PUKHTU. Sous ce titre énigmatique, DOA - nom de plume signifiant Dead on Arrival (mort à l'arrivée), titre d'un film noir US de 1950 - a poursuivi l'aventure avec un second opus tout aussi volumineux que le premier. J'attendais pour me lancer dans l'aventure. Quand Explorateurs du Polar de Lecteurs.com m'a offert l'opportunité de lire PUKHTU secundo, je n'ai pas hésité une seconde malgré le handicap de la découverte de personnages déjà présentés dans PUKHTU primo.
D'abord, en quelques pages, l'auteur rappelle le contexte du premier livre, l'histoire étant centrée sur l'Afghanistan. Pukhtu est un terme pachtoune, comme le rappelle la quatrième de couverture, un mot qui renvoie aux valeurs fondamentales de ce peuple : « Dire d'un homme qu'il n'a pas de pukhtu est une injure mortelle. »
L'action se déroule au cours des derniers mois de l'année 2008 et se termine en février 2009 avec, en guise d'épilogue, un clin d'oeil à un précédent roman paru en 2009 : le serpent aux mille coupures.
J'ai eu du mal, en début de lecture à me repérer dans la quantité de sigles, d'acronymes utilisés à foison et dont le glossaire permet de préciser la signification. S'y reporter à chaque fois perturbe trop. Il faut donc se laisser porter par un récit qui plonge sans délai dans l'horreur de la torture avec avalanche de mots et d'insultes.
Se retrouver parmi tous les personnages n'est pas aisé non plus et le rappel en annexe rend bien service aussi. Chacun défend des intérêts opposés, lutte pour une cause, en change selon les alliances, les opportunités, les trahisons. La drogue et la mort rôdent au détour de chaque page.
Le rôle des paramilitaires officiant à la fois pour la CIA et pour leurs propres intérêts, les différentes factions tribales de l'Afghanistan imbriquées dans le Pakistan voisin, l'OTAN et les services secrets de divers pays dont le nôtre ne simplifient pas les choses comme le rend bien l'auteur.
Trois personnages concentrent l'essentiel de l'action. Malgré des points de départ radicalement éloignés, ils finiront par se rencontrer mais c'est tout l'intérêt de l'histoire.
Sher Ali Khan, alias Shere Khan, le Roi Lion, est un chef de clan pachtoune profondément meurtri par la mort de deux de ses enfants tués par un drone visant un des chefs d'Al-Qaïda. Amel Balhimer est une journaliste indépendante qui enquête sur les services secrets français et Roni Mueller (Lynx) au passé très chaotique mais qui, dès son apparition dans le récit, emporte l'adhésion du lecteur.
Bien sûr, d'autres personnages secondaires et importants jalonnent Pukhtu Secundo comme Chloé décrite ainsi : « Chloé est une merde, dedans, et une pute, dehors. Chloé est moche, Amel devrait se tirer, personne ne peut l'aimer. » La technologie est au top-niveau dans ce livre, l'auteur maîtrisant bien tout cela comme les armes utilisées.
DOA sait utiliser un style haché, heurté, comme sous l'influence de la drogue, de la musique des boîtes de nuit, sous l'influence d'un DJ mystérieux. Les vies qu'il nous fait côtoyer sont cabossées par des drames impliquant les services secrets avec manigances, trahisons, coups en douce, amours enfin…
Quand l'épisode africain commence sous forme de trafic d'armes, l'histoire prend toute son ampleur et tient le lecteur en haleine grâce à Roni Mueller. Les flashes d'actualité qui ponctuent le récit sont là aussi pour rappeler l'horreur de ces vies supprimées, pour quel but finalement ?
Ce polar pose beaucoup de questions hélas pas résolues mais Pukhtu Secundo ouvre les yeux sur des conflits toujours d'actualité, sur l'asservissement des femmes et sur l'attitude des pays occidentaux vis-à-vis de cultures complètement différentes de la nôtre.
Lien :
https://notre-jardin-des-liv..