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Critiques de Seth (39)
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La vie est belle malgré tout

C'est le premier bouquin de Seth, que j'ai lu dans sa première édition française lors de sa sortie.

Le graphisme m'a bien accroché, beaucoup moins le récit!

J'y ais reniflé cette naphtaline de ceux qui ne regardent qu'en arrière avec un regard assez méprisant sur leur entourage.

La recherche sur Kalo, qui occupe le narrateur, m'a semblé le thème le plus captivant du livre: Cette obsession pour un dessinateur aux gags même pas drôles (ou à peine), comme une façon de combler une existence pénible et vide; cette sorte d'enquête avec des pistes minces et des traces rares m'a fasciné.

C'est aussi ce qui vaut, à mes yeux, la quatrième étoile.
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La vie est belle malgré tout

J’aime beaucoup la B.D indépendante américaine, notamment toute cette mouvance qui œuvre dans la B.D autobiographique comme Chester Brown ou Joe Matt. Ce que j’aime chez ces auteurs c’est leur capacité à toucher à une forme d’universalité à travers des récits très autocentrés. Seth est une figure de ce courant de B.D mais je ne l’avais pas encore lu. C’est chose faite avec « la vie est belle malgré tout ».

Dans ce récit, Seth évoque son obsession envers kalo, obscur dessinateur du New Yorker, qu’il a découvert par hasard et dont il veut tout savoir. On suit donc le quotidien de Seth : déprime, problèmes de cœur, relations familiales, discussions avec son ami Chester Brown, problèmes de santé de son chat… Le tout rythmé par ses recherches sur Kalo.

Résumé comme cela, ça ne donne pas vraiment envie. Et pourtant…

Oui, c’est une B.D très égocentrée, un brin nombriliste. Oui, il ne se passe finalement pas grand-chose. Malgré tout, Seth parvient à rendre ces non-aventures vraiment prenantes, passionnantes. Il faut dire que je suis très sensible à ce ton nostalgique et mélancolique qui traverse la B.D. Et puis, ce que j’ai apprécié c’est que, comme Joe Matt et Chester Brown, il ne cherche pas à se donner le beau rôle. Il se montre avec une belle vérité, tel qu’il est. Cette sincérité, presque crue, est touchante. D’ailleurs, cette obsession qu’il nourrit envers un dessinateur qui a eu une très brève carrière ne traduit-elle pas la propre peur de Seth face à sa propre carrière ?

J’ai aussi aimé le dessin qui fait la part belle à la ligne claire. C’est simple et élégant. Tout comme les cadrages et le choix de cette ambiance bleutée qui donne aux images une tonalité particulière, en renforce l’impact émotionnel.



Bref, « la vie est belle malgré tout » a été pour moi une jolie découverte. J’ai bien envie de lire d’autres B.D de Seth.



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La vie est belle malgré tout

Les pérégrinations d’un fan des illustrations humoristiques des années 50 à travers l’Amérique du Nord.

Un jeune graphiste canadien s’intéresse aux illustrateurs du New Yorker, il découvre un talent oublié, Kalo, un artiste réel presque inconnu, qui a très peu publié, il décide de mener son enquête, elle va le mener au Canada, assez proche de sa région d’origine.

C’est un récit lent et lourdement nostalgique. Le graphisme aussi joue de cette nostalgie, très inspiré par les dessins de presse des années 50, en bichromie, le trait souple et épuré. Mais ce regard toujours tourné en arrière pèse sur l'épanouissement de l’auteur comme une carapace pour ne pas avoir à affronter le monde, une fuite pour ne pas s’engager, pour ne pas se tourner vers l’avenir. Le sujet, c’est les obsessions, les maniaqueries qu’on s’impose pour se voiler la face, L’auteur nous fait découvrir Kalo, mais reste en rade de sa propre vie, collectionneur par lâcheté, idéalisant le passé pour ne pas voir l’avenir.

