Voici la meilleure œuvre que j'ai lu de Gipi qui ne cesse de s'améliorer d’œuvre en œuvre pour atteindre une sorte de virtuosité. C'est franchement une bonne lecture pleine de surprise, de sensibilité et d'intelligence.
Le dessin de Critone m'a convaincu sur cette époque moyenâgeuse où le roi gouvernait sans partage sur le petit peuple. L'aquarelle apporte une belle touche colorisée.
J'ai également apprécié cette intrigue autour d'un jeune orphelin recueilli par un sorcier. Cela monte en puissance tout au long de ces 200 pages pour un final que l'on attendait. A noter des dialogues particulièrement ciselés et bien pensés.
Bref, une réussite à tous les niveaux. Que j'aime la bd italienne !
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Séduite par la couverture et le graphisme, le scénario ne m'a pas emportée. Si le destin d'Aldobrando m'a intriguée, sa quête et son aventure m'ont paru longues et ennuyeuses, comme la lecture. Ce n'était peut-être pas le bon moment.
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Quand on a adoré un livre, on est irrésistiblement tenté de s’emballer sur sa critique, risquant ainsi de faire miroiter de divines oasis regorgeant d’outres plantureuses, gorgées de nectars infinis, pour d’autres sensibilités que la nôtre et donc d’autres attentes, d’où cruelles déceptions.
Je tenterais donc le braquet en-dessous pour vous parler de ce que j’ai : adoré, (ou "particulièrement apprécié", en se résignant à des précautions oratoires.)
Pour la somme profondément ridicule de 23 misérables euros (ou pour peau de balle dans toute bonne médiathèque) vous pourrez lire 200 pages fantastiques ("particulièrement intéressantes", en langage diminué, auquel je ne me résigne pas), orchestrées par un couple de génies ("très bons auteurs ") italiens, Gipi et Critone (oui, génies ! Maestro…).
Nous sommes il y a fort longtemps, mais les hommes y sont les jouets d’intemporels ballets, hélas bien connus, rythmés par la partition d’airain de la naissance et de la fortune ainsi que par les lois plus fantasques du hasard et de la bonne fortune. L’amour se réservant néanmoins la part du lion, au mépris du PIB personnel ou de toute autre prérogative gonflée à l’hélium du pouvoir.
Par son aspect poussinesque marqué, le jeune et frêle Aldobrando convoque des bouffées adoptives si vous êtes un brin mère poule ou père pélican ; on n’aura de cesse qu’il se sorte de toutes les situations où il va se fourrer, guidé par une loyauté et une candeur peu compatibles avec cet univers si banalement régi par les hyènes.
D’autres personnages magnifiques nous transportent dans la chaleur réconfortante du royaume du bien, les auteurs assumant pleinement un univers où le mal sous toutes ses formes finit en vermisseau courbaturé et anémique, en dépit de toutes nos craintes les plus légitimes. On en ressort huilé de bien-être, un sourire dalaïlamesque aux lèvres et le cerveau vidangé de tous ses miasmes prosaïques.
La subtilité est reine dans l’expression des visages et dans de nombreux retournements de situations et de caractères.
La beauté d’âme d’Aldobrando irradie doucement mais inexorablement et brise la coque des carnes les plus accomplies, dégelant en eux le ruisselet puis le fleuve de la conscience de l’autre.
Réussissant tranquillement à faire du neuf avec des vieilles lunes, les auteurs nous panent dans la chapelure du féerique (ayest je m’emballe encore, donc : "nous convainquent très sûrement") et nous font pâmer d’aise, pour une longue séance de béatitude.
"C’est très réussi" . Non, c’est génial ! :)
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Aldobrando est un voyage initiatique, la découverte d'un monde et la découverte d'un garçon sur ce qu'il est.
Aldobrando est le fils d'un roi confié bébé à un homme plein de sagesse. Bien des années plus tard, ce dernier souhaite qu'il développe ses ailes et découvre le monde qui l'entoure, découvre le monde qui peut s'offrir à lui.
On va suivre une quête, l'envie d'un garçon de sauver son mentor et qui va être confronté à ce qu'est l'aventure de la vie, ce qu'elle peut nous confronter de plus triste, de plus dur mais également de plus beau. La mort, la trahison, l'amour, autant de découvertes que l'on va faire en même temps que le protagoniste.
Un voyage à faire.
