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Critiques de Akinari Ueda (33)
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Contes de pluie et de lune

Mon visionnage des « contes de la lune vague après la pluie » de Mizoguchi remonte à longtemps et, si mes souvenirs sont flous quant à l’intrigue, je me rappelle que j’avais été charmée par la beauté formelle du film et son ambiance poétique. Lorsque j’ai découvert que ce film était l’adaptation de contes d’un auteur japonais du XVIII ème siècle, ma curiosité a été piquée et j’ai eu envie de les lire. Par chance, ma bibliothèque avait dans ses rayons « contes de pluie et de lune » de Ueda Akinari.



Tout au long de ce recueil, j’ai retrouvé cette poésie et ce raffinement esthétique que j’avais apprécié dans le film de Mizoguchi. C’est le genre de lecture qui demande une forme de lâcher prise au lecteur. En effet, à moins de bien connaitre l’Histoire du Japon, un certain nombre d’éléments de contexte échappe au lecteur. Mais si on accepte l’idée de ne pas saisir parfaitement le contexte et si on se laisse juste porter par les récits, « contes de pluie et de lune » s’avère une lecture enchanteresse. Ces histoires mettent toutes en scène des fantômes ou des créatures fantastiques et la structure de chacun des contes est parfois la même. Pourtant, je n’ai ressenti aucune lassitude au cours de ma lecture. Akinari parvient à apporter une touche singulière à chaque conte. L’élément surnaturel est toujours bien amené et l’auteur tisse en quelques pages des intrigues solides et subtiles à la fois. J’ai aussi été totalement charmée par l’écriture d’Akinari, tout particulièrement les descriptions des paysages. Avec un style tout en délicatesse, Akinari fait vivre les paysages du Japon aux yeux du lecteur, offrant ainsi une lecture très dépaysante.



J’ai été surprise de constater que la lecture de ces contes du XVIIIème siècle était finalement très accessible. J’ai été charmée par ces histoire surnaturelles pleines de poésie. Cette lecture m’a donnée très envie de revoir le film de Mizoguchi.

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Contes de pluie et de lune

Ces contes écrits au XVIIIème siècle nous confrontent à chaque fois, non sans effroi, au surnaturel, voire au démoniaque.

Dans le premier, "Shiramine", le fantôme d'un empereur vaincu qui poursuit de sa malédiction son clan ennemi apparaît au moine et grand poète du XIIème siècle Saigyô.

Le "Rendez-vous aux chrysanthèmes" est aussi une histoire de fantômes dans laquelle deux amis poussent la fidélité jusqu'au suicide.

Avec " la maison dans les roseaux" nous retrouvons cette ambiance de fantasmagorie dans un pays dévasté par la guerre. Cette fois-ci le fantôme est celui d'une épouse qui s'est suicidée pour échapper à la violence des soldats tandis que son mari, appelé au loin, était empêché de revenir.

Le quatrième conte est plus léger. Un moine qui vit au bord d'un lac peint des carpes qu'il remet à l'eau et sera lui-même transformé en poisson.

"Buppôsô" met à nouveau en scène les fantômes de guerriers apparaissant à un moine, cette fois-ci dans l'atmosphère étrange d'une forêt entourant le sanctuaire d'un saint bouddhiste.

Dans le conte qui suit, le fantôme d'Isora se venge avec véhémence d'un mari infidèle et débauché ainsi que de sa rivale.

Dans "l'impure passion d'un serpent" une femme-serpent tente de séduire un jeune lettré.

Dans "Le capuchon bleu" un moine de la secte shingon, sous l'emprise d'une passion excessive, se transforme en dangereux dément. Un maître zen tente de le guérir et de briser son mauvais karma en le conduisant vers l'illumination.

Le conte qui clôt ce recueil est une sorte de dissertation politique et morale sur l'esprit de l'or.



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Contes de pluie et de lune

Contes et légendes fantastiques, entre rêve et réalité qui nous immergent dans la culture nippone… Akinari nous livre de fabuleux récits, on se délecte. Même si la lecture n’est pas toujours aisée. Son écriture est subtile, légère, emplie de poésie, de philosophie et de leçons de vie. Pour cela, Akinari réveille nos démons et les fantômes qui viennent rôder auprès de nos héros et des moines. La nature sous sa plume-pinceau participe aux récits, elle est tantôt aérienne et légère, tantôt lugubre, envahissante et oppressante et quand la lune apparaît le calme et la sérénité emplissent la nuit.