Le rythme est lent, il ne semble pas se passer grand chose, et pourtant cette lecture provoque un léger frisson, un peu glaçant et triste, la nostalgie submerge Seth, et la vague nous emporte aussi.
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Clyde fans - Intégrale

J'avais été attirée par le format (cartonnée), dans un étui travaillé et par les dessins mais le parcours familial des frères Matchard ne m'a pas beaucoup intéressé. Le jeu d'observation entre les divers objets, paysages, personnes est stimulant à suivre mais n'apporte pas grand chose à l'histoire. On est dans un immeuble de Toronto qui abrite l'entreprise Clyde Fans initiée par le père Matchard. J'ai eu du mal aussi à être prise par l'intérêt commercial de l'entreprise de vente de ventilateurs, même si certains côtés sont intéressants à savoir.... Encore dommage, à relire avec un autre titre.
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Bienvenue à Mariposa

1912. Stephen Leacock narre la vie quotidienne d’une ville fictive de l’Ontario à travers quelques-uns de ses habitants. De chapitre en chapitre, le lecteur part à la rencontre de l’hôtelier roublard Mr Smith, du barbier boursicoteur Jefferson Thorpe, du révérend Drone, incapable de faire face à la dette engendrée par la construction d’une nouvelle église, ou encore de Peter Pupkin, guichetier de la banque de Mariposa dont la romance avec Zena, fille du juge Pepperleigh, alimenta bien des chroniques. Mais Leacock nous raconte aussi un naufrage qui aurait pu être tragique, un hold-up qui n’en était pas vraiment un et des élections locales mémorables.





Le propos est léger, un poil sarcastique tout en restant pétri de bienveillance. Dans la postface, l’illustrateur Seth résume parfaitement l’esprit de cet ouvrage devenu un grand classique populaire de la littérature canadienne anglophone : « Ces textes ne sont pas purement comiques, ni franchement satiriques. Pas juste méchants non plus : il y a trop d’amour dedans pour cela, et cependant pas assez pour être vraiment compassionnels. Leacock aime bien les gens de Mariposa, mais cela ne l’empêche pas de les regarder de haut. Il ne se gêne pas pour pointer leurs défauts. »





L’auteur se moque gentiment des petites villes de Province mais on le sent aussi sous le charme de cette vie simple. Souvent proche de l’absurde, il fait d’événements banals une odyssée et joue de quiproquos pour déclencher le sourire. Ses autochtones sont tantôt pragmatiques, tantôt rêveurs, ils retournent leur veste à la moindre occasion, disent tout et son contraire lorsqu’il est question de politique, mais ils savent aussi se montrer solidaires et très impliqués dans la vie de leur communauté.





Une lecture vraiment agréable, qui coule toute seule. J’ai beaucoup aimé me promener dans les rues de Mariposa. Et que dire de l’ouvrage lui-même, superbe objet-livre à la jaquette dorée, à l’épais cartonnage et au texte richement illustré. Une édition de prestige particulièrement soignée.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La vie est belle malgré tout

J'avoue avoir eu du mal à aller jusqu'au bout de cette lecture…

J'aime pourtant les personnages de héros monomaniaque, collectionneur, décalé mais je pense que le thème (les dessins de presse de bande dessinée des années 1920 à 1970) est trop pointu pour que j'adhère plus.

Seth, homme célibataire, misanthrope, dépressif, se met sur la piste d'un mystérieux dessinateur, Kalo, dont il va suivre la trace dans divers lieux, réfléchissant à sa propre vie et sa propre carrière de dessinateur, épaulé par son meilleur ami, Chet.

Je crois surtout que je n'ai pas compris ce qu'il cherchait dans cette quête.
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La vie est belle malgré tout

« La vie est belle malgré tout disait la mère de Seth à son fils.



C’est le titre de cette autobiographie désabusée, par un auteur nostalgique que la modernité désespère. Ayant découvert un dessinateur des années 1950 dont le trait ressemble étrangement au sien, Seth part à sa recherche et ne découvre que 11 dessins de Kalo… » (présentation officielle).



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La première édition de cet album remonte à janvier 1998. Publié dans la Collection Tohu Bohu des Humanoïdes Associés, l’album est certes absent de leur catalogue en ligne mais la couverture ne trompe pas, comme vous pouvez en juger. Onze ans plus tard, Delcourt rachète les droits et réédite cet ouvrage, nous gratifiant au passage d’une couverture plus stylée, plus « parlante » bref… l’exacte réplique de la version originale intitulée It’s a Good Life if you don’t weaken.



Les propos se concentrent habilement sur un récit autobiographique. Cependant, le quotidien de Seth n’est pas l’unique sujet de cet album. Il nous propose également de l’accompagner dans la recherche qu’il a menée pour retrouver un ancien dessinateur du New Yorker : Jack Kalloway alias Kalo. A partir de là, le scénario se nourrit d’anecdotes du quotidien, de visites chez sa mère, des découvertes issues de sa recherche documentaire, du rapport à la création artistique… On se dégage donc assez facilement de l’aspect autobiographique même si de nombreux passages muets nous renvoient à la solitude du narrateur. On s’oriente, il me semble, vers les éléments qui conduisent à la construction d’un univers d’auteur : le désir de l’artiste de transmettre sa propre vision d’un sujet et l’influence que d’autres auteurs ont eu sur lui (et devenus pour cet artiste ce que l’on pourrait appeler des « modèles culturels »). Seth pioche dans un répertoire assez large de références qui couvre aussi bien ses lectures d’enfants que le travail réalisé par ses contemporains.



