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Citations de Alejandro Palomas (215)


Maman [...] écarquille des yeux innocents.
« Ah, je ne vous l'avais pas dit ? Je me suis inscrite à un cours de yoga. »
Olga jette un coup d'oeil à Emma avant de s'exclamer de sa voix de guichetière :
« Quelle bonne nouvelle, Amalia ! Ça va vous faire un bien fou, vous verrez. A un certain âge, il n'y a rien de tel qu'une activité physique modérée pour la tonicité du corps et de l'esprit. D'ailleurs, voyez-vous, à la banque, cette année, nous avons eu droit à un bon gratuit pour des cours de...
- Oui, je suis enchantée, l'interrompt maman avec un soupir de satisfaction. Je m'y suis inscrite avec Ingrid... Pour la semaine sainte. »
Silvia fronce les sourcils :
« La semaine sainte ? Pourquoi pour la semaine sainte ?
- Euh... eh bien... sûrement à cause des processions, je pense.
[...]
- Mais maman, quel est le rapport entre le yoga et les processions ?
- Il y en a un, figure-toi », rétorque-t-elle sur la défensive. Mais malheureusement pour elle, personne ne relève, alors, avec son habitude de fuir les silences comme la peste, elle reprend : « C'est Ingrid qui dit que ces capuchons que portent les pénitents dans les processions attirent les mauvaises ondes cosmiques, donc pendant la semaine sainte, le corps a besoin de se nettoyer de toute cette saleté spatiale. »
Cette fois, je ne peux réprimer un éclat de rire qu'elle reçoit avec un sourire angélique. Je comprends immédiatement que j'ai commis une erreur.
« Et aussi, renchérit-elle, encouragée par ma réaction, elle dit que Jésus était professeur de yoga. Et de reiki. Voilà pourquoi il soignait tous ceux qu'il touchait. Et aussi pourquoi les boeufs et les ânes de l'étable l'aimaient autant. »
(p. 261-262)
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Il faut dire que ça fait partie des choses qu'on fait plutôt bien dans la famille: rire de la situation quand les tonalités dramatiques frisent la catastrophe et que l'abîme du danger nous appelle, de tout l'attrait de sa noirceur.
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La version toujours positive de maman est que Silvia et Peter passent les fêtes de Noël séparés parce que, comme le dit Ingrid, " c'est toujours bon de laisser ses chakras prendre l'air et les auras respirer ".
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"Dis-moi qu'aimer, ce n'est pas attendre ce qu'on ne va jamais te donner. Non, ce n'est pas ça, aimer" a-t-elle murmuré en l'embrassant à nouveau.
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Je donnerais ma vie pour pouvoir embrasser de nouveau ma mère encore une fois, rien qu'une, pour pouvoir lui dire que j'y suis arrivée, que je me suis sortie de ce dont je me suis sortie, et qu'il ne me manque plus que son regard pour me confirmer que je m'en suis bien tirée. Je donnerais tout ce que j'ai [...]. Tout sauf vous trois, parce que sans vous, sans ta sœur, ton frère et toi, je me retrouverais sans rien à donner et sans rien non plus à attendre de la vie. Et ça, ce n'est pas possible. Vivre sans avoir plus rien à attendre, pas question.
(p. 256)
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Je ne suis pas papa, ni Andrés, ni Sara non plus, mais je fais partie de ceux qui restent, de cette famille, qui grâce à maman, a appris à révérer les absences et à leur faire une place dans la réalité.
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"Il y a une grande différence entre vouloir être comme quelqu'un et vouloir être ce quelqu'un, monsieur Antùnez, et je pense que cela, conjugué à son isolement vis-à-vis du groupe et à son...hypersensibilité, justifie à déterminer si Guille essaie de nous dire quelque chose, de son monde, de ses peurs..."
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L'esprit humain est à l'image de la vie: un labyrinthe qui révèle parfois de celui qui s'y perd des choses qu'il n'aurait jamais imaginées.
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Je pense que Guille, le Guille que nous voyons, est la pièce d’un puzzle, María », a-t-elle repris, l’air soucieux. Elle parlait avec une certaine timidité, un peu comme si elle craignait que je pense qu’elle avait perdu la raison. C’était presque une confidence. « Et je crois que derrière cette gaieté affichée il y a un… mystère. Un puits du fond duquel il nous appelle peut-être à l’aide.
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Là, tout de suite, je la [ma mère] vois comme elle est et je la compare à la double Amalia qu'elle était jusqu'à il y a quelques années : celle qu'elle fut d'abord jusqu'à son mariage, vivant dans l'ombre de grand-mère Ester, une ombre qu'il a fallu ensuite partager avec celle de papa, toujours coincée entre les deux, asphyxiée par la surprotection de l'une et rabaissée par l'attitude désobligeante de l'autre, tiraillée entre la fidélité, la tristesse, la peur et l'envie de respirer un air différent, de vivre en une autre Amalia dont probablement elle savait qu'elle subsistait dans quelque recoin de ce qu'elle avait toujours été, mais dont personne, ni papa ni grand-mère non plus, ne s'était jamais soucié.
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« Bien, et maintenant, avant la récréation, je voudrais que vous répondiez à la question suivante, les enfants », nous a dit la maîtresse.
Puis elle s'est retournée, a pris une craie rouge et a écrit au tableau, en très gros :
Quand je serai grand, je veux être...
[...]
C'est la première rangée qui a commencé, et ainsi de suite jusqu'à la dernière, où je suis assis. Mlle Sonia a compté en tout :

