canal utilisé plus tôt par Hafiz, aussi vite que la prudence et la bouillasse liquide lui arrivant aux mollets le lui permettent. Respiration hachée, palpitant dans les oreilles. La grosse trouille, familière.
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La frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan file à un jet de pierre au nord de Miranshah. La cité de Khost, capitale de la province afghane du même nom, se trouve un jet de pierre plus loin, dans la même direction. Quarante bornes les séparent, pas plus. Khost est érigée au centre d’un plateau d’une soixantaine de kilomètres de diamètre, perché à environ mille mètres au-dessus du niveau de la mer et totalement cerné par la chaîne montagneuse de Soulaïman. Au sud et à l’est, ça grimpe vite à deux mille cinq cents mètres d’altitude, partout ailleurs, à plus de trois mille. La ville est un carrefour stratégique majeur, porte ouverte sur les régions tribales, réservoirs à insurgés sur le point de déborder en ce mois de janvier 2008, elle peut verrouiller ou déverrouiller l’accès à Kaboul, située à peine cent cinquante kilomètres au nord-est, via l’axe Khost-Gardez, seule route véritable de cette partie du pays.
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Un a un, les dix moniteurs positionnés en face des deux femmes, quatre devant chacune d’elle et deux entre elles, s’illuminent. À hauteur du regard de Naomi et Kristen, un paysage apparaît avec, en fine surimpression blanche, des abréviations et des chiffres dans les coins supérieurs, des échelles latérales agrémentées de curseurs et un compas, au sommet de l’image, pour les renseigner sur l’orientation géographique générale et le cap suivi. L’écran juste au-dessus affiche une carte topographique quadrillée FalconView, sorte de GoogleMaps hyperdétaillé incorporant des outils de navigation et de météorologie, développé pour la défense US par des universitaires. Ceux juste en dessous, devant leurs mains, présentent des colonnes d’informations chiffrées. Simon est assis en retrait dans le réduit climatisé, devant une console presque similaire aux leurs. Il va pouvoir suivre leur vol en temps réel et rester en contact avec toute la chaîne de communication : le contrôle aérien de la zone d’opération, les responsables de la mission et enfin les donneurs d’ordres, à Langley, en Virginie, où se trouve le siège de la CIA.
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L'aveuglement sur son propre modus operandi d'un système désormais en roue libre, la disparition de toute forme d'honorabilité en faveur du fric roi et le traumatisme d'un 11-Septembre autorisant les réactions expéditives sont autant de conditions ayant permis, en Amérique, l'élan de privatisation de la chose militaire sans précédent constaté à l'occasion des invasions de l'Afghanistan et de l'Irak. Pour les hérauts du capitalisme, l'enjeu commercial premier de ces deux guerres n'a jamais été la captation des richesses des pays en question mais la guerre elle-même comme source d'immenses profits.
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l’histoire afghane est celle d’une succession d’invasions plus ou moins marquantes et dévastatrices, d’Alexandre le Grand à nos jours, qui n’ont jamais débouché sur des conquêtes durables. Elles ont juste servi à agacer l’autochtone à intervalles irréguliers. Difficile donc de pointer du doigt un coupable unique. Cependant, il pense comme beaucoup d’autres que ces connards d’Anglais ont été les premiers à participer massivement au foutoir actuel. Obsédés par leur Grand Jeu contre les Russes, ils établissent à la fin du XIXe siècle une frontière artificielle entre le Raj, les Indes britanniques, et l’Afghanistan, rabaissé au rang d’État tampon.
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Dès le début du djihad contre les Russes, l’ISI mise sur un certain nombre de chefs de guerre, de part et d’autre de la frontière, systématiquement choisis pour leur fanatisme religieux, au détriment des figures traditionalistes, moins malléables, dépositaires de l’autorité des tribus et des clans, plus fidèles au pachtounwali qu’à la charia. La succession de conflits, après 1979, fait également disparaître des tranches d’âges entières, élevées selon ces traditions, et rejette des générations de jeunes orphelins, sans repères ni structures pour les accueillir, vers les zones tribales. Du pain béni. Avec la bénédiction des services secrets d’Islamabad, l’Arabie Saoudite construit à partir de cette époque de nombreuses écoles religieuses, les madrasas, pour prêcher la bonne parole de l’islam wahhabite, ou sa variante locale, le déobandisme, et conditionner cette jeunesse en déshérence. En 1989, lorsque l’Armée rouge se retire d’Afghanistan, les États-Unis lâchent l’affaire. Ne restent alors dans les FATA, séquelle de la guerre, que des potentats dont la coexistence devient problématique : les maliks, les prêcheurs religieux et les moudjahidines.
