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Citations de Adeline Yzac (50)


Le train, son battement de coeur, son tempo. Compter sur le temps du train. En profiter pour apercevoir des bribes de raisonnement. Les attraper. Compter sur le train. Croire qu'il entraîne vers du bon. Dieu, les siens, les nonnes et les curés, du pipeau. Les médecins, mystère. Et une phrase, soudain : le monde haïrait-il tant les filles ?
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'Nous allons nous écrire'. Irina, souriante, en rien navrée de son départ. S'écrire ? Chez les Bru, nul n'écrit. La sotte idée que de s'envoyer des lettres. On vit ensemble, on parle ou on se tait. Plus précisément, on aligne les sous-entendus et les demi-mots. Et puis, des lettres pour se dire quelles affaires ? Celles de l'âme ? On les apporte à confesse. Celles du coeur ? On les cache. Celles du corps ? Veut-on seulement les voir ?
Chez les Bru, on n'écrit pas et on ne lit pas de livres, encore moins d'ouvrages savants, sauf Maman Joséphine, ses contes à la mode en feuilleton dans le journal. On ne lit pas, non. Pour la bonne et simple raison que tout est écrit d'avance et ne doit point bouger.
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Aux filles, l'on apprend la patience, à attendre à perpétuité, mises au bord du monde, en grand retrait. A la boucler. De manière à contempler la grande comédie humaine sans en être. Cruelle place.
[ bourgeoisie de la fin du 19e siècle ]
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Un jardin, c’est une famille, ça t’entoure, tu l’entoures, il amène des surprises, des attentes, du mouvement, des naissances, des morts, des noces, des cérémonies, tu en rêves et en parles et tu regardes l’avenir avec lui.
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En 1968, ce jour de juillet, sur la terrasse de Bon Abri, elle avait entendu l'étranger d'Amsterdam narrer la vie d'une famille et le périple reconstitué, à coups d'archives et de témoignages, d'une petite juive de trois ans, elle avait appris tout d'un coup sa date et son lieu de naissance, l'homme lui glissant sous les yeux un extrait de naissance.
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Pardonner serait ouvrir la voie à la joie. Elle est entrée comme si elle n’y était pas. Il faut avoir la légèreté de qui s’élève dans la prière, doublée de la nitescence du pur esprit, sans quoi, si sœur Hortense pressent le moindre faux pas, c’est le retour au triage de la laine dans le froid des filles, voire pire. Pire, c’est être poussée chez le drac. L’homme à tout faire de ces dames. Un soldat de l’Empire, un monstre de foire, tatoué, un saligaud qui s’en croque une de temps en temps. Avec la bénédiction de Dieu et de ses tenancières. La Miquète en a une peur bleue, elle qui n’a peur de rien.
La douceur de la pièce et les senteurs du genévrier se confondent.
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On s’évade, on s’expatrie, on se prolonge. Les rues conduisent d’une voie à une autre, d’une place à la prochaine, jusqu’au bord des champs. Les pieds glissent dans ces vestibules d’ici à plus loin, dans l’ombre, au secret, à l’abri, dans le plein soleil, sous la tenture de la lumière aimante. Ils initient plusieurs issues possibles, composent des fugues et des figures, c’est un gain d’occupation pour le corps et l’esprit. Un plus de palpitation. On se porte vers l’avenir, ça étourdit. On se voit ingénieux, on se croit infinis.
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La petite a assez de raison. Mais pas une once de force contre les confiseries. Les garces ont tout pouvoir, elles croupissent dans un marais de limaille, font ce qu’elles veulent, la gouvernent, lui jettent les souvenirs à la figure.
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Elle a troqué les jeux de corps contre ceux de l’esprit, plus camouflables, moins sectionnables, et déambule au-dedans à sa guise. Ses pensées veulent courir, elles courent. Ses rêves veulent danser, ils dansent. Les sœurs la croient matée, la belle aubaine. La mère supérieure lui a autorisé le jardin dès le premier printemps.
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Ce manteau du pauvre, le porter jusqu’à l’usure. Ne pas offenser Dieu. Aucune toilette qui pousserait à la vanité. L’institution est un établissement de second ordre. On y accueille les pauvresses. Ne pas surcharger la très charitable Mme de N. Mieux vaut en rire, dit la Miquète qui porte un beau prénom, Vinciane, et un nom à particule. L’amie se rit de tout à la manière de Côme. Vivre chichement.
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Elle portait sa fortune à venir et celle de sa descendance, c’était lourde responsabilité. Un Abraham et sa mule. Il faut songer aux mules pour les incommodités des pays escarpés, les sentes abruptes, les passages à vif, les malpas, les corniches et le grand effort à fournir. Les sœurs l’ignorent.
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Parler. Il n’y a qu’au-dedans que ça peut jaspiner ouvertement. Vrai que c’est dangereux de discuter. Ça éveille le passé, des envies, des rages, des tristesses, ça dépasse, ça entraîne loin. Trop loin.
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La petite voudrait que la gaieté soit de mise. Et que l’on parle. Interdit d’ouvrir sa bouche. Interdit à table, interdit lors des leçons, interdit pendant les messes, interdit au temps des promenades, interdit au dortoir, interdit, interdit. Il n’y a que dans la cour et au jardin qu’on a la permission.
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L’âme voudrait se rendre libre. On dit que le corps l’entrave, que le nabot l’embarrasse. Que celui-là, c’est un méchant, un impie, un malhonnête, et qui plus est un scabreux, il a le diable dans la peau. Il faut lui couper la chique illico. De la grande Nana, il s’est dit qu’elle s’entaillait du côté de l’entrejambe avec un tesson de toupine. Et si c’était bien plutôt l’âme qui entrave l’âme ? Et qui mène la danse. Il s’est dit que, si la grande Nana s’était donné un bon coup en se plantant la lame, c’était mieux que de se découper salement par menus morceaux.
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La faim invente des mirages d’écuelles qui pirouettent toutes seules, pleines aux as. Et ça remplit d’un espoir d’ivrogne qui finit en filet de vinaigre. Il faut bien voir la vérité en face, il faut bien voir ce qui est, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent l’hiver, les dents qu’on perd à vue d’œil.
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Il faut demeurer douce devant le Seigneur en toute occasion, ne pas tousser, ne pas se gratter, ne pas rire en stupide, ne pas crier, ne pas parler, ne pas gigoter. Tu as fait le mal, l’institution te mue en martyr, te traite par la cruauté pour te faire payer ta faute et te passer l’envie.
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Elle a fauté, elle doit expier et elle s’évade. Les grands l’ont foudroyée. L’ont marquée au fer rouge. Elle aime le bon Dieu, elle aime ce qu’elle en entend à la messe. Dieu est bonté, Dieu est amour.
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Et il y a la terrifiante découverte : ceux qui aimaient haïssent. Ceux qui aiment mènent à l’échafaud. Elle avait vu ça dans les livres d’histoire. Des familles soudain déchirées. Fauchées par on ne sait quoi. Par la faute de l’un.
La poupée et la vicieuse.
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Elle tremble de pied en cap. On lui a défendu de pleurer. Ce n’était pas la peine de le lui interdire, elle est devenue un puits sans fond dans lequel elle tombe sans fin, et pas une larme, c’est sec comme un coup de trique, là-dedans.
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Plus de pensées, de désirs, de paroles ou d’actes qui soient le moins du monde contraires à la pudeur et à la charité.
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