Agatha Christie

Le détective répondit par un proverbe français :
— On ne prend pas les mouches avec du vinaigre…

je l’aime tant… Je l’aime tant…
— Trop, soupira Poirot.

— J'ai déjà dit à Hastings que je suis comme une prima donna qui accumule les fausses sorties, fit remarquer Poirot avec un sourire.
— Je ne serais pas surpris que vous finissiez par élucider le mystère de votre propre mort, lança Japp avec un gros rire. Ah ! ça, pour une idée, c'est une idée ! Ça vaudrait même le coup d'en faire un livre.
— C'est Hastings qui devra s'en charger, répondit Poirot avec un clin d'œil dans ma direction.
— Ha, ha ! Pour une bonne blague, ce serait une bonne blague, pas vrai ? s'esclaffa Japp.

— C'est donc là votre idée de la crème des crimes?
— J'étais sûr que vous ne seriez pas d'accord.
Poirot me jeta un regard de commisération.
— Vous venez de me faire une très jolie compilation de la quasi-totalité des romans policiers écrite à ce jour.
— Merci quand même ! Et vous, que commanderiez-vous ?
Poirot ferma les yeux et se cala dans son fauteuil.
— Un crime tout simple, ronronna-t-il. Un crime sans complications. Un crime domestique... sans passion, intime.
— Comment un crime pourrait-il être intime?
— Imaginons quatre personnes autour d'une table de bridge et une cinquième, l'outsider, assise devant la cheminée. A la fin de la soirée, l'outsider est retrouvé mort. L'un des quatre joueurs s'est levé et l'a tué quand c'était son tour de faire le mort. Les trois autres, absorbés par la partie, n'ont rien vu. Voilà qui serait un crime pour vous ! Lequel des quatre l'a tué ?

Mon bon ami, nous nous trouvons dans une situation particulière où nous ne savons pas quelles questions poser. Nous sommes comme des gosses qui jouent à cache-cache dans le noir.

— Poirot! répétai-je, sur un ton de reproche, cette fois.
— Que voulez-vous, mon bon ami ? Vous fixez sur moi un regard de chien fidèle et attendez que je vous fasse une déclaration à la Sherlock Holmes ! La vérité, c'est que je ne sais pas à quoi ressemble le meurtrier, ni où il habite, ni comment lui mettre la main dessus.

Si je vous demandais de me raconter votre journée d'hier, vous me répondriez sans doute : « Je me suis levé à 9 heures, j'ai pris mon petit déjeuner à 9 heures et demie, j'ai mangé des œufs au bacon avec mon café, je suis allé au club, etc. » Mais vous ne prendriez pas la peine de me dire : « Je me suis cassé un ongle et j'ai dû le couper. J'ai sonné pour avoir de l'eau chaude. J'ai renversé un peu de café sur la nappe. J'ai brossé mon chapeau avant de le mettre. » On ne peut pas tout dire. Et donc on choisit.

Le langage, m'a dit un jour un vieux Français fort sage, a été inventé par l'homme pour l'empêcher de penser. C'est aussi un moyen infaillible pour découvrir ce qu'il cherche à dissimuler. Un être humain, Hastings, ne peut résister à l'occasion d'étaler son ego que lui offre la conversation.
Chaque fois, il se trahit.

Il n'est pas interdit de deviner, bien sûr, et on a une chance sur deux de tomber juste. Si on est tombé juste, on appelle cela une intuition. Si on s'est trompé, on n'en parle plus et le tour est joué. Mais ce qui se présente souvent comme une intuition est en réalité une impression résultant de la déduction logique ou de l'expérience.

Et c'est là que le joueur - car un meurtrier n'est jamais qu'un joueur suprême, puisqu'il ne risque pas son argent, mais sa vie - a souvent du mal à anticiper avec intelligence. Comme il a gagné plusieurs fois, il s'imagine qu'il va continuer à gagner! Il ne sait pas quitter la table les poches pleines. De même, en matière cri-minelle, le meurtrier qui réussit ne conçoit pas qu'il puisse un jour échouer ! Il croit pouvoir attribuer son succès à sa seule intelligence. Mais je vous l'affirme, mes amis, il n'y a pas de crime si bien préparé qui n'ait besoin d'un peu de chance pour réussir !

