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Citations de DOA (311)


Trop de plumes pour se penser incontournables, de moins en moins de gens pour lire, ou écouter.
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C'est un roman un peu inclassable : roman noir, de guerre, reportage ? La guerre en Afghanistan vue de l'intérieur. On partage le quotidien de personnages qui ne sont jamais des héros, ils essaient juste de s'en sortir dans le chaos de cette guerre du XXI ème siècle, chacun à sa façon. Un roman fort qui se mérite: il faut s'accrocher les 200 premières pages pour ensuite se laisser emporter par l'intrigue.
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[...] Ici, la sagesse populaire prétend que sur dix fonctionnaires, onze sont malhonnêtes.
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Ils tuent des gens, on tue des gens. On lutte pour le bien, eux contre le mal.
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Un magnifique spectacle, trompeur, Fox le sait, ici comme ailleurs, l'Afghanistan est un pays où tout est beau mais seulement de loin.
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Il a trente et un ans, il est tadjik, marié, père et médecin, mais il n'exerce plus. Jouer au guide à cent vingt dollars la journée est plus rentable, aussi grands soient les risques. Le paradoxe n'échappe pas à Peter. Les journalistes en guerre privent l'Afghanistan d'une large part des élites capables de le reconstruire, de le soigner, pour produire des centaines d'articles, souvent pas très utiles, fustigeant son naufrage.
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La voûte étoilée, limpide et sans lune, fournit un luminosité suffisante pour éclairer la route. L'horizon est un désert de strates gris-bleu fermé par une muraille de montagnes aux à-pics ténébreux dont les sommets, blanchis par la neige, se découpent sur le rideau noir du ciel. La vie s'est retirée de cet univers minéral, ne laissant derrière elle aucun indice de sa présence, pas même le cri d'un animal ou l'éclat lointain d'une présence humaine. Ils sont seuls. L'air léger est chargé du parfum des roches asséchées, il fait froid, ça pique les poumons. Recroquevillé dans ses vêtements, sous son patou, derrière son turban, Fox est bien. Son appréhension s'est dissoute dans l'action. Envolés l'ennui et la fatigue de la vie à la base, l'angoisse née des rapports et des comptes rendus, des notes de synthèse, des menaces ou des risques bine ou mal évalués, les ruminations personnels sur l'avenir, le passé, la culpabilité, il se trouve exactement là où il doit être, où il aime être, où il peut s'oublier.
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[...] C'était la fin du mois de septembre. L'été refusait de partir. Madeleine Castinel émergea lentement de la station de métro. Elle se retrouva sur la grande place, au centre du Plateau, comme on appelle à Lyon le sommet de la colline de la Croix-Rousse. Presque dix-neuf heures trente et, autour d'elle, les gens prenaient le temps de flâner encore quelques minutes avant de rentrer chez eux. Madeleine, elle, ne traînait pas vraiment, seule la fatigue guidait ses pas.

Ainsi, c'est à une cadence volontairement nonchalante qu'elle remonta le boulevard, comme ensuquée. Elle longea lentement la terrasse surpeuplée du Chantecler, le bar à bobos local, consciente des nombreux regards qui suivaient les ondulations légères de sa robe d'été, et ne put s'empêcher d'esquisser un sourire triste.

Arrivée à la hauteur de la mairie d'arrondissement, elle bifurqua vers son vidéo-club, en quête d'un divertissement propre à meubler la soirée solitaire à venir. Parvenue devant la vitrine, à la hauteur du distributeur automatique, elle inséra sa carte de membre dans la machine et s'attarda un instant sur la jaquette des nouveaux DVD. Elle les avait déjà tous vus.

Son reflet se matérialisa devant ses yeux, dans les chromes bleutés de la machine. Les néons colorés qui illuminaient la devanture du magasin renforçaient la pâleur de son visage et creusaient ses traits. Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle les refoula en inspirant avec force. Deux mois éprouvants, tendus, inquiets. Deux mois d'une longue et violente rupture. Deux mois pendant lesquels elle avait cherché à s'éloigner physiquement de Paul, sans parvenir à occulter complètement sa présence, à le repousser tout à fait. ... [...]
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Sonia est très calme. « Non seulement tu ne réponds pas au téléphone, mais tu n'as pas non plus consulté ta messagerie ? Faute professionnelle, mon chéri. Schneider a déclaré au journal de 13 heure de TF1 que le gouvernement auquel tu appartiens venait d'adopter en catimini un décret sur l'EPR de Flamanville qui enfonce la France dans une impasse technologique et lui fait perdre sa place dans ce domaine parmi la concurrence internationale. Il exige un débat public sur les choix nucléaire.