Quant au trait, il est sobre et emploie les détails décoratifs à bon escient. La mise en page dispose de peu de variations ; d’une planche à l’autre, et sauf rares exceptions, on retrouve un agencement de la page en trois bandes d’une à trois cases chacune. Quant aux cases, c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai apprécié la disposition des détails, des personnages…



Cet univers graphique est à même de nous faire ressentir l’ambiguïté du narrateur. Ce dernier est assez routinier voire casanier. Il ne cherche pas le contact ou rarement. Il m’a semblé insouciant tant il se laisse accaparer par sa recherche sur Kalo. Puis, sans aucune brusquerie dans son trait ou dans ses propos, Seth parvient à développer des passages plus rythmés où son personnage quitte assez facilement sa routine de célibataire. Une rencontre amoureuse, un voyage… l’auteur semble à l’aise dans chaque situation (ce qui m’a étonné). Le bleu dominant de l’album sert finalement de ligne conductrice et crée une atmosphère de quiétude générale malgré ces ces deux manières de vivre assez opposées.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Wimbledon Green : Le plus grand collectionn..

Si l’idée de base est assez bonne – les mésaventures d’un collectionneur extrême de comics- et la présentation de l’ouvrage sympathique – un petit format toilé très agréable- Wimbledon Green est loin d’être aussi réussi que ce que l’intelligentsia veut le laisser croire. Je m’explique : ayant lu de çi de là que l’œuvre de Seth était incontournable ou presque, que le bonhomme mariait à merveille fond et forme tout en maniant un certain humour, je me suis penché sur ses bouquins. La Confrérie étant l’un des moins bien « noté » de çi de là, je me suis rabattu sur ce Wimbledon Green, bien plus plébiscité. Epuisé depuis un bail en VF il est toujours trouvable dans sa langue d’origine. On y suit, sous la forme de récits courts (l’ensemble est une compil si l’on se fie à la note de couv’), témoignages de vendeurs de comics shop, de comparses collectionneurs, la « légende » de ce gros bonhomme atypique qui a passé le plus clair de son temps a composer une collection mythique. Certes on sourit à quelques gags et autres situations, et certaines histoires respirent le vécu par tous les pores. Après, entre des choix de narration pas toujours accrocheur (la répétition de cases à peine modifiées, avec des visages de protagonistes) et un phénomène de répétition sur le long terme, Wimbledon Green ne m’a pas plus emballé que a et n’est, à mon humble avis, pas un chef d’œuvre du genre.
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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La vie est belle malgré tout

Seth est un dessinateur à la ligne claire qui ne veut pas entendre parler de modernité, car ça l'angoisse. Il a pour habitude de produire des livres d'un autre temps. Logique. Et "La vie est belle malgré tout" ne déroge pas à cette règle : il s'agit en effet d'un roman graphique d'un charme suranné dont le thème rejoint un des passions de l'auteur : le dessin de presse et les cartoons. Parallèlement, dans cet album, Seth se décrit comme un homme placé dans une grande nostalgie. Il consacre aussi des pages à ses difficultés relationnelles. Le tout est suffisamment juste et raffiné pour ne pas sombrer dans le narcissisme outrancier. On en redemande tant l'auteur use de finesse et d'élégance pour se raconter et raconter son enquête compulsive. Une merveille.
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Bienvenue à Mariposa

Stephen Leacock est un des types les plus marrants que je connaisse

Groucho Marx

In le Monde des Livres - Vendredi 14 novembre 2014 -
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Bienvenue à Mariposa

Le récit tient un peu du livre à sketches, avec les aventures successives d’une série d’habitants ; au bout de 200 pages, on a l’impression d’être soi-même un résident de Mariposa, prêt à pousser la porte d’un commerce de la grande rue, si caractéristique et si anachronique à la fois ; Leacock raconte un monde pré-industriel, pas vraiment sorti de la ruralité du XIXe siècle [...].
Lien : http://www.chronicart.com/li..
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La vie est belle malgré tout

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, et indépendante de toute autre, initialement parue en 1996.