Les jeunes croient par principe que les vieux sont des imbéciles, mais les vieux savent par expérience que les imbéciles, ce sont les jeunes.

- Après tout, la vie n'est-elle pas toujours la vie? reprit miss Marple avec sérénité. Naitre, grandir, rencontrer ses semblables, s'affronter à eux, se marier, avoir des enfants... ?
- Et mourir, conclut West. Et parfois même sans certificat de décès. Devenir un mort vivant, en somme.

Cher pasteur, dit miss Marple, vous vivez si retiré du monde.. Mais laissez-moi vous dire qu'à force d'observer la nature humaine, je finis par me demander sil y a grand-chose à en attendre. Je reconnais que les commérages sont parfois peu charitables et bien cruels, mais hélas ! ils révèlent bien souvent la vérité.

-Qui attendez-vous ? Griselda recensa ses invitées sur ses doigts avec une mine angelique. -Mrs Price Ridley, miss Wetherby, miss Hartnell et la terrible miss Marple.
-Jaime bien miss Marple, dis-je. Au moins elle a le sens de l'humour.
-Cest la plus mauvaise langue du village... Toujours au courant de tout ce qui se passe, et prompte à en tirer à chaque fois les pires conclusions.

Aujourd'hui, on conçoit mal l'existence. Attraper des trains, courir à des rendez-vous, fixer l'emploi de chaque heure... voilà le souci de chacun. Levez-vous donc avec le soleil, mangez quand vous en ressentez l'envie et ne fixez point d'avance I'usage de votre temps.

Le vif intérêt que suscita dans le public ce qu'on appela, à l'époque, "L'Affaire de style", est aujourd'hui quelque peu retombé. Cette histoire connut néanmoins un tel retentissement que mon ami Poirot et la famille Cavendish elle-même m'ont demandé d'en rédiger le compte rendu. Nous espérons ainsi mettre un terme aux rumeurs extravagantes qui continuent de circuler.

Le présent plonge toujours ses racines dans le passé.

- Vous êtes un témoin oculaire. Vous avez vu ce qui s'est passé !

Poirot acquiesça d'un mouvement de tête.

- Effectivement, répondit-il, j'ai vu. Mais les yeux, mon cher inspecteur, sont des témoins auxquels il ne faut pas trop se fier !

- Comment cela ?

- Il leur arrive de voir ce qu'on veut qu'ils voient !

- Vous croyez qu'on comptait que vous verriez ?

- Je n'en suis pas sûr, mais c'est possible !

- C'est ce maudit Train Bleu ! s'exclama Lenox. Les trains sont impitoyables, vous ne trouvez pas, monsieur Poirot ? Les gens meurent, sont assassinés, mais ils continuent comme si de rien n'était. Je dis des sottises, mais vous comprenez..
- Oui, oui. Je sais. La vie est comme un train, mademoiselle. Elle continue. Et c'est une bonne chose qu'il en soit ainsi.
- Pourquoi ?
- Parce que le train arrive toujours à destination et il existe un proverbe anglais, mademoiselle, qui dit...
- ... "Les amoureux se rencontrent au terme du voyage", récita Lenox en riant. Mais ce n'est pas le cas pour moi.
- Mais si ! mais si ! Vous êtes jeune, plus jeune que vous ne le croyez. Ayez confiance dans le train, mademoiselle, car c'est le Bon Dieu lui-même qui le conduit. [...] Ayez confiance dans le train, mademoiselle, murmura à nouveau Poirot. Et faites confiance à Hercule Poirot. Il sait.

Je crois au Mal comme je crois au Bien. Il existe ! Il est puissant ! Il mène le monde !