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Cette schizophrénie nationale se manifeste à l’intérieur même des services secrets. Quand certaines directions luttent contre les terroristes, parfois avec leurs homologues étrangers, d’autres les soutiennent. Elle est la conséquence de la doctrine dite de profondeur stratégique, née de la grande paranoïa ressentie vis-à-vis de l’Inde, objet de toutes les haines. Depuis son émancipation, le Pakistan vit en effet dans la peur de se retrouver coincé entre son encombrante voisine et un Afghanistan qui serait bien disposé à l’égard de cette dernière. La persistance de revendications nationalistes pachtounes entretient par ailleurs la crainte d’un Pachtounistan indépendant, désireux de s’affranchir totalement des gouvernements afghan et pakistanais.
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Lorsque le Pakistan obtient son indépendance en 1947, il ne change pas le statut des zones tribales. La nouvelle constitution ne s’y applique pas et le droit de participer aux élections nationales n’est pas accordé aux populations locales. Personne ne parle en leur nom au parlement. La pauvreté s’aggrave, les maigres subventions étant pour l’essentiel captées par les représentants de l’État, l’illettrisme ne recule pas et l’isolement s’accentue. Jusqu’à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. Dernier avatar du Grand Jeu, elle relègue une fois encore ce pays au rôle de tampon entre l’est et l’ouest. Les FATA, à sa frontière est, se transforment alors en base arrière pour les moudjahidines. Les dollars américains et saoudiens, une douzaine de milliards en neuf ans, à parité, commencent à s’y déverser pour soutenir le djihad anticommuniste. À la 46demande d’Islamabad, c’est l’ISI, le renseignement militaire, qui assure seul la distribution de ces fonds. Les espions de l’armée pakistanaise deviennent faiseurs de rois du jour au lendemain et étendent ainsi durablement leur emprise sur la région, notamment à travers des agents d’influence.
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Fox le sait, l’histoire afghane est celle d’une succession d’invasions plus ou moins marquantes et dévastatrices, d’Alexandre le Grand à nos jours, qui n’ont jamais débouché sur des conquêtes durables. Elles ont juste servi à agacer l’autochtone à intervalles irréguliers. Difficile donc de pointer du doigt un coupable unique. Cependant, il pense comme beaucoup d’autres que ces connards d’Anglais ont été les premiers à participer massivement au foutoir actuel.
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Mieux vaut donc que personne ne sache que Fox, c’est son indicatif, se trouve dans cet appartement avec ses trois compagnons.
L’un des hommes venus avec lui garde l’accès à la pièce. C’est Akbar, leur guide. Il a bientôt vingt-cinq ans, une tête d’adolescent plantée sur un corps solide, même s’il n’est pas très imposant à première vue. Très bon tireur, excellent traqueur, il appartient à la tribu des Wazirs, l’une des plus représentées dans cette partie des FATA. Lui est né en Afghanistan, mais sa très grande famille est disséminée de part et d’autre de la frontière. L’Agence l’a enrôlé il y a trois ans, principalement parce qu’il déteste les Haqqani.
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Il leur ressemble, il est au milieu d’eux mais il n’est pas avec eux. Il parle leur langue pour mieux travailler contre eux, à chasser leurs chefs et les djihadistes étrangers que ceux-ci planquent, soi-disant au nom des sacro-saintes règles d’hospitalité et de protection dictées par le pachtounwali, le code tribal commun à tous les Pachtounes. Mieux vaut donc que personne ne sache que Fox, c’est son indicatif, se trouve dans cet appartement avec ses trois compagnons.
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