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Critiques de Abbé Prévost (189)
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Manon Lescaut

Quel étrange paradoxe. La tradition a retenu pour titre Manon Lescaut alors que l'auteur l'avait intitulé, certes un peu longuement, Histoire Du Chevalier Des Grieux Et De Manon Lescaut.

Paradoxe en ce sens que l'auteur place en premier le chevalier et que c'est effectivement lui le personnage principal, et que la belle Manon, personnage clé, il est vrai, n'est que le personnage secondaire. On a bien retenu Tristan ET Iseult, pourquoi pas des Grieux ET Manon Lescaut ?

Bref, vous aurez compris qu'il s'agit d'une histoire d'amour, que le mot du titre " histoire de " suggère un récit romanesque, celui-là même est à la première personne.

Pour ce qui est du contenu, l'abbé Prévost décrit " les infortunes de la vertu ", où notre chevalier est un preux chevalier, par contre, sa dulcinée, sans être une nymphomane, aime un peu trop le confort et le luxe pour accepter stoïquement son sort lorsque sa bourse est vide.

N'ignorant pas ses atours, la belle Manon, n'hésite jamais à faire crépiter le cœur d'un riche mécène quitte à faire rugir de jalousie le brave des Grieux.

Celui-ci emploie donc toute sa chevalerie pour faire échec aux amants et récupérer sa frivole amante. Les riches souteneurs bernés ont souvent le bras assez long pour créer des embarras au malheureux couple, lesquels embarras se traduisent souvent par des séjours en prison, lesquels séjours appellent à leur tour des évasions rocambolesques.

Notre pauvre chevalier, tiraillé entre un amour immodéré et les appels du pied de la morale ne sait trop quelle conduite tenir et récolte moult mésaventures à vouloir s'accrocher à la venimeuse Manon.

Le tour de force de l'auteur réside dans le fait qu'il parvient à nous la rendre tout de même attachante, car, bien que notoirement infidèle, elle n'en est pas moins amoureuse de son chevalier et présente par moments une noblesse de caractère indéniable.

D'un point de vue de l'histoire de la littérature, cette œuvre marque indéniablement quelque tournant car on nous maltraite le sens moral avec ces deux amants, mais d'un point de vue purement contemporain, je ne sais pas si l'on peut encore l'élever au rang de chef-d'œuvre absolu.

Le chevalier, amoureux éperdu et naïf à souhait, annonce le romantisme, mais reste quand même un brin cul-cul la praloche.

La fin étrange de Manon demeure un expédient facile de la littérature et l'on ne se satisferait peut-être plus d'une telle pirouette à l'heure actuelle. Un peu comme en biologie, il convient probablement de la lire dans un processus ontologique, c'est-à-dire assez jeune, comme une forme immature d'un style et d'un genre appelé à s'épanouir par la suite dans l'histoire littéraire par d'autre œuvres plus marquantes encore, mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Manon Lescaut

Ce livre fait partie de ces grands romans du XVIIIème siècle français à l'instar des Liaisons dangereuses, de Paul et Virginie, de Jacques le Fataliste ou La nouvelle Héloïse. Par ailleurs, l'histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est devenue la légende d'un couple comme pour Roméo et Juliette (moins popularisée néanmoins). Son auteur a connu la notoriété et l'immortalité grâce à cet ouvrage même s'il était un écrivain prolifique. Je crois que cela revient au fait que cette oeuvre est inclassable et a pu rester moderne par son sujet.



D'abord, elle est classique par son style sobre et dépouillé de toute recherche du pittoresque. Mais elle est aussi préromantique par sa description de la passion fatale qui mène à un état presque maladive (comme dans René de Chateaubriand).



L'Abbé Prévost a mis beaucoup de lui-même et de son expérience personnelle dans ce roman. Ce dernier nous présente le témoignage intime du chevalier des Grieux, un garçon qui avait un avenir prometteur, un père des plus obligeants et prévenants et un ami des plus vertueux et compréhensifs. Celui-ci a choisi de poursuivre sa passion sulfureuse pour une fille nymphomane et vénale.



L'amour inextinguible de des Grieux nous offre un miroir de l'âme humaine qui aime avec tous les transports. Ce jeune homme désire la fidélité de sa maîtresse, il suit malencontreusement le désarroi de son coeur, et ce n'est pas assez de repousser tout conseil et sermon de son ami Tiberge ; il absout toutes les inconstances et les récidives de sa chère Manon. Il s'agit de l'image du premier amour, sincère, fatal et infernal qui est voué au désespoir, à la calamité et au désenchantement.



Ce roman de libertinage accumule les mésaventures de Des Grieux : jeu de cartes, affaires d'escroquerie, assassinat, proxénétisme, voyage en Amérique, duel…
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Manon Lescaut

Au début de ma lecture, j'ai été atterrée par la mièvrerie de ce jeune imbécile de des Grieux.

