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Critiques de Alejo Carpentier (110)
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Concert baroque

Ma première découverte de cet auteur cubain et français, romancier mais aussi musicologue, l’un des écrivains qui a revendiqué l’emploi du « réel merveilleux » ce qui se nomme maintenant je crois, « réalisme magique » si caractéristique de nombreux auteurs sud-américains.



Au 18ème siècle, un Mexicain, dont on ne nous dit pas s’il est basané, mais c’est sûr, il est très riche, prépare son embarquement pour aller au Carnaval de Venise à bord d’un riche vaisseau, en y entassant toutes sortes d’objets.

Et durant ces préparatifs, le serviteur attitré du Maître, tombe malade et meurt.

Il lui faut trouver un remplaçant de qualité, et il le trouve en la personne d’un noir, Filomeno, avec lequel s’engage une collaboration fructueuse, et les dialogues entre ces deux-là, parfois philosophiques, ne manqueront pas de nous ravir.

Et, sans entrer dans les détails, le Maître, accompagné de Filomeno, arrive d’abord en Espagne, pays d’une partie de ses ancêtres (le reste ce sont des Indiens si j’ai bien compris). L’Espagne le déçoit, il trouve Madrid sale et triste. Et donc, il repart vers Venise, dans laquelle les festivités du Carnaval battent leur plein, comme on dit chez nous.

Et il y rencontre un « trio musical » de choc, composé de Georg-Friedrich Haendel, Alessandro Scarlatti, et le « local », Antonio Vivaldi. Je vous passe toutes les péripéties de cette rencontre, dans laquelle les beuveries sont nombreuses, dans laquelle les musiciennes et chanteuses du Prêtre Roux, jouent un rôle, pas que musical. Sachez qu’ils discutent d’un certain Igor Stravinsky, né deux siècles plus tard, sur la tombe duquel ils se rendent, que Vivaldi va composer un opéra (qui existe réellement), Montezuma, à la demande du Maître mexicain, opéra relatant les déboires de celui-ci dans sa lutte contre l’envahisseur espagnol Herman Cortès, dont la représentation mettra le Maître en colère.

Et puis, notre mexicain repartira en train (sic) vers son pays natal, tandis que Filomeno partira pour Paris et sa Tour Eiffel (re-sic), pour aller écouter un concert de Louis Armstrong!!!(re-re-sic).



Cette histoire ne serait que loufoque, baroque, s’il n’y avait pas, en filigrane, de multiples réflexions, sur la musique d’abord et la diversité culturelle qu’elle implique, sur la colonisation, le rapport entre les peuples, et sur ces thèmes éternels, la vie, l’amour, la mort.



J’avais d’abord été déconcerté et un peu lassé par les premières pages, avec leur accumulation de descriptions, noms, adjectifs. Mais, vite, le roman trouve son rythme de croisière, et même devient formidable. Et je l’ai perçu comme beaucoup plus profond que son « réel merveilleux » le laisserait supposer, à première vue.

Il y a aussi dans le rythme des phrases quelque chose de musical, et les références aux œuvres de ces trois grands musiciens sont à la fois justes et pleines de fantaisie.



Un court roman que j’ai bien apprécié, il ne faut pas s’arrêter à la pesanteur des premières pages, et un hommage à la diversité culturelle, toutes époques confondues.

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Essais littéraires

Barroquismo

Lorsqu'on remonte aux origines du baroque, phénomène européen s'il en est, une conception bien imprécise émerge alors pour le lecteur ou le contemplateur de cette forme de l'expression humaine: entre maniérisme et rococo, d'un statut indéfini en opposition au classicisme ou de l'imitation de nature. Architecture, peinture, littérature, sculpture, le baroque est une rupture dans le style, certes, mais cette divergence ne s'étend guère au-delà des conceptions et formes héritées de la Renaissance et de sa fascination pour tout ce qui est antique. C'est ici qu'il faut apporter une nuance dans cette conception lorsqu'Alejo Carpentier ressuscite cette forme artistique. Cette différence de ton entre barroco et barroquismo, Carpentier l'explicite plus distinctement dans l'écriture de ses romans, en particulier La harpe et l'ombre et Concert baroque.



