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3.96/5 (sur 140 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Chicago,llinois. , le 18/04/1928
Mort(e) à : San Francisco , le 16/08/2023
Biographie :

Howard Saul Becker est un sociologue américain.

Il a été professeur à l'université Northwestern (Chicago) et à l'Université de Washington à Seattle.

Howard Becker est un des héritiers de la tradition de l'École de Chicago et s'inscrit ainsi dans le courant de l'interactionnisme symbolique. Il mena longtemps une carrière parallèle de pianiste de jazz, grâce à laquelle il a financé ses études. Il est aussi passionné de photographie, à laquelle il a consacré plusieurs articles.

Howard S. Becker a été étudiant à l'université de Chicago dans les années 1940. Il a ainsi suivi les enseignements des maîtres de l'École de Chicago, notamment Everett Hughes, dont l'œuvre le marqua en particulier. Il a réuni autour de la revue Social Problems dont il devient le rédacteur en chef en 1961 plusieurs des sociologues américains hostiles au courant fonctionnaliste, alors dominant aux États-Unis (Erving Goffman, Aaron Cicourel...)

Il est l'auteur de deux ouvrages marquants Outsiders et Les mondes de l'art. Il a exercé une importante influence sur la sociologie française à partir de la fin des années 1980 et a entamé vers la fin de sa carrière une collaboration active avec le sociologue français Alain Pessin. Il a reçu plusieurs distinctions en provenance d'universités françaises, devenant Docteur Honoris Causa des universités Paris 8 et Pierre-Mendès-France de Grenoble.

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Conférence Les mondes de l'art de Howard Becker par Jean-Louis Fabiani
En France ce que Wolfgang Lepenies appelle la troisième culture ces sciences sociales coincées entre le littéraire et le scientifique est paradoxalement assez peu reconnue la culture générale semble en effet trop souvent pouvoir s'en dispenser C'est un paradoxe dans la mesure où la France est avec Comte Tocqueville et Durkheim notamment l'un des berceaux de ce pan considérable de la pensée Sise entre les rues Emile Durkheim et Raymond Aron la Bibliothèque Nationale de France a décidé de lancer un cycle dédié aux grands livres qui dessinent une bibliothèque idéale des sciences sociales Il s'agit d'inviter à lire et relire quelques-uns de ces grands ouvrages en compagnie d'un chercheur contemporain manière de replacer ces livres dans l'histoire des idées mais aussi et surtout de souligner leur pertinence contemporaine les usages qui peuvent en être faits Cycle proposé par Sylvain Bourmeau Par Jean-Louis Fabiani sociologue directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Au lieu de nous demander pourquoi les déviants veulent faire des choses qui sont réprouvées, nous ferions mieux de nous demander pourquoi ceux qui respectent les normes tout en ayant des tentations déviantes ne passent pas à l'acte.
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Est déviant non pas celui qui transgresse la norme mais celui dont on a intérêt à dire qu'il transgresse la norme.
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Tous les groupes sociaux instituent des normes et s'efforcent de les faire appliquer, au moins à certains moment et dans certaines circonstances. Les normes sociales définissent des situations et les modes de comportement appropriés à celles-ci : certaines actions sont prescrites (ce qui est "bien"), d'autres sont interdites (ce qui est "mal"). Quand un individu est supposé avoir transgressé une norme en vigueur, il peut se faire qu'il soit perçu comme un type particulier d'individu, auquel on ne peut faire confiance pour vivre selon les normes sur lesquelles s'accorde le groupe. Cet individu est considéré comme étranger au groupe [outsiders].
Mais l'individu qui est ainsi étiqueté comment étranger peut voire les choses autrement. Il se peut qu'il n'accepte pas la norme selon laquelle on le juge ou qu'il dénie à ceux qui le jugent la compétence ou la légitimité pour le faire. Il en découle un deuxième sens du terme : le transgresser peut estimer que ses juges sont étrangers à son univers.