Sur les 9 contes je m’arrête sur :

1-Shiramine

J’ai trouvé ce texte difficile, trop de références historiques pour ma connaissance squelettique de l’histoire du japon. Il s’agit de ressentiment, jalousie et de rivalités et de vengeance pour le pouvoir.



2-Le Rendez-vous aux crysanthèmes

Il est question de noblesse d’âme et de courage des samouraïs dans ce conte. Akana et Samon deux hommes liés par une amitié récente font serment de fraternité. Akana doit quitter sa nouvelle famille mais promet de revenir à la saison des chrysanthèmes. Akana, en homme d’honneur franc et loyal, fera tout pour rester fidèle à son serment. Retenu prisonnier il va se donner la mort pour rejoindre son ami, car, dit-il « l’homme, en un jour, est incapable de parcourir mille lieues, mais l’esprit, aisément parcourt jusqu’à mille lieues en un seul jour. Me souvenant de cette maxime je me jetai sur une lame. »



3-La maison dans les roseaux

Un très beau texte sur la fidélité jusqu’à la mort, d’une femme à son mari dont la beauté suscite la convoitise. Dans une atmosphère lugubre son fantôme réapparait au retour de son mari.



4-Carpe telles qu’en songe

Ce conte est magnifique, la symbolique est forte, Akinari traite le sujet avec humour, et nous donne un bel enseignement sur le respect de la nature et de la vie.

Durant l’ère Enchô en 925, Kögi un moine pêcheur, respectueux de la vie, est aussi un merveilleux peintre de poissons… Justement il peint ses prises et les relâche. Un jour il regarde intensément un de ses tableaux et s’assoupit. Kôgi en songe, pénètre dans la rivière et nage au milieu de splendides poissons. Au réveil il peint son rêve. Ce merveilleux tableau est très convoité, les acquéreurs sont nombreux, mais, le moine refuse de le vendre : « à des laïcs qui tuent des êtres vivants et mangent du poisson cru, je ne donnerai certes point des poissons élevés par moi, un maître de la Loi ». Durant sa vie le moine « a acquis des mérites en libérant les poissons pêchés ». C’est ainsi qu’à sa mort son âme devient poisson mais son histoire ne s’arrête pas là…

Une fin très belle pour ce conte, avant de mourir, le moine jette ses toiles dans le lac, les carpes s’échappent du tableau et l’âme du moine avec elles.

5-L’impure passion d’un serpent

Cette allégorie met en scène : Amour jalousie et possession

C’est encore une histoire de serpent tentateur sous les traits d’une femme dont la beauté séduit un homme. Ensorcelé, pris dans les mailles du filet de l’amour et la jalousie il lui faudra faire appel au moine - exorciste pour enfin le libérer.



Notons enfin que cette édition inclus le très beau film « Contes de la lune vague après la pluie ». Ce film en clair obscur de Kenji Mizoguchi, est un chef-d’œuvre, un petit bijou.

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La maison dans les roseaux et autres contes

Voila un recueil de quatre contes qui m'a beaucoup plu. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais préciser que je trouve la couverture de l'édition folio 2€ vraiment magnifique. Elle est simple mais finalement représente a merveille ce recueil de contes.



Quatre contes donc et ce recueil s'ouvre sur Le rendez-vous aux chrysanthèmes. On y fait la connaissance d'un jeune homme malade et et d'un homme qui va le soigner, de la va naître un très grand complicité et fraternité. Mais une fois rétabli, le jeune homme doit s'absenter, il promet donc au second de revenir bientôt. Il va tout faire pour tenir sa promesse : "L'homme, en un jour, est incapable de parcourir mille lieues, mais un esprit, aisément, parcourt jusqu'à mille lieues en un seul jour."

C'est une nouvelle intéressante et elle apporte énormément de détails historiques sur les différentes guerres / conflits au Japon.