Il m'est ensuite apparu que son innocence dangereuse faisait de lui un être infréquentable. En effet, un tel degré d'aveuglement qui motive à trahir, mentir, manipuler, sans le moindre scrupule, ses amis les plus dévoués et jusqu'à son propre père, s'apparente plus à du fanatisme qu'à de l'amour.



Finalement, la plus à plaindre dans cette histoire est Manon. Gourgandine, certes, mais qui aurait gentiment mené son petit bonhomme de chemin si ce dernier n'avait croisé celui de l'exalté des Grieux.
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Manon Lescaut

Ce livre a beau s’appeler Manon Lescaut, ce n’est pas son histoire qui est relatée ici. Elle n’est qu’un personnage secondaire, le personnage principal étant le Chevalier de Grieux un jeune aristocrate écervelé, geignard et irresponsable. A notre époque moderne on évoque souvent la légèreté de la jeunesse, celle qui succombe à l’argent facile plutôt que de travailler. Mais alors que dire de celle du 18eme siècle ? A longueur de romans chez les rejetons de la noblesse ou de la bourgeoisie ce n’est que paresse, suffisance et combine pour soutirer de l’argent à leurs parents. La plupart ont fait des études coûteuses mais pas un ne songe à travailler même quand les rentes familiales se tarissent. C’est le cas de notre jeune désœuvré qui mange ses économies dans une vie de plaisir puis quand il n’en a plus profite de celles que Manon soutire à ses vieux amants fortunés. Évidemment elle lui doit beaucoup puisque c'est lui qui l’a sauvé du couvent ou sa famille voulait l’enfermer. Attaché irrémédiablement à elle, il va tout trahir, famille, amis, connaissances pour la suivre jusqu’aux colonies ou déportée comme prostituée elle mourra misérablement. Mais le jeune homme n’est pas Roméo, il ne suivra pas sa Juliette dans l’au-delà et même si ce n’est pas dit on l’imagine aisément rentrer en France et reprendre son rang dans la bonne société considérant plus tard cet épisode de sa vie comme une passade de jeune homme. "Manon Lescaut" est un classique agréable à lire qui plaira à tout amateur de bonne littérature française...
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Manon Lescaut

Bonjour !

Décidément, les romans d'amour, même les classiques, n'ont pas ma faveur.

Jusqu'à quelles extrémités peut-on aller pour de l'amour-passion ?

Le jeune chevalier Des Grieux tombe éperdument amoureux de Manon Lescaut. Il sait qu'il n'aura, pour cette liaison, pas l'approbation de son père qui est sévère.

Ce sont des fuites continuelles pour cacher leur amour, mais Manon, volage et cupide est à chaque fois attirée par des vieux grigous fortunés.

Des Grieux, qui n' a pas le sou, échafaude à chaque fois un plan pour reprendre sa bien-aimée ; ils sont accusés de "libertinage" et de "friponnerie", ils volent les riches grigous, font de la prison ... s'échappent...

.

Que vaut l'amour-passion ?

C'est vraiment destructeur, je l'ai éprouvé ;

j'ai lu "Je meurs d'amour pour toi" d'Isabelle de Bourbon...

On peut dire :

"les histoires de passion

finissent mal,

en général "

On peut aussi dire :

"mourir d'amour enchaîné"...

.

Tout cela est-il sérieux ?

Quand les tripes surpassent la raison, que faire ?

L'abbé Prévost montre bien que Des Grieux est Amok, ensorcelé, et que son père, ou le raisonnable ami Tiberge, qui veulent lui ôter Manon de l'esprit par la religion, n'y peuvent rien.

Mais l'abbé est un abbé, il faut qu'à la fin, il ait gain de cause : je vous laisse lire l'ouvrage !
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Manon Lescaut

À mon sens, ce livre est un ouvrage que tous les jeunes amoureux devraient lire avant de se jeter à corps perdus dans une histoire d’amour afin de ne pas tomber dans divers excès ! Allez, avouons-le, nous avons tous une fois ou deux fait n’importe quoi pour celui ou celle qui avait su conquérir notre cœur, n’est-ce pas ?



L’abbé Prévost met en évidence le fait que l’amour peut être extrêmement pervers et malsain. Pas besoin d’être un(e) incorrigible romantique pour que cela fasse un petit peu peur !



En revanche, ce roman est profondément de son époque. Écrit dans les années 1750, il pointe du doigt la femme, qui est ici désignée et décrite comme une vile tentatrice, vénale, qui profite des faiblesses des hommes – ici, Manon profite de la naïveté du chevalier. Au XVIIIème siècle, les mentalités sur le sexe féminin ont en effet encore bien peu évolué, elles véhiculent toujours les grands clichés issus du Moyen Age ou bien de l’époque Moderne… Bref Manon Lescaut, sous la plume de l’Abbé Prévost, est une fille facile, une intrigante, qui prend dans ses filets le pauvre chevalier qui, lui, est prêt à tout pour vivre son amour, jusqu’aux sacrifices les plus fous. Cela semble évidemment bien « simpliste », mais n’oublions pas que de nombreux combats féministes ont eu lieu depuis… et, finalement, il est plutôt rassurant de constater que certaines choses considérées comme normale à l’époque paraissent désormais totalement inadéquates !



