AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Deloupy (147)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Algériennes 1954-1962

Quel bel ouvrage que ce roman graphique qui nous présente la guerre d’Algérie comme elle a été vécue par les femmes. On parle déjà peu de cette guerre en elle-même et on peut dire que le rôle des femmes a été totalement mis de côté.

Je trouve que tout est dépeint avec justesse dans ce livre.

Tout d’abord, la difficulté pour certaines personnes de parler de cette douloureuse expérience. Ne pas en parler pour ne pas y penser comme le fait le père de Béatrice dès le début de l’histoire.

Ensuite, j’ai aimé retrouver les points de vue des différents acteurs : harkis, pieds-noirs, FLN, gouvernement français… aucun n’a été oublié.

Mon grand-père a fait la guerre l’Algérie mais il en parlait peu et je me rends compte que bien des éléments manquent dans mes connaissances sur ce conflit qui se révèle bien plus compliqué qu’il n’y paraît.

Les auteurs soulèvent aussi ici l’importance de ce que l’on transmet de nos histoires et souvenirs aux générations futures.

Une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          30
Algériennes 1954-1962

Le père de Béatrice a participé à la guerre d'Algérie, mais n'en a jamais parlé. Intriguée par des lectures, Béatrice s'interroge et commence par poser des questions à Saida, fille de Harki et vieille amie de sa mère. Suite à cette rencontre Béatrice décide de se rendre en Algérie. Au mémorial des martyrs, elle rencontre Djamila, ancienne moudjahidate engagée dans la lutte pour l'indépendance, mais qui a fini par fuir le FLN dont elle n'approuvait plus les missions de destruction. Par la suite, Béatrice recueillera le témoignage de Bernadette, une des 200.000 pieds-noirs qui sont restés en Algérie après 1962. En dernier lieu, Béatrice retiendra le récit de Malika, résistante moudjahidate, torturée, mais sauvée par un para français, puis membre du gouvernement algérien après l'indépendance.



La multiplicité des points de vues permet de comprendre la complexité de la situation pendant la guerre d'Algérie et d'appréhender aussi le rôle joué par les femmes. Les souvenirs sont représentés en bichronie, alors que le récit au présent s'approprie les couleurs, le tout avec un dessin sobre, qui laisse la part belle aux témoignages.
Commenter  J’apprécie          30
Monde d'après

Ne me préoccupant guère d'Instagram, je n'avais vu aucun des dessins formant ce recueil en grand format !



Parmi toutes les créations "confinementales", il y eût donc les dessins quotidiens de Zac Deloupy sur le réseau cité plus haut, compilés en un beau volume par Komics Initiative, aka l'éditeur qui ne jure que par Ulule.



Ces dessins, en noir et gris réhaussé de rouge, donnent à réfléchir sur le monde d'après comme son titre l'indique, certes, mais aussi en creux sur celui d'avant voire sur celui de la pandémie même.

La société de consommation en prend pour son grade, tout comme le numérique ou l'individualisme.



Honnêtement, il y a quelques dessins dont je n'ai pas compris le message, mais dans l'ensemble les idées sont claires et chaque thématique a le droit à plusieurs variations au fil des pages.



Le dessin est agréable, sachant être aussi précis que poétique.



Un bel objet - dans une couverture alternative de Laurent Lefeuvre pour ma part - regroupant d'efficaces illustrations, particulièrement bien pensées pour une partie d'entre elles.

Mérite le coup d'œil !
Commenter  J’apprécie          30
Impact

Deux histoires qui se croisent, celle d'un homme à l'hôpital, en fin de vie, tout juste retraité qui raconte sa vie à un autre homme lui aussi hospitalisé. Celle d'un homme plus jeune qui ne sait pas faire autrement que vivre de larcins qui le mèneront vers la prison sauf s'il accepte de parler à une psychiatre.



Bande dessinée pas très bavarde, des pages entières muettes, d'autres forcément plus parlantes puisque les deux hommes se racontent. Mais ce sont des taiseux. Le scénario de Gilles Rochier est simple et efficace qui fait se rencontrer ces deux histoires là où l'on ne les attend pas. Le dessin de Deloupy est lui aussi simple qui privilégie les personnages. Bref, une très bonne bande dessinée. Une belle histoire d'hommes.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          30
Impact

Dany est un délinquant d’une quarantaine d’années. Il a été condamné à plusieurs reprises pour des faits mineurs. Il lui est vivement conseillé de suivre une psychanalyse s’il ne veut pas terminer la prochaine fois derrière les barreaux…



Jean est un ancien ouvrier, il est retraité et vit dans un établissement pour personnes âgées. Au cours d’une promenade, il va être ammené à raconter son histoire, le travail, la maladie mais aussi des faits vécus un soir.



