Citations de Alejandro Palomas (215)
Commencer à vivre sa vie d’adulte, ça fait mal, mais ça fait encore plus mal de ne pas le faire.
(...), moi, je ne connais pas la Norvège, mais je suis sûre qu'on y vit très bien , même si à chaque fois que sort un roman norvégien ça ne parle que d'assassins pas rigolos du tout . (...) . Ingrid dit que le froid produit une substance dans le sang qui rend fous les hommes et les poussent à commettre des actes dont peut-être les Norvégiens ne se sentent pas coupables puisqu'ils ne sont pas catholiques : ils ne peuvent pas se repentir. Ah, quelle chance ils ont de ne pas se sentir coupables et de ,ne pas avoir à aller à la messe !
Amanda peut passer des heures plongée dans un bouquin. Elle est même capable de lire en marchant dans la rue, alors vous imaginez. À tel point que je l’ai déjà trouvée en train de bouquiner en poussant son caddie, au supermarché, ou pendant qu’elle fait la cuisine...
Et tu voudrais être Mary Poppins pour quoi d'autre, encore ?
-Ben... Parce qu'elle a un parapluie qui parle et une vieille valise pleine de meubles gratuits... et des pouvoirs comme de faire que les tiroirs se rangent tout seuls...
« J’ai la sensation que nous allons avoir plus d’une surprise, ce soir. » (p. 31)
"L'esprit humain est à l'image de la vie : un labyrinthe qui révèle parfois de celui qui s'y perd des choses qu'il n'aurait jamais imaginées."
Il ne faut jamais remettre à plus tard les bonnes choses.
"Papa m'a raconté que les Vietnamiens c'est des Chinois mais en bien plus élevés parce que leur cuisine a des trucs piquants qui brûlent la langue pour qu'ils mangent la bouche fermée."
Je me surprends à penser : L'ombre de papa est toujours là. Nous sommes ce qu'il ne voit plus, mais nous sommes aussi ce qu'il a laissé de ténèbres en nous.
« Il est tellement gentil…, répète maman chaque fois que nous prononçons son nom pour une raison ou pour une autre. De toute façon, pour supporter ta sœur, il faut soit être de bonne composition, soit être étranger et ne pas la comprendre, ou encore mesurer deux mètres comme Juanito, pour ne pas la voir de trop près. »
La famille est un continuum de naufrages jalonné de morts et de naissances. Entre les unes et les autres, le temps se glisse et pousse, ciselant l’histoire.
Il faut être mère pour parler de la maternité, comme il faut être professeur pour pouvoir parler de l'enseignement.
Maman est la reine pour détourner les conversations qui ne l'intéressent pas. Sa vue basse et la maladresse physique avec laquelle elle évolue dans le monde contrastent avec son agilité quand il s'agit d'esquiver tout ce qui la dérange. Elle sait parler comme ça, perpendiculairement aux interventions des autres, comme si elle jouait au Scrabble.
"Je te dirais que tu en veux à la vie et que tu as de bonnes raisons pour ça.A ta place,je lui en voudrais sûrement aussi,mais tu te trompes si tu crois que ne rien faire,c'est vivre mieux.Non,ne rien faire,c'est vivre moins,et ça,tu devrais le savoir."
[Elle] m'avait souri de ce sourire condescendant de petite maligne convaincue de tout savoir que les enseignantes nous servent à nous, les parents, comme si on était de parfaits imbéciles.
La vérité.
C'est si vrai ce qu'on dit. Quand on cherche la vérité depuis longtemps, c'est le jour où on la découvre enfin qu'arrive le plus difficile: savoir quoi en faire.
Papa est une ombre qui nous habite, mais ce n'est pas un deuil parce qu'il a renoncé à nous de son vivant quand il a divorcé de maman et de nous avec elle, et sa fuite nous a fait du bien. Il est parti, il n'est pas resté, nous laissant juste le souvenir de ce qui a fait de nous ce que nous sommes et de ce que nous avons gagné en le perdant. Son départ a été une exonération et c'est bien ainsi.
(p. 118)
De nous trois, [ma sœur] Emma est le silence, celle qui ne sait pas partager ses soucis, parce que pour elle se confier, c'est déranger, et ça pas question. Elle ne raconte pas, elle résume, et nous qui l'entourons avons dû apprendre, avec elle, à deviner. Mais être sans cesse obligé de deviner fatigue, surtout quand les erreurs sont les mêmes, que les dynamiques se répètent et que rien ne change ; on finit par avoir l'impression de ne pas compter dans la vie de ce genre de personne, qu'on ne nous demande d'être là que quand la tragédie a déjà eu lieu et qu'il faut aller repêcher le peu qu'il reste à sauver du naufrage pour le mettre à sécher et repartir de zéro.
La solitude est sans doute
le moment le plus bruyant de la journée :
les bruits du dehors s'éteignent,
ceux du dedans reviennent.
" Cette manière de lire, il l'a héritée d'Amanda. En ça, c'est son portrait tout craché. Pas qu'en ça, d'ailleurs. Amanda peut passer des heures plongée dans un bouquin. Elle est même capable de lire en marchant dans la rue, alors vous imaginez. À tel point que je l'ai déjà trouvée en train de bouquiner en poussant son caddie , au supermarché, ou pendant qu'elle fait la cuisine...
- Je vois ", a lâché l'instit , sans l'ombre d'un sourire.