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3.9/5 (sur 141 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Ōsaka , le 25/07/1734
Mort(e) à : Kyōto , le 06/08/1809
Biographie :

Ueda Akinari (上田秋成 en japonais) ou Ueda Shūsei est peut-être la plus grande figure littéraire du XVIIIe siècle au Japon.

Il nait à Ōsaka dans un quartier des plaisirs. Sa mère est une courtisane et son père est inconnu. Alors qu'il n'a que 4 ans, sa mère l'abandonne. Il est recueilli par un riche marchand de papier et d'huile nommé Ueda. Ce dernier en fait son héritier. Encore enfant, Akinari survit à la variole. Cette guérison miraculeuse (qu'il attribuera au dieu Inari) développe sa spiritualité qui se manifeste dans le côté fantastique de ses œuvres.

A la mort de son père adoptif, il reprend son commerce mais ne se révèle pas être un excellent homme d'affaire. Il perd son échoppe dans un incendie 10 ans après. En parallèle, il publie plusieurs histoires humoristiques se réclamant du Ukiyo-Zōshi (浮世草子) qui désigne littéralement « les romans du monde flottant ». Considérant cet incendie comme une occasion pour lui de quitter le monde des affaires, Akinari commence des études de médecine sous l'enseignement de Tsuga Teishō.

En 1776, il devient médecin et publie, dans le même temps, ses « Contes de pluie et de lune » (Ugetsu monogatari 雨月物語), ce chef d'œuvre de la littérature japonaise est en fait un recueil de neuf contes fantastiques.

L'année d'après la mort de sa femme (en 1798), il est temporairement atteint de cécité. C'est ainsi qu'il en vient à dicter la plupart de ses œuvres. Dans ce contexte, il commence sa deuxième œuvre du Yomihon: les « Contes de pluie de printemps » (Harusame monogatari 春雨物語) qui sera publiée inachevée en 1809 (année de sa mort). La version complète ne sera, d'ailleurs, pas publiée avant 1951.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Akinari Ueda
Malgré tout, l'enseignement du Bouddha n'est-il pas vain? Cet homme a dû passer plus de cent ans enseveli sous la terre en frappant sur le gong. Et pourtant, dépourvu de la moindre aura spirituelle, seuls lui restent les os. Quel état déplorable !
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Ne pas rester indifférent à ce qu'il voit, est le propre du coeur de l'homme.
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La vie est pareille à l'écume flottante : le matin, l'on est point assuré du soir.
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Le papier des fenêtres laissait entrer en se froissant, le vent des pins, et toute la nuit avait été fraîche ; épuisé par une longue route, il dormit profondément. Vers le moment où le ciel de la cinquième veille va s'éclairant, une vague impression de froid le pénétra jusque dans l'inconscience du sommeil, et sur sa main qui tâtonnait pour remonter la couverture, il y eut-qu'était-ce-donc ?-le bruit d'un frottement qui l'éveilla. sur son visage, quelque chose de froid tombait goutte à goutte ; il regarda, se demandant si c'était la pluie qui s'infiltrait : le toit avait été arraché par le vent, et l'on apercevait la pâle blancheur de la lune attardée à l'aube. La maison n'avait plus rien qui ressemblât à une porte ; par les trous de la clôture de bambou délabrée, les roseaux avaient poussé plus haut (...) le jardin était enseveli sous le grateron. ; ce n'était pas l'automne et pourtant cette demeure en avait la désolation...
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Dans vos relations, à l'inconstant ne vous liez pas ! Le saule pleureur est prompt à déployer son feuillage, mais résiste-t-il au premier souffle du vent d'automne ?
L'inconstant se lie facilement, mais pour peu de temps. Le saule, à chaque retour du printemps, reprend ses teintes, mais l'inconstant, une fois qu'il a rompu, jamais plus ne s'informera de vous.
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[...] ... Au village d'Ôka, [dans la province] d'Ise, un homme de la famille Hayashi avait très tôt cédé [les biens de] ce monde à ses héritiers ; sans aucun sujet de crainte, il avait fait tomber sa chevelure (1), et avait changé son nom en celui de Muzen ; il n'avait jamais souffert d'aucune maladie, aussi faisait-il des nuits passées ici et là, au hasard des voyages, le divertissement de sa vieillesse. Le caractère mal dégrossi de son dernier-né, Sanoji, lui donnait de l'inquiétude ; voulant lui faire voir les gens de la capitale, il demeura [avec lui] un mois et plus dans sa villa de la Deuxième Avenue ; à la fin de la troisième lune, ils virent les fleurs [des cerisiers] à l'intérieur des montagnes de Yoshino, et furent sept jours environ à s'entretenir avec les moines d'un monastère où ils étaient connus ; à cette occasion : "Nous n'avons pas encore vu le mont Kôya ; eh ! bien, allons-y !" se dirent-ils, et aux premiers jours de l'été, se frayant un passage à travers l'exubérante végétation, ils traversèrent Ten-no-kawa et, à partir de là, parvinrent à la sainte montagne Mani. L'escarpement du chemin avait retardé leur marche et le soleil avait décliné sans même qu'ils s'en fussent aperçus.