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Voici deux histoires de vengeance entre voyous, gangsters dans une ambiance feutrée, grise, superbement servies par le travail au lavis de Gipi, qui n'est pas sans rappeler le cinéma néoréaliste italien. L'ambiance est inquiétante, tendue, avec des personnages superbement dépeints dans leur doutes, leur acceptation ou non de la violence, c'est intimiste, on s'y attache. Gipi arrive à faire passer leur mal-être en quelques mots, quelques dialogues concis et qui semblent déconnectés de l'intrigue, incluant des détails qui n'apportent rien à l'action mais qui prennent tout leur poids pour créer une atmosphère, décrire des caractères. Avec un dialogue sur le café ou sur un gâteau industriel, on interprète le milieu dans lequel les personnages évoluent, leur passif, leur monde. C'est une description du monde social, de la culture de ces gens. Sur la violence, la mafia, et le côté aventureux, Gipi reste au contraire très pudique, on n'en saura pas beaucoup plus sur les actions qui les ont menés là où il sont aujourd'hui, le doute reste, surtout pour la deuxième histoire, ce n'est pas ce qui importe. Gipi à un talent indéniable pour dépeindre ces petites gens au parcours chaotiques, des gens simples qui vivent des choses graves, marquantes. Ces histoires qui pourraient presque paraître anecdotiques sont fortes et intenses.
J'avais abordé l'oeuvre de Gipi avec “Vois comme ton ombre s'allonge”, un récit plus fantastique, plus éthéré, ce n'était pas la bonne manière pour découvrir cet auteur. Je n'avais pas accroché, mais maintenant que je le connais mieux, et que j'apprécie vraiment son travail grâce à “Bons baisers de la Province”, “Le Local” ou “La terre des fils”, je pourrais peut-être le relire avec un oeil différent.
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J'ai bien aimé la terre des fils alors que ce n'était pas gagné d'avance. Il faut dire que je ne suis pas vraiment un inconditionnel de l'auteur qui est pourtant l'un des plus grands en Italie actuellement. Je dois reconnaître qu'il signe là son oeuvre majeure par rapport à ce que j'ai pu lire dans le passé.
Pour une fois, ces personnages ne sont pas tous laids avec des dents acérés et des nez crochus. Non, ils sont normaux bien qu'on rencontre des spécimens un peu spéciaux dans ce monde apocalyptique contaminés. Cela attire incontestablement de la sympathie et de l'intérêt.
J'ai bien aimé la manière dont est présenté les personnages autour de ce père un peu bourru avec ses deux enfants mais qu'il souhaite protéger avant tout. A noter que bien que mourant, il s'octroie une dernière ballade nocturne avec la force d'un désespéré. Le récit est âpre et plutôt sombre à l'image de ce nouveau monde. Il y a une réelle portée psychologique qui se dégage de cette oeuvre.
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'(MAB971) Oui collège, lycée.
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La terre des fils est un récit post apocalyptique, un père élève seul ses deux enfants dans un marais. C’est une terre désolée, le trait est brut, en noir et blanc, travaillé au crayon ou stylo, avec des hachures brutes et faussement brouillonnes pour rendre les nuances de lumière. Ce graphisme accentue la pauvreté, la désolation, la saleté de ce monde, le rend presque nauséeux, malsain, la dégénérescence nous prend aux tripes. Les deux garçons vont partir pour une sorte de quête initiatique, c'est 'occasion pour le'auteur de questionner sur la place de l'écrit dans une collectivité, ce point est bien amené et nous réserve quelques surprises. C’est glauque et profondément pessimiste, mais il se dégage une force, une intensité, grâce à une ambiance très réussie, des personnages simples, présentés avec peu de dialogues et beaucoup de non-dits. La thématique est proche de la série des années 70, Simon du Fleuve, mais Gipi apporte une modernité, et un noirceur qui rendent le propos plus grave, plus angoissant. On a envie de se raccrocher aux toutes petites lueurs d’espoir, et moi, j’ai adhéré, je l’ai dévoré avec un plaisir chargé d’émotions.
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Une belle histoire. Elle parait simple, mais au fil des pages, l'injustice fait place aux rouages du destin. Tout ceci devait être écrit, dans la BD de GIPI...
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Voici une BD qui, malgré sa brièveté, ne manque pas d'impact.
Gipi nous livre ici une vision désabusée d'une Italie corrompue, injuste et tragique.
A travers un court road-trip, nous suivons l'histoire racontée par un homme à son neveu : celle de jeunes pris en grippe par de policiers véreux dans une Italie en pleine psychose terroriste.
C'est intelligent et c'est noir.
Gipi utilise deux dessins différents pour relater deux époques distinctes mais tout en gardant son style personnel très caractéristique.
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J’aime assez le dessin de Gipi, le trait est fin et brut, les couleurs sont en aquarelles, les contours sont approximatifs, il y a une certaine vivacité, un dynamisme dans le graphisme, comme prix sur le vif, qui rend les décors crus et austères.