Vient ensuite La maison dans les roseaux qui donne son nom au recueil. Celle-ci m'a beaucoup plu et on retrouve beaucoup d'éléments communs au conte précédent.Un homme part de chez lui et fait la promesse a sa femme de revenir a l'automne. Sa femme, que l'auteur décrit de cette façon "L'épouse de Katsushiro, une certaine Miyagi, d'une beauté qui retenait les regards, avait, avec cela, un tour d'esprit qui n'était point d'une sotte." l'attend donc patiemment mais entre temps la guerre éclate.... C'est un couple attachant, malgré le fait que ce conte soit plutôt court. "Nul doute que l’esprit de votre sage épouse ne soit revenu pour vous faire entendre son mal d’amour."



On continue avec Carpes telles qu'en songe... Celle-ci, je l'ai trouvé assez différentes des autres nouvelles qui figure dans le recueil. Je trouve que le ton est plus drôle et surtout plus léger. Il s'agit de l'histoire d'un moine qui se voit réincarné en carpe. "Il y a de cela bien longtemps - c'était aux environs de l'ère Encho (923-930) - vivait au temple Mii un moine du nom de Kogi. Par son talent de peintre, il avait acquis un nom dans le monde. Ce qu'il peignait habituellement, ce n'était pas les images de bouddhas, les monts et les eaux, les fleurs et les oiseaux. Les jours ou le service au temple lui laissait des loisirs, il faisait voguer sa barque sur le lac ; aux pécheurs qui tiraient leurs filets ou péchaient a l ligne, il donnait quelque piécette, et relâchait dans l'onde natale les poissons qu'ils avaient pris ; quand il voyait ces poissons s'ébattre, il les peignait ; et de la sorte, les années s'écoulant, il avait atteint une merveilleuse précision."



Enfin avec Le chaudron de Kibitsu on découvre le mariage et ses rituels dans le Japon ancestral. C'est une nouvelle qui encore une fois m'a beaucoup plu. Il s'agit de l'union d'un couple mais quelques temps après le mariage l'homme tombe amoureux d'une courtisane. La jeune épouse est bien décidée a se venger. ""Une femme jalouse est difficile a vivre, mais, parvenu a la vieillesse, on reconnaît ses mérites" Ah ! de qui donc sont ces paroles ? Même quand le dommage n'est as excessif, c'est un obstacle aux affaires [du mari], c'est la ruine de tous ses biens, et il est malaisé d'éviter la médisance des plus proches voisins ; mais, lorsque le dommage atteint de grandes proportions, c'est la perte d'une famille, la ruine d'un pays et, d'âge en âge, la dérision de tout l'Empire. Ceux qui, depuis les origines, furent les victimes de ce poison, on ne sait combien ils furent. Quand a l'espèce de celle qui, après la mort, se changent en serpents monstrueux, ou qui, brandissant la foudre, assouvissent leur vengeance, dut-on mettre en saumure leur chair lacérée, que ce serait insuffisant ! De tel cas sont rares. Si le mari prêche d'exemple, en réglant convenablement sa propre conduite, il aura, par le fait même, écarté ces soucis, tandis que par une conduite frivole, même passagère, il ne fera que stimuler le naturel pervers de sa femme, et c'est lui-même qui aura appelé son propre chagrin." Voila comment débute cette nouvelle et cet extrait prend tout son sens quand on connaît le fin mot de ce conte.



Pour conclure, je dirais que c'est la première nouvelle qui m'a le moins plu, mais surtout j'ai adoré e recueil. Il est plein de mystère et puis on découvre une autre culture, une autre Histoire et tout plein de croyances et de légendes. Et puis c'est a un recueil a petit prix donc pas d'excuse, foncez !


Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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La maison dans les roseaux et autres contes

Cette édition contient quatre contes extraits du recueil Contes de pluie et de lune, qui en compte neuf. Ils ont été écrits au XVIIIème siècle. Chaque conte est bâti comme un mini drame dans lequel les fantômes et les esprits se mêlent aux vivants pour honorer une promesse , revoir un être cher ou bien se venger. Il leur arrive même de se confondre avec eux.