L'Amérique latine n'est pas en reste quand vient le temps de mettre en avant ses écrivains qui ont fait du baroque une qualité intrinsèque de leur art: Lezama Lima, Severo Sarduy, Emilio Carilla (non traduit en français) ou encore Octavio Paz. Mais les oeuvres de ces écrivains ne s'éloignent jamais trop de leurs modèles, qu'il s'agisse de Góngora, Quevedo ou de Calderón, baroque historique avéré, toujours avec la primauté du langage sachant articuler matériau savant et populaire, ne remettant nullement en question le modèle réaliste et socio-descriptif (narration chronologique, dialogues contemporains, évolution psychologique des protagonistes).



La prose de Carpentier quant à elle s'en démarque (de ce baroque historique) grâce à ce qu'il nomme lui-même un baroque ontologique: horreur du vide, goût pour l'asymétrie, expansion et prolifération. Une affaire de nature, non de culture. Téléologique au sens le plus pur, chtonien: la tradition dont il se réclame relève plus du Popol Vuh et du Chilam Balam, de l'architecture et du stuc de Mitla, Tepotzotlán ou d'Oaxaca. D'où la nécessité d'une nouvelle appellation, celle de barroquismo (intraduisible en français): extinction des formes, des frontières, un style au-delà des concepts du temps et de l'espace. La harpe et l'ombre, par exemple, n'est ni une oeuvre littéraire d'imagination pure (ex nihilo) ni ouvrage d'historien, encore moins triptyque de peintre ou roman fantastique avec fantômes et conclaves oubliés. Un barroquismo qui prend racine entre le Pantagruel de Rabelais et La cognizione del dolore de Gadda, où les limites de la réalité sont repoussées par le voyage dans le temps, «Dialogue des morts», une ontologie de l'écriture qui se moque des genres et s'affirme non pas par son exotisme et sa luxuriance, mais par son enchevêtrement, sa surcharge et son foisonnement.



Real maravilloso

Une certaine confusion existe aussi au niveau de ce que l'on appelle en français le réalisme magique, terme qui entre en contradiction avec lui-même et masque sa véritable intention. le réel merveilleux, imaginé et développé par Carpentier dans une préface désormais célèbre en Amérique latine et qui influencera profondément le continent tout entier, concept donc qui assume mieux sa verticalité que celui de réalisme magique, son aspect transitionnel plutôt que sa conception hétéroclite ou pire, absurde... Gabriel García Márquez, Reynaldo Arenas, Isabel Allende décrivent tous la réalité en ayant recours au surnaturel, un surnaturel qui confronte les perceptions et rend caduque une certaine vision du monde, décrochant alors de cette lecture du monde, sociologie littéraire qui s'épuise dans ses manifestations saugrenues et inattendues.



Pour Carpentier, le réel merveilleux est essentiellement une question de contenu, et le baroque une question de style. Décrire la réalité mais sans le recours au surnaturel: le merveilleux qui s'affirme dans la Nature (cyclones, récifs coralliens, jungle étouffante), dans ces évènements historiques et ses figures (la Conquête, Henri Christophe, Victor Hugues), dans ses religions et ses mythes (vaudou, zoomorphie, El Dorado), dans ses peuples (mestizaje), et dans sa synchronicité («donde un hombre del siglo veinte puede darse la mano con otro del Cuaternario»).

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Le Partage des eaux

Le partage des eaux d’Alejo Carpentier

Un homme revient dans une maison à colonnes blanches après plusieurs années. Sa femme est une actrice très occupée, lui fait un boulot qu’il trouve sans intérêt, elle part en tournée, il a deux mois devant lui suite au succès de son film, quand il rencontre fortuitement le responsable du musée organographique lui demandant où en sont ses recherches, il ne sait pas qu’il a tout abandonné depuis longtemps. Il lui propose un travail sur les instruments de musique indigènes. Il part avec Mouche sa maîtresse dans un pays indéterminé où la révolution explose le lendemain de leur arrivée. Ils entreprennent une odyssée à la lisière de forêts vierges à la recherche d’instruments de musique indigènes originaux alors qu’ils avaient envisagé de simplement profiter d’être payés pendant deux mois et ramener n’importe quels objets. Au son de la neuvième symphonie de Beethoven ils arrivent dans un lieu qui s’était développé sur le pétrole « vaste danse de flammes qui claquaient au vent ». Une auberge remplie de prostituées, Yannès, un homme chercheur de diamants, et dans un exotisme exubérant, Carpentier nous mène dans une danse folle et musicale en un délire d’une érudition étourdissante. La descente du fleuve continue laissant place à des villes fantomatiques. Mines abandonnées, pulsions sexuelles. Mouche malade du paludisme, il repart puis s’enfonce dans la forêt avec Rosario sa nouvelle amante. Yannes cherche toujours des diamants dans une humidité prégnante. Ruth pendant l’ absence de son mari a prévenu la presse de sa disparition avec prime à qui le retrouverait.

