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Citations de Agota Kristof (236)


Pour nos études, nous avons le dictionnaire de notre Père et la Bible que nous avons trouvée ici, chez Grand-Mère, dans le galetas.
Nous avons des leçons d’orthographe, de composition, de lecture, de calcul mental, de mathématiques et des exercices de mémoire.
Nous employons le dictionnaire pour l’orthographe, pour obtenir des explications, mais aussi pour apprendre des mots nouveaux, des synonymes, des antonymes.
La Bible sert à la lecture à haute voix, aux dictées et aux exercices de mémoire. Nous apprenons donc par cœur des pages entières de la Bible.
Voici comment se passe une leçon de composition :
Nous sommes assis à la table de la cuisine avec nos feuilles quadrillées, nos crayons, et le Grand Cahier. Nous sommes seuls.
L’un de nous dit :
– Le titre de ta composition est : « L’arrivée chez Grand-Mère ».
L’autre dit :
– Le titre de ta composition est : « Nos travaux ».
Nous nous mettons à écrire. Nous avons deux heures pour traiter le sujet et deux feuilles de papier à notre disposition.
Au bout de deux heures nous échangeons nos feuilles, chacun de nous corrige les fautes d’orthographe de l’autre à l’aide du dictionnaire et, en bas de la page, écrit : « Bien », ou « Pas bien ». Si c’est « Pas bien », nous jetons la composition dans le feu et nous essayons de traiter le même sujet à la leçon suivante. Si c’est « Bien », nous pouvons recopier la composition dans le Grand Cahier.
Pour décider si c’est « Bien » ou « Pas bien », nous avons une règle très simple : la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons.
Par exemple, il est interdit d’écrire : « Grand-Mère ressemble à une sorcière » ; mais il est permis d’écrire : « Les gens appellent Grand-Mère la Sorcière. »
Il est interdit d’écrire : « La Petite Ville est belle », car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu’un d’autre.
De même, si nous écrivons : « L’ordonnance est gentil », cela n’est pas une vérité, parce que l’ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons donc simplement : « L’ordonnance nous donne des couvertures. »
Nous écrirons : « Nous mangeons beaucoup de noix », et non pas : « Nous aimons les noix », car le mot « aimer » n’est pas un mot sûr, il manque de précision et d’objectivité. « Aimer les noix » et « aimer notre Mère », cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment.
Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est-à-dire à la description fidèle des faits.
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Au repas, la Grand-Mère dit:
- Vous avez compris. Le toit et la nourriture, il faut les mériter.
Nous disons:
- Ce n'est pas cela. Le travail est pénible, mais regarder, sans rien faire, quelqu'un qui travaille, c'est encore plus pénible, surtout si c'est quelqu'un de vieux.
Grand-Mère ricane:
- Fils de chienne! Vous voulez dire que vous avez eu pitié de moi?
- Non, Grand-Mère. Nous avons seulement eu honte de nous-mêmes.
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Un jour, nous pendons à la branche d'un arbre notre chat, un mâle roux. Pendu, le chat s'allonge, devient énorme. Il a des soubresauts, des convulsions. Quand il ne bouge plus, nous le dépendons. Il reste étalé sur l'herbe, immobile, puis, brusquement, se relève et s'enfuit.
Depuis, nous l'apercevons parfois de loin, mais il ne s'approche plus de la maison. Il ne vient même pas boire le lait que nous mettons devant la porte dans une petite assiette.
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Il y a des vies qui sont plus tristes que le plus triste des livres.
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Comment devient-on écrivain?
Il faut tout d'abord écrire, naturellement. Ensuite, il faut continuer à écrire. Même quand cela n'intéresse personne. Même quand on a l'impression que cela n'intéressera jamais personne. Même quand les manuscrits s'accumulent dans les tirois et qu'on les oublie, tout en en écrivant d'autres.
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Je reviens au cimetière tous les jours. Je regarde la croix où est inscrit le nom de Claus, et je pense que je devrais la faire remplacer par une autre qui porterait le nom de Lucas.
Je pense aussi que nous serons bientôt tous les quatre réunis. Une fois que Mère sera morte, il ne me restera plus aucune raison de continuer.
Le train c'est une bonne idée.
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DES ROUTES HURLANTES