Malgré tout, cette lecture reste une belle romance qui peut encore faire rêver !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Manon Lescaut

Dans un très long ŕoman, Les Mémoires d' un homme de qualité, l'abbé Prévost a enchâssé, par un systeme d'emboitement de récits, cher aux romans à "tiroirs", une petite perle qui seule est restée à la postérité et constitue un des fleurons de la littérature française :Manon Lescaut...dont le titre est déjà une apocope révélatrice de la fascination que l'héroïne a exercée sur les générations de lecteurs.



Éclipsant en effet le pâle et tendre chevalier Des Grieux avec qui elle partageait le titre - et sa couche - Manon est passée en front page... Manon la gourgandine, la petite théâtreuse pas farouche, la coquette , la fille entretenue. La" perverse Manon", chantait Gainsbourg qui avait des lettres...et a su trouver les trois qui lui convenaient et la résumaient...à moitié :NON. Ma-Non, la femme qui se donne et se refuse, celle qui toujours échappe. ..



Après Manon Lescaut, on verra fleurir un nouveau type chargé d'incarner l'éternel féminin. Manon, femme fatale et femme-enfant, fragile et traîtresse, désarmante et manipulatrice, confiante et fuyante. Un paradoxe en jupons!



Pourtant le récit ne vaut pas que pour cette avant-première d'un archétype qui fera long feu: ce serait oublier que le roman est aussi fortement ancré dans son siècle, et que, à la remorque de sa dévorante passion pour Manon, des Grieux arpente pour lui plaire, pour la retrouver, la garder, la suivre au bout du (nouveau) monde, tous les milieux, toutes les strates, tous les détours du jeu social.



Coulisses vénales du théâtre, hôpital et prison des filles perdues mais aussi cercles de jeu, où mijotent des agioteurs pleins aux as et de petits marlous qu'on appelait alors élégamment des "chevaliers d'industrie" parce qu'ils en dépensaient beaucoup pour percer...



Que ce soit pour la peinture d'un amour destructeur ou pour celle d'un siècle qui semble annoncer le cynisme du nôtre- la prédominance de l'argent facile, le repeuplement des toutes nouvelles colonies par déportation des femmes emprisonnées pour prostitution et j'en passe- il faut lire Manon Lescaut.



J'ajoute que, pour être homme d'église, l'abbé Prevost n'en est pas moins homme de cour - chose fréquente à son epoque- et qu'il sait manier le style avec finesse, subtilité, alacrité. Y compris pour parler d'amour et de passion charnelle.



Il pénètre en connaisseur les émotions du coeur et celles des sens... Pas bégueule pour deux sous.

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Manon Lescaut

Lu il y a des années « Manon Lescaut » m'avait laissé peu (pas) de souvenirs.

Une relecture s'imposait donc.

Ou pas…



Si la plume est belle, le tableau d'époque intéressant (le système judiciaire de l'époque en particulier est décrit dans tout son arbitraire), l'histoire, elle, m'aura laissée de marbre.

J'ai donc suivi (subi ?) les mésaventures du chevalier de Grieux empêtré dans son amour pour la trop belle Manon Lescaut.

J'avais oublié combien Manon était vénale, d'une inconstance admirable.

J'avais oublié combien le chevalier était naïf, d'une candeur confinant à la sottise.

Bref, j'avais oublié combien tout cela était agaçant...



Challenge Multi-défis 2017
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Manon Lescaut

Un roman phare, un des plus célèbres du monde, celui de l'apologie de la fatalité des passions, où se mêlent le pathétique , le lyrique, la tragédie, la comédie, les aventures rocambolesques, un récit enchâssé, celui du narrateur, le marquis de Renoncour qui entreprend un voyage professionnel au cours duquel il rencontre fortuitement le chevalier Des Grieux , jeune homme issue d'une excellente famille qui accompagne un convoi pénitentiaire de filles de mauvaise vie s'apprêtant à quitter Passy pour la Nouvelle Orléans, Parmi elles, son inconditionnel amour, Manon Lescaut .

Une seconde rencontre, deux ans après , au retour d'Amérique de Des Grieux. C'est au cours de ces retrouvailles que ce jeune-homme , devenu par la force des choses, mâture, va effectivement s'épancher sur son histoire et raconter sa vie à celui qui retranscrira ce drame

Un roman de la passion amoureuse tourmenteuse qui se décline en égoïsme, en trahison, en asservissement, qui dégrade , qui entraîne, au final la déchéance .