Roman foisonnant par Alejo Carpentier, l’homme par lequel arriva le réalisme magique. On passe de New York au Venezuela dans une sorte de conte initiatique au fur et à mesure que le héros retrouve la nature vierge. On est au cœur du mythe de l’Amérique latine avec cette langue si particulière qui peut facilement rebuter. Mon livre préféré chez cet auteur.
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Le royaume de ce monde

Ca lui a pris 16 ans a Alejo Carpentier pour publier un deuxieme bouquin. Au premier abord le lecteur peut penser qu'il poursuit la meme veine (s'il n'a pas lu l'introduction-manifeste et s'il ne sait pas qu'entretemps il a desavoue son premier livre, Ekoue-Yamba-O). Mais tres vite les differences sautent aux yeux. Je dois avouer que j'y etais prepare d'avance, sachant deux ou trois choses sur Carpentier. Dans Ekoue il narre le destin tragique d'un noir cubain, l'innocent Menegildo Cue, s'appuyant sur des descriptions ethnographiques de coutumes et cultes importes d'Afrique. Dans Le royaume de ce monde il utilise des descriptions semblables pour perfiler le devenir de tout un territoire, Haiti, dans une vision liberationniste de son histoire. Il depasse le "negrisme" decoratif.



A travers le personnage de Ti Noel, un esclave qui s'affranchira, le livre suit les differentes phases de la lutte de liberation haitienne. Et leurs different leaders, eleves ici au niveau de heros mythiques. Le manchot Mackandal, meneur du premier soulevement (en 1757, j'ai fait mes recherches), Bouckman qui dirige la deuxieme vague de la revolte (1791), et enfin le roi noir Henri Christophe (1807-1820).



L'auteur est present. Il se veut la conscience lucide de son personage, Ti Noel, qui après avoir toute sa vie admire et aide les differents insurges, voit un roi noir devenir le plus cruel des despotes ramenant de facto dans l'ile un esclavage pour tous, ne laissant d'autre issue qu'une nouvelle revolte sanglante, de noirs contre d'autres noirs negriers. Mais le dernier chapitre ne s'intitule pas pour rien Agnus Dei, agneau de Dieu, figure du sacrifie pour le bien des autres, de tous. La marche de l'histoire fait des meandres mais elle a quand meme un sens et une raison.



C'est après une visite a Saint Domingue et Haiti en 1943, ou il sera impressionne par les restes de la citadelle de La Ferriere et du chateau de Sans Souci, que Carpentier entreprend l'ecriture de ce roman. C'est un des precurseurs du nouveau roman historique latino-americain. Precurseur aussi et surtout du nouveau realisme magique, que dans son introduction programmatique il appelle "real maravilloso". Ce "reel merveilleux" est selon lui un trait caracteristique de l'histoire americaine (et pas seulement latino-americaine).



Après toutes ces palabres, est-ce-que l'auteur a rempli son contrat? Eh bien, ce fut pour moi une lecture tres agreable. Le style est tres baroque, rythme et precieux a souhait, mais je garderais l'adjectif merveilleux pour d'autres qui l'ont suivi, Asturias, Garcia Marquez, et j'en oublie…



3 etoiles? Plutot 4!

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Le Partage des eaux

Plein d'éloges pour ce livre. Je dirai que malgré le fait que le personnage principal a pour moi beaucoup de côtés insupportables, m'énerve beaucoup, il faut reconnaître de un le talent d'écriture de Carpentier et notamment dans le mix des précisions sur l'art et la musique enchâssés dans des phrases qui sonnent un peu étranges. Comme l'intrigue, en fait. J'ajouterai que je constate que je n'ai pas tellement d'attrait ou de résonances avec la littérature hispano-américaine, ça me parle peu...Les réflexions sur le monde des villes vs le monde naturel, le monde réglé qui a oublié ou tâche d'oublier le sacré, le rendre mièvre, mou, voire laid vs la pleine puissance des symboles, de la nature, des liens de l'humain avec ceux-ci... Tout ça est bien fait.