Seth est un auteur de bandes dessinées qui a une vingtaine d'années alors que le récit commence. Il s'adresse au lecteur par le biais de sa voix intérieure indiquant que sa vie baigne dans son amour pour les comic strips et les dessins humoristiques. En ce jour de 1986, il profite d'un séjour chez sa mère pour rechercher des compilations de comic strips dans les librairies de London (en Ontario). Après ce bref séjour, il rentre à Toronto. Il se promène dans un arboretum où il papote avec Chester Brown, son meilleur ami, lui aussi auteur de comics (par exemple Le petit homme). Il évoque sa façon de voir les gens, sa rupture avec sa dernière copine. Arrivé chez lui, il montre à Chester ses dernières trouvailles en matière de dessins humoristiques, en particulier ceux publiés dans le New Yorker (The complete cartoons of the New Yorker). Il a été particulièrement touché par un dessin d'un artiste ayant signé Kalo. Par la suite il croise une jeune femme prénommée Ruthie, avec laquelle il noue une relation, il rencontre à plusieurs reprises Chester Brown, il emmène son chat chez le vétérinaire pour une infection des gencives. Et il se met à la recherche de ce mystérieux Kalo au style si séduisant.



Seth (de son vrai nom Gregory Gallant) est un auteur canadien rare, au style très personnel. À ce jour (2013), il a réalisé 5 bandes dessinées : (1) La vie est belle malgré tout publié en 1996 dans les numéros 4 à 9 de son magazine "Palookaville", (2) Le commis voyageur initialement publié en 2 tomes sortis en 2000 et 2003, (3) Wimbledon Green : le plus grand collectionneur de comics du monde en 2005, (4) George Sprott (1894-1975) en 2009, et (5) La Confrérie des cartoonists du grand nord en 2011.



Dans ce récit, il se met en scène dans le cadre d'une autofiction. Il est visible que le personnage Seth partage beaucoup de points communs avec l'auteur Seth, mais cette quête de Kalo est fictive. Seth dessine dans un style très épuré pouvant parfois évoquer celui d'Hergé ou des nombreux cartoonistes qu'il évoque en fin de volume (Charles Addams, Dan DeCarlo, Ernie Bushmilller, Charles Schultz...). L'ouvrage est dessiné en noir et blanc, avec une seule couleur vert sauge appliquée pour faire ressortir quelques formes dans chaque case. Dans sa version originale (en VO), il est imprimé sur du papier jauni pour accentuer l'effet suranné et nostalgique. Seth s'applique à dessiner des personnages aux morphologies et aux visages tous différents et distincts, avec cette simplification des traits qui en fait des personnages de bandes dessinées, déjà assez éloignés visuellement de leur contrepartie réelle, plus proche d'un assemblage de traits que d'une ressemblance photographique. Ce parti pris volontairement détaché de la réalité se retrouve également dans la représentation des bâtiments divers et variés.



Seth accorde une grande place à la contemplation des constructions immobilières et des maisons. À plusieurs reprises, le lecteur se retrouve face à une maison dans la campagne canadienne, ou des maisons à 1 ou 2 étages dans la banlieue de Toronto, ou l'horizon délimité par le somment des immeubles. Seth est un individu qui se déplace souvent en marchant et le lecteur peut apprécier un parc sous la neige, les gens marchant sur le trottoir, un feu d'artifice. Les bâtiments présentent la même distanciation d'avec une représentation réaliste ; ils ont cette même qualité un peu factice. Au fur et à mesure, Seth expérimente avec sa façon de raconter. Au début de la cinquième partie, il y a 5 pages consécutives dépourvues de tout texte qui montrent le passage des saisons. D'un coté, il utilise le dispositif très classique d'insérer de la neige, ou un soleil de plomb pour signifier la saison, de l'autre il juxtapose des images traduisant le mouvement de son regard, le papillonnement de son attention. Il s'agit d'une technique très courante dans les mangas qui permet à l'auteur de figurer la sensation éprouvée par le personnage, ou son état d'esprit. Intégrée dans une narration plus occidentale, l'effet est tout aussi saisissant.