Ils s'inclinèrent successivement, sans en omettre aucun, devant tous les autels, les temples et le sanctuaire [dédiés à Kôbô-daishi] ; mais ils avaient beau demander l'hospitalité, nul ne leur répondait. Ils s'enquirent des règles du lieu auprès de quelqu'un qui passait par là : "Qui n'a de relations dans un monastère ou une communauté de moines, il lui faut descendre au pied de la montagne et y passer la nuit. Sur cette montagne, on ne donne l'hospitalité pour la nuit à aucun voyageur," leur dit-il. Que faire ? Il était naturel qu'un vieillard, en entendant cette explication, alors qu'il venait déjà de parcourir un abrupt chemin de montagne, se sentît découragé et à bout de forces. ...

(1) : il s'était fait moine et avait adopté un nom religieux.

(2) : Kôbô-daishi : Grand Maître, titre donné à de nombreux saints bouddhiques.[...]
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[...] ... Il y a de cela bien longtemps - c'était aux environs de l'Ere Enchô (923 - 930) - vivait au temple de Mii un moine du nom de Kôgi. Par son talent de peintre, il avait acquis un nom dans le monde. Ce qu'il peignait habituellement, ce n'étaient pas les images de Bouddhas, les monts et les eaux, les fleurs et les oiseaux. (1) Les jours où le service du temple lui laissait des loisirs, il faisait voguer sa barque sur le lac ; aux pêcheurs qui tiraient leurs filets ou pêchaient à la ligne, il donnait quelques piécettes, et relâchait dans l'onde natale les poissons qu'ils avaient pris (2) ; quand il voyait les poissons s'ébattre, il les peignait ; et de la sorte, les années s'écoulant, il avait atteint une merveilleuse précision.

Un jour qu'il concentrait son esprit sur une peinture, il s'était laissé aller à s'assoupir, et voilà qu'en songe, il pénétrait dans l'onde et s'ébattait en compagnie de poissons, grands et petits. Sitôt revenu à lui, il les peignit tels qu'il les avait vus, fixa [la peinture] au mur et s'exclama : "Carpes telles qu'en songe ! ..." Ainsi la nomma-t-il. Ceux qui, appréciant le caractère merveilleux de cette peinture, désiraient l'acquérir, se la disputèrent, mais lui qui cédait aux prières et donnait [ses oeuvres] lorsque ce n'étaient que monts et eaux, fleurs et oiseaux, il gardait jalousement la peinture des carpes et, à tout un chacun, il déclarait, plaisantant : "A des laïcs qui tuent des êtres vivants et mangent du poisson cru, je ne donnerais certes point des poissons élevés par moi, un maître de la Loi !" Dans tout l'empire, on parla de cette peinture, en même temps que de cette boutade.