Un livre ne donne pas le sourire, ça c'est certain. Mais, livre qui pose et parle et sonne les choses importantes, et je reconnais le talent là où il est.
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La danse sacrale

Il y a l'art éphémère, comme le théâtre, le chant, la danse, le ballet, la musique. Il y a l'art fixe ou défini, comme la littérature, la sculpture, la peinture. Mais ce qui demeure n'est pas toujours saisissable ou constant, car c'est dans le mouvement que s'incarne parfois ce qui est esthétique. La nature de l'art, de l'expression humaine, est devenue particulièrement difficile suite aux nombreux échecs de la conscience, aux multiples revers des hommes à travers leurs utopies déréalisantes et massacrantes. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de Guernica aux fresques de Rivera, de Gulliver à Giacometti en passant par Stravinsky et Rodin: ce qui humanise, ce qui résonne en nous; ce qui déshumanise et contrevient, contrefait la conscience. le roman de Carpentier agit comme un double miroir et se questionne sur l'apport et les conséquences de ce parallèle entre l'art éphémère et l'art fixe, de ce que représente la danse (ici le ballet classique) et sa consécration, sa relation avec le monde, sa place, sa part d'humanité, son inconstance et son mouvement, mais cartographié par le roman, réincarné par le roman. La prose ici est mouvement, contredanse des personnages, se repoussant, s'attirant à nouveau, en une hybridation des corps, hybridation du roman et de la danse, hybridation des cultures européennes et cubaine.



Certains auteurs écrivent une comédie humaine en quarante volumes; d'autres se contentent de quelques oeuvres, comme Carpentier, mais la densité est telle que bien peu de lecteurs s'y risquent. Autant par les sujets abordés ici: les nazis qui bombardent l'Espagne, les collabos français à Paris ("Hitler plutôt que les communistes"), le règne de Batista et son Cuba Nostra, la chasse aux communistes du gouvernement réactionnaire états-uniens, les surréalistes et les cubistes européens désoeuvrés à New York, les trois révolutions du vingtième siècle...



Tout au long de ma lecture de ce roman, je pensais à Herzog, un livre unique et complet, abordant tous les sujets, s'invitant à toutes les controverses, épuisant les philosophes et les idéologues, consternant son lecteur. Se sentir vivre pour Herzog, c'est une lutte perpétuelle contre l'abstraction, c'est faire appel aux paroles des sages pour les confronter à la triste réalité, aberrante et faussée. le roman de Carpentier prend parfois des allures de manifeste contre cette abstraction, cette déshumanisation des arts, comme un hommage à Ortega y Gasset qui s'inquiétait de voir une esthétique dépourvue de signification et de visée autre que formelle, quand l'esthétique renonce à être une éthique. La danse sacrale serait-elle une poétique du roman qui refuse la révolution artistique de la première moitié du vingtième siècle, contre Joyce, contre Breton et Duchamp, contre Debussy et Mallarmé?
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Le Siècle des lumières

"La révolution a fait perdre la tête à plus d'un" .

Les idéalistes révolutionnaires, qui rêvaient de liberté, d'égalité et de fraternité, caressaient-ils le doux rêve de la guillotine ?



Carpentier exporte la révolution française en Amérique, en nous présentant un personnage historique : Victor Hugues, l'administrateur colonial chargé de promulguer la fin de l'esclavage en Guadeloupe, chargé aussi, de rétablir, plus tard, l'esclavage en Guyane ...

Victor Hugues débarque en Amérique avec le traité d'abolition de l'esclavage, et avec la guillotine sur le pont ...

Nous constatons en un seul et même personnage le paradoxe que pose la révolution française car la révolution n'aura pas permis, in fine, de libérer le peuple de ses oppresseurs, au contraire ...



Elle aura permis, pourtant, de faire tourner le commerce et les révolutionnaires des Antilles se font corsaires (ou pirates), et les magasins se remplissent des denrées des autres ...