Sous des apparences visuelles simples et évidentes, Seth fait déjà preuve d'une solide maîtrise des techniques de la bande dessinée, et les utilise pour faire ressentir au lecteur, ses états d'âmes, ses états d'esprit, sa légère mélancolie. Pour autant, il ne s'agit pas d'un récit passéiste ou pessimiste. Seth expose sa passion pour les comic-strips avec délicatesse. Il reconnaît son goût pour les années 1930 et 1940 (pas très loin d'un "c'était mieux avant", mais pas tout à fait), son goût pour les objets manufacturés avec soin (par opposition à industrialisés avec économie de moyens), sa capacité à se sentir ému par ses souvenirs d'enfance. Seth se révèle être un individu très agréable à côtoyer, à découvrir petit à petit au fil de ses discussions avec Chester Brown ou Ruthie, de son monologue intérieur sur sa peur du changement, son habitude de faire des listes, etc.



Cette forme de confession se combine avec ce qui constitue la dynamique ou le fil conducteur du récit : la recherche de ce dessinateur remarquable ayant eu une courte carrière. À un premier niveau, cette lente recherche de cet artiste fournit la trame principale et transforme un journal intime en un roman avec une intrigue. Mais Seth s'attache plus à évoquer les traces de la carrière de cet artiste fictif, qu'à décrire ses qualités d'artiste. Petit à petit, le lecteur finit par se dire que cette évocation ressemble fort à une projection de ce que pourrait être le devenir de Seth lui-même : un auteur connaissant une forme de gloire limitée, puis sombrant dans l'oubli. Sous cet angle, ce récit prend une dimension étonnante : Seth évoque ses impressions d'enfance (son passé), il évolue dans le présent, et il contemple ce qui pourrait être sa trajectoire d'artiste. Avec ce point de vue, "It's a good life if you don't weaken" n'est plus une autofiction douce et intime, mais un regard sur une vie en devenir, comme si le moment présent contenait déjà tout les moments futurs. Cette impression est encore renforcée alors que l'histoire s'achève dans une maison de repos pour personnes âgées.



Dans cette histoire, Seth se met en scène dans une autofiction tenant à la fois du journal intime, de son approche de la vie et de sa propre individualité, mais aussi d'une possible structure prédéterminée de son avenir.
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La vie est belle malgré tout

Je sais que la vie est belle malgré tout. C’est le plus beau de tous les cadeaux. Bon, cela dépend pour qui aussi. Je n’aurais pas aimé être un esclave sur des galères à l’époque romaine. Au-delà de ce titre plein d’espoir, il y a la vie d’un auteur fan d’un certain type de comics et d’un certain vieux dessinateur.



Je vais dire la vérité et rien que la vérité : je me suis fermement ennuyé. Je m’intéresse pourtant à la vie des gens mais cela dépend lesquels et ce qu’ils ont à nous raconter. En l’occurrence, j’avoue aisément ne pas avoir été passionné.



Ce comics devait certainement avoir sa côte avant le début des années 2000. Depuis, il y a eu pléthore de comics autobiographique qui ont marqué des points. Bref, il apparaît comme totalement dépassé. Le titre est certes attirant mais pas le reste.
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Le Commis voyageur, tome 1

Ce tome contient les 2 parties du livre 1 intitulé "Clyde fans". À terme, un tome 2 devrait voir le jour.



Livre un, première partie (initialement paru en 2000) - Cette partie se déroule en 1997, et elle commence par un lent lever de soleil (pendant 3 pages) éclairant au fur et à mesure les façades d'un quartier de la ville de Toronto. À la quatrième page, le lecteur assiste au lever d'un vieil homme (né en 1916, soit 81 ans). Il s'agit d'Abraham Matchcard (surnommé Abe) et il se met à parler à haute voix : un soliloque ininterrompu s'étalant pendant toute cette partie. Les images de cette bande dessinée permettent de suivre ses gestes quotidiens pendant toute la matinée. Il se lève, s'habille, nettoie son dentier, met son dentier, descend au rez-de-chaussée, se fait cuire un œuf, beurre une tartine, prend son café, prend le temps de se reposer un peu dans son fauteuil au salon, descend au sous-sol, se rend dans ce qui était autrefois le magasin "Clyde Fans", fait quelques pas dehors et rentre. Pendant tout ce temps, il parle à haute voix (sans interlocuteur) et évoque des souvenirs sur sa vie de commis voyageur, sur son frère, sur le développement de l'entreprise familiale (qui a compté jusqu'à 30 VRP), sur son déclin, sur le caractère de son frère, sur les qualités d'un bon démarcheur, sur le temps qui passe, etc.



