Sara Agnès L.

— Oh Seigneur ! répéta-t-elle en laissant son dos prendre appui contre le carrelage, une main sur sa tête.Il sourit devant ces mots, eut envie de se moquer d’elle et de lui dire que l’heure était loin d’être à la prière, mais porta attention à sa tâche. Plus il la ferait jouir, plus elle accepterait de devenir sienne pour les semaines à venir. Autant il avait craint d’engager une femme inexpérimentée, autant l’idée d’en faire une maîtresse à sa mesure l’inspirait. Il plongea dans cette chair tendre, écarta une cuisse pour la dévorer avec force, se plaisant à générer de petits cris de surprise et d’encouragements dans la douche.

On apprend. Puis quand un guide considère qu’on est prêt, on nous suggère de prendre une soumise. On acquiert de l’expérience, on va plus loin, on se sent plus en confiance…

On ne peut pas dire qu’un repas un peu plus épicé que les autres n’est pas un bon repas.

Après tout, la relation entre un éditeur et son auteur doit être basée sur la confiance mutuelle.

Je refermai la bouche et ressentis un drôle de pincement au cœur. Était-ce de la jalousie que je sentais poindre à l’encontre de Nico ? Après tout, j’avais un avenir, moi aussi. Et pourtant, cette maison, ce domaine, et une femme juste à moi… pourquoi est-ce que cette image me semblait si douce, ce soir ?

L'Or et la Nuit de Sara Agnès L.
Elle croisa les bras sur sa poitrine que la robe mettait fort en évidence :

— Il n’a jamais été question de coucher ensemble !

— Pourquoi pas ? Je vous plais et je suis un bon amant !

Elle roula les yeux au ciel :

— Pfft ! Si j’avais couché avec tous les hommes qui m’ont dit ça… je serais une vraie garce !

— Un seul suffit pour ça, dit-il avec un sourire étincelant.

— Vous, bien sûr !

— Exact ! À moi seul, j’en vaux plusieurs.

D’accord, je ne suis pas un type romantique, pas besoin de me faire un dessin ! Mais si c’est des couchers de soleil que tu veux, y’a qu’à demander ! Il se couche tous les soirs, tu sais ?

- Aimeriez vous que je vous détende, ma reine ?
Ma voix s'étouffa, mais mes cuisses s'entrouvrirent doucement. Sa main continua à glisser vers mon sexe détrempé, et je fermai les yeux pour m'abandonner à cette délivrance lorsqu'il chuchota :
- Vous devez me l'ordonner.

Je m’attends à ce qu’il me repousse ou s’esquive, mais il me fixe d’un air troublé. Un air que je reconnais : celui d’un homme excité. Enfin ! Mes doigts s’échappent de sa main et je m’attaque à sa fermeture Éclair quand il gronde :

– Non.

– L’avantage de coucher avec toi, c’est que tu ne pourras pas t’en vanter, argué-je.

Soudain, il me repousse et referme son pantalon. Merde ! Dire que j’étais si près du but !

– Il vaut mieux que tu ailles te coucher.

– Sans ma note ? réponds-je, à la fois déçue et énervée.

– Arrête avec ça ! Quelle importance, ce que je pense de toi ?

– Ça compte, figure-toi ! Mais si l’offre ne t’intéresse pas, tant pis. Je sais où aller pour obtenir une évaluation complète de mes talents… Steven Marcoux, c’est ça ?

- Mais ça n'a rien à voir! s'emporte t-il, pas du tout rassuré. La première fois, c'est.....ça compte! Enfin...pour les filles! Bon sang, Claire, après ce qui s'est produit, je n'aurais jamais cru que... comment voulait- tu que je me doute de ça?

- Hé, t'as fini de flipper? m'énervé-je. Je suis vierge, pas lépreuse! Un coup de queue et je le serai plus! On y passe toutes, non?

Comment pouvait-il lui dire qu’il était loin d’avoir eu son compte avec elle ! Il ne l’avait ni goûtée, ni même vue complètement nue ! Il fut contrarié de sentir la voiture ralentir et de s’arrêter devant son propre immeuble, angoissant à l’idée qu’elle refuse de le suivre à l’intérieur. C’est pourquoi il reprit, avec un débit rapide 
:— Écoute, je sais que ce n’était pas la baise du siècle et que j’aurais dû attendre qu’on soit arrivés chez moi avant de me jeter sur toi, mais j’ai perdu la tête. Je peux t’assurer que ce sera beaucoup mieux, cette nuit.

Elle était dans une sorte de transe, sur le point de défaillir, lâchant un cri rauque chaque fois qu’il s’enfonçait en elle. Quand l’orgasme la saisit, elle se redressa, raide entre ses bras et le bruit qui quitta ses lèvres fut si intense qu’il en fut le premier étonné. Il la dévisagea, heureux, mais elle ne le voyait plus. Enfin, elle relâcha le siège derrière lui et noua ses bras autour de son cou avant de s’écrouler, à bout de souffle, contre lui.

D’ordinaire, elle détestait lorsqu’un homme la courtisait uniquement pour la ramener dans son lit, mais avec lui, les choses étaient claires. Pas de faux-semblant, pas de mise en scène. Juste la vérité crue.

Et cela l’excitait terriblement.

-Trois secondes, Mia. C'est le temps que cela a pris avant que je sois obnubilé par toi. 

-Mais... je n'ai rien fait, bafouillé-je. 