Je n'ai pas trouvé la lecture du recueil particulièrement difficile mais il faut être attentif. La traduction est parfois un peu heurtée. Akinari a utilisé des sources légendaires chinoises ou leurs imitations japonaises et les a revisitées à sa façon, dans un contexte populaire. On est vite charmé par la peinture du Japon d'antan, celui des lettrés, des paysans, des marchands et des guerriers. Les dialogues sont réalistes, savoureux ; la narration tranquille et élégante. Et, à l'image des principaux protagonistes, nous nous laissons bercer d'illusions jusqu'à la révélation tardive du surnaturel.
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La maison dans les roseaux et autres contes

Les contes d'Ueda Akinari, auteur nippon du 18e siècle, répond à la longue tradition des contes japonais. Surnaturel, paranormal, fantastique, épique et légendaire, le yurei, membre de la grande saga du pays des ombres japonaises, est un fantôme, une âme, tourmentée par quelques violentes émotions ( amour, vengeance) ou par manque de rite funéraire, qui hante le monde des vivants. Présages, rachat, talismans, et prières voilà la panoplie des "gostbusters" nippons. Descendants des contes venus de l'Inde, de la Chine, du Tibet, de Birmanie ou de Corée, les fantômes et les esprits qui peuplent les histoires d'Ueda Akinari vous raconteront le monde incroyable des cinq veilles de la nuit au pied du Mont Fuji.



Astrid Shriqui Garain

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Contes de pluie et de lune

Je ne garde vraiment que très peu de livres. Même ceux que j'ai adorés, comme celui-ci. Je veux savoir m'en détacher. C'est valable d'ailleurs pour tout ce qui est chez moi. Mon intérieur est très minimaliste. C'est, je pense, le seul moyen de savoir ce qui est vraiment important et pratiquer une réelle philosophie du détachement. Ce billet ne sera donc que le reflet de mon esprit embrumé. Superposant d'ailleurs les récits de Ueda Akinari avec le superbe film de Mizoguchi tiré d'une des nouvelles (« Les contes de la lune vague après la pluie). Il m'en reste des histoires surnaturelles, de fantômes, de sorcières, de visions, de transformations, de luttes entre le bien et le mal, entre la vie et la mort, sous une brume si intense qu'elle se répand sur le lac Biwa, aux alentours de Kyoto, et en efface toutes les traces de ces démons plus ou moins imaginaires.

On est encore sous les Tokugawa. C'est un monde de paysans, de petits artisans que nous dépeint Akinari Ueda. Monde de tromperies fantasmagoriques qui encore, de nos jours, peut se retrouver au détour d'un temple, d'une ruelle, d'une forêt… pour peu que l'on sache s'y arrêter un instant et contempler les nuages laissant apparaître la pleine lune. Le Japon réserve encore ce genre de surprises, apparentées au surnaturel. Tiens, je me ressers un verre de saké !
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Contes de pluie et de lune

Très bel ouvrage qualitatif, délicat et généreusement documenté. Les contes ne sont pas d'une accessibilité totale, mais recèle de pensées et de réflexions tout à fait d'aujourd'hui. Une lecture qui demande un peu d'efforts mais la diversité et la variété des propos est au rendez-vous. Entre conte merveilleusement diaboliques ou réflexion sur le thème richesse/pauvreté, il y a de quoi songer...
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Contes de pluie et de lune

Ugetsu Monogatari

Traduction, préface & notes : Roger Sieffert



Voici une anthologie à recommander et à recommander encore. Neuf contes à connotation fantastique rassemblant tous les types de fantômes de la tradition japonaise et chinoise à l'exception - la vie de l'auteur l'explique facilement - du fantôme-renard. Outre les notes rassemblées à la fin du volume, le traducteur nous offre, pour chacun d'eux, deux ou trois pages destinées à replacer l'histoire dans son contexte - ce qui se révèle d'ailleurs indispensable pour le premier conte. Pour apprécier cet ouvrage aussi poétique que raffiné, il faut par conséquent ne négliger aucun des outils mis à notre disposition d'Occidental pour saisir au mieux l'art de Ueda Akinari. Ne lire que le texte des contes, à moins d'être un japonisant expert, ne suffit pas. Pire : agir ainsi vous fera automatiquement passer à côté de cette petite merveille qu'est l'"Ugatsu Monogatari."



