![Gravel Heart par Gurnah Gravel Heart](/couv/cvt_Gravel-Heart_3932.jpg)
Gravel heart, Gurnah.
Avec ce titre shakespearien « Gravel heart » (« Ô cœur de pierre ! » Acte 3 sc 4 de « mesure pour mesure »,) Gurnah nous donne une œuvre qui traite à la fois des liens familiaux, de la condition d'un immigré dans le pays colonisateur, et du contexte politique du pays d'origine.
Si on ajoute à cet aperçu que le roman est écrit à la première personne, et renvoie sans doute à la biographie de l'auteur lui-même, quittant Zanzibar pour l'Angleterre avant de revenir à Zanzibar, on aperçoit les multiples facettes de ce roman attachant.
Salim vit dans un cocon familial éclaté, et il ne saisit pas la clé des comportements hors normes de ses parents : père séparé, mère affranchie (?), objets de racontars dont il ne saisit pas la portée. C'est le volet inquiet de l'enfance.
Par la suite, un oncle l'emmène en Angleterre, où il ressentira l'exil, les illusions perdues d'une formation éducative, et sentimentale. Volet d'un roman de formation nourri de rencontres diverses et d’expériences, parfois amères.
Enfin le troisième volet est le récit du père, qui lève bien des mystères, en instaurant un dialogue confiant, et peut-être une sérénité.
J'ai retrouvé dans cette œuvre la clarté d'un récit explicite et intéressant, des personnages parfois/souvent ambivalents, des situations prenantes, des narrateurs sincères avec lesquels on fraternise ...
- et des références littéraires, mentionnées (Dickens, Shakespeare, Graham Green) qui ouvrent des horizons aux esprits curieux
Un régal pour le lecteur anglophone, et une clé pour découvrir tant des univers intérieurs que des sociétés, agitées de courants souterrains.
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un livre qui vous tient. Le récit de deux réfugiés qui se retrouvent en Angleterre et évoquent leur parcours. L’histoire de l’un est mêlée à celle de l’autre. Les personnages sont si proches et tellement éloignés de part leurs perceptions des événements passés.
Commenter  J’apprécie         00 ![Dottie par Gurnah Dottie](/couv/cvt_Dottie_2507.jpg)
Lu en anglais. Au départ j'ai pensé à Zola, car la pauvre Dottie part bien mal dans la vie. Une fois réglé le sort d'une mère africaine mal intégrée en Angleterre, et avouons-le, à la dérive, Dottie se charge, avec générosité et abnégation, d'éduquer son petit frère Hudson, et sa cadette Sophie. Ils lui donnent bien des soucis... En même temps elle tente d'améliorer sa condition matérielle et sociale, ce qui est malaisé dans un contexte misérable.
Dottie nous intéresse, on partage sa volonté de s'en sortir, ainsi que ses soupçons sur autrui, ses appréhensions sur la conduite des siens, ses propres craintes : on pense alors à Dickens.
Alors que tout était vu par les yeux de Dottie, d'autre personnages rencontrés, pour le bien ou le moins bien, vont devenir eux mêmes des raconteurs de leurs propres histoires. C'est alors qu'on se réfère aux « mille et une nuits » : l'horizon s'élargit, l'intérêt s'accroît pour des migrants en mal ou en quête d'identité, qui se heurtent au racisme et au rejet (parfois choisi). de brèves notations situent parfois l'intrigue dans le contexte historique international, pour ancrer et élargir le récit.
Grâce à une habile construction, l'intrigue forme une boucle. Beau parcours.
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