Trois footballeurs au Barça, deux à l'Atlético de Madrid, deux à Manchester United et un Inesta
Six Rafael Nadal
Deux mannequins super grandes et minces
Une princesse (Nazia)
Un médecin riche
Trois Beyoncé
Un Batman
Un pilote de vaisseau spatial de jeu vidéo
Deux présidents du monde (les jumeaux Rosôn)
Une présentatrice célèbre, comme celles qui passent le soir à la télé
Un vétérinaire de gros chiens
Une gagnante de « The Voice Kids »
Une championne du monde des Jeux Olympiques
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"Et dis-moi, Guillermo, elle a fait en soufflant son air par le nez comme le chat de Mme Consuelo, notre concierge avant qu'on déménage dans la maison de maintenant. Pourquoi est-ce que tu voudrais être Mary poppins ?
- Parce qu'elle sait voler."
La maîtresse a fait "mmm", puis elle s'est un peu gratté le front.
"Mais les oiseaux aussi savent voler, non ?
- Oui.
- Mais tu n'as pas envie d'être un oiseau, n'est-ce pas ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Ben... Parce que si j'étais un oiseau, je ne pourrais pas être Mary Poppins."
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Non, ce n'est pas le genre de maman de se rebiffer. Elle a passé trop d'années à esquiver l'autorité – d'abord celle de grand-père, puis celle de papa – et à éluder l'affrontement. Trop d'années à recourir au subterfuge, à s'en sortir en profitant des brèches que la vie des autres lui laissait. Alors, maintenant que plus personne ne la tient en laisse, maintenant qu'elle est libre comme l'air, elle continue à ne pas le déclarer ouvertement. Elle a appris à voir et à agir dans l'ombre et il est trop tard pour changer.
(p. 211-212)
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- Elle le manifestera aussi dans son comportement. D'après ce que vous m'avez raconté et ce que je sais, votre mère a vécu longtemps dans la peur. Peur de se tromper, peur de mal faire, peur de prendre des décisions... Sylvia et moi avons hoché la tête. Maintenant, elle doit sentir qu'elle n'a plus de compte à rendre à personne, et la liberté, quand elle arrive ainsi d'un coup, n'est pas toujours facile à assimiler.
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Le curé était un vieil homme qui louchait, avec lequel grand-mère avait eu des mots au téléphone parce qu'il s'était plaint que les grands-parents n'avaient pas mis les pieds dans son église depuis des décennies, alors pas question de se déplacer pour des mécréants. Finalement, ils s'étaient vaguement rabibochés et le curé avait consenti à dire quelques mots au pied de la tombe. Dans son bref sermon, il avait parlé de la famille, de ses membres et des absents, et il avait chanté les louanges du grand-père, le parant de mille vertus que ce dernier n'avait jamais eues, preuve, s'il en était, qu'il ne le connaissait pas le moins du monde.
(p. 183)
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« Nos certitudes ne tiennent jamais debout.
Un jour, on voudrait mourir et le lendemain
on réalise qu'il suffisait de descendre quelques marches
pour trouver le commutateur et y voir un peu plus clair. »
'Ensemble c'est tout', Anna Gavalda
(p. 223)
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- Qu'est-ce que je donnerais pour aimer la bière, moi aussi.
- Mmm... Le tout, c'est d'essayer, mon chéri. [...] J'y pense, tu pourrais peut-être demander à Ingrid qu'elle te fasse un reiki. Vu qu'elle en fait aux alcooliques et aux animaux, ça marche peut-être aussi pour les gens sobres. [...] Tu sais qu'elle ne fait pas payer ses clients ?
- Non, je ne savais pas, mais ça ne m'étonne pas. En fait, ce qui m'étonne, c'est qu'elle en ait, des clients !
- L'autre jour, elle m'a raconté qu'un monsieur lui avait demandé de lui faire un reiki sur... enfin, sur ses parties, tu vois, parce qu'il avait des problèmes avec son... machin, soi-disant qu'il ne fonctionnait pas bien, et cette bécasse, elle n'a rien trouvé de mieux que d'accepter, figure-toi.
- Et ?
- Eh bien, elle a posé ses mains sur... sur son truc, quoi.
- Et ?
- Eh bien, apparemment, ce coup-ci, ça a bien fonctionné.
- Maman...
- Et même, il lui a... oui... dessus !
- Maman !
- Ecoute, moi je te répète juste ce qu'elle m'a raconté.
(p. 22-24)

