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Citations de Alain Cadéo (289)


Quel est le con qui pourrait dire que les mots ne sont rien ? C’est sans doute celui qui est entouré d’une foule de bavards inutiles.

Mais pour moi, chaque ligne d’un livre, quel qu’il soit, même le plus mauvais, est comme un nectar. Ce sont autant de voix qui m’offrent le meilleur d’elles-mêmes. Ce sont des voix d’humains racontant leur histoire.

Bien sûr, dans le foutoir des mots, certains sont d’alcool pur alors que d’autres ont le goût fadasse de tisanes. Mais peu m’importe le flacon...
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Tout au fond du regard des très vieilles personnes, il y a des niches vivantes et vivaces, des sanctuaires pleins de silhouettes colorées et j’entends même claquer les semelles en liège des jeunes filles d’autrefois, leurs fous rires, leurs chagrins, leurs insouciances...
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Ce que vous ne me dites pas maintenant et qui traverse votre cœur, demain aura pâleur des choses oubliées.
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Parce que je crois toujours à la charge des mots. Et même si personne ne me lit, les formules, incantations, charmes, fruits de toutes mes concentrations, opèrent en secret. Je les prononce à voix basse, au fur et à mesure que les lettres sortent vivantes à la pointe de cette plume d’or.

Et lorsque mes cahiers seront définitivement fermés, mes phrases sortilèges macéreront. C’est un terreau bruissant de vie. Il vous suffira alors de les entrouvrir ces cahiers de pleine lune et vous verrez pointer les radicelles, l’âme des mots, comme un printemps souterrain.

Prononcez-les du bout des lèvres, car il ne faut jamais rien réveiller en sursaut. Mes enfants, mes petits, je vous promets l’éternité.
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L’humain c’est formidable. Ça a beau être pourrissant, corrosif, destructeur, hystérique, parfois ça badigeonne la vie d’un grand coup de tout neuf. Et rien qu’avec un rire, ça vous glisse une image digne de tout l’Himalaya, ça vous recapitonne le moral de neige toute fraîche, un vrai bain de jouvence, un truc à ressusciter les morts.
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Les nuages sont doux ancêtres des pierres…
Les pierres sont dures filles de nos pensées…
Et nos pensées, éphémères, légères orphelines, retournent aux nuages.
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𝒩ℴ 𝓂𝒶𝓃’𝓈 𝓁𝒶𝓃𝒹

Deux ailleurs qui se croisent font, chaque fois, un nulle part que j’aime par-dessus tout.
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Ne vous souciez pas d’être meilleur que vos contemporains ou vos prédécesseurs.
Essayez seulement d’être meilleur que vous-même.
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Le seul métronome qui calme vraiment mon coeur
c’est la cadence de mes pas sur des routes sans fin.
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Comment vous expliquer ?
Lorsque je dis que tout s'estompe, je veux parler de la mémoire. Ce qui reste, c'est vraiment trois fois rien. Quelques extases. Peut-être le premier papillon posé sur vos berceaux. Peut-être le premier regard d'une fille ou d'un garçon sur vos douze ans qui chavirent dans le roulis d'un train ou le balancement d'un bus. Le souffle tiède d'un tilleul à l'heure où sonne l'angélus. Un parfum... Trois fois rien.
La moindre brise venue de cet ailleurs comme immanent, est mille fois plus importante que tous nos jeux de fiévreux bâtisseurs de concret.
L'importance, la gloire, le succès, les grandes aventures, seront lourdes couronnes mortuaires, faux chrysanthèmes aux pâles couleurs fanées des artifices oubliés.
Seuls l'églantier, la capucine, le bouton d'or, le liseron, l'humble violette, tenaces, fragiles, vivants, délicatement parfumés, vaudront tous les bouquets.
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Je me suis souvent demandé si ce qui nous retenait à cette Terre n’était pas le fil rouillé mais tenace des regrets. Ce tétanos indiscernable flanqué par des épines de rosiers. Et pourtant ils sont nombreux les imbéciles, qui, comme moi, un jour ou l’autre, ont proféré l’orgueilleuse sentence, le rien de rien, le : « Je ne regrette rien... ».

Ah l’implorante chansonnette ! Ce Te Deum des midinettes, vous a des airs de poulet égorgé sur le billot froid et sanglant d’un ricanant destin vous offrant son panel de possibilités.
Alors, comme vapeurs, nos âmes orphelines, reviennent visiter le vaste inachevé de nos velléités.
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Comment un vieux bonhomme peut-il se raconter sa vie ?

L’écrire serait céder à un sale défaut, celui du contentement de l’épaisseur ; les librairies sont déjà pleines de ce gâtisme satisfait. Et puis j’ai toujours détesté tourner les pages ; les mots ainsi épinglés ont un côté linge sec qui me déprime.

Ma vie se raconte seule, elle possède son propre langage, sadique, outrancier ; bah ! la précision est une merde de l’esprit civilisé.

Ma vie à la rigueur j’aurais aimé la peindre, ou mieux, la sculpter dans de grands blocs disséminés aux quatre coins du monde.

Non, je préfère maintenant la marcher, la dire, la greffer sur cette terre grecque qui en a vu bien d’autres. Ma mémoire revient aux courants d’air ; mes interlocuteurs seront indifféremment : arbres, mer, vents ou la maison.

Je rends au monde ce qu’il m’a apporté, je lui rends en pensées ou en paroles son insouciante insémination, les quelques bribes de sa palette qui m’ont taché de joie safrane, de force rousse, de peur violette, de douleur blanche ou mauve. Je restitue dans leurs désordres tous les pistils qui ont court-circuité ma tête.