Au-delà de cette histoire pathétique, l'intérêt de ce roman c'est qu'il décrit aussi le quotidien de l'époque, les pratiques en vigueur à la fin du règne de Louis XIV où les moeurs étaient particulièrement dissolues (elles ne feront qu'empirer sous la Régence) : libertinage outrancier, cercles de jeux calamiteux tenus par les hauts membres de l'aristocratie, ascension sociale réalisée, souvent grâce à la corruption, différences entre les classes qui entraînent des traitements différents (Des Grieux échappera à la relégation au bagne grâce à la protection familiale) , sort réservé aux « délinquants » , notamment celui attribué aux prostitués : la déportation vers la Nouvelle-Orléans…

Un classique intemporel par bien des côtés...





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Manon Lescaut

Je t'aime, je te suis fidèle, mon amour est sincère mais tu sais l'amour sans argent...heu...laisse-moi voir un peu de l'autre côté, c'est juste pour trouer des poches mieux fournies, et c'est sans amour, t'inquiète pas mon petit chou ...

Jure que tu m'aimes, jure que tu m'es fidèle, jure que tu m'aimeras toujours, pardonne-moi mes griefs, ne pleure pas, ne t'afflige pas, viens, fuyons, ma petite biche...

Une histoire vraiment insupportable! Manon et son chevalier m'ont saoulé avec leur amour qui brinqueballe au rythme de leur avoir, l'extrême envie de Manon de croquer la vie à pleines dents et l'extrême envie du jeune chevalier de la posséder vont les conduire sur des chemins les plus sinueux...
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Manon Lescaut

Quelle déception ! Oui, je suis bien déçue, non pas par la teneur du roman en elle-même, mais de ne pas avoir retrouvé l’émotion qui m’avait fait vibrer jusqu’aux larmes lors d’une première lecture, il y a bien des années.

Aujourd’hui je n’ai éprouvé qu’ennui et agacement face à ce jeune Chevalier des Grieux, cocu et pleurnichard, au point de me réjouir des misères que lui fait subir son amante, le belle Manon.

Est-ce le roman qui a mal vieilli, ou ai-je perdu mon âme romantique ?

Une relecture que j’aurais dû éviter ! Dommage !

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Manon Lescaut

Coup de foudre d'un étudiant de bonne naissance pour une jeune fille condamnée au couvent. Leur fuite ne donnera lieu qu'à d'éphémères bonheurs, vu le caractère de Manon, plus portée sur le gout des richesses que sur la vertu et la fidélité.



Le récit, bien que très prude (elle lui prodiguait quand même mille baisers et de douces caresses), a dérangé à l'époque et fut mis à l'index alors qu'il aurait avantageusement servi à enseigner aux jeunes mâles de se prémunir contre un amour-passion source de misère et désordres.



Le style et l'inspiration peu crédible ne m'ont pas trop emporté.

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Cleveland

L’abbé Prévost (dit d’Exiles) est actuellement pour ainsi dire exclusivement connu en tant qu’auteur de L’histoire de chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Il a pourtant écrit énormément, en particulier un certain nombre de romans que l’on range dans la catégorie de romans mémoires, censés raconter à la première personne le vécu du personnage principal, apportant de cette manière une sensation de sincérité et véridicité au lecteur. Cleveland ou Le philosophe anglais appartient à cette catégorie. Un sous titre donne à Cleveland le titre de « fils naturel de Cromwell » ancrant le roman encore davantage dans l’histoire de son temps.



Le roman, très long (2400 pages environ dans l’édition original) a connu une longue gestation. Les sept premiers tomes paraissent en 1731 et 1732, puis Prévost est occupé par d’autres œuvres (dont Manon Lescaut) et laisse pendant plusieurs années Cleveland. Un éditeur désireux de tirer profit du succès du roman va même commanditer une suite à un autre écrivain. Mais Prévost se remet à son texte, et la fin de roman paraît en 1738. Le livre a eu un grand succès, et des lecteurs célèbres : Rousseau confesse d’avoir beaucoup pleuré à sa lecture. En effet, le roman joue énormément sur le registre du pathétique, très apprécié à l’époque de sa parution. L’auteur affiche clairement cette orientation, parle de « progrès sans fin de l’infortune ». C’est un roman d’une destinée malheureuse, qui cherche à émouvoir le lecteur.