Il convient de rappeler avant tout que, pour le Japon, la Chine classique a tenu un rôle à peu près similaire à celui que jouèrent pour nous - et jouent toujours, quoi qu'en disent certains - la Grèce et la Rome antiques. Il faut aussi préciser que le concept asiatique du fantôme diffère sensiblement du nôtre, ainsi qu'on peut s'en assurer par exemple dans les "Fantômes du Japon" de Lafcadio Hearn ou même dans les films d'épouvante venus non seulement du Japon mais aussi de Chine et de Corée.



Dans son "Ugetsu Monogatari", Ueda Akinari poursuit un but bien précis : raconter, d'une façon inédite, des histoires de fantômes tirées pour la plupart d'un vieux fond chinois, en donnant à son lecteur le plaisir d'y retrouver, dépeints de façon résolument moderne, des faits, des personnages, des intrigues mais aussi des pans entiers de récits qu'il a déjà rencontrés dans des recueils chinois. Pour le lettré nippon, c'était là une satisfaction d'un raffinement profond dont nous ne pouvons que très difficilement percevoir l'intérêt.



En second - et en second seulement - vient le désir de constituer une anthologie réunissant les types classiques de fantômes : le spectre assoiffé de vengeance et ses variantes, guerrier ou femme abandonnée ("Shiramine - Buppôsô - Le Chaudron de Kibitsu"), celui qui revient remplir sa promesse ("La Maison dans les Roseaux - Le Rendez-vous aux Chrysanthèmes"), l'animal qui, sous le coup de la passion, s'incarne en un être maléfique ("L'Impure Passion d'un Serpent"), la folie conçue comme une possession démoniaque - idée par contre commune à l'Orient et à l'Occident ("Le Capuchon Bleu") et enfin non pas des spectres mais des incursions humoristiques dans le surnaturel ("Carpes tel qu'en songes ... - Controverse sur la Misère & la Fortune").



L'atmosphère qui se dégage de l'ensemble devient, pour le lecteur, un réceptacle précieux où gisent, entremêlés, des rayons de lune que cachent à demi les nuages ou un fin brouillard venu d'on ne sait où, des sources invisibles et moussues au chant cristallin, des crépuscules qui n'en finissent pas de frissonner, des samouraïs en armures émergeant soudainement de l'ombre pour reprendre une bataille qui s'est déroulée bien des siècles auparavant, des temples shintô abandonnés aux ombres et aux renards, des masques de théâtre s'animant tout seuls, des créatures belles et perfides, de sournois démons poussant de pauvres moines au cannibalisme ... tout l'univers, en fait, du surnaturel japonais dont les racines s'enfoncent dans le vivifiant terreau chinois.



Et au-dessus de tout cela, souveraine, innée, plane l'élégance d'un style qui, par delà la traduction, peut à bon droit prétendre à l'universalité - le style du grand poète que fut Ueda Akinari. ;o)
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Contes de pluie et de lune

9 contes dus au grand écrivain Akinari Ueda . Ces contes appartiennent au registre fantastique ( fantômes) et ouvrent au lecteur un aspect de la culture japonaise avec son étrangeté pour nous occidentaux ,son humour si particulier (Carpes telles qu’en songe,Büpposo …) mais aussi son universalité.Mon préféré :le très mélancolique "Le rendez-vous des chrysanthèmes".
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Contes de pluie et de lune

Les neuf contes qui constituent ce recueil peuvent sans doute aucun être placés parmi les plus beaux textes de la littérature japonaise classique. Mélange déroutant d'humour et d'étrange, les histoires ici réunies plongent le lecteur dans le quotidien du Japon médiéval et dans les méandres de l'imaginaire fantastique oriental.



Un chef d'oeuvre littéraire qui inspira à Mizoguchi Kenji son chef d'oeuvre.
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Contes de pluie et de lune

Les "Contes de pluie et de lune" est un recueil de neuf nouvelles, paru au XVIIIème siècle. Cette oeuvre est la plus connue de Ueda Akinari qui, autodidacte, a exercé divers métiers. Le titre du livre se justifie, car l'on disait au Japon que la lune et/ou la pluie favorisaient les apparitions surnaturelles.