Quant aux genèses, elles sont un vecteur humain, un mouvement risible de chercheurs de pépites.
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J'ai tellement appris à me contenter de peu. Tout est devenu festin, tout me comble, le plus petit cadeau du monde est une joie au coeur de mon silence.
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𝒞ℯ𝓃𝓉z 𝓂ℴ𝓉𝓈...

Toute nouvelle page est promesse de Perfection.

Si, sans un mot de trop, nous pouvions en lisant tomber pile sur le cœur réacteur de nos vies, nous éprouverions de salutaires secousses capables de remettre en marche le bon gros désir d’exister.

Chaque seconde, chaque pas, chaque point, contiendraient l’envergure et l’exaltation d’un vol plein vent de cormoran.

Cent mots sont peut-être essentiels. Cent mots !

Et, de leur infinie combinaison, dépend ce vertige, ce courant ascendant ayant pouvoir d’enivrer l’âme la plus ténébreuse, de soulever dans les airs comme fétu de paille le zeppelin le plus lourd pour en faire un monument d’insouciance et de grâce.

Et celui qui ainsi, après mille combinaisons, réussit à aligner la parfaite formule est un bien grand poète.

Il est souffle mythique, oxygène divin, digne de figurer dans le catalogue formidablement irraisonné de ceux et celles qui grandissent l’esprit, ouvrant des routes phosphorescentes aux pauvres voyageurs perdus que nous sommes.
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Que je suis bien chez elle ! Tout y est un peu sale, les napperons jaunis, les ampoules poussiéreuses, les abat-jour à pompons défraîchis, les rideaux lourds de velours passé et cramoisi, les photos dans des cadres de bronze terni, le tout bercé par le long balancier d’une horloge à poids au cadran blanc.

Je ne sais pas pourquoi je suis tellement à l’aise dans ce doux parfum de choses fanées à la poudre de riz, à la cire d’abeille avec un fond de beurre cuit, cette presque indiscernable odeur d’eau de toilette à la violette, de savon noir et un soupçon d’urine volatil.

Moi qui vient des fauteuils cuirs, des grands bureaux de designers, marbres lustrés, vitres fumées et qui ai toujours vécu dans des décors « branchés » où, du trente au soixante, on renifle à plein nez l’homme moderne, propre comme un sou neuf, tendance zen, sobriété friquée, pureté des lignes, la bourgeoisie domestiquée, le bon goût du sans âme, j’aime par-dessus tout le bric-à-brac vieillot, la mièvrerie et l’inutile.

Fadeur d’une autre petite bourgeoisie, mais qui celle-là ne prétend pas ni à l’art ni à la culture, ni à la philosophie ni aux affaires. Non, là, on entasse les souvenirs, on aime le « joli », le mignon, le cucul la praline, ce que notre génération nomme le « kitch » avec le sourire méprisant des civilisateurs, ces carnassiers du goût.
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ℳℴ𝓃 𝒷𝓊𝓇ℯ𝒶𝓊-ℯ́𝓅𝒶𝓋ℯ

J’ai toujours aimé les grandes pages d’écriture sur des papiers craquants, radeaux de mes pensées, voiles latines tendues comme soutanes de moines blancs et bedonnants.

J’y ai jeté des phrases en chapelets de jais et, fier, cambré, assis devant mon bureau-épave, j’agrippe mon stylo d’encre noire et barre droit devant, ivre d’embruns et de ces vignes de nuages flambants à l’horizon.

Au levant, au couchant et puis la nuit sous les étoiles, j’ai navigué ainsi par tous les vents, petit Colomb, avec la joie de découvrir de belles îles inconnues.

Les mots sont mes rondins liés entre eux par des tresses de cheveux blonds.

Et je bataille, m’enrage chaque jour, pour donner à tout ce bric-à-brac l’aspect de caravelle. Nul ne s’y trompe, mais je m’en moque. Ce que je vois est tellement plus vrai que ce que les autres en pensent.

Pirate de broutilles, j’ai des coffres remplis de breloques et de toc et ma bannière déchirée est aux armes des fous.
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Rien ne meurt. J'affirme que tout reste vivant, chatoyant, coloré. Mes morts sont souriants, ils m'entourent avec la bienveillance des âmes chères et légères. Ils sont puissants aussi, porteurs de leurs secrets, de leurs mystères, tout ce qu'ils n'ont jamais dit, tout ce que je n'ai jamais pu savoir.
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L’homme libre, l’homme de bien ne peut renoncer à son âme, à sa joie et à sa densité. Une fois qu’il a goûté à ces mets royaux, peu lui importent les très mauvais moments qu’il doit endurer dans le froid, les ténèbres, la grelottante obscurité de ses angoisses.
Il se souvient et tente sans relâche de retrouver ce ciel d’or pur.
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Oui c'est bon l'humain, c'est chaud, ça bouffe, ça boit, ça sue, c'est sur les nerfs, jamais très loin du coeur qui cogne, ça se réserve des tonnerres de rires et ça a même quelques fois des gestes maladroits comme de la tendresse.
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L’humain c’est formidable. Ça a beau être pourrissant, corrosif, destructeur, hystérique, parfois ça badigeonne la vie d’un grand coup de tout neuf. Et rien qu’avec le rire, ça vous glisse une image digne de tout l’Himalaya, ça vous recapitonne le moral de neige toute fraîche, un vrai bain de jouvence, un truc à ressusciter les morts.
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