-Je sais, répond-il tristement. C'est à peine si tu m'as remarqué, d'ailleurs, j'étais invisible à tes yeux. Et même quand tu as disparue, tu as continué à m'obséder. 

Je le fixe, fouillant ma mémoire à la recherche du souvenir qu'il évoque. Nous nous sommes croisés. Pourquoi cela ne me dit rien ? 

-Vous êtes client au café où je travaille ? demandé-je. 

-Je n'étais qu'une ombre autour de toi, élude-t-il. Je cherchais en vain ta lumière. Chaque fois que tu posais les yeux sur moi, j'espérais ressentir un peu de ta chaleur. Et puis... j'ai compris qu'il me fallait venir la puiser à la source. 

Qu’elle idée ! Et je ne fricotais pas avec Charlotte. J’essayais juste d’être hétéro. J’espérais quand couchant avec elle…
Sa bouche forme une autre grimace et il ricane avant de conclure.
Qu’elle perte de temps ! Comme si je pouvais être hétéro sur commande. Je suis gay, comme tu es mulâtre ! Ce n’est pas comme si on y pouvait quelque chose !

Je suis venu pour comprendre Claire et je dois avouer que toutes mes réserves disparaissent dès qu’elle se serre contre moi. C’est trop bizarre de tenir cette fille entre mes bras. La sœur de Will. Celle qui nous suivait tout le temps quand on partait crapahuter dans le champ, derrière chez ses parents. Elle n’était pas aussi rapide que nous et s’offusquait dès qu’on ne voulait plus jouer avec elle. Claire, c’est aussi celle qui m’observait par-dessus ses livres, en pensant que je ne la remarquais pas. Une gamine… et maintenant une femme. Enfin… presque. Je suis anxieux, mais bien conscient de ce que je m’apprête à faire, d’autant plus lorsque je cherche sa bouche avec la mienne. Elle me fixe pendant que ses doigts cherchent à remonter mon T-shirt, comme pour s’assurer que je ne vais pas changer d’avis. Mais qui est cette fille, vierge, qui a autant d’audace ? Je lève les bras comme un gamin pour qu’elle puisse me retirer mon chandail et je ne la quitte pas des yeux. C’est comme si j’avais une autre Claire devant moi.

Je passe mon temps à regarder du côté des gradins pendant que nous courons autour du terrain extérieur pour nous échauffer. Impossible de ne pas remarquer Claire, dans son T-shirt moulant rouge, assise à côté de sa copine Josée. Je ne suis pas le seul à l’avoir repérée. Marcoux s’est même permis de jeter un : « Oh ! t’as vu qui est là, Will ? Ta sœur ! Et c’est la prochaine fille que je vais me faire ! » J’ai failli me jeter sur lui pour lui arracher ses bijoux de famille. En plus, William l’a toisé du regard sans se prendre la tête. Est-ce parce qu’il considère que sa sœur n’est pas assez bête pour coucher avec cet imbécile ? S’il savait qu’elle a couché avec moi, serait-il aussi confiant ? Rien que l’idée que Claire couche avec un autre gars, ça me rend fou. Mais c’est moi qui n’arrête pas de lui rabâcher que nous ne sommes pas en couple, après tout !

- C'est là où je t'envie. Moi je pense souvent à la tuile qui va forcément me tomber dessus. Tu comprends, je n'ai pas eu beaucoup de chance, avant, alors...

Que je l'envie de ne songer à rien, sauf à tout ce bonheur que nous vivons ! Pourquoi ai-je toujours eu peur que tout me glisse entre les doigts à chaque instant ?

Les yeux planqués autre part, perdu dans mes pensées puériles, je reporte mon attention vers elle et ne tarde pas à comprendre que ses yeux sont rivés sur ce qui se passe dans mon pantalon. Quand elle remonte son regard vers moi, elle affiche une drôle de moue.
— Je ne pensais pas que vous parliez sérieusement pour la pipe
.— Je… c’est la fatigue. Et l’alcool. Et…
Elle me fait pivoter, puis me pousse jusqu’à ce que je tombe assis sur le canapé. Elle respire fort. En tous les cas, c’est la première fois que le bruit de sa respiration couvre l’imbécilité qui joue à la télévision.

— Ce n’est rien. Je suis là. Je m’occupe de tout, dit-elle en glissant ses mains de chaque côté de mes cuisses.

Je comprends un peu tardivement qu’elle tente de faire descendre mon bas de pantalon en tirant sur le vêtement. Je retrouve mes esprits et la jauge avec inquiétude :

— Qu’est-ce que… ?

— Chut. Fermez les yeux. Vous avez besoin de vous détendre.

Mon corps s’exécute, mais même en ayant les yeux fermés, je ne peux pas m’empêcher de parler comme un idiot :

— Je ne pense pas que… je ne peux pas…

Je sursaute et me tais quand des doigts s’enroulent autour de ma queue. Ce n’est pas l’érection du siècle, évidemment, mais la chaleur qui l’enveloppe lui redonne un peu plus de vigueur. Je laisse ma tête retomber vers l’arrière. Bon Dieu ! Je suis saoul ou alors je rêve, forcément ! Cette fille ne peut pas vraiment être là, à me toucher de la sorte !

Quand ma bouche s’ouvre, j’expire comme si j’avais retenu ma respiration pendant des heures. Cette fille me masturbe lentement. Plus lentement que je ne l’aurais fait moi-même, mais je m’en fous. Pendant qu’elle me branle, je ne pense à rien. Je n’ai même pas envie de boire.