Je me demande pourquoi après avoir lu Trump, il y a déjà un an d’Alain Badiou, je m’attelle à cet essai très court Méfiez-vous des blancs, habitants du rivage, une soupape surement à notre climat politique actuel, celui des futurs élections présidentielles en 2022, ou le Macronisme vire vers l’extrême droite pour récolter quelque voix, une atmosphère anxiogène nous habille tous, les lois pleurent l’absurdité humaine du repli sur soi, et de la stigmatisation de l’autre, comme celle du séparatisme, celle de la sécurité globale et de l’immigration, les racines sont dangereuses, comme le dit le livre de Maurizio Bettini, Contre les racines, elles nous emmènent vers un passé que l’on décide idéale, figeant juste l’instant choisi qui somme toute évolue à tout moment comme notre monde. Dans la société occidentale où les personnes sont moins libres que les marchandises et l’argent, l’étranger, l’ouvrier, l’immigrant, le migrant sont tous des synonymes plus ou moins impersonnel à des êtres vivants cherchant la liberté de vivre sur notre terre, ils ont souvent l’impossibilité de se mouvoir dans certains pays face à l’hostilité croissant du nationaliste et de ces parties d’extrêmes droites. Mon préambule semble confus en soi, comme le sera ce pamphlet moderne d’Alain Badiou, qui se résume comme souvent par l’apologie du communisme, je me demande lequel, celui Stalinien, celui Chinois, celui de Pol Pot, celui Cubain de Fidèle Castro, car le pouvoir humain se métamorphose souvent en tyrannie, dictature, asservissement par quelque hommes et la France bascule dans cette terreur, parlons de ce texte assez bref et qui pour ma part m’a donné aucun souvenir vivace, juste une multitude de référence mises bout à bout comme un patchwork.
Je n’ai pas un souvenir impérissable du roman Trump, un ennui, juste un prétexte comme souvent à faire l’apologie du communisme, ce manifeste ne déroge pas à la règle, un écho redondant du communisme, encore un clivage à se borner à une idéologie qui restreint les valeurs et les idées, Alain Badiou de la crise des gilets jaunes brandit de son bras en faiblesse l’étendard communiste, de ces méandres flous se déversent dans le flux migratoire. Alain Badiou place ce manifeste comme livre, et s’inspire d’une chanson traditionnelle Malgache écrite par Évariste de Parny, repris par Ravel en soutien au Bolcheviks en 1926, il débute par cette chanson, les premiers mots sont le titre du livre, Méfiez-vous des blancs, habitants du rivage.
Cette chanson résume parfaitement la haine des hommes, les uns pour les autres, ce colonialisme entrainant l’anticolonialisme, cette Europe à la plénitude de sa grande puissance part en quête de pouvoir et de donner la bonne parole, être celui qui dit vrai, en apportant le modernisme, la religion et surtout l’esclavage et la servitude, pillant la terre des autres et se voulant au-dessous de tout, mais Alain Badiou dérive surtout vers notre société, et bien sûr comme nous le connaissons tous , parle de communisme, il donne la parole à un jeune Guinéen sur le notion du mot migrant, cette pensée est pertinente, et il est vrai que la fonction des mots perd de sa valeur et nous sommes devenus un monde qui aseptisons tout . Il y a l’étranger qui vient pour visiter, celui qui vient travailler, celui qui vient pour y vivre, selon l’époque ces étrangers ont eu des significations bien particulières dans les termes qui les définissaient, comme ouvriers, immigrés et migrants, chacun représentent une politique différente, d’où une changement de valeur et de mots, c’est ahurissant comment on se leurre d’un mot, en parlant d’un être humain qui quitte son pays pour venir dans un autre sans savoir pourquoi ce voyage vers l’inconnu, la misère humaine est ce flux continue de mouvement de population, ou de migration humaine, car somme toute, l’animal va vers la nourriture et le confort !