- Quelle raclure ! Il était le premier à pousser pour l'adoption du décret avec tous ces traîtres qui se prétendent mes amis et n'attendent qu'une chose, me poignarder dans le dos ! » Depuis des mois, ses meilleurs ennemis, dans son propre camp, militent pour le lancement du chantier de Flamanville. Ils savent qu'une réussite dans ce domaine ferait grimper les prix et contrecarrerait ses plans avec PRG et le groupe Mermet. Il n'a accepté de céder que pour une raison, le temps joue pour lui. Les centrales à réacteur EPR ne seront pas au point avant longtemps. Ils ont au moins deux ou trois ans devant eux. Largement assez. « Ces connards de la presse n'ont pas de mémoire, ils l'ont oublié, ça !

- Peut-être, mais les premiers échos qui remontent des journalistes sont plutôt positifs, et il n'est pas sûr que ton brillant numéro populiste suffise à détourner leur attention.

- Ça se paiera, tu m'entends ? Quand j'aurai les pleins pouvoirs, je me chargerai moi-même d'en pendre quelques uns à des crocs de boucher !
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Aussi doux soit-il, Saphir reste un rottweiler mâle très costaud et impressionne les gens qu'il doit impressionner. Depuis le début de ce rituel hebdomadaire, fin octobre, quand Mo a été transféré à la Santé, personne ne s'est permis d'aborder Lola dans la rue. Le couvre-feu n'est pas non plus étranger à l'affaire. Elle croise peu de monde aux heures où elle se balade, celle où les honnêtes gens dorment chez eux, imités depuis peu par les autres, plus malhonnêtes mais castrés par la trouille de la pandémie. Ses rares copains de trottoir sont surtout des proprios de clébards. Des vrais, pas comme elle qui joue la comédie une fois par semaine afin de profiter du régime de sortie aménagé pour les amis des bêtes.
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Du dehors, du tangible, du concret, même désert,même risqué, tout vaut mieux que la totalitaire virtualité cadenassée dans laquelle la COVID semble avoir précipité le monde resosocialisé.
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Le gamin, qui appartenait à la bande de Nourredine Hadjaj, en disgrâce après des années d'entente cordiale avec le clan Cerda, avait de lui-même pris l'initiative d'aller parler à la police, dans le dos de son chef mais en croyant lui rendre service. Mauvaise idée. Un mois plus tard, on l'a retrouvé mort sous une carcasse de bagnole, dans le parking d'une HLM, victime d'une crise de plombémie aiguë.
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L'aveuglement sur son propre modus operandi d'un système désormais en roue libre, la disparition de toute forme d'honorabilité en faveur du fric roi et le traumatisme d'un 11-septembre autorisant les réactions expéditives sont autant de conditions ayant permis, en Amérique, l'élan de privatisation de la chose militaire sans précédent constaté à l'occasion des invasions de l'Afghanistan et de l'Irak.
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L' aveuglement sur son propre modus operandi d' un système désormais en roue libre, la disparition de toute forme d' honorabilité en faveur du fric roi et le traumatisme d' un 11 septembre autorisant les réactions expéditives sont autant de conditions ayant permis, en Amérique, l' élan de privatisation de la chose militaire sans précédent constaté à l' occasion des invasions de l' Afghanistan et de l' Irak.
Pour les hérauts du capitalisme, l' enjeu commercial premier de ces deux guerres n' a jamais été la captation des richesses des pays en question mais la guerre elle-même, source d' immenses profits. En devises constantes, le soldat US de 1939-1945 coûtait cinquante mille dollars par an, celui du second conflit du Golfe, en 2003, cinq cent mille, et celui d' Afghanistan, du fait du casse-tête logistique posé par la situation géographique du théâtre d' opérations, Peter en sait quelque chose, il planche sur le sujet, en coûte aujourd'hui un peu plus d' un million.
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Javid est allongé sur son lit. Il s’y est recouché juste après la première prière du matin et garde les yeux fermés, endormi ou feignant de l’être. De temps en temps, son ventre gargouille, il a faim. Ils ne leur ont rien donné à manger avant le lever du jour et c’est le ramadan, il lui faudra donc maintenant patienter jusqu’au coucher du soleil. Une contrariété de plus.