C’est un récit d’adolescence. Des jeunes se retrouvent dans un garage pour jouer leur musique, il n’ont pas de gros moyens, il viennent de milieux populaires, leurs préoccupations sont celles de leur âge, les filles, l’envie de percer dans la musique, les relations avec leurs parents, les problèmes d’argent…
Sur fond de roman social, Gipi nous dépeint une jeunesse italienne du début des années 2000, avec sensibilité, mélancolie et pudeur, c’est une petite histoire ordinaire, racontée avec justesse. C’est la deuxième BD de Gipi que je découvre après “Vois comme ton ombre s’allonge”, cette fois-ci, le propos est beaucoup plus modeste et le résultat est beaucoup plus convaincant.
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Très bien. Les illustrations sont très belles et le scénario super.
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Bonne surprise que cette bande dessinée qui nous plonge dans un univers médiéval plutôt violent et sombre. Ses qualités viennent autant de son scénario que de son dessin. L'intrigue est bien menée et maîtrisée. On s'attache aux personnages et on apprécie la diversité des genres abordés. Cette belle aventure est rythmée par de l'action, de la romance, de l'humour. Les dialogues y sont également savoureux. Les dessins et les couleurs sont, quant à eux, parfaits pour ce type d'histoire et son contexte.
A lire.
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Une petite merveille. J'ai lu la version noir et blanc. C'est beau, l'objet livre est somptueux. Les dessins en dégradé de gris sont magnifiques. L'histoire de cet orphelin dans un univers moyen-âgeux, de sa quête initiatique ne révolutionne pas le genre aïs est mené avec brio tout du long. Alors n'hésitez pas, foncez.
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L'intrigue de ce beau roman graphique prend place à l'époque médiévale, dans une contrée inconnue. le jeune Aldobrando, orphelin élevé par un mage vivant reclus, est propulsé de façon inattendue dans le vrai monde quand son maitre l'envoi quérir une herbe médicinale capable de lui sauver la vie.
Commence alors un dangereux périple pour ce jeune homme candide, dont l'intelligence naïve n'est pas sans nous rappeler le fameux Ingénu de Voltaire.
Gipi nous offre une intrigue complexe, alternant entre l'humour, la grandiloquence et le drame, sur fond de chevalerie mais surtout de misère moyenâgeuse. On se laisse embarquer dans un voyage initiatique classique, durant lequel Aldobrando va rapidement se heurter au mensonge et à la cruauté qu'il ne connaissait alors que de nom. Bien vite, les rencontres vont se multiplier, bonnes et mauvaises, apportant chacune son lot de déconvenues, et notre héros -car c'en est un assurément- sortira bel et bien changé par le grand monde, mais pas sans avoir lui-même provoqué de grands changements… Et si le dénouement nous parait un peu trop heureux dans ce monde qui transpire la cruauté, il ne rend pas le scénario naïf pour autant, comme le prouve les horreurs passées et présentes disséminées dans ces pages, il choisit juste de nous montrer que, parfois, justice est faite.
Les graphismes quant à eux, nous laisse deviner toute la complexité et tous les non-dits des personnages. Un soin particulier semble avoir été porté aux visages, qui sont particulièrement expressifs. Et les regards ! Assurément dans ces regards on peut deviner les secrets et les abimes de l'âme humaine, autant que sa bonté grandiose.
Mention toute spéciale pour le personnage de Paprasse, gratte papier pragmatique qui ne lève jamais le regard de ses notes, parle beaucoup, écrit davantage encore, mais jamais ne s'affirme, en ombre fidèle d'un dégoutant monarque. Mais quand enfin il lève les yeux, quelle force dans ce regard azuréen et glaçant, quelle conviction dans ses traits. On réalise alors que Paprasse ne souffre aucun arrangement quand il s'agit de tradition et celui que l'on croyait le laquais servile d'un roi se révèle l'inflexible protecteur des coutumes du royaume.
Une histoire à l'image de son héros : assez naïve en apparence, mais juste, et dont la subtilité et l'intelligence profonde ne transparaissent qu'à force d'attention.
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C'est un album qui entre dans la catégorie des histoires un peu glauques que dépeint très bien GIPI. Quelques petites histoires plus ou moins bien avec des techniques de dessin différentes.
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Difficile de mettre une note à cette BD... J'ai toujours pensé que la perception d'un livre dépendait beaucoup du contexte et du moment pendant lesquels on le lisait. Ici, c'est flagrant : j'ai lu cette BD lors d'une insomnie suivant l'annonce de l'ampleur prise par la pandémie de Covid 19. C'était franchement pas le moment de lire ce récit post-apocalyptique extrêmement dur et violent !
Une lecture qui ne m'a pas laissée indifférente, c'est sûr, et qu’étonnamment je n'ai pas pu lâcher avant la fin, car, je tenais à savoir ce qui allait advenir de ces deux jeunes élevés dans la survie et l'absence d'affection pour se protéger d'un monde devenu effroyable.
Un récit puissant au final, mais certainement pas ce dont j'ai envie en ce moment.
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