Citations de Le Corbusier (31)
Si le soleil entre dans la maison, il est un peu dans votre cœur...
L'ARCHITECTURE est un fait d'art, un phénomène d'émotion, en dehors des questions de construction, au delà. La Construction, c'EST POUR FAIRE TENIR; l'Architecture, c'EST POUR ÉMOUVOIR. L'émotion architecturale, c'est quand l'œuvre sonne en vous au diapason d'un univers dont nous subissons, reconnaissons et admirons les lois. Quand certains rapports sont atteints, nous sommes appréhendés par l'œuvre. Architecture, c'est « rapports », c'est « pure création de l'esprit ».
Le sentiment déborde.
Le sentiment, c’est un impératif catégorique contre lequel rien ne tient. Le sentiment — sort ambigu de certains mots — est précisément ce qui ne se sent pas, ne se mesure pas. C’est inné, violent; ça pousse, ça agit. On pourrait l’appeler plus petitement l’intuition.
Mais l’intuition, au delà des strictes manifestations de l’instinct, peut se définir, pour nous rassurer, sur la base d’éléments raisonnables; on pourrait bien dire que l’intuition est la somme des connaissances acquises. (On pourrait dire aussi de l’instinct qu’il est la somme séculaire des connaissances acquises.)
Nous voici les pieds par terre et dans un milieu où nous pouvons nous conduire et diriger nos actes.
Si l’intuition est la somme des connaissances acquises (elles peuvent remonter haut, atavisme, legs séculaire, etc.), le sentiment est donc une émanation des acquis enregistrés. Le sentiment a des raisons à la base; il est un fait raisonnable, il est, en somme, ce que l’on mérite : à chaque labeur son salaire.
On ne vole pas un sentiment.
Évidemment, la petite maison ("ma maison", mon chez-moi"), flanquée de son jardin à fruits et légumes et son arbre fraternel, occupe le coeur et le cerveau des foules, permettant aux hommes d'affaires de réaliser des bénéfices substantiels en lotissant des terrains, en fabriquant des portes et des fenêtres, en construisant des routes équipées de canalisations, des tramways, des autobus, des métros, des automobiles, des vélos, des motocyclettes nécessaires à la réalisation du rêve virgilien.
La petite maison écrase la maîtresse de maison sous les charges domestiques, écrase les finances des municipalités sous les charges d'entretien. Il reste toutefois au crédit de la maison familiale la notion valable et même sacrée de l'unité de la famille cherchant à se replonger dans "les conditions de la nature".
Ces conditions de la nature sont inscrites sur l'une des Tables de la Loi de l'urbanisme contemporain, dont les trois matériaux sont l'air pur, le soleil et la verdure.
Introduction - 1946
Encasernement et inhumanité caractérisent nos médiocres boîtes à loyer mal insonorisées; la rue à leur pied, son chahut et sa terreur mécanique mortelle ennemie des enfants. Beaucoup de gens pensent compenser l'usure nerveuse et les mille désagréments de la ville en habitant de petites maisons en périphérie. Ce besoin d'évasion est légitime: le refus des conditions actuelles de nos villes est à l'origine même d'une doctrine que partagent tous les grands architectes actuels. Mais comment cette évasion se traduit-elle dans les faits? Par la prolifération (pseudo-évasion!) anarchique des petites villes rongeant la nature et dégradant les belles communes rurales, par les frais vertigineux (transports publics, réseau routier compliqué, canalisations, P.T.T., etc.) qu'entraîne pour l'Etat le gonflement malsain de nos villes. Ce gigantesque gaspillage - la désorganisation du phénomène urbain - constitue l'une des charges les plus écrasantes de la société moderne. 50% du fruit du travail général est prélevé par l'Etat pour payer ce gaspillage. Une occupation rationnelle d'un territoire permettrait à sa population de travailler deux fois moins.