Les hommes qui ont réécrit l'histoire (c'est le rôle d'Esteban, l'un des personnages du roman, d'écrire et de réécrire l'histoire, car son rôle c'est de traduire la Déclaration des droits de l'homme, la Constitution, et d'exporter ... ce qui s'avère être de la vile propagande ? , les mots n'ayant pas l'air d'être appliqués par ceux qui les proclament, sont plutôt utilisés à mauvais escient, employés comme des armes dans le but de fomenter des perturbations politiques dans les pays voisins), les hommes qui réécrivent l'histoire sont déportés, pour être réinstaurés, plus tard, après avoir laissé de l'eau couler sous les ponts, dans d'autres fonctions (ainsi Billaud-Varenne devient-il esclavagiste dans la version de Carpentier).

Dans une scène en particulier, les révolutionnaires français sont exécrables. Bien qu'ayant importé la fin de l'esclavage, ils se font un plaisir de s'emparer des femmes d'un bateau négrier non pour les libérer mais pour les violer ... Les révolutionnaires ne font pas de quartiers, alors Carpentier n'en fait pas non plus et il n'hésite pas à donner une version particulièrement sanglante, terriblement humide, gluante même, de la Révolution française .



Révolution qui aura rendu " légitime" quelques scènes sanglantes et les héros de la révolution deviendront à leur tour des martyrs mais les opportunistes sont peut-être ceux qui tirent le mieux leur épingle du jeu bien qu'ils ne soient que des marionnettes sans volonté, et ils accomplissent leur destin légendaire au prix des valeurs qu'ils auront jetées au sol, qu'ils auront bafouées, au prix sans doute aussi de leur tête qui était au début bien pleine d'idéaux révolutionnaires et qui paraît in fine bien vide, et les idéaux révolutionnaires paraissent bien vains ...



Et lorsqu'on sait que la révolution n'aura pas empêché le rétablissement de la monarchie ...
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Concert baroque

Qu'elle est la genèse de l'écriture de Montezuma par Antonio Vivaldi ? Alejo Carpentier la situe à Venise au début du XVIIIe siècle, en pleine période baroque sur la scène italienne. Dans la foule du carnaval, un mexicain déguisé en Montezuma rencontre le prêtre Antonio Vivaldi. L'histoire de l'empereur aztèque devient fantaisie lors d'une nuit enchantée et embrumée dans un couvent de nonnes. Le mexicain devient l'inspiration, le souffle, le protagoniste principal. Cette nuit à l'Ospedale della Pietà, joyeuse et enivrée, est le théâtre d'un opéra vivant. Alejo Carpentier propose un véritable Concert baroque, un opéra avant l'opéra : prémices d'une création de Vivaldi présentée pour la première fois en 1733 au théâtre Sant'Angelo. "L'illusion dramatique" de Montezuma fait alors redécouvrir le Mexique.
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Le royaume de ce monde

Le royaume de ce monde est tissé de rêves et d'oripeaux, de magnifiques restes d'une grandeur passée, d'une splendeur de fin du monde, splendeur d'un royaume, où les rois étaient rois. Les anciens rois africains sont loin, très loin mais ils sont, toujours, là. Leur histoire tissée de légendes est racontée aux esclaves et les esclaves se rappellent leurs rois comme de leurs dieux, et leurs dieux à Haïti ne sont autres que les dieux des vaudous ou des vautours. le dix huitième siècle est un siècle riche, le siècle des Lumières rayonnant de l'éclat des pièces de monnaie et la fin de l'esclavage n'amène qu'une autre forme d'esclavage et les esclaves se retrouvent encore asservis par de nouveaux maîtres.

Au 18 ème siècle (tré)passent des personnages de légende, comme Mackandal, Soliman, des esclaves affranchis du royaume de ce monde, (tré)passe encore Henri Christophe, le premier roi d'Haïti, dont la forteresse serait imprenable, étant bâtie de terre et de sang, (tré)passe aussi Pauline Bonaparte sur la terre et sur les mers des Caraïbes ...
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Chasse à l'homme

Certaines oeuvres méritent une lecture lente, une lecture qui caresse les mots et les fait rouler dans la conscience. Une lecture de la contemplation, ardente dans son décryptage mais patiente dans son déroulement. Les romans de Carpentier provoquent chez le lecteur ce ressenti unique, cette présence qui absorbe le lecteur et le mène sur des chemins non balisés, non encore répertoriés. Je crois sincèrement que l'essence même de la littérature se définit par cette capacité de mimésis, quand l'imaginaire des mots rejoint le caractère inégal de la réalité pour ne plus faire qu'un, quand le papier finit par enrober la pierre dans ce jeu sans fin de Pierre-Feuille-Ciseaux.