Seth (de son vrai nom Gregory Gallant) a sérialisée cette histoire dans son magazine de prépublication appelé "Palookaville", à partir de 1993. Il est l'auteur complet de La vie est belle malgré tout (1996), Le commis voyageur, tome 1 (2004), Wimbledon Green : le plus grand collectionneur de Comics du monde (2005), George Sprott 1894-1975 (2009) et La Confrérie des cartoonists du grand nord (2011).



La première découverte de cette histoire peut laisser le lecteur perplexe. Il est vraiment invité à suivre quelques heures de la vie d'un monsieur de 80 ans dans ce qu'elle a de plus banale et de plus quotidienne : de la prise de médicaments matinale, jusqu'à sa contemplation des flocons de neige à travers la vitre, en passant par un court bain. Énoncé ainsi, on peut craindre un ennui visuel d'une ampleur inimaginable. Il est bien sûr possible de se rabattre sur le monologue d'Abe qui aborde plusieurs sujets en ordre un peu dispersé. Contre toute attente, l'ennui ne pointe jamais le bout de son nez. Seth a conçu une architecture narrative sophistiquée qui distille les informations avec intelligence et méthode, alors même que le mode est artificiel (un long monologue sans interlocuteur) et qu'Abe semble changer de sujet au gré de ses activités. Pourtant au bout de 70 pages, le lecteur a pris connaissance de l'histoire de l'entreprise familiale de sa conception, à sa fermeture 44 ans plus tard (avec l'apport déterminant qui lui a permis de prospérer). Il a une idée précise de la vie de représentant d'Abe et de l'idée qu'il se fait de son métier.



Dans les dernières pages, Abe passe en revu les 5 étapes de la vente : (1) attirer l'attention du client, (2) éveiller son intérêt, (3) être convaincu des qualités de son produit pour en convaincre le client, (4) éveiller le désir du client pour le produit, et (5) finaliser la vente. Mais Abe ne se limite pas à partager son expérience professionnelle, il a aussi le bénéficie du recul et a acquis une sagesse rétrospective découlant de l'analyse de ce qui s'est passé. Il sait qu'il n'a jamais fait partie des vendeurs d'exception et il sait ce qu'il lui a manqué pour pouvoir en faire partie. Il a vu péricliter l'entreprise créée par son père et il a compris pour quelle raison. Il peut comparer son parcours à celui de Simon son frère.



Visuellement, Seth invite le lecteur à découvrir les objets du quotidien d'Abe, de son réveil au grand fait-tout qu'il utilise pour cuire son œuf. Il nait une forme d'intimité, familière sans être obscène, avec les lieux de vie de cet homme, les aménagements et ce dont il se sert depuis des années. À plusieurs reprises, le monologue d'Abe évoque des situations ou des actions dont il subsiste des traces matérielles qu'il regarde ou qu'il manipule : une toupie pour enfant, une collection de cartes postales, des hélices de ventilateur, etc. Seth dépeint tout cela avec un trait élégant qui ne cherche pas le réalisme photographique, mais des formes légèrement épurées, avec une seule teinte bleue pale tirant vers le gris.



La situation et les thèmes évoqués peuvent faire penser à Mort d'un commis voyageur d'Arthur Miller. Mais Seth a débarrassé son histoire de tout sentiment exacerbé, de tout élan émotionnel prononcé. Avec l'âge, Abe a accepté la nature profonde de son être, et la nature ordinaire de sa vie, rien d'exceptionnel, mais une vie d'homme particulière quand même. Contre toute attente, il s'agit d'une lecture prenante qui parle de la condition humaine, sans utiliser les ressorts de l'action, ou du sentimentalisme, un regard apaisé et critique, sans méchanceté ni acrimonie.



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Livre un, deuxième partie (initialement paru en 2003) - Cette partie se déroule en 1957 et elle est consacrée à Simon Matchcard, le frère d'Abraham. Les 3 premières pages dépourvues de tout texte permettent d'admirer le paysage en même temps que Simon effectue son voyage en train, puis en même temps qu'il a son premier aperçu de Dominion, une ville de moyenne importance. Simon qui est plutôt de nature introvertie a décidé d'essayer d'évoluer et de tenter sa chance en tant que VRP de Clyde Fans. Le lecteur est à ses cotés alors qu'il va tenter de placer ses produits auprès de 4 revendeurs d'appareils de petit électroménager. Il aura également une longue conversation avec son voisin de chambre d'hôtel, également VRP, mais recevant ses clients dans sa chambre d'hôtel.