Les contes proposés relèvent du fantastique - mais jamais de l'horrifique. Le lecteur y rencontre des fantômes qui ne sont pas malveillants, dans une ambiance plutôt calme et poétique. Les divers récits me semblent de valeur inégale. J'ai aimé "Le rendez-vous aux chrysanthèmes" ou "La maison des roseaux", par exemple. D'autres contes m'ont laissé plus indifférent. D'autre part, même si le lecteur connait un peu la culture japonaise, il a de nombreuses lacunes et certains récits ne peuvent être appréciés à leur juste valeur que grâce aux multiples notes explicatives (bien faites). Ce renvoi permanent à des références nuit à la spontanéité de la découverte. C'est le cas en particulier de "Shiramine", que j'ai trouvé peu intéressant.

Ce livre est une curiosité réservée aux amateurs du Japon classique. Mais je ne conseillerai pas de lire les neuf contes à la suite, sans interruption, car il risquerait d'en résulter un peu de lassitude.
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Contes de pluie et de lune

A moins d'être un fin connaisseur de la culture japonaise – ce qui n'est pas mon cas – on entre dans ce livre très intimidé et le texte nous résiste dès l'abord. Cependant le texte happe, incorpore son lecteur dans sa masse brumeuse et nocturne, on est tout à fait privé d'omniscience. Associés à ces villageois terrorisés par des fantômes, avatars du vice, de la cruauté, de la maladie ou de symbole plus abstraits.
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Contes de pluie et de lune

Ce recueil, considéré comme un classique au pays du Soleil Levant, rassemble des histoires fantastiques écrites au XVIIIe siècle. On croisera au fil de ces nouvelles des fantômes, des démons, des kitsune. Une véritable plongée dans la société et les croyances japonaises de l'époque, servie par les notes et commentaires du traducteur qui aide à mieux comprendre les subtilités de ces récits.

Pour ma part, je ne connais pas très bien la culture japonaise, en tout cas pas suffisamment pour apprécier toutes les qualités et subtilités de cette oeuvre majeure de la littérature japonaise. Je le regrette, car cela a diminué mon plaisir de lecture.

Cependant, ces contes typiques et emplis, par endroits, d'une certaine ironie ou critique sous-jacente de la société de l'époque, me semble des plus intéressants à lire pour quiconque s'intéressant au Japon et, notamment, à sa littérature. Ce n'est certainement pas pour rien que l'auteur est considéré comme un auteur majeur de ce pays.
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Contes de pluie et de lune

Ces Contes de pluie et de Lune mettent à l'honneur des fantômes. Mais pas les fantômes inquiétants qui peuplent les histoires d'épouvante occidentales, mais ceux qui, dans la culture japonaise se mêlent et se confrontent aux vivants. Ils reviennent dans le monde réel pour retrouver un être cher ("La maison dans les roseaux"), tenir une promesse ("Le rendez-vous aux chrysanthèmes") ou se venger ("L'impure passion d'un Serpent").

Pour ces contes, qui sont reconnus comme sont chef d'oeuvre, Ueda Akinari s'est inspiré d'anciennes histoires japonaises, mais surtout chinoises (nous sommes en 1776, et la Chine exerce un fort attrait sur le Japon) qu'il teinte de couleurs nippones, avec l'ajout de références à la nature, aux kami (une divinité ou un esprit vénéré dans la religion shintoïste) ou encore aux temples shinto.

Préfacé en 1768 et prêts à être imprimé, le recueil original ne parût que 8 ans plus tard en 1776, en 5 minces volumes, il donnait 9 contes, deux par volume, sauf un plus long qui remplit à lui seul le quatrième volume. Cette disposition est exactement copiée sur le modèle des ouvrages de Tsuga, le premier maître d'Akinari.
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Contes de pluie et de lune

Ce livre ce distingue en trois parties, la première est une biographie succincte de l’auteur ainsi qu’un vif descriptif historique, passage vraiment très enrichissant et intéressant. La deuxième partie, réuni les neufs contes, je reviendrai plus tard dessus. Enfin, la troisième partie, est l’œuvre encore une fois du traducteur René Sieffert, qui à fait un travail remarquable, reprend les explications sur chaque contes. Ainsi on apprend que l’auteur s’est inspiré, voir même plagié certains contes chinois, en modifiant à la sauce japonaise.