Le court roman est en trois parties: la première partie est essoufflée, haletante, tout en affect, négligeant la psychologie et poussant le lecteur à faire face aux vents contraires de la narration, la sueur dans les yeux, la peur qui résonne comme une grosse caisse. La deuxième partie prend la forme d'un retour en arrière mais sans pour autant délaisser les sensations physiques et primaires. Cette partie est typique des oeuvres de Carpentier, une interrogation sur le temps, son déroulement mais aussi sur ses conséquences, sa diffraction et son éparpillement. Le dernier chapitre sera donc les ciseaux qui viendront ouvrir les perspectives, déchirer le papier et gratter un peu de la surface de ce caillou informe qu'on surnomme réalité.
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Guerre du temps et autres nouvelles

Carpentier réalise ici ce que peu, très peu d'auteurs latino-américains osent faire: décrire la réalité. Malheureusement, les romans connus de certains auteurs de ces contrées lointaines nous présentent trop souvent un monde vert empli de jungle et de singes, perroquets et autres serpents arboricoles, parsemé de quelques villes à l'architecture coloniale, habité par une aristocratie bienfaisante et généreuse qui prend pitié des indios et des noirs.

Loin de cette littérature inoffensive et mensongère, le recueil de Carpentier, reprenant et approfondissant certains épisodes déjà abordés dans la Harpe et l'ombre, assume pleinement cet héritage de violence et d'aveuglement, de massacres et de pillage qu'on appelle faussement la Conquête.

À commencer par les encomiendas, ce merveilleux outil à écraser les hommes, qui sera la politique officielle de tout un continent: esclavage de masse, déportation massive, bûchers offerts aux dieux cannibales des européens, destruction de cultures trois fois millénaires. Mais le nouveau système politique implanté par l'envahisseur étranger ne se suffit pas à lui-même: il attirera tous les bandits, voleurs, violeurs et meurtriers de l'Europe, y voyant un gain facile et une façon d'échapper à la justice. Et tout cela, bien sûr, au nom de ce fondamentalisme chrétien fanatique qu'on appelle église catholique, les pires atrocités de l'histoire seront commises sur une durée de trois siècles.

Heureusement, Carpentier ne détourne pas le regard quand vient le temps de fouiller les poubelles de l'histoire. Même avec de courts récits, il s'autorise à affronter la réalité et à remettre un peu de vérité dans ce fouillis qu'on appelle malencontreusement littérature latino-américaine.
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Concert baroque

Ce conte musical et baroque, vous jette tout d'abord un sortilège et vous entraîne dans une course échevelée et déjantée de sons et de couleurs.



Mais , tout comme Josephine2, je n'ai pas, malgré l'inspiration débordante de l'auteur, où l'histoire est sublimée au son des cordes et des cuivres, su apprécier à sa juste valeur (n'étant pas musicienne), toutes les subtilités de ce

récit où la chronologie s'enchevêtre et touche au merveilleux.



Un vocabulaire riche en couleurs dans de longues phrases descriptives.



Cependant, ce petit livre d'une centaine de pages,

m'aura laissée sur le bord de la scène !
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Le Partage des eaux

Il y a des livres qui nous laissent des impressions difficiles à retranscrire...

Il y a une histoire, un homme et des rencontres.

Il y a un univers qui part du béton pour aller se perdre au milieu de la jungle.

Il y a des histoires sentimentales.

Mais je retiens surtout de la poésie.