(1) : "sanshui kachô" = "monts et eaux, fleurs & oiseaux" ou, dit en d'autres termes, "paysages et scènes de la nature."

(2) : pour un bouddhiste, relâcher des êtres vivants est une oeuvre méritoire. ... [...]
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[...] ... Derechef, avec plus de ferveur encore, [Saigyô] pria. La rosée, ô combien ! devait imprégner ses manches ! ( 1 ) Comme le soleil se couchait, le caractère de cette nuit, au coeur de la montagne, lui parut insolite. Pour lit, une pierre ; pour couverture, bien froide, des feuilles d'arbres ; l'esprit clair, glacé jusqu'aux os, il éprouvait, sans raison aucune, de l'appréhension. La lune s'était levée ; toutefois, comme les bois épais étaient impénétrables à sa clarté, dans l'indécise obscurité, il fut envahi de tristesse ; il ne sommeillait pourtant pas lorsque, distincte, une voix s'éleva qui appelait : "En.i ! En.i !"

Ouvrant les yeux, il glissa un regard : un homme d'allure étrange, de haute taille, maigre et décrépit, dont il ne pouvait apercevoir ni la forme du visage, ni la couleur, ni le dessin du vêtement qu'il portait, se tenait là, tourné vers lui ; Saigyo, en moine depuis longtemps [averti] des principes de la Voie ( 2 ) ne s'en alarma point et l'interrogea : "Celui qui vient là, qui donc est-il ?" L'homme dit : "Je voudrais te faire entendre la réplique aux paroles que tu viens de réciter ; voilà pourquoi je me suis montré !" Il dit, puis :

A Matsuyama
sur les flots de l'exil
entraînée, ma barque
n'a guère tardé, las !
à disparaître !


"Ta visite m'est une joie !" A ces paroles, Saigyo connut qu'il était le fantôme du Second Empereur-retiré. Il toucha le sol du front et, versant des larmes, il dit : "Pourquoi errez-vous ainsi ? ( 3 ) Pour moi qui, vous enviant, certes, d'avoir fui, dégoûté, ce monde impur, cette nuit récitais la loi conformément à votre karma, vous avez daigné prendre une forme visible : je vous en suis reconnaissant et, cependant, j'en éprouve de la tristesse. Détaché de cette vie, l'ayant sincèrement oubliée, veuillez monter au rang de Parfait Bouddha !" Ainsi l'exhortait-il de tout son coeur.

( 1 ) : le rapprochement de "rosée" avec "manches" suggère l'idée de larmes.

( 2 ) : la Voie du Bouddha.