Akinari Ueda est un auteur japonais qui a vécu à poney sur deux siècles le XVIII et XIXème. Ce roman qui regroupe ces neufs contes fut écrit vers 1776 sous le nom de Ugetsu monogatar.



Très difficile de lecture, puisque inspiré de la culture et de l’histoire des deux pays, le Japon et la Chine, nonobstant les nombreuses notes du traducteur qui, malheureusement dans ma version, se trouvait en fin du livre et non en fin de pages ce qui hachait considérablement la lecture, sans oublier les noms typiques japonais, que se soit les personnages ou les lieux. Et puis, ce style de narration m’a parut compliqué, c’est pourquoi je n’ai pu m’imprégner et m’immerger dans les textes bien qu’ils semblaient intelligents et philosophiques.



Cela dit, j’ai trouvé trois des contes vraiment passionnants, non pas dans la construction, mais dans l’idée. Le rendez-vous aux chrysanthèmes, est un conte entièrement plagié sur un conte chinois, le conte XVI d’un recueil de l’époque de Ming, intitulé Kou kin sia chouo, certainement celui que j’ai préféré. J’ai bien aimé Carpes telles qu’en songes, bien poétique, un peu philosophique et, se lit bien puisque court. Enfin, j’ai trouvé Buppôsô, impressionnant, enfin surtout la fin.

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Contes de pluie et de lune

Un classique japonais, écrit au dix-huitième siècle, d’un abord pas facile quand on ne connait pas bien la culture, la géographie, l’histoire et les religions de ce pays. Heureusement, un grand nombre de notes et de commentaires permettent de s’y retrouver.

Comme ce recueil de contes s’adressait avant tout à des lettrés, il y a de nombreuses allusions à des mythes et des histoires dont la connaissance n’est pas toujours évidente pour un lecteur occidental d’aujourd’hui. Les contes chinois d’inspiration bouddhiste sont l’une des principales sources d’Akinari et le fantastique fait souvent irruption dans les histoires sous la forme de fantômes ou d’esprits.

La fidélité, sous toutes ses formes, est un sujet qui revient souvent, mais on trouve aussi des contes sur la jalousie, l’inconstance, la débauche, l’intempérance ou même la folie. « L’impure passion d’un serpent », qui est le conte le plus long et le plus développé, est aussi le plus intéressant, avec « Le capuchon bleu », sur la psychologie des personnages. Mais c’est un peu hors de propos d’évoquer une « psychologie », car les hommes sont souvent le jouet de démons ou de fantômes et leur caractère est issu de leurs vies antérieures, comme la théorie de la réincarnation du bouddhisme le suppose. On trouve quand même des personnages intrigants dans quelques-uns de ces contes.

Neuf contes, assez courts dans l’ensemble, qui dépassent rarement les dix pages, et dont le surnaturel est souvent sombre et parfois horrifique, avec quelque pointes plus légères. Mais tout cela reste quand même très classique, sans grandes effusions, très mesuré, à la japonaise.
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Contes de pluie et de lune

Les neuf récits qui constituent les contes de pluie et de lune ont pour dénominateur commun l'apparition d'un spectre.



Ame antique ou âme d'un proche, le héros spectral est l'émanation d'un désir, d'une passion qui ne s'est assouvie durant la vie humaine. Elle viendra ainsi ébranler le quotidien d'autres humains qui sont le miroir ou le réceptacle de ces passions défuntes.



Lune et pluie installent un cadre fantastique qui réverbère le monde des hommes et celui des Morts.



Des nouvelles étranges ou émouvantes à lire absolument!
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Contes de pluie et de lune

À la fin du 18e siècle, alors que le Japon était encore fermé à tout commerce et contact avec l’occident (si l’on excepte les enclaves de Nagasaki), Ueda Akinari écrivit en huit ans ces neuf récits devenus des classiques. Il était à l’époque (vers 1776, il avait alors 42 ans) médecin, ce qui lui laissa le loisir d’écrire. « Le temps après la pluie, alors que la lune est encore cachée par la brume, est le moment propice aux manifestations surnaturelles » nous précise le traducteur, l’irréprochable R. Sieffert. Nous allons donc retrouver au fil des pages les manifestations des fantômes et autres créatures fantastiques issues des traductions nipponnes.