En tant que deuxième partie, les pérégrinations de Simon Matchcard répondent et complètent les réflexions d'Abraham Matchcard exprimées dans la première partie. Pour cette deuxième partie, Seth a choisi un mode de narration beaucoup plus traditionnel. Cette fois-ci le lecteur suit les déplacements et les interactions du personnage principal, il y a des dialogues entre les différents protagonistes et le lecteur a accès aux pensées de Simon par le biais de 2 courts extraits de son journal intime en début d'histoire. La première partie a déjà établi que Simon n'avait pas les qualités requises pour être un bon VRP, il n'y a donc pas vraiment de forme de suspense dans le récit. Il s'agit juste de voir comment Simon va s'y prendre pour surmonter sa propension à l'introversion, et sa crainte du contact avec les autres.



Dès la scène d'introduction, Seth souhaite donner au lecteur le sentiment que Simon Matchcard est un individu tourné vers l'extérieur, dans le sens où il observe ce qui l'entoure. Il regarde par la fenêtre du train, il prête attention aux façades d'immeuble, il écoute ce que disent les gens attablés non loin de lui. Il observe la serveuse en train de regarder la pendule pour savoir combien de temps il lui reste à travailler. Le lecteur a une conscience aigüe de l'environnement dans lequel évolue Simon, toujours avec ce style de dessin éloigné d'un cran de la réalité, précis, mais avec un rendu qui montre des objets simplifiés, sans texture. Sur les 76 pages de BD, 44 sont silencieuses, dépourvues de dialogue et de texte. Seth met en évidence l'isolement de Simon Ses occupations donnent des indications sur sa vie intérieure. C'est ainsi que l'inclinaison de sa tête lorsqu'il est attablé permet de comprendre qu'il est en train d'écouter les conversations autour de lui. La façon dont il tient son chapeau extériorise sa nervosité et son manque d'assurance, indiquant au lecteur son niveau de stress.



Comme dans la première partie, Seth insiste pour définir la relation entre le personnage et la ville. Cette fois-ci il consacre 2 pages à donner une vision des silhouettes des immeubles de cette ville de moyenne importance, de nuit. Ce passage se termine par la vision d'un phare éclairant la nuit, mais qui s'avère être une photographie sur le mur de la chambre d'hôtel de Simon. Comme dans la première partie, ce passage est laissé à la libre interprétation du lecteur. La nuit correspondrait-elle à l'état psychologique de Simon, incapable d'envisager un mode vie lui permettant de sortir de la nuit de la solitude ? Les façades et les appartements seraient alors autant de lieux de vie qui lui sont inaccessibles. Le dessin pleine page consacré à une vue aérienne d'un quartier de la ville de Dominion servirait à insister sur le fait que la présence de Simon dans ce quartier n'a au final aucune incidence sur ses habitants et ses usagers. Mais il est également tentant de faire le rapprochement avec les pages similaires servant d'ouverture dans la première partie. Il faudrait alors voir dans ses premières pages le soleil illuminant autant de lieux utilisés par Abraham qui y a laissé une empreinte. Ou alors il s'agit de tout autre chose. Quoi qu'il en soit, Seth ne livre pas d'interprétation toute faite, il ne subsiste que cette volonté de mettre le personnage en relation avec son environnement urbain.



Il est aussi très tentant de repérer les similitudes entres Simon Matchcard et le personnage de Seth dans La vie est belle malgré tout. Il y a d'abord la morphologie qui est identique, puis la distance entre lui et les autres (même si elle est beaucoup plus grande chez Simon) et sa propension à collectionner (des comic-strips pour Seth, des cartes postales pour Simon). Ces cartes, ainsi qu'une toupie établissent un lien avec la première partie qui vient enrichir ces 2 narrations.



Pris à part, cette partie décrit 48 heures dans la vie d'un monsieur manquant de confiance en lui et se plaçant dans une situation où il doit surmonter ses inhibitions, ou s'avouer vaincu. Seth décrit avec une grande délicatesse les affres de ce monsieur, sans aucune bulle de pensée, sans narration intérieure (excepté les 2 courtes entrées dans son journal intime), sans analyse effectuée par une tierce personne. Le lecteur éprouve toute la détresse de Simon Matchcard dans cette situation où il se fait violence, ainsi que toute sa sensibilité vis-à-vis de tout ce qui l'entoure, à commencer par les autres êtres humains. Prise comme la deuxième partie d'un récit plus vaste, le lecteur apprécie le contraste entre les 2 frères, mais aussi la dextérité avec laquelle Seth utilise 2 approches très différentes pour mettre en évidence leurs failles propres, ainsi que leurs limites, et donc ce en quoi ils sont semblables, au delà de leur différence de caractère. Seth évoque avec grâce des composantes universelles de la condition humaine.
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La vie est belle malgré tout

"La vie est belle malgré tout" est un récit autobiographique, voire même un brin nombriliste.