( 3 ) : l'homme qui meurt sans que ses passions se soient apaisées est condamné à errer, en proie à ces passions, jusqu'à ce qu'il ait atteint l'"illumination" (ou "satori"). Ce qui explique que, dans les nô en particulier, des moines puissent sermonner des fantômes. ... [...]
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[...] ... A cette heure, déjà, le soleil avait sombré à l'occident ; sous les nuages de pluie sur le point de tomber, il faisait sombre, mais, se disait-il, il ne pouvait s'égarer, puisque c'était un village qu'il avait longtemps habité ; il allait, écartant les herbes de l'été : l'antique pont s'était écroulé dans le cours de la rivière, et le sabot des poulains n'y résonnait plus ; les champs, délaissés, étaient retombés en friche, et l'on n'y distinguait plus les chemins d'antan ; les demeures de ceux qui avaient vécu là n'existaient plus. De-ci, de-là, quelques rares maisons qui subsistaient, paraissaient habitées, mais elles ne ressemblaient plus à ce qu'elles avaient été jadis. Il se tenait là, perplexe, à se demander laquelle de ces maisons il avait habitée quand, à une distance de vingt pas à peine, il distingua, à la lueur des étoiles qui se glissait entre les nuages, un pin brisé par la foudre, qui dominait les alentours ; c'était assurément celui qui marquait sa maison ; son premier mouvement fut de joie, et il s'avança ; la maison n'avait subi aucun changement. Il semblait que quelqu'un l'habitait ; par les fentes de la vieille porte, filtrait, scintillante, la lumière d'une lampe : était-ce un étranger qui l'habitait ? et si, par hasard, c'était [sa femme] qui s'y trouvait ? A cette idée, son coeur battit, il s'approcha du portail et toussota pour s'annoncer ; à l'intérieur, on l'avait aussitôt remarqué et l'on demanda, d'un ton soupçonneux : "Qui est là ?" Quoique très vieillie, la voix qu'il entendait était à coup sûr celle de sa femme ; - était-ce un rêve ? L'angoisse au coeur, il dit : "C'est moi ! me voici de retour ! Comme par le passé, vous habitez, seule, cette lande couverte de roseaux ; voilà qui est stupéfiant !" Reconnaissant sa voix, elle ouvrit aussitôt la porte ; toute noire et couverte de crasse, les yeux caves, les cheveux noués retombant dans le dos, il ne pouvait imaginer que ce fût là la femme d'autrefois. A la vue de son époux, sans mot dire, elle fondit en larmes. ... [...]
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[...] ... Déjà, le ciel de la cinquième veille [de 4 à 6 heures du matin] était traversé par les lueurs de l'aube. Ce fut comme si [Shôtarô] s'éveillait d'un long rêve ; il s'empressa d'appeler Hikoroku [qui l'avait assisté dans son exorcisme] ; celui-ci s'approcha de la cloison : "Eh ! bien ?" répondit-il. [Shôtarô] lui dit : "Voilà enfin accomplies ces sévères abstinences. De tout ce temps, je n'ai point vu votre visage. Je brûle de vous revoir, et puis, je voudrais me remettre des peines et des terreurs de ce mois, en m'entretenant avec vous à coeur ouvert. Réveillez-vous, je vous en prie ! Je vais vous rejoindre dehors." Hikoroku, homme sans prudence, dit : "Que pourrait-il vous arriver maintenant ? Allons, passez de mon côté. !" Il n'avait pas ouvert sa porte à demi qu'une voix qui, sous l'auvent voisin, criait [de désespoir] lui perça les oreilles, et sans qu'il en eût conscience, il se retrouva assis sur son séant.

"Il en va de la vie de Shôtarô", se dit-il et, une hache à la main, il sortit sur la route : la nuit qu'ils avaient cru voir s'éclairer était noire encore ; la lune, au beau milieu du ciel, répandait une clarté diffuse, le vent était glacial ; avec cela, la porte de Shôtarô était grande ouverte, et l'homme était invisible. Peut-être s'était-il réfugié à l'intérieur ? [Hikoroku] se précipita et regarda mais il n'y avait là nul endroit où il pût se cacher ... Serait-il donc tombé sur la route ? Il eut beau chercher, de ce côté-là non plus, il n'y avait rien. Qu'était-il devenu ? Interdit et terrifié, il éleva sa lampe et regarda autour de lui, de-ci, de-là : c'est alors qu'il aperçut, sur le mur, à côté de la porte grande ouverte, du sang à l'odeur âcre qui dégoulinait jusqu'au sol. Cependant, on ne voyait ni cadavre, ni ossements. Au clair de lune, il avisa un objet, au rebord de l'avant-toit. Il éleva sa lampe et l'éclaira : il vit que, seul, le toupet d'une chevelure masculine (1) y était suspendu.

(1) : à cette époque, en tous cas chez les hommes, les cheveux des tempes et de l'arrière de la tête étaient traditionnellement ramenés en toupet au milieu et vers l'avant du crâne rasé. ... [...]
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