"Shiramine" ouvre le bal, avec une armée de fantômes en armes défilant devant un sage méditant sur les vanités humaines, suivi du très beau "rendez-vous aux chrysanthèmes", histoire d’une amitié et des serments qui y sont liés. Ce conte est considéré au Japon comme un chef d’œuvre, bien qu’il soit d’inspiration chinoise.

"La maison dans les roseaux" nous fait partager les surprises d’un homme qui retrouve les traces de son passé ; avant de retrouver le rêve inspiré du vénérable moine Kôgi ("Carpes telles qu’en songe"), cité par ailleurs dans de nombreux recueils d’histoires japonaises. "Buppôso" raconte les aventures d’un père et de son fils confrontés à de singulières rencontres.

Shotaro, mari infidèle, doit affronter la colère de sa femme défunte, qu’il a trompée et volée, malgré les avertissements du "chaudron de Kibitsu", un augure qu’il veut mieux prendre au sérieux pour régler ses affaires conjugales.

Dans "L’impure passion d’un serpent", dont le début rappelle le célèbre « Dit du Gengi », Ueda Akinari nous raconte aventures de Toyoo, fils cadet d’une famille prospère, qui fait inopinément la rencontre d’une superbe jeune femme et de sa servante. La belle lui fera, outre une offre de mariage, un présent encombrant. Manago, car telle est le nom de l’apparition, le poursuivra de ses assiduités, jusqu’au mariage, mais sera contrariée par l’intervention d’un chasseur de démons… Le maître zen Kwai-an devra lui aussi affronter un démon singulier dans "le capuchon bleu", avant que le recueil ne se close par l’histoire d’un guerrier économe, Oka Sanai, qui passera une étonnante nuit à disserter avec l’esprit de l’or qu’il a accumulé, donnant ainsi matière à l’étonnante "Controverse sur la misère et la fortune".



Ueda Akinari a longtemps été commerçant à Osaka avant de devenir médecin : il connaît parfaitement le petit peuple des villes et des campagnes, les légendes des différentes provinces et les classiques chinois. Il était en effet très important, à l’époque, d’y trouver son inspiration. Puisant aux meilleures sources, tous ses récits sont entrecoupés de poèmes waka (en cinq lignes) et sont pétris de morale bouddhiste (qui ne donne pas, c’est le moins que l’on puisse dire, un beau rôle aux femmes).



La traduction date de 1956 et a été entreprise sous l’égide de l’UNESCO par R. Sieffert, qui devait être lui-même la réincarnation d’un lettré de l’époque Héian, tant sa maîtrise du verbe, mais aussi de la métrique, des sensations, de l’âme enfin de la langue japonaise est grande.



Parmi trois éditions disponibles, la mienne comporte 230 pages, bien que les contes ne s’étendent que sur 120 : introduction, préface, 25 pages des commentaires sur les origines et le fond culturel des différents contes, ainsi que 20 pages de notes (qui auraient gagnées à être située en bas de page) complètent en effet le texte original.


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La maison dans les roseaux et autres contes



Ces récits, issus des Contes de pluie et de lune, se déroulent dans un monde où les hommes vivent au côté fantômes et les esprits. Les yurei hantent le monde et sont obsédés par des émotions comme l'amour ou la vengeance. Les hommes doivent assumer leurs actions et faire face à leurs conséquences bonnes ou mauvaises. Dans ces histoires, on ressent tout le poids des traditions et des croyances religieuses dans le quotidien de ce Japon féodal.On ressent tout le poids des traditions et des croyances religieuses dans le quotidien de ce Japon féodal.. La plume est poétique et fluide, les dialogues sont truculents et vivants.

Les contes d'Ueda Akinari font partie de la longue tradition des contes japonais, mélangeant le surnaturel, et l'épique. C'est une lecture agréable, qui ravira les amoureux du Japon.
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