Son fixer ne lui a plus dit un mot depuis la veille mais cela ne dérange pas Peter. Lui-même n’a pas ouvert la bouche ni quitté la fenêtre où il s’est installé à l’aube. Réveillé par les messes basses incantatoires de son compagnon, il n’a pu retrouver le sommeil ensuite. Leurs volets sont clos, verrouillés par un cadenas solide, mais à travers les arabesques taillées dans le bois il peut apercevoir un jardin en contrebas, avec sa pelouse tondue au cordeau et ses banians. Trois sentinelles discutent à l’ombre de l’un des arbres, en ourdou, la langue du Pakistan. Ils sont armés de fusils d’assaut mais ne ressemblent pas aux hommes qui les ont escortés jusqu’ici, ils n’ont pas l’air de talibans.
C’est la première chose qui a rassuré le journaliste hier soir, à leur arrivée, quand les cagoules de jute leur ont été retirées, juste avant d’être enfermés dans cette chambre. Fayz, le chauffeur à la kalachnikov, et ses frères d’armes rejoints à la frontière avaient disparu. Il ne restait plus que ces gardes-là, à l’allure beaucoup moins rude. Plus tard, lorsqu’un serviteur est venu les chercher avec déférence pour le dîner, Peter a su, il ne leur arriverait rien.
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Depuis hier soir, c’est toujours la même réponse, quelle que soit la question. Sher Ali referme de force la main abîmée et se met à serrer. Il ignore le sang poisseux dans sa paume, et les craquements qui s’ensuivent, et les fragments de phalange enfoncés dans sa chair, et la plainte rauque, et les secousses violentes pour se libérer. Sher Ali serre et serre et serre, ça gicle entre ses doigts, lui-même se met à crier, tout à sa haine. Il veut désintégrer cette main, la faire disparaître, faire disparaître cet homme et la réalité à laquelle il appartient. Où rien n’a plus le moindre sens.
Juste derrière lui, il y a Dojou. Il ne l’a pas vu arriver. Un temps, l’Ouzbek ne bouge pas puis il grogne, a un geste d’apaisement. Sher Ali relâche sa prise, il est à bout de souffle. Le supplicié est à bout de souffle. Ses combattants sont à bout de souffle.
Dojou tient un gros pistolet noir moderne. Prise de guerre. Avec le canon, il pointe vers le majeur de l’Américain.
Sher Ali acquiesce.
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Maintenant accroupi auprès du captif, Sher Ali soulève délicatement le membre mutilé. Il l’examine. L’index a été presque entièrement pulvérisé. Reste un bout de phalange aux arêtes saillantes auquel s’accrochent des lambeaux de chair et de peau ensanglantés. Le majeur est entaillé profondément, ainsi que la paume. Le shrapnel d’os. On en voit encore des bouts. L’Américain essaie de fermer son poing, gémit de douleur, s’agite un instant et se calme puisqu’on ne lui fait rien pour le moment.
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Il est temps de s’approcher du prisonnier. Les hommes du Roi Lion le maintiennent au sol, couché sur le dos. Entièrement nu. Un corps bien nourri, puissant, comme celui de beaucoup de ses semblables. Marqué par les combats. Marqué par la nuit passée. Lui, c’est un guerrier. Il le leur a prouvé hier, à Jalalabad, pendant l’embuscade, et au cours des dernières heures. Il ne capitule pas, refuse de répondre, encaisse les coups, se plaint, les insulte et encaisse encore.
Dojou a suggéré de changer de méthode. Il y a longtemps, des frères tchétchènes lui ont montré une torture avec les doigts, qui marche bien, il l’a déjà utilisée plusieurs fois. Le laquais de Tajmir a voulu essayer.
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Tous, ils l’ont laissé tomber. Même Viper. À cause de Fox. « ENCULÉS ! » Ghost, lui, il les lâchera pas. On appuie sur sa main. Non, non, non. Fais pas ça. Le mec qui lui est monté dessus a posé le canon d’une kalache au bout de son index libre. Fais pas ça. Le coup part. Ça résonne dur. Ghost gueule. « ENCULÉS ! » Et il se marre, genre incontrôlable, en voyant le taleb sautiller dans la pièce en hurlant de douleur. Fallait m’écouter, connard, c’était sûr que t’allais te niquer le pied, t’étais trop près. Ghost en chie aussi mais il continue à se marrer. Ça fait un mal de chien mais il se marre. Elle vibre sa main, il a l’impression qu’elle va lui péter à la gueule, il se marre quand même. Il tremble de partout mais il peut tenir, il a connu pire. Il se marre, fort, et il pleure et ses yeux restent sur le haji bondissant. Il ose pas regarder son index, il a plus d’index. Il veut même pas bouger sa main. Il se dit va falloir apprendre à tirer avec le majeur. C’est con cette réflexion, si ça se trouve, il aura bientôt plus de majeur non plus. « ENCULÉS ! »
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Avant Rider. Qu’est crevé. Et lui qui s’est fait choper. Il va y passer, c’est sûr. Il se met à chialer mais il se reprend. Il a froid. Il sue mais il se les gèle. Avant. Loin. Joli. Joli, il sait plus ce que c’est. Ou quand c’était. Putain, ça fait tellement longtemps. Il se laisse couler, profond ils ont dit, et il cogite
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