Alain Badiou cite un essaie de Patrick Chamoiseau, Frères migrants , puis disserte sur l’analyse politique et poétique de ce texte, une épée qui fend la surface d’une étendue d’eau, c’est mon impression, sans renier l’érudition de notre auteur, chacun ses opinions, ensuite du philosophe Jacques Derrida expose l’un de ces écrits ayant pour maxime « il faut dire oui à celui qui arrive, quel qu’il soit », la charité humaine, presque chrétienne, religieuse surtout, je suis panthéiste, laissons la religion aux croyants. Il y a toujours , de tout temps , une hostilité à l’autre, et l’autre c’est celui qui vient , ce qui entraine le racisme et la xénophobie, l’identité de l’autre est importante en soi, comme le colonialisme, l’esclavagisme, l’intégrisme et tout ce qui pose un soucis de conquête du pays accueillant, et enfin l’intégration…Il y a une sorte de sacralisation de la misère, souligne Alain Badiou avec Laurent Gaudé et son poème Regardez-les, mettant en lumière l’Europe spirituelle à contrario de celle matérielle et de marché , je vous invite à lire Nous, l'Europe : Banquet des peuples, une utopie de notre Europe, qui de nos jours semble perdue dans la loi des finances et de la corruption.
Et bien sûr Alain Badiou évoque ce fameux Manifeste du parti communiste de Karl Marx, pour nous rappeler que celui-ci était, deux siècles plus tôt, une forme de visionnaire sur le monde actuel, sur la conquête de la société par le système capitaliste et bourgeois, avec l’exode de masses humaines entières, et continue par définir le mot prolétariat, le mot ouvrier et la classe ouvrière, il dérive vers la notion de prolétaires nomades, ceux qui chassent l’argent pour l’envoyer à leur famille, ce sont des prolétaires nomades. Ensuite Alain Badiou s’écroule dans un romantisme poétique sur les ouvriers poètes de Chine, ceux qui sont dans les bagnes des usines chinoises, paradoxe d’utiliser ce terme de « bagnes », Alain Badiou faisant référence à ces ouvriers anglais vivant il y a plus d’un siècle et demi dans ces taudis infâmes inhumains qu’a décrit Engels, c’est ironique de ce penseur à l’idéologie communiste cette comparaison. Alain Badiou a cette douceur pour la poésie de ces ouvriers vagabonds, de leurs proses comme celle de Guo Jinniu préfacé par le poète contemporain Yang Lian, de ce monde en mouvement vers un exode ouvrier assez rude, plutôt néfaste pour cette Chine , où la question de la maison est primordiale dans la définition que notre poète contemporain en fait, celle des sentiments, la poésie est notre maison à tous, la prosaïque sur papier est un retour à la vraie vie, ce qui est troublant est beau à la fois, c’est ce passage hors du temps et du livre , comme une bulle d’air dans une eau trouble et asphyxiante, il nous donne le début d’un poème de Gui Jinniu, Un nombre massivement singulier, Alain Badiou à travers ces poèmes, s’intéresse à la question du voyage et celle des papiers que Jacques Rancière nomme « la paperasse des pauvres » , la Chine créant son livret ouvrier, que la France l’avait fait deux siècles auparavant, la bureaucratie est invasive, une vraie araignée qui tisse sa toile et surveille encore et encore mais notre auteur s’extasie de la poésie et n’effleure rien de profond à cette analyse, il est juste un observateur, repartant dans la poésie et Xin You, sur l’existentialiste de l’ouvrier, et finissant sur la déclaration des poètes du livre de Chamoiseau Frères migrants en nous faisant part des cinq derniers articles.
J’ai découvert la beauté brute de ces poèmes, comme un cri lointain de ces hommes asservis par un monde où le travail est devenu une norme à l’être humain, que Paul Lafargue dénonce dans Le Droit à la paresse, Alain Badiou, revendique seulement un communisme communautaire, plus de frontière, plus de drapeau, juste la liberté du prolétaire nomade, pour une éthique du vivre monde. Je n’ai pas de solution miracle à ce monde, je me demande bien comment Alain Badiou garde cet espoir de son communisme, ce mouvement politique égalitaire qui n’aura qu’apporté dans notre monde que des dictatures, des révolutions sanguines et une forme d’esclavage humain, cet auteur a ce respect de ces convictions, sans Sophisme, juste sa liberté de pensée, comme Stéphane Hessel et son Indignez-vous.
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