Des nuits sans étoiles secouent les arbres
mon œil est de plus en plus noir et les soirées
se dilatent des feuilles poisseuses
frappent mon front luisant

égarée je cours sur des rails et des fils qui se balancent
des routes hurlantes s’entrelacent devant moi
les brouillards cotonneux blanchissent les champs gelés

au matin la neige fraîche tombe au-delà
des montagnes flottantes l’automne disparaît
la ville devient prostrée et silencieuse

tu es loin aussi loin que l’été
des visages et des barrières s’interposent entre nous
et sur les vitres sombres de ta fenêtre
le vent peint ses souvenirs argentés
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Nous écrirons : "nous mangeons beaucoup de noix." et non pas "nous aimons les noix" car le mot aimer n'est pas un mot sûr, il manque de précision et d'objectivité.
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[...] il possédait un crâne complètement chauve, ce qui permettait d'y dessiner des cercles parfaits à l'aide d'un compas. Cercles dont je notais soigneusement la circonférence dans mon carnet, pour en tirer des conclusions plus tard.
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Cinq ans après être arrivée en Suisse, je parle le français, mais je ne le lis pas. Je suis redevenue une analphabète. Moi, qui savais lire à l’âge de quatre ans. Je connais les mots. Quand je les lis, je ne les reconnais pas. Les lettres ne correspondent à rien. Le hongrois est une langue phonétique, le français, c’est tout le contraire.
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...tout ce qu'elle raconte est faux! Nous disons: Peu importe que ce soit vrai ou faux. L'essentiel c'est la calomnie. Les gens aiment le scandale. (p. 69)
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Tout est sale dans la cuisine. Le carrelage rouge, irrégulier, colle sous les pieds, la grande table colle sous les mains et sous les coudes. Le fourneau est complètement noir de graisse, les murs aussi tout autour à cause de la suie.
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Je me couche et avant de m'endormir je parle dans ma tête à Lucas, comme je le fais depuis de nombreuses années. Ce que je lui dis, c'est à peu près la même chose que d'habitude. Je lui dis que, s'il est mort, il a de la chance et que j'aimerais bien être à sa place. Je lui dis qu'il a eu la meilleure part, c'est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d'une inutilité totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l'invention d'un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l'entendement. (p. 179)
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Mon frère dit :
-Mes enfants ne jouent pas.
-Que font-ils ?
-Ils se préparent à traverser la vie.
Je dis :
-J'ai traversé la vie et je n'ai rien trouvé.
Mon frère dit :
-Il n'y a rien à trouver. Que cherchais-tu ?
-Toi. C'est pour toi que je suis revenu.
Mon frère rit :
-Pour moi ? Tu le sais bien, je ne suis qu'un rêve. Il faut accepter cela. Il n'y a rien, nulle part.
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Celui qui reste retourne dans la maison de Grand-Mère.
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Et quand tu auras trop de peine, trop de chagrin, et si tu ne veux en parler à personne, écris-le. Ça t'aidera. (p.133)
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- Dès qu'on réfléchit, on ne peut pas aimer la vie.
Mon frère, avec sa canne, me relève le menton:
- Ne réfléchit pas. Regarde! As-tu déjà vu un ciel aussi beau? (p.24).
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Va là ou les gens sont heureux car ils ne connaissent pas l'amour. Ils sont si comblés qu'ils n'ont plus besoin l'un de l'autre ni de Dieu. Le soir, ils ferment leurs portes à double tour et attendent avec patience que passe la vie. (p.144).
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Les choses vivent en moi et non dans le temps. Et, en moi, tout est présent. (p.121)
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Mars 1953. Staline est mort. Nous le savons depuis hier soir. La tristesse est obligatoire à l'internat. (p.25)
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