J'ai débuté ma lecture au cours d'un voyage avec moi-même. Mon esprit a donc vagabondé au cours des pages et ne s'est attardé que là où il le voulait bien. Je ne l'ai pas lu comme un roman, mais comme un récit. Je n'ai pas ressenti d'émotions pour les personnages, mais je me suis laissée emportée par mon imagination. Et comme chacun, je me suis demandée où était le chemin qui me ramènerait à ce trésor perdu.
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Le royaume de ce monde

Ce court roman s'apparente davantage à une chronique sur l'histoire d'Haïti tant il y a d'ellipses temporelles qui font ressembler l'ensemble à un patchwork d'événements et de personnages au rythme effréné. Toutefois, ce manque de fil conducteur tout au long de la lecture n'empêche en rien la compréhension et "Le Royaume de ce Monde" est une bonne lecture pour avoir une idée de l'histoire de cette île. D'autant que l'aspect historique n'est peut-être pas, au final, l'intérêt principal du livre. En effet, cette succession de faits trouve son dénominateur commun dans la conclusion qui prouve que l'auteur cherche plutôt à nous mener à sa conception de la condition humaine.

Mon intérêt a toutefois été inégal. J'ai bien aimé la première moitié consacrée à la domination française et à la révolution des esclaves où le réalisme merveilleux s'épanouit à travers l'Histoire. Le chef révolutionnaire Mackandal capable d'empoisonner toute l'île et de se transformer en n'importe quel animal s'oppose au christianisme des français offrant une dimension magique aux faits réels et de l'originalité au récit. La seconde moitié perd cette magie et est davantage historique, c'était donc selon moi intéressant pour ma culture mais moins attrayant.

Pour autant, l'auteur instille le merveilleux tout au long du roman grâce aux personnages. Ils ne sont pas attachants dans la mesure où leur apparition est furtive ou hachée mais la légèreté de leur comportement tranche avec la gravité des événements à l'image d'une Pauline Bonaparte s'adonnant à des rites vaudous avec le nègre Soliman alors que l'île est à feu et à sang et son mari a l'agonie. Ceci m'a rappelé les personnages de "Chronique d'une mort annoncée "de Garcia Marquez ou" Chocolat amer" de Laura Esquivel.



En conclusion, ce roman peut désarçonner dans sa construction mais il mérite de s' y accrocher car il s'avère beaucoup plus riche que sa longueur ne le laisse penser. Il est aussi une bonne porte d'entrée sur le réalisme magique sud-américain.

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La harpe et l'ombre

Très impressionné

Très bien construit

Excellent

Raffiné

Subtil

Une de ces petites oeuvres qu'on lit lentement, pour en apprécier toutes ses faces.

Et le dernier chapitre, en apothéose, tout-à-fait dans l'esprit du Pantagruel, une farce juridique délicieusement irrévérencieuse.
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Concert baroque

Concert Baroque/Alejo Carpentier

C’est un roman vraiment étrange que ce « Concert Baroque » ! Anachronismes, style flamboyant, humour à tout va, le tout mené par la musique, « forme sublimée du temps ». Surprenant et déconcertant sont les deux adjectifs qui me viennent à l’esprit de prime abord. Et puis il vaut mieux être un peu initié aux délires verbaux pour déguster une telle farce absolument jubilatoire.

Avant de partir pour Venise en passant par Cuba et l’Espagne, un petit tour par le Mexique : « Tout était comme immobilisé dans une chaleur de four de boulanger qui sentait la boue et les excréments de pourceaux, les odeurs fortes et le fumier des étables dont la touffeur quotidienne magnifiait, à travers la nostalgie du souvenir la transparence des matins mexicains, avec leur volcans… » Magnifique !

L’arrivée à Venise : « En un gris d’eau et de ciel embrumé, sous la grisaille des nuages colorés de sépia lorsqu’ils se reflétaient, en bas, sur les larges ondulations, molles et arrondies, alanguies en leur flux et reflux sans écume, qui s’amplifiaient ou s’entremêlaient quand elles étaient poussées d’une berge à l’autre ; parmi les teintes floues d’aquarelle très délavée qui estompaient le contour des églises et des palais ; dans une humidité que rendaient sensible les tons d’algue sur les perrons et les débarcadères… »

Un style délirant et somptueux. Tout le chapitre IV est un morceau d’anthologie. On peut dire alors qu’Alejo Carpentier joue vraiment de la musique avec les mots.

Vivaldi le Vénitien est bien là, bientôt rejoint par le Saxon Haendel, le Napolitain Scarlatti et le Maitre Mexicain déguisé en Montezuma (ou Moctezuma) qui va inspirer le prêtre roux. Un carnaval fou, tout en couleur et en musique. Et surréaliste avec humour: « Après avoir bien mangé et bien bu, fatigués de discussions, Georg Friedrich et Antonio baillaient en un si parfait contrepoint qu’ils riaient parfois d’un duo involontairement réussi… » Inénarrable !