Il est très difficile de donner un résumé de ce texte, très long, qui renoue en quelque sorte avec la tradition du roman baroque, sans trame narrative claire, qui se perd dans des récits concernant des personnages secondaires, et qui ne recherche pas la vraisemblance. Le personnage principal est comme l’indique le sous-titre un fils naturel de Cromwell, dépeint comme une sorte de mal absolu. Et il persécute et cherche à se débarrasser de ce fils encombrant, dont l’existence, si elle était révélée risquerait de nuire à sa réputation et miner sa crédibilité. Cleveland va d’ailleurs dans ses pérégrinations rencontrer un autre fils naturel de son père, Bridge, qui aura eu la même expérience cruelle de leur père. Pour échapper à Cromwell, la mère de Cleveland se réfugie avec son fils dans une grotte, dans laquelle elle va l’éduquer en philosophe, lui enseignant des préceptes et maximes tirées de livres, dans une coupure radicale avec le monde et les hommes. Cleveland va rencontrer toutefois dans cette caverne une autre famille, celle de lord Axminster, lui aussi en butte aux persécutions de Cromwell. Cleveland va tomber amoureux de Fanny, sa fille, et tout ce petit monde (la mère de Cleveland est décédée) va quitter la caverne pour se mettre au service du roi Charles II en exil en France. Les choses paraissent s’arranger, lord Axminster est d’accord pour le mariage entre Cleveland et sa fille, le roi paraît le favoriser, mais le destin hostile prend le visage du grand-père maternel du jeune homme, qui voudrait lui faire épouser une autre femme, et fait croire à la famille Axminster que c’est le désir de Cleveland. Le lord et sa fille partent en Amérique, pour tenter d’apporter du soutien au roi. Cleveland va se lancer à leur poursuite, et après bien des vicissitudes les retrouver, et épouser Fanny. Toutefois, ils perdent la trace du lord Axminster, et Fanny est dévorée par la jalousie pour Madame Lallin, la femme que le grand-père de Cleveland voulait lui faire épouser. La fille première née du couple est prise et amenée par des Indiens, ses parents la croient morte, et les retrouvailles avec le lord se terminent par sa mort. Ce qui reste de l’expédition se retrouve à la Havane, mais Fanny de plus en plus certaine de la trahison de Cleveland, fuit, trompée et poussée par un certain Gelin, un ami du demi-frère de Cleveland, qui est amoureux d’elle. Cleveland rentre en France avec ses deux fils, il est dévoré par le chagrin et n’échappe que de peu à un suicide. Il retrouve goût à la vie grâce à l’amour d’une jeune fille, Cécile. Pour pouvoir l’épouser, il envisage de divorcer avec Fanny, réfugiée dans un couvent. Elle consent, mais des révélations inattendues vont se faire jour : Fanny a toujours été fidèle à Cleveland, et Cécile est leur fille, qu’ils croyaient morte. La famille va pouvoir se reconstituer, mais les jours heureux n’arrivent toujours pas. Malgré une aisance matérielle, Cleveland ne trouve pas le bonheur et se coupe de plus en plus de ses proches. Fanny se convertit au catholicisme, Cécile meurt de consomption. Cleveland balance lui-aussi à chercher la paix dans la religion.



Au-delà de cette trame très romanesque et pathétique, le roman traite de la question de la philosophie, comme le titre le suggère d’amblé. Cleveland est élevé par sa mère dans des principes philosophiques. Ces principes, plutôt qu’une doctrine, sont plutôt un art de vivre, un idéal de sagesse vécue. Mais cette philosophie montre ses limites : même si extérieurement Cleveland a des comportements dignes et respectables, intérieurement sa philosophie ne lui permet pas de surmonter les épreuves qu’il traverse. Une approche rationaliste de la maîtrise des passions ne lui permet pas de trouver le bonheur. Cleveland se montrer aveugle aux souffrances et sentiments des gens qui lui sont les plus proches, les rend malheureux, et ils s’éloignent de lui, bien qu’il ait l’impression d’adopter les attitudes et comportements les plus raisonnables.



De la même manière les tentatives utopiques expérimentées dans les territoires lointains tournent au désastre. La société bâtie par les protestants français en fuite tourne au cauchemar. L’idée d’une société fondée sur des principes justes et droits qui permettraient de vivre d’une manière meilleure sont un échec. Prétendre gouverner les être humains réels par des théories, des principes abstraits, ne fonctionne pas. Le fait d’ignorer les aspirations individuelles, par exemple le désir amoureux, abouti à la violence et fait voler en éclat la société prétendument idéale.



Dans les deux cas, le primat donné à la raison mène à l’échec : l’homme ne peut faire abstraction de ses sentiments et désirs, tout un pan irrationnel de son être ne peut être ignoré.



C’est une lecture au long cours, qui malgré des aspects datés reste assez prenante, Prévost maintient habillement le suspens, est un conteur d’une grande efficacité, au point de faire accepter des invraisemblances et quelques longueurs. A découvrir par les lecteurs intéressés par la littérature du XVIIIe siècle.

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Manon Lescaut

Ayant repris mes études cette année et suivant certains cours de littérature, j'ai été dans l'obligation de m'infliger la lecture de Manon Lescaut. Bien que, grâce à ma professeure, j'avais eu très envie de lire cet ouvrage après le premier cours, j'ai vite déchanté...



Ce n'est qu'au bout de quelques pénibles semaines que je suis enfin arrivée au bout de ma lecture, alors même que l'histoire est relativement courte. Nous suivons les amours du chevalier Des Grieux pour Manon Lescaut, et j'ai eu l'impression de lire des dizaines de pages larmoyantes du chevalier... Cet être est puéril et ne cesse de se plaindre du mal que Manon, celle qu'il aime, a pu lui causer. Il m'a tellement agacée que je me suis rapidement rangée "du côté" de la jeune femme, quand bien même nous n'avons pas réellement son point de vue à elle sur leur histoire, puisqu'elle n'est pas narratrice...