Le double sens de "outsider", p. 25
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Le fait central en matière de déviance [est] que celle-ci est créée par la société. [...] Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants [outsiders]. De ce point de vue, la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l'application, par les autres, de normes et de sanctions à un "transgresseur". Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette. (p. 32-33)
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Ce n'est pas parce qu'une norme existe qu'elle est automatiquement en vigueur. On ne peut pas rendre compte de l'application des normes en invoquant la vigilance constante de quelque groupe abstrait.
[...]
Premièrement, il faut que quelqu'un prenne l'initiative de faire punir le présumé coupable ; faire appliquer une norme suppose donc un esprit d'entreprise et implique un entrepreneur. Deuxième, il faut que ceux qui souhaitent voir la norme appliquée attirent l'attention des autres sur l'infraction ; une fois rendue publique, celle-ci ne peut plus être négligée. [...] Troisièmement, il faut y trouver un avantage : c'est l'intérêt personnel qui pousse à prendre cette initiative.
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La déviance est une propriété non du comportement lui-même, mais de l'interaction entre la personne qui commet l'acte et celles qui réagissent à cet acte.
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En bref, les individus apprennent à participer à une sous-culture organisée autour d'une activité déviante particulière.
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Mais il convient de faire quelques distinctions préliminaires. Les normes peuvent se présenter sous des formes très variées. Elles peuvent être édictées formellement par la loi : dans ce cas les forces de police de l'Etat peuvent être employées pour les faire respecter. Dans d'autres cas, elles représentent des accords informels, établis de fraîche date ou revêtus de l'autorité de l'âge et de la traduction; des sanctions informelles de diverses sortes sont utilisées pour faire respecter ce type de normes.
De même, la tâche de faire respecter les normes - que celles-ci aient la force de la loi ou de la tradition, ou qu'elles s'appuient simplement sur un consensus - peut incomber à un corps spécialisé, comme la police ou la commission déontologique d'une association professionnelle ; mais cette tâche peut aussi être l'affaire de tout un chacun, ou moins de tous les membres du groupe auxquels les normes sont censées s'appliquer.
Les nombreuses normes que nul ne cherche à faire appliquer n’ont qu’un rapport tout à fait superficiel avec le type de norme qui m’intéresse ici. Par exemple, les « Blue laws » figurent encore dans les codes bien qu’elles ne soient plus en vigueur depuis une centaine d’années. (Mais il est important de se souvenir qu’une loi tombée en désuétude peut être réactivée pour diverses raisons et retrouver toute sa force originelle, comme cela s’est passé récemment dans le Missouri pour les lois régissant l’ouverture des établissements commerciaux le dimanche.) Des normes informelles peuvent pareillement dépérir si on ne les fait pas appliquer. Je m’occuperai ici principalement de ce que l’on peut appeler les normes effectivement en usage, celles que des groupes maintiennent en vie par leurs efforts pour les faire respecter.
Enfin, le degré exact auquel un individu est étranger - aux deux sens du terme précédemment mentionnés - varie d’un cas à l’autre. De celui qui commet une infraction de la circulation ou de celui qui a un peu trop bu dans une soirée, nous pensons que c’est un individu somme toute pas très différent des autres, et nous traitons sa transgression avec tolérance. Mais nous estimons que le voleur est déjà moins semblable à nous et nous le punissons sévèrement. Quant aux crimes tels que le meurtre, le viol ou la sédition, ils caractérisent à nos yeux leurs auteurs comme de véritables étrangers à la collectivité.
De même, certains transgresseurs ne pensent pas avoir été injustement jugés. Celui qui a enfreint les règles de la circulation admet en général les règles qu’il a violées. Les alcooliques ont souvent une attitude ambivalente : tantôt ils estiment que ceux qui les jugent ne les comprennent pas, tantôt ils reconnaissent que l’ivresse chronique est néfaste. Certains déviants enfin, dont les homosexuels et les toxicomanes sont de bons exemples, élaborent quant à eux une idéologie systématique expliquant pourquoi ils sont dans le vrai et pourquoi ceux qui les désapprouvent et les punissent ont tort.
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Ne demandez pas "Pourquoi?" ; demandez "Comment?"
