Citations de Ahmadou Kourouma (285)
L'oiseau qui n'a jamais quitté son tronc d'arbre ne peut savoir qu'ailleurs il y a du millet.
"Les soleils des indépendances etait annoncés comme une parousie.Mais ce ne sont que des fiascos"
Eli Silas
Damnation! Bâtardise! le nègre est damnation! les immeubles, les ponts, les routes de là-bas, tous bâtis par des doigts de nègres, étaient habités et appartenaient à des Toubibs. Les Indépendances n'y pouvaient rien! Partout, sous tous les soleils, sur tous les sols, les Noirs tiennent les pattes ; les blancs découpent et bouffent la viande et le gras.
Comparé à Taylor, Compaoré le dictateur du Burkina Faso, Houphouët-Boigny le dictateur de Côte-d'Ivoire et Kadhafi le dictateur de Lybie sont des gens bien, des gens apparemment bien. Pourquoi apportent-ils des aides importantes à un fieffé menteur, à un fieffé voleur, à un bandit de grand chemin comme Taylor pour que Taylor devienne le chef d'un État ? Pourquoi ? Pourquoi ? De deux choses l'une : ou ils sont malhonnêtes comme Taylor, ou c'est ce qu'on appelle la grande politique dans l'Afrique des dictatures barbares et liberticides des pères des nations. (Liberticide, qui tue la liberté d'après mon Larousse.)
Tu verras, disait-elle souvent alors que Salimata était une très petite fille; tu verras, un jour tu seras excisée. Ce n'est pas seulement la fête, les danses et les ripailles, c'est aussi une grande chose, un grand événement ayant une grande signification.......L'excision est la rupture, elle démarque, elle met fin aux années d'équivoque, d'impureté de jeune fille, et après elle vient la vie de femmes (P. 34)
Dans toutes les guerres tribales et au Liberia, les enfants-soldats, les small-soldiers ou children-soldiers ne sont pas payés. Ils tuent les habitants et emportent tout ce qui est bon à prendre. Dans toutes les guerres tribales et au Liberia, les soldats ne sont pas payés. Ils massacrent les habitants et gardent tout ce qui est bon à garder. Les soldats-enfants et les soldats, pour se nourrir et satisfaire leurs besoins naturels, vendent au prix cadeau tout ce qu'ils ont pris et ont gardé.
C'est pourquoi on trouve tout à des prix cadeaux au Liberia. De l'or au prix cadeau, du diamant au prix cadeau, des télévisions au prix cadeau, des 4 X 4, cadeau, des pistolets et des kalachnikov ou kalach, cadeau, tout et tout au prix cadeau.
A trop se mettre en peine pour d'autres, le malheur qui n'etait pas nôtre nous frappe.
C'était ma tante, ma tutrice, qui devait me nourrir et m'habiller et avait seule le droit de me frapper, injurier et bien m'éduquer.
Le Sierra Leone c'est le bordel, oui, le bordel au carré. On dit qu'un pays est le bordel au simple quand des bandits de grand chemin se partagent le pays comme au Liberia ; mais quand, en plus des bandits, des associations et des démocrates s'en mêlent, ça devient plus qu'au simple (...). C'est pourquoi on dit qu'en Sierra Leone règne plus que le bordel, règne le bordel au carré.
Nous voilà donc tous sous l'apatame du jardin de votre résidence. Tout est donc prêt, tout le monde est en place. Je dirai le récit purificatoire de votre vie de maître chasseur et de dictateur. Le récit purificatoire est appelé en malinké un donsomana. C'est une geste. Il est dit par un sora accompagné par un répondeur cordoua.
Et Allah n'est pas obligé, n'a pas besoin d’être juste dans toutes ses choses, dans toutes ses créations, dans tous ses actes ici-bas.
Voilà que le soleil à présent commence à disparaître derrière les montagnes. C’est bientôt la nuit. Vous avez convoqué les sept plus prestigieux maîtres parmi la foule des chasseurs accourus. Ils sont là assis en rond et en tailleur, autour de vous. Ils ont tous leur tenue de chasse: les bonnets phrygiens, les cottes auxquelles sont accrochés de multiples grigris, petits miroirs et amulettes. Ils portent tous en bandoulière le long fusil de traite et arborent tous dans la main droite le chasse-mouches de maître. Vous, Koyaga, trônez dans le fauteuil au centre du cercle. Maclédio, votre ministre de l’Orientation, est installé à votre droite. Moi, Bingo, je suis le sora; je louange, chante et joue de la cora. Un sora est un chantre, un aède qui dit les exploits des chasseurs et encense les héros chasseurs. Retenez mon nom de Bingo, je suis le griot musicien de la confrérie des chasseurs.
Louange au Tout-Puissant ! Louange aux mânes des aïeux ! Tant que le mur ne se fend pas, les cancrelats ne s'y mettent pas. Cancrelats des Indépendances, des partis uniques, de la révolution, vous ne pénétrerez pas, vous ne diviserez pas, vous ne gâterez pas Togobala ! Jamais ! Grâce aux sacrifices tués par nos aïeux.
Fama Doumbouya! Vrai Doumbouya, père Doumbouya, mère Doumbouya, dernier et légitime descendant des princes Doumbouya du Horodougou, totem panthère , était vautour. Un prince Doumbouya ! Totem panthère faisait bande avec les hyènes. Ah ! Les soleils des indépendances !
Plusieurs fois on avait mis Salimata en garde. La grande générosité au marché appelle la méchanceté, le désordre et le pillage. Parce que les nécessiteux et les truands sont trop voraces et trop nombreux. Le plus grand noceur du monde ne ferait que des satisfaits à demi et beaucoup d'envieux. Et un miséreux demi-satisfait ou envieux est un nécessiteux féroce qui attaque.
Quand on n'a plus de père, de mère, de frère, de soeur, de tante, d'oncle, quand on n'a pas de rien du tout, le mieux est de devenir un enfant-soldat. Les enfants-soldats, c'est pour ceux qui n'ont plus rien à foutre sur terre ni dans le ciel d'Allah.
Le système de travaux forcés est simplement un esclavage qui ne dit pas son nom. Cet esclavage sans le nom est l'institution la plus condamnable, la plus honteuse, la plus contraire aux droits de l'homme de la colonisation. Les jeunes devenaient des conscrits qui, une fois recrutés, étaient sous bonne garde pendant les mois de travaux forcés. Ils étaient envoyés au Sud dans des wagons de marchandises fermés sous 45 de chaleur. Les mêmes wagons, la chaleur en moins, dans lesquels les Allemands envoyaient les juifs aux travaux forcés pendant la dernière guerre. Le système des travaux forcés assure une main d’œuvre de qualité et bon marché aux paysans français qu'on a fait venir de France.
Le pouvoir est une femme qui ne se partage pas
Le singe taxe de pourri le fruit du figuier sur lequel il ne peut mettre la main.
Le métis Crunet resta le député de son pays à l'Assemblée nationale française pendant dix ans et devint le Premier ministre du territoire quand l'autonomie de la colonie fut proclamée. Jusqu'au référendum pour l'indépendance, c'est son parti qui eut la faveur des électeurs. Le référendum de l'indépendance, malheureusement pour lui et ses amis, fut supervisé par les observateurs de l'ONU et l'administration coloniale ne put établir et redresser des mensongers procès-verbaux et faire triompher le parti.