Oui, l'intrigue tourne autour d'elle mais elle ne s'adresse pas aux lecteur·rice·s directement, et j'ai trouvé cela dommage. Manon Lescaut est incriminée par le chevalier Des Grieux, mais je n'ai ressenti aucune empathie pour ce qu'il avait vécu, tant il m'énervait !



C'est long, cela traîne en longueur, et si je ne peux que reconnaître le talent d'écriture de Prévost, je me suis tout de même drôlement ennuyée durant ma lecture... Le fait que ce soit une lecture imposée y est probablement pour quelque chose, c'est pourquoi j'ai envie d'être un minimum indulgente mais, globalement, je n'ai pas aimé ma lecture !
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Manon Lescaut

J'ai eu envie de lire Manon Lescaut, car j'ai retrouvé le nom de ce roman dans plusieurs ouvrages du 19ème que j'ai lu, Notre cœur, Fort comme la mort... sans oublier La Dame aux camélias, ouvrage dans lequel le roman Manon Lescaut est un fil rouge. Manon Lescaut m'a d'ailleurs beaucoup rappelé La Dame aux camélias écrit après, mais que j'ai lu avant. Armand fait penser au chevalier des Grieux et Marguerite à Manon.

Il y a d'ailleurs des similitudes entre les deux romans, au niveau de l'intrigue (la présence de riches amants âgés, par exemple), mais aussi de l'écriture avec l'utilisation de la technique du récit enchâssé pour raconter l'histoire.

Cette histoire triste, certes, est très bien écrite, les tristes aventures des amants maudits nous sont racontées sans temps mort, j'ai beaucoup aimé.
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Manon Lescaut

Pourquoi donc avoir titré ce roman "Manon Lescaut" bon sang? Certes, je conçois que "Manon Lescaut et le Chevalier des Grieux" ne sonne pas très bien et un peu long... mais "Manon Lescaut", sérieusement? Et le chevalier, on en parle du chevalier? Lui aussi, qui n'a déjà pas grand chose à gagner dans cette histoire -le pauvre- mériterait de voir son nom passer à la postérité... Parce qu'il est tellement plus que ce que l'on croit.



J'avais découvert "Manon Lescaut" étudiante. La pauvre était perdue dans les méandres d'un corpus littéraire du XVIII°siècle (pas mon favori!) et, écrasée par la marquise de Merteuil et Madame de la Pommeraye, elle n'eut ni le temps ni l'occasion de se faire une place enviable dans mon petit panthéon personnel. Néanmoins, ce roman me marqua tout de même et de manière insidieuse puisque je me suis surprise souvent à y repenser et pis encore, à vouloir le relire.



Ce qui est devenu l'ouvrage incontournable de l'Abbé Prévost, celui qui lui permit d'entrer dans le club très fermé des "classiques" n'était au départ qu'un récit un peu anecdotique inclus dans "Les Mémoires et Aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du tome", œuvre fleuve de six volumes narrant par le menu la vie et les aventures d'un marquis de Renoncour, fort sympathique au demeurant; un récit enchâssé dans un autre, bien à la mode du siècle des Lumières. Et puis, face à l'engouement des lecteurs pour la triste (voire déplorable, voire pitoyable) aventure de la belle Manon et de son amoureux transi, l'histoire a pris son indépendance pour être éditée seule et elle a ainsi conquis des générations de lecteurs (dont Offenbach!) qui soupirent à la lecture de cette tragique idylle. D'aucuns la rapprochent parfois de "Roméo et Juliette", ce qui ne manque jamais de m'étonner pour ne pas dire de me faire sortir de mes gonds. D'une part, il ne suffit pas à une histoire d'amour de virer à la tragédie pour devenir aussi shakespearienne, option véronaise. D'autre part, une histoire d'amour n'a pas besoin de se réclamer du grand Will pour être belle et tragique, elle peut (et doit) l'être à sa manière et c'est bien aussi. Mais brisons la pour revenir à nos deux tourtereaux, sauce Prévost donc.



Le narrateur du roman -le fameux Renoncour- rencontre un jour lors d'un voyage un cortège bien surprenant: des filles de mauvaises vies que l'on mène aux galères et de là en Amérique. Parmi elles, une jeune femme à la beauté émouvante et pleine de grâce, quelques gens d'arme un peu brutaux voire complètement mal dégrossis et enfin un pâle et beau jeune homme qui fleure bon la petite aristocratie, dévorant des yeux avec un air mourant la mystérieuse beauté bien gardée. Intrigué, le marquis convainc l'homme de lui raconter son histoire. Celui dont on apprend qu'il se nomme le Chevalier des Grieux entreprend alors de remonter le temps et de conter comment, fils de bonne famille, il perdit tout -ou presque- pour l'amour de la belle Manon, celle qui se donnait au plus offrant; comment aussi il revint toujours vers elle malgré les trahisons, sa famille, l'honneur et les blessures d'amour et d'orgueil.