[...] En interviewant les gens, je me suis rendu compte que je déclenchais systématiquement chez eux une réaction de défense lorsque je leur demandais pourquoi ils faisaient telle ou telle chose. Quand je demandais à une personne pourquoi elle avait fait telle chose [...], elle avait l'impression que je lui demandais de se justifier, de trouver une raison vraiment valable pour expliquer l'action en question. Mes "Pourquoi?" recevaient systématiquement des réponses brèves, défensives et pugnaces [...].
A l'inverse, quand je leur demandais comment telle chose s'était produite [...], les personnes interrogées répondaient longuement, me racontaient des histoires pleines de détails intéressants, faisaient des récits qui mentionnaient non seulement les raisons pour lesquelles elles avaient fait telle ou telle chose, mais également les actions d'autres personnes ayant contribué au résultat auquel je m'intéressais [...].
[...] Mes "Comment?" donnaient plus de marge aux personnes interrogées ; [...] ils leur permettaient de répondre exactement comme elles voulaient [...]. Ils n'appelaient aucune "bonne réponse", n'avaient pas l'air de chercher à trouver le coupable de telle ou telle mauvaise action ou de tel ou tel résultat regrettable. Ils ne trahissaient qu'une sorte d'intérêt distant : "Tiens! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé en route pour que tu arrives si tard au travail?". Mes "Comment?" ne "téléphonaient" pas le type de réponse attendu (dans le cas du "Pourquoi?", une raison justifiée par une intention). En conséquence de quoi ils invitaient les gens à inclure dans leur réponse ce qu'ils estimaient être important pour l'histoire, que j'y eusse pensé de mon côté ou non. (p. 105-107)
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Considérez que ce que vous étudiez n'est pas le résultat de causes, mais le résultat d'une histoire, d'un récit, de quelque chose comme "d'abord ceci s'est produit, puis cela, puis cela encore, et c'est comme ça qu'on en est arrivé là". Cette approche nous fait comprendre l'apparition d'un phénomène en nous montrant les étapes du PROCESSUS qui l'ont engendré, plutôt qu'en nous montrant les conditions qui en ont rendu l'apparition nécessaire.
Mais on ne cherche pas à élaborer des histoires spécifiques du genre de celles que les romanciers et les historiens élaborent. On ne s'intéresse pas aux spécificités qui distingueraient notre histoire de toutes les autres. On cherche au contraire à élaborer des histoires typiques, des histoires qui fonctionnent à peu près de la même manière à chaque fois qu'elles se produisent. On ne cherche pas les effets invariants des causes, mais des histoires où toutes les étapes répondent à une logique, une logique qui peut parfois se révéler aussi implacable que la logique des causes. De ce point de vue, les événements ne sont causés par rien d'autre que l'histoire qui les a conduits à être ce qu'ils sont.
[...] Il ne s'agit pas ici d'une simple question de vocabulaire qui consisterait à substituer le terme de "processus" à celui de "cause". Cette approche implique véritablement une méthode de travail différente. Vous voulez comprendre comment un couple se sépare? Ne cherchez pas [...] les facteurs qui [...] différencient les couples qui se séparent de ceux qui restent ensemble. Intéressez-vous plutôt, comme Dianne Vaughan à l'histoire de la rupture, à toutes les étapes de ce processus, à la manière dont ces étapes sont liées entre elles, à la manière dont chacune crée les conditions propices ou nécessaires à la suivante - bref, essayez de fournir "la description en termes conceptuels des processus au cours desquels les événements se produisent". L'explication de la rupture réside en ce que le couple est passé par toutes ces étapes, non en ce que ses deux membres étaient tel ou tel type de personnes.
[...] On constate de manière empirique que des gens de toutes sortes passent par toutes ces étapes et qu'il ne semble pas exister de type particulier de personne susceptible de le faire, ni de situation spécifique qui pousserait les participants à le faire. [...] Ce processus [de séparation] est le même, que le couple soit marié ou non, hétéro ou homo, de classe populaire ou de classe moyenne [...].
Les histoires de processus n'ont pas de but prédéterminé. Elles peuvent avoir plusieurs fins possibles [...], dont certaines ne produisent pas le phénomène que nous voulions expliquer. Le couple, par exemple, peut finalement ne pas se séparer. A mesure que l'histoire se déroule, vous voyez apparaître tel ou tel facteur contextuel ou tel ou tel ensemble de circonstances qui rendent probable que l'histoire continuera à se dérouler sur un mode qui mène à la rupture. Mais cette issue n'est pas certaine. La seule chose certaine, c'est que les histoires qui aboutissent à une rupture empruntent toutes ce chemin. (p. 109-111)
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