Les auteurs Gilles Rochiers et Deloupy nous plongent dans un récit dans lequel deux destins ne devaient pas se croiser. Une nuit, les aléas de la vie vont en décider autrement. Des petites blagues de gamins en voiture, des coups de feu… tout bascule. Un récit passionnant à suivre à mi-chemin entre le polar et la chronique sociale



Lu et conseillé sur iznéo



https://www.izneo.com/fr/izneo-core-data-shelf/jeunesse/izneo-core-data-serie-39780/impact-88150
Commenter  J’apprécie          30
Impact

Polar social



Avec Impact, Gilles Rochier et Deloupy se livrent un saisissant exercice de style, esquissant un polar tragique et intimiste particulièrement bouleversant…



Difficile de ne pas être entraîné par la construction narrative audacieuse, la personnalité crédible des deux narrateurs ou par leur vie brisée, fruit d’un tragique déterminisme social… d’autant que le dessin subtil et délicat de Deloupy fait ressortir l’humanité des protagonistes, retranscrivant avec finesse leurs états d’âmes et le poids de leur remords…



Les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu de façon parfaite et remarquable, esquissant les contours d’un double drame dont chacun prend racine sur terreau social parfaitement retranscrit…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
Commenter  J’apprécie          30
Algériennes 1954-1962

Lors d'un repas de famille Béatrice décide d'interroger son père sur la Guerre D'Algérie.

Mais traumatisé , ce dernier reste silencieux : le sujet est tabou.

Béatrice décide alors de se rendre en Algérie afin de découvrir les multiples facettes de ces terribles combats et de comprendre cette terrible guerre .

A travers le destin de 5 femmes ,Béatrice va se rendre compte que chacune exprime des ressentis, des traumatismes : une vérité propre à chacune.

Ces femmes mises de côté : françaises d'Algérie ou algeriennes qui ont souffert du conflit ou au contraire ont participé aux combats. Tous ces témoignages donnent un éclairage nouveau sur une guerre finalement mal connue



Ces femmes les premières sacrifiées de l'Histoire mais qui libèrent la parole des hommes notamment celle du père de Béatrice qui acceptera finalement de se confier a sa fille.

Le récit est vif, cette B.D est poignante.
Commenter  J’apprécie          30
Love story à l'iranienne

Remarquable ! De très beaux témoignages, qui nous font prendre conscience de ce qu'il se passe dans cet autre pays qui est l'Iran.

Si on connaît vaguement certaines traditions, il y a aussi la répression qui y règne.

Cette BD nous fait réfléchir. Beaucoup réfléchir.

Commenter  J’apprécie          30
Love story à l'iranienne

Deux journalistes se font passer pour un couple de touristes en Iran. Ils cherchent à interviewer des Iraniens.



Au gré des rencontres, ils dressent le portrait de nombreux jeunes gens, de quelques personnes plus âgées, qui s’expriment sur leurs envies, leurs attentes, leurs douleurs. On découvre une galerie de portraits très hétéroclites, même si presque invariablement, c’est le thème des rapports amoureux qui est évoqué. On découvre aussi la diversité de la société, selon les milieux sociaux, le rapport à la religion, l’éducation, le sexe… Des « interviews » parfois déroutantes, toujours très sensibles.



Cette bande dessinée, au très beau graphisme, m’a beaucoup plu.
Lien : https://mesmotsmeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          30
Love story à l'iranienne

Ils sont iraniens, ils ont entre 20 et 30, ils subissent chaque jour le diktat du régime de Rohani. Après plusieurs révoltes lourdement réprimées, l'arrivée d'un nouveau mollah au pouvoir qui était censé être un réformateur, quels espoirs ont-ils ces jeunes iraniens ?



