Agnès de Lestrade

Les mots ne réparent pas aussi bien qu'ils détruisent.

Alors, elle s'approche doucement et pose un doux baiser
sur le nez de Philéas.
Philéas n'a plus qu'un mot à dire.
Il l'a trouvé, il y a longtemps, dans une poubelle parmi des centaines
de crottes de biques et de fesses de lapins.
Ce mot, il l'aime beaucoup.
Il le gardait pour un grand jour. Et ce grand jour est arrivé.
En regardant Cybelle droit dans les yeux, il dit :
encore !

Bien installés dans le train climatisé, nous dévorons nos sandwiches au thon en buvant nos canettes de soda. C'est ce que j'aime dans les voyages. On peut s'attarder sur des petits plaisirs banals comme s'ils étaient les plus grands bonheurs du monde.

"Jacob travaille jour et nuit. Il pique, taille, cloue le bois, le cuir et le caoutchouc. Chez Jacob on trouve vraiment de tout."

Ce sera tellement amusant ! Tu auras cinq cents millions de grelots, j'aurai cinq cents millions de fontaines...

- Fifine, Lulu, Baba, j'ai un truc à vous dire...
Première pensée qui surgit dans ma petite tête : se méfier quand mon père nous appelle par ces surnoms archinouilles alors que ma mère et lui ont choisi à notre naissance de splendides prénoms romanesques : Balthazar, Séraphine et Lubin.

" C'est l'histoire d'un singe qui n'est pas content à cause d'un éléphant qui a mal dormi à cause d'une chauve-souris qui a fait "crunch crunch" toute la nuit pile au dessus de son lit."

Les sourires de mon père étaient rares. La guerre les avait tous avalés avec sa grande bouche d'ogre. Alors la plus petite lumière dans ses yeux était comme un trésor.

"Un jour, une jolie rousse se présente à l'atelier. Elle s'appelle Margot et elle voudrait des chaussure pour faire le premier pas. Jacob sent son coeur s'emballer."

C'est l'histoire d'un lion, dis donc dis donc, qui surgit au bord de la mare, les quenottes archi-aiguisées.

"En voilà une bonne soupe ! Gazelle bien nourrie sur son lit de serpent rôti parsemé d'ailes d'abeille au gout d'oseille, accompagnée d'un écrasé d'hippo à l'eau".

Il existe des mots qui valent plus cher
que d'autres. On ne les dit pas souvent ;
sauf si on est très riches.
Au pays de la grande fabrique, parler coûte cher.
Ceux qui n'ont pas d'argent fouillent
parfois dans les poubelles.
Mais les mots jetés ne sont pas très intéressants :
il y a beaucoup de crottes de biques et de fesses de lapins.

" Sortie lente et étirée d'une nuit à dos de rêve."

Madame Tout et monsieur Tout s'aimaient.
Ils s'aimaient tellement qu'ils fabriquèrent
un merveilleux petit Tout.
Le petit Tout grandit au milieu des rires
de ses parents. Il adorait quand son papa
et sa maman s'enlaçaient, le serrant bien
au chaud au milieu d'eux. Il se sentait à l'abri.
A l'abri de tout.

et la plus grosse
de mes bêtises préférées c'est de...
relire le livre des bêtises...

Attendre. On peut attendre le train, le bus. Mais pas ça. ça, on ne peut pas attendre. Pas une seconde de plus.
Alors dans cette chambre bourrée à craquer d'attente, de tuyaux et de boutons rouges, Vandrille d'une petite voix d'enfant de 4 ans et 11 douzièmes qui ne peut pas attendre :
- Marguerite, elle attend le prince charmant. Comme la belle au bois dormant.

" Tant qu'on bouge, on est vivant."

- Bien sûr, j'ai vieilli, je ne suis plus aussi belle qu'avant. Mais j'ai beaucoup d'histoires à raconter !

A quatre jours, on m'a retrouvée dans le hall d'un immeuble, avec juste un mot : "Elle s'appelle Aimée."
Tout le monde dit que c'est beau. "Oh, que c'est beau !" Ou émouvant. ""Oh, que c'est émouvant !" Moi, j'aurais préféré qu'ils m'appellent Georgette et qu'ils me gardent avec eux.

"Sors de mon chemin avant que je te croque le popotin ! " crie l'éléphant.
Et le singe, qui est tout riquiqui à côté de l'éléphant, s'enfuit en courant.

La première fois que je me suis inventé une maman, j'avais sept ans. Ce qui m'a donné envie, c'est ma copine d'école. Elle s'appelle Clémence.
Clémence, c'est du caramel fonfant avec du chocolat dedans.