Tout en partageant sa passion pour les anciennes bandes dessinées, Seth nous invite à partir à la recherche des travaux d’un dessinateur ayant connu un petit moment de gloire dans les pages du célèbre New Yorker Magazine, avant de tomber dans l’oubli.



Cette quête frénétique et somme toute assez déraisonnable résulte finalement en une forme d’introspection de l’auteur. Cette manie qu’il a à s’accrocher au passé afin de fuir le présent baigne le récit dans une forme de nostalgie et de mélancolie assez réussie.



Le dessin minimaliste en bichromie accompagne d’ailleurs parfaitement cette lente introspection pleine de nostalgie.
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La vie est belle malgré tout

Le lecteur suit les tribulations de Seth, l'auteur, dans sa recherche sur un dessinateur méconnu des années 40 et 50, Kalo, qui l'a profondément touché. Un de ses dessins est paru dans The New Yorker, puis plus rien... comment tant de talent a-t-il pu ne pas être exploité ?

Il va alors mener son enquête, consacrer beaucoup de son temps à des rencontres, des recherches, des voyages... le menant dans les méandres de son propre passé, avec un brin de nostalgie.

J'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée très dense, tant en dessins qu'en textes.Il y a à voir, à lire et à découvrir.

Il nous fait vivre ses petites victoires, son incompréhension aussi face au mystère de Kalo. Il nous fait aussi partager sa bien maigre collection, mais dont on sait qu'elle a été réunie avec beaucoup de ferveur.

J'ai été touchée par cette ode à la bande dessinée.



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La vie est belle malgré tout

Seth est en déprime. Rien ne lui plait : les gens lui sont désagréables, les nouvelles constructions sont toutes sans âme. Bref, ça ressemble à du "c'était mieux avant".

A travers sa quête sur les planches des années 1940-1950, il tombe sur un seul dessin d'un humoriste qui le touche profondément. Au point où il part à la recherche d'autres dessins, d'informations sur sa vie.



J'ai beaucoup aimé ce roman dessiné. Les traits sont simples mais suffisent à tout exprimer. En dehors des dialogues, nous sommes souvent dans la tête de notre héros, et nous suivons le cours de sa pensée et de sa recherche à comprendre pourquoi il est comme il est. Et il est arrivé plus d'une fois où je me suis dit "tient, moi aussi je pense quelques fois de cette façon".



Je vous encourage à vous le procurer et à le dévorer. Il n'y a rien de déprimant dans cette histoire. C'est même au contraire un hommage aux auteurs d'autrefois.

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La vie est belle malgré tout

Excellent récit initiatique, dans le monde de la BD. Merci Seth!!
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La vie est belle malgré tout

Un auteur en devenir partant à la recherche du patrimoine de la bande dessinée ! Le propos est étonnant : une véritable enquête sur un talentueux illustrateur, totalement inconnu mène à une réflexion sur la valeur d'une entreprise de création ainsi que sur l'oubli (et le travail de mémoire) auquel elle semble devoir donner lieu. J'ai vraiment trouvé cela intéressant : intime et patrimoine se lient et produisent une histoire se nourrissant de bouquinistes et de bibliothèques !
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La vie est belle malgré tout

Le roman graphique alors que Seth se trouve chez sa mère avec son frère, employé dans une usine.

Sa mère aide les nécessiteux, les réfugiés par le biais de sa paroisse et on sent une grande humanité chez elle, une volonté d'améliorer la vie des autres.

Elle regrette que ses fils n'aient pas de compagne.

Seth dessinateur fan de vieux strips parus dans le New Yorker notamment découvre un auteur qui se nomme Kalo dont le trait le fascine.

Il va tenter de trouver d'autres dessins, de savoir pourquoi il a arrêté le dessin également en menant une enquête journalistique qui le mènera auprès de la fille de Kalo ou de sa mère.



Roman graphique émouvant mêlant histoires de famille, d'amour amitié, quêtes multiples.

Peut-être une angoisse d'être oublié comme Kalo, d'être sous-estimé et une réflexion sur la vie de cet homme rejaillira sur la sienne.



Une grande oeuvre, sensible, forte, émouvante, riche et très bien dessinée.



Un auteur classe et nostalgique, ce qui se reflète dans ses oeuvres.
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