L'histoire se déploie alors sous nos yeux, dans une langue précise et élégante, dénuée de toute préciosité ou de cette recherche du pittoresque chère aux Lumières, de ses prémices à sa fin, sous le climat des colonies.



Lors de ma première lecture, j'avais été -je m'en souviens bien- extrêmement agacée par la mièvrerie et la candeur (qui confine quand même à la bêtise, soyons honnête!) du Chevalier des Grieux. J'aurais voulu le secouer comme prunier, lui faire ouvrir les yeux. Quant à Manon, je ne comprenais pas la fascination qu'elle pouvait bien exercer sur le chevalier ni pourquoi tant de lecteurs se pâmaient pour elle. Qu'elle fut belle, je n'en doutais pas... mais pour le reste... L'abbé ne me semblait pas l'avoir spécialement gâtée: on la voit fort peu et la plupart du temps, ses partitions ne sont guère que des variations autour de la fausse ingénue, la séductrice un peu femme-enfant. Enfin quoi? Quand on connaît "La Dame aux Camélias" ou même "Nana"... Manon, ce n'est pas la panacée. C'est à se demander pourquoi je souhaitais tant relire ce roman... et à vrai dire, je ne sais toujours pas pourquoi je voulais m'y replonger, même si je ne le regrette pas étant donné que la deuxième lecture fut plus concluante que la première.



Bien sûr que le chevalier est un peu niais, tant il est transi d'amour, mais que n'est-il pas prêt à faire par amour? Non, je ne parle pas de ses grands sacrifices qui réjouissent mon cœur de romantique, je parle du reste. Oui, il est prêt à tout donner et à tout perdre, mais il se révèle surtout capable du pire. Son innocence même est la porte ouverte à tous les vices, du vol à la manipulation en passant par le meurtre, vices dans lesquels il semble se complaire... Et cet amour si obsessionnel qu'il en devient malsain, effrayant? Le chevalier n'est pas vraiment, pas seulement plutôt, ce jeune premier un peu fade et complètement mièvre. Il est bien complexe que cela, et sa part sombre est d'autant plus fascinante qu'elle n'est pas clairement exprimée. Quant à Manon, on la voit si peu qu'elle revêt les attributs d'un fantasme. Une héroïne racontée uniquement à travers le regard de son amant est une héroïne forcement incomplète et donc forcément attirante. Si seulement on avait eu l'histoire de son point de vue à elle... ou de celui de son frère... On serait moins frustré mais moins fasciné aussi... Le discours de des Grieux nous met en posture d'attente. Voilà ce qui rend la belle Manon si fameuse!

Quant à l'histoire... Bien sûr que c'est une histoire d'amour, mais bien plus complexe que prévu, bien plus intéressante aussi.



Ainsi, je découvre avec ma deuxième lecture des richesses et une complexité que je ne soupçonnais pas dans "Manon Lescaut" et l'Abbé Prévost de bon écrivain devient génie de la narration, ce qui semble logique quand on sait ce que fut son existence -mouvementée, et c'est bien peu de le dire- et la force de son intellect.

Il me semble à présent que je n'aurais de cesse de chercher, voire de rêver, une Manon et un chevalier racontés par elle-même... Je peux toujours rêver à ce que Prévost aurait imaginé et croyez-moi, cela occupe déjà mon esprit plus qu'il ne le faudrait.



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Manon Lescaut

Lorsque le Chevalier des Grieux, brillant jeune homme de bonne famille, croise Manon Lescaut, c’est le coup de foudre… Toutes les ambitions du jeune homme se retrouvent balayées par cet amour inconditionnel mais hélas, destructeur. En effet, si la jolie Manon aime son Chevalier, elle n’en est pas moins attirée par l’argent et le luxe. Pour ne pas la perdre, notre héros est prêt à passer par toutes les extrémités quitte à se perdre lui-même.



Dans ce roman qui est en réalité une longue confession du Chevalier, l’Abbé Prévost nous dépeint la puissance d’une passion et ses ravages sur un être humain. Si Des Grieux m’a été sympathique (sa fidélité et son honnêteté m’ayant émue), je ne me suis en revanche jamais attachée à Manon (que j’ai trouvée trop superficielle, inconstante et égoïste). L’amour destructeur qui les unit ne m’a pas permis de classer ce couple parmi mes favoris de la littérature (à l’inverse de Heathcliff et Catherine dans Les Hauts de Hurlevent).