Dans cette BD reportage, Jane Deuxard (pseudonyme pour un couple de journalistes) interroge un certain nombre de jeunes iraniens qui racontent tous comment ils essaient de s'aimer malgré les règles du régime et le poids de la tradition. le port strict du voile, l'interdiction de se fréquenter avant le mariage, les exigences des familles et belles-familles, rien ne s'est arrangé sous Rohani. Il est encore possible pour les familles de réclamer un contrôle de virginité sur les jeunes mariées, encore impossible pour deux jeunes attirés l'un par l'autre de se parler dans la rue, encore moins de flirter. Comment choisir un conjoint en dehors des mariages arrangés ? Comment faire quand on est amoureux et que l'on doit sans cesse se cacher ? Ici, tout est abordé, avec autant de franchise que possible, avec autant de liberté que les interviews ont pu le permettre, sachant que les journalistes étrangers sont toujours persona non grata en Iran. Les portraits sont sans concession et dépeignent un Iran tellement impacté par la tradition qu'on a du mal à voir comment cela va réussir à changer. du révolté qui a baissé les bras après le meurtre de son amie, en passant par le musicien qui joue malgré les interdictions ou la jeune femme universitaire qui utilise le régime comme elle peut pour devenir riche, on a là un panel de personnalités diverses et variées, venant de milieu sociaux complètement différents. Les témoignages sont parfois poignants, parfois décalés.



Le dessin est simple, sans chichis et nous plonge dans une atmosphère assez big brother quand on le regarde dans le détail.



Une bonne BD reportage !



La BO de cette lecture, Georges Moustaki "Sans la nommer " ♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=ouaytC9njFU ♫♪ et Tété ♫♪ https://www.youtube.com/watch?v=IK-8oQlZblw&list=RDIK-8oQlZblw ♪♫
Commenter  J’apprécie          30
Lucia au Havre

Le bon coté pour ceux qui connaissent la ville du HAVRE c'est que l'on y retrouve des vues connues mais coté graphisme c'est un peu léger. Bonne intrigue.
Commenter  J’apprécie          30
Pour la peau

Une jolie découverte que je dois à Little Miss Giggles lors du festival d'Angoulême, et que j'ai vraiment bien apprécié !



J'ai pu échanger pendant un long moment avec l'auteur, que je regrette sincèrement de ne pas voir interviewé par ailleurs, et j'ai beaucoup apprécié son approche de la BD érotique. Car oui, c'est bien de la BD érotique, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais comme l'a souligné l'auteur, il l'a faite avant tout pour raconter l'histoire et non par plaisir de faire une BD de cul. C'est pourquoi je suis particulièrement fan de cette BD.



Si on limite souvent tout l'érotisme du neuvième art à des pages mal imprimées, des dessins déformés et des scénarios inexistants, c'est que le genre est toujours très mal vu et ne peut pas sortir du cliché de la BD qu'on tient à une main. En somme, tout l'inverse de celle-ci. Car nous avons là une BD qui tient la route sur toute son histoire, histoire par ailleurs peu banale. C'est un adultère, mais un adultère qui dépasse le simple cadre de la partie de jambes en l'air en dehors du couple. C'est une question d'osmose sexuelle, de désir retrouvé et d'envie de se retrouver. C'est une histoire qui part du sexe et flirte avec les sentiments.



Et je n'ai pas parlé du dessin qui est pourtant une trouvaille délicieuse : le rendu entre le noir et les nuances de bruns, rehaussés par les traits rouges et bleus qui rajoutent à la suggestion érotique.



Tout en nuances et en délicatesse, ne se privant pas de montrer explicitement le sexe et le plaisir, cette BD m'a charmé. Par son audace et son propos, par son histoire et son dessin. Ce n'est pas tous les jours qu'on a le droit à une belle BD de cul, et quand on le voit, ça fait plaisir ! Et ce dans tous les sens qu'on voudra mettre derrière ce mot …
Commenter  J’apprécie          20
Algériennes 1954-1962

Un album fictif inspiré d'événements réels.



Le point de départ de l'histoire a lieu au foyer de la narratrice, le double de l'auteur. Celle-ci questionne son père, ancien combattant, sur sa participation dans la guerre d'Algérie qui s'est déroulé de 1954 a 1962. Face à son mutisme traumatique et à son refus de dialoguer, l'autrice décide de partir seule en quête de réponses. Dans un premier temps auprès d'une amie de sa mère vivant en France et ensuite en Algérie.



Au fil des rencontres une pluralité de points de vue raconte une même histoire : la contribution des femmes dans la guerre des hommes. Des explois très souvent oubliés, effacés, négligés.