[ reiki : méthode thérapeutique non conventionnelle d'origine japonaise, fondée sur des soins dits « énergétiques » par imposition des mains - Wikipédia ]
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Maman est la reine pour détourner les conversations qui ne l’intéressent pas. Sa vue basse et la maladresse physique avec laquelle elle évolue dans le monde contrastent avec son agilité quand il s’agit d’esquiver tout ce qui la dérange. Elle sait parler comme ça, perpendiculairement aux interventions des autres, comme si elle jouait au Scrabble. Depuis qu’elle vit seule ici avec sa chienne, quand elle n’a pas envie de poursuivre une conversation, elle la coupe net avec une phrase, pour vous emmener vers n’importe quel autre sujet.

[…]

C’est toujours bon de laisser les chakras prendre l’air et les auras respirer.

[…]

Ils sont si mauvais quand il s’agit de communiquer, ils assument si mal les vérités qu’ils ont le chic pour parler au pire moment, ce qui crée de petits îlots de désarroi et de tension qui tombent comme des cailloux dans l’eau d’une lagune. Par ricochets, ils provoquent des ondes autour d’eux. Certaines n’atteignent pas la rive. D’autres lacèrent.

[…]

Bon sang, ai-je pensé, […] comment est-ce possible que nous arrivions encore à nous entendre alors que chacun est un monde à lui tout seul, différent de l’autre et qui fonctionne en parallèle ? [en italique dans le texte].

[…]

Les trois panneaux sont les trois fenêtres que Maman a ouvertes pour nous, pour nous parler sans mots. C’est ce qu’elle voit de ses enfants, la lumière rouge qu’elle devine en nous trois. Les murs de sa salle de bain affichent la lettre que maman nous écrit à chacun depuis un moment, sa façon de nous dire tacitement : « je m’en rends compte. Je suis votre mère et je me rends compte de ce qui vous arrive, je sais où vous en êtes ». […] Maman nous dédie les murs de sa salle de bains et je sais que c’est important, qu’elle ne le fait pas que pour égayer la peinture défraichie. C’est sa façon de nous rappeler qu’elle est notre mère et que, du mieux qu’elle peut, elle est là.

[…]

- Qu’est-ce qu’elle disait, grand-mère, à propos des aubes violettes ? Elle a posé la question d’une voix tremblotante en me caressant toujours les cheveux.
Je renifle deux ou trois fois et je m’essuie les yeux d’un revers de main :
- Nuits de lune grise et de brises contraires, aubes violettes.
Elle hoche la tête.
- Oui, mais elle disait autre chose aussi. Tu ne te souviens pas. […]
- oui, elle disait : il n’est pas d’aubes violettes sans yeux pour les refléter, ni de longs chemins sans pieds pour les parcourir.
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C'est parce que quand je suis revenu des cabinets, je suis passé près de la fontaine et le coq de la girouette indiquait le nord.
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J'ai le sentiment que nous conservons quelque part en nous tous les moi que nous croyons avoir perdus en route.
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