Introduction - 1946
Reconnaître l'existence d'une civilisation du travail et vouloir lui conférer les signes les plus hauts de la qualif: cation, c'est tracer une voie nouvelle capable d'apporter dans le tracé et la réalisation des établissements humains, le rituel, le sacré, le fraternel loyal et constructeur, tous éléments d'une méthode profondément fondée non pas sur le matérialisme seul, mais avant tout sur la primauté dans l'harmonie et l'équilibre, de la trilogie : homme-nature-cosmos.
L'homme n'éprouve pas nécessairement, à tout moment de sa vie, le désir d'être arraché à l'étreinte d'étroites vallées et soulevé vers des horizons nouveaux. La lecture est, en cela, assez semblable au voyage et il n'est pas inutile, au seuil d'un ouvrage, de chercher à faire naître chez le lecteur l'état d'âme qui convient.
27 janvier 1945. Déclaration à la Préfecture de Police. ASCORAL
(Assemblée de Constructeurs pour une Rénovation Architecturale.)
But : étude de l'aménagement, de l'occupation du sol par le domaine bâti et ses prolongements, circulation et espaces libres ; établissement d'une doctrine de cette occupation diffusion de cette doctrine dans l'opinion.
Depuis 1920, j'avais considéré le logis comme étant le temple de la famille - temple de l'homme, qui, parfois, a servi à construire le logis des dieux, et j'avais jugé qu'on pouvait consacré è ce "temple des hommes" le plus pur de son talent - son cœur et son esprit.
Mesurant que les logis étaient souvent des taudis de riches, mais surtout qu'ils étaient, en nombre effroyable, des taudis de pauvres, j'ai recherché les méthodes par lesquelles les pauvres et toute la masse des honnêtes gens pourraient, un jour, vivre dans les logis amicaux. Et j'ai inventé la "Ville Radieuse".
Comment enrichir ses puissances de création ? Non pas en s'abonnant à des revues d'architecture, mais en partant en découvertes dans le domaine insondable des richesses de la nature. Là est vraiment la leçon d'architecture La grâce d'abord ! Oui, cette souplesse, cette exactitude, cette indiscutable réalité des combinaisons des engendrements harmonieux dont la nature offre le spectacle en chaque chose.
Depuis 30 ans déjà, des efforts toujours renouvelés se font sentir (dans la peinture, la poésie, l'architecture, etc.) tendant à faire valoir le sentiment et à ratrapper ce que le siècle dernier avait laissé échapper. Nous approchons du moment où le réalité "extérieur" sera atteinte et comprise par le sentiment.
Le Musée de Lyon répétant le geste du Musée National d'Art Moderne de Paris, 1953, a consacré la saison d'été à une exposition de mon œuvre sous le titre "Le Corbusier", sans autre désignation, tout comme il avait organisé les année précédentes L'Exposition Picasso, l'Exposition Léger, l'Exposition Renoir, l'Exposition Bonnard, l'Exposition Courbet. C'étaient des expositions de peinture. Ici, la manifestation portait aussi bien sur l'architecture et l'urbanisme que sur la peinture et même la sculpture, et l'ensemble ne pouvait exister que sous un commun dénominateur : l'événement plastique et plus encore : l'événement poétique.
L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière.
Les villes heureuses ont de l’architecture. [...] Nos maisons font des rues et les rues font des villes et les villes, c’est un individu qui prend une âme, qui sent, qui souffre et qui admire.
L'architecture, c'est une tournure d'esprit et non un métier.
La poésie qui est, en fin de compte, la nourriture essentielle des peuples, celle qui donne l'endurance, maintient le courage, entretient la foi.
LE CORBUSIER / Vers une architecture (1923) / Champs Flammarion 1995
« Les ingénieurs font de l’architecture, car ils emploient le calcul issu des lois de la nature, et leurs oeuvres
nous font sentir l’HARMONIE. Il y a donc une esthétique de l’ingénieur, puisqu’il faut, en calculant,
qualifier certains termes de l’équation, et c’est le goût qui intervient. Or, lorsqu’on manie le calcul, on est
dans un état d’esprit pur et, dans cet état d’esprit le goût prend des chemins sûrs. »
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Si le soleil entre dans la maison, il est un peu dans votre cœur
Le Corbusier
Si le soleil entre dans la maison, il est un peu dans votre coeur.