Commenter  J’apprécie          20
Love story à l'iranienne

Love story à l’iranienne est le résultat de témoignages recueillis par Jane Deuxard, pseudonyme d’un couple de journalistes occidentaux qui enquêtent clandestinement en Iran. Sous le couvert de l’anonymat, ils ont interrogé de jeunes adultes iraniens afin d’en apprendre davantage sur leur façon de vivre l’amour dans un pays où les libertés individuelles n’existent pas. On y côtoie une génération désillusionnée, réprimée et dissoute, prise en étau entre la tradition et le régime totalitaire des mollahs. Une bande dessinée nécessaire qui nous ouvre une fenêtre,

autrement inaccessible, sur le quotidien de la jeunesse iranienne d’aujourd’hui.
Commenter  J’apprécie          20
Algériennes 1954-1962

A l’image de sa couverture choc, cet album ne laisse pas indifférent. Algériennes 1954-1962 est un roman graphique passionnant et poignant.

.

En résumé, Béatrice aimerait savoir ce qu’a vécu son père, lui qui a fait la guerre d’Algérie. Face à son silence, elle interroge sa mère qui lui fait part de l’attentat auquel elle a assisté et encourage sa fille à en savoir plus en l’orientant vers son amie Saïda, second témoignage de ce roman. Puis une fois en Algérie, viendront ceux de Djamila, Bernadette et Malika.

.

Le scenario fluide et vivant, réunit toutes ces femmes autour de l’attentat de Milk-Bar qui a eu lieu le 30 septembre 1956. Un même évènement. 5 témoignages. Aucun parti pris sauf celui de donner la parole aux femmes, « la guerre d’indépendance ça a aussi été les guerre des femmes dans la guerre des hommes. » Le dessin est épuré, expressif et d’une lisibilité extrême. La mise en couleur de l’album est splendide et met en lumière la grande force et l’incroyable dignité ces femmes.



Le machisme des combattante et le choix du gouvernement en place d’effacer le rôle des femmes est également dénoncé. « Dans les livres, tu ne trouveras que les exploits des hommes. Tu ne trouveras pas les noms des femmes qui ont fait la guerre. On les a effacé. »

.

Autre point fort de cet album, les témoignages retracent aussi le quotidien des habitants de l’époque et souligne ainsi les inégalités de droits entre les communautés fondées sur le racisme. « Notre institutrice était une femme aigrie et raciste, c’est à cause de personne comme elle que la guerre a éclaté. » La partie sombre de la guerre est également évoquée. Un passage de tortures insoutenable et violent. « J’aurai aimé que les arabes face la guerre contre les différences sociales et pas contre les différences culturelles. »

.

Ce roman est une œuvre de mémoire très intéressante que je recommande en support pédagogique car la thème sensible de la guerre d’Algérie est abordé avec finesse et nuance. Ces témoignages retracent habilement les grandes lignes de la guerre d’Algérie.
Commenter  J’apprécie          20
Love story à l'iranienne

Une bd très intéressante qui met en lumière le quotidien des jeunes en Iran, leur recherche de l'amour et la réalité du mariage dans une société contrôlée par le pouvoir religieux.

Moi qui ne connaît pas grand chose quand à l'histoire récente de cette région du monde, j'ai trouvé ça vraiment très instructif.

Le côté bd met bien en avant le côté "reportage journalistique" à l'origine du projet.
Commenter  J’apprécie          20
Pour la peau

Cette bande dessinée par son sujet rappelle le magnifique film Intimité de Patrice Chéreau. Les deux œuvres parviennent à saisir la mémoire du corps. Sans échanger verbalement, un véritable langage se met en place entre les deux amants. Tout en développant des scènes érotiques, les deux auteurs ont construit une histoire forgée sur la confiance, celle du silence, du souffle et de l’exploration corporelle. Les dialogues, assez rares, n’illustrent pas une dérive des sentiments. C’est une relation équilibrée, un échange réel entre deux personnes qui montrera sa puissance par la séparation accidentelle. On voit le questionnement des personnages submergés par cette rencontre. Les dessins pointent la force de la rencontre, faisant disparaître les corps des autres pour renforcer la présence des deux amants. Les traits sont précis tant dans les scènes sexuelles que les autres. Il y a une délicatesse, une finesse constantes dans le traitement érotique. La tendresse reste de bout en bout laissant émerger toutes les émotions des amants. La fin est très réussie par sa dramaturgie révélatrice et son affirmation de la puissance de cette intimité.
Lien : https://tourneurdepages.word..
Commenter  J’apprécie          20
Algériennes 1954-1962

Une bande dessinée très bien faite, qui nous entraîne dans des destins de femmes pendant la guerre d'Algérie. Les dessins sont doux et mettent bien en valeurs les histoires de chacune.