J’ai néanmoins lu ce récit avec intérêt, ne serait-ce que pour connaitre le dénouement de l’histoire, mais aussi car j’ai apprécié la plume de l’auteur qui m’a transportée au XVIIIème siècle par la richesse et la beauté des expressions utilisées telles que : « Je me serais donné mille fois la mort, si je n'eusse pas eu, dans mes bras, le seul bien qui m'attachait à la vie. Cette seule pensée me remettait. Je la tiens du moins, disais-je ; elle m'aime, elle est à moi. »



Un classique de la littérature que j’ai pris plaisir à découvrir, mais qui n’intègrera cependant pas le cercle de mes romans préférés.

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Manon Lescaut

Relecture de ce classique. Peut-être une moins mauvaise impression que la première fois, et encore. Cette histoire se traîne en longueur. Ok Manon est belle, ok le jeune de Grieux en est éperdument amoureux. A en bafouer sa naissance, son nom, et la carrière, les carrières, qui étaient ouvertes devant lui. Mais quoi de plus ....



Je suis à nouveau largement restée sur ma faim.



Tant pis, je suis contente néanmoins de l'avoir relu, car parfaitement oublié dans les méandres de ma mémoire.
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Manon Lescaut

Manon Lescaut, est l 'histoire d 'une passion, celle de Des Grieux, fils de famille

promis à l 'ordre de Malte, pour une jeune aventurière mystérieuse , infidèle et

tendre . Après l 'éblouissement de la rencontre , trahisons, retrouvailles,

escroqueries, enfermements et fuites ponctuent l 'histoire de la relation

jusqu 'à la mort de l 'héroine dans le désert américain .

Cette passion folle de Des Grieux pour Manon est entée dans la légende .
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Manon Lescaut

Ce n'est pas le bac 2023, mais une Manon que j'ai connue le mois dernier qui me fait revenir vers Manon Lescaut.

De grandes choses ont été écrites sur l'amour au 19 e siècle avec en sous jacence la passion torride née du puissant désir pour la femme qui évoque une sorte de tsunami dévastateur emportant tout sur son passage. Et s'il arrive des bricoles à la femme, y compris le pire, on en sort de tout ça avec ce que même le pire n'efface pas, la force qu'elle inspire à mener l'homme par le bout du nez ; et à se cantonner sur le pire, on ne saurait éluder les dégâts collatéraux qu'elle suscite qui sont énormes. Incontestablement l'homme est en dessous, et la morale qui n'a pas assez de mots pour l'homme qui emporte sa proie comme une bête semble généralement plus réservée le concernant quand l'affaire est consommée, parce que c'est la femme qui concentre sur elle tous les regards, mais aussi parce que l'homme devient ridicule quand ce n'est pas pitoyable. Elle n'est en somme jamais éteinte, même si elle est atteinte par l'homme en se livrant au jeu de la passion .. elle en sort inaccessible, mystérieuse dans une rémanence qui survit à la mort.



En préambule des grands romans d'amour du 19 e siècle, il faut lire les phares qui préfigurent l'émergence de ces cimes littéraires que sont à mes yeux en tout cas, Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, et les Liaisons dangereuses De Laclos, datées 18 e siècle.



NB 18 e et 19 e siècle réunis, ces grands littéraires sur le sujet ont tous trébuché sur l'amour. On peut oser dire que leur expertise ne s'explique que par ça, d'avoir goûté au fruit défendu au point de ne jamais s'en remettre jusqu'à afficher une faiblesse de taille dans leur bilan de vie. Ce fut une cause perdue comme une guerre, mais la grandeur n'est-elle pas de se l'avouer quand il n'y a que ça en finalité qu'on n'a pas dompté ! L'intérêt est que l'affaire peut arriver à tous et parle donc à tous, on enlèvera du lot bien sûr les maladroits et les manchots qui ne suscitent respectivement que moquerie et silence (les protagonistes s'exprimant peu sur le sujet, on ne se vante pas de ses conquêtes, c'est le propre des jaloux, encore qu'il fallût percer ce mystère !)

Autre remarque insigne, ces grands littérateurs étaient des maniaques de l'écriture, un sacerdoce immanquablement ; ils avaient quelques dons innés qui les démangèrent sans attendre ! Ils pouvaient y aller insatiablement, leur os à ronger était non seulement éternel, mais aussi une deuxième écriture de leurs exploits dont ils furent les premiers à tempérer. Il me semble que l'Abbé Prévost se livra encore à l'exercice malgré les difficultés de l'époque, après Manon Lescaut. On a appelé ça comment ? Récit autobiographique, roman épistolaire polygraphique en se sachant pas trop quelle était la vraie part de la vie de l'homme sous l'auteur. Il arrivera que grand roman d'amour, énorme, suffira !

Je terminerai par dire que ces géants littéraires de l'amour mirent tout leur art dans l'exercice, ayant sans doute le sentiment que là était leur grande oeuvre : "une immortelle histoire d'amour" - même s'ils n'en convenaient pas toujours -, peu importe ce qui gravitait autour qui a rapidement décroché quand ce n'est pas l'oubli qui y a mis fin. le coeur a ses raisons que la raison ignore.
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