C'est un joli témoignage sur le rôle et la vie de ces femmes, trop souvent oubliées. 

Commenter  J’apprécie          20
Pour la peau

Récit d'une relation adultérine intense et quasi spontanée. Des dessins, érotiques, pornographiques, on ne perçoit pas de vulgarité, mais dans ce genre d'histoire, la répétition lasse vite.
Commenter  J’apprécie          20
Algériennes 1954-1962

Cette bande dessinée est une réconciliation. Réconciliation de deux rives, de deux passés, de deux histoires. Un travail de mémoire sur la guerre passée pour la paix à venir. On pourrait même changer le titre de l'ouvrage et l'intituler "Algérienne 1954-2018".





Bande ou frise?



Le dessin est très beau, on reconnaît la qualité des travaux de Deloupy ici, qui tient parfois de la photographie. Il n'est ainsi pas surprenant de trouver un remerciement envers un photographe pour la première vignette de la page 70 en fin d'ouvrage. On retrouve également cette dimension dans la bande dessinée Le photographe d'E.Guibert, de D.Lefèvre et F.Lemercier (2003) qui, elle, ne triche pas (ce sont de vrais photographies).

Le récit, quant à lui, est finement mené, balisé et retrace les grandes lignes de la guerre. On ne s'étonne pas de voir les travaux de Raphaelle Branche ou le brûlot d'Henri Alleg (La Question) à l'occasion du passage sur la torture. Cela montre tout le travail mené, symbolisé par la richesse de la bibliographie.

On pourrait même lire cette bande dessinée comme on regarderait un film. Un beau film sur la convergence des mémoires, sur l'apaisement, sur ce que peut effacer le temps sur des blessures (familiales) de guerre.





Radicaliser le récit



Toutefois, si le récit est bien mené et documenté, on regrette cette quasi obsession égalitaire: faire une histoire à parts égales est sans doute également, et paradoxalement, l'utilisation de l'asymétrie pour compenser le regard occidental, et donc miser davantage sur l'équité de l'histoire. En cela, on aurait pu prendre, non pas un parti-pris historique mais mémoriel, car c'est bien le coeur de l'histoire...

La mémoire. Là où la mémoire peut oublier jusqu'à la maladie, se tromper jusqu'à s'écrire en pure fiction, se passionner dans de belles émotions et photographies jaunies ; l'histoire,elle, est d'abord une rigueur, une profession (celle d'historien), une vérité. L'histoire de la guerre d'Algérie en bande dessinée a déjà été faite par Benjamin Stora et Sébastien Vassant (2016). On aurait pu espérer de cette version féministe et féminisée une radicalité prononcée.



En clair, suivre le destin d'une combattante du FLN qui n'aurait pas été à ce point équilibré par l'Occident, c'est-à-dire singulariser le récit, le faire tanguer (car la mémoire tangue en traversant la Méditérranée) d'un côté. De cette radicalisation, une belle analogie était possible: écrire et dessiner les Algériennes de la même manière que fut la guerre d'Algérie et ses rebonds contemporains: des tentations, des paradoxes, des doutes et culs-de-sac, des oublis.





Un appel au calme



Ces bulles formées par Swann Meralli et Deloupy se raccrochent donc fidèlement et sérieusement (sans doute trop) à une convergence, à un apaisement dans un passé qui ne "passe pas" encore. Cet appel au calme est sans doute la mission principale de l'histoire, dévolue à une profession (celle d'historien). J'attends (et j'utilise le je) des autres supports ludiques de la fiction (car l'histoire est une fiction qui ne joue pas) une certaine radicalité.

Ainsi, une bande dessinée aussi photogénique peut également donner un destin singulier et radicaliser son récit, tanguer, prendre l'eau, car après tout, la pellicule est une bande de mémoire(s), même en s'adressant à la jeunesse.
Lien : https://les-sirenes-de-jugur..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Deloupy (609)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz plein d'étoiles (titres en littérature)

Quel écrivain, auteur de "Croc-Blanc", publie, en 1915, un roman fantastique intitulé "Le vagabond des étoiles" ?

Jack London
Romain Gary
Ernest Hemingway

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , littérature américaine , bande dessinée , culture générale , poésie , étoile , littérature , livres , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}