A noter que « c’est effectivement à Vivaldi que revient le mérite d’avoir fait de Montezuma le héros d’un premier opéra sérieux inspiré par l’histoire de la conquête du Mexique, deux ans avant que Rameau n’écrivît les Indes Galantes, ballet héroïque qui se déroulait dans une Amérique aussi fantaisiste que celle de Purcell », The Indian Queen n’étant qu’une mascarade plutôt qu’un opéra.(Cit : A. Carpentier) Le personnage de Montezuma va par la suite inspirer un grand nombre de compositeurs d’opéras : Frédéric II de Prusse, Galuppi, Paisiello, Sacchini , Mysliweczek, Spontini etc…

Est mis en scène de façon un peu burlesque cet opéra de Vivaldi qui propose une version revisitée de la conquête du Mexique par Hernan Cortès qui scelle une amitié durable entre Aztèques et Espagnols. A ceux qui crie à la trahison historique, Antonio répond : « L’opéra n’est pas affaire d’historien ! »

L’auteur, A.Carpentier, né en 1904 à Cuba, a mené une vie aventureuse avant de gagner la France où il s’installa. Il a obtenu de nombreux prix littéraires.

La qualité de la traduction est à souligner.

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Ekoué-Yamba-O

Roman de jeunesse de Carpentier, il nous décrit dans son style truculent, sensuel et pittoresque la vie d'un noir de Cuba, Menegildo, ses amours, ... C'est surtout un prétexte pour évoquer les rituels magiques de l'île aux alentours de 1900. D'ailleurs, le titre est une référence expresse à l'un de ces rituels. Le livre est truffé de termes de patois local, qui dans ma version, sont explicités dans un glossaire final. Le roman, qui est le premier de Carpentier, reste un peu brouillon, ce qu'il reconnaît lui-même, n'assumant plus son contenu, et ne l'ayant republié que pour combattre une version pleine d'erreurs qui était la seule en circulation.
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Concert baroque

CONCERT BAROQUE d’ ALEJO CARPENTIER

Le maître et son domestique Francisquillo pissent de concert en chantant, qui dans un pot en argent, qui dans un pot en grès. On trie les objets en argent, ce qui reste, ce qu’on amène, ce que l’on jette car ils partent pour Venise, la sérénissime. On quitte VeraCruz, un stop à Cuba où la peste emportera Francisquillo, remplacé par Filomeno, un noir guitariste réputé. Un passage par Madrid où le vin est mauvais, les filles ennuyeuses et cap sur Venise enfin car c’est le carnaval. Le maître se déguise en Montezuma dont il raconte l’histoire à un prêtre roux croisé dans un bouge avant de rejoindre Vivaldi, Scarlatti et Haendel pour un concert aux accents baroques et délirants, accompagnés par Filomeno aux percussions qui s’était emparé pour l’occasion d’une batterie de cuisine!

Un texte qui verse dans l’hyperbole, l’exagération permanente, aux anachronismes assumés, c’est du baroque encore facilement compréhensible mais on est en bordure du réalisme magique dont Alejo Carpentier est le pionnier. Quand je vous aurai dit qu’interviennent Louis Amstrong et Stravinsky dans ces concerts vous aurez une idée du délire et de l’exubérance de ce livre.
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Retour aux sources

Retour aux sources est la nouvelle la plus fameuse d’Alejo Carpentier, le créateur du réalisme magique latino-américain. Elle a été écrite en 1944 et publiée en 1963 à la Havane. Dans cette nouvelle, le temps s'inverse littéralement.



Une grande maison coloniale est en démolition au premier chapitre. Un vieux « nègre » s’assoit dans le jardin sous une statue de Ceres délabrée et frappe le sol avec un bâton.

La maison se reconstruit, et Don Martial, Marquis de Capellanas, l’aristocrate mourant qui la possédait autrefois voit sa vie repartir à rebours : sa maladie disparaît, il récupère, se rétracte de la longue confession faite au prêtre sur son lit de mort. Sa maîtresse se lève, s’habille et quitte sa maison. Martial est déprimé par la vente de la maison. Il prend une maîtresse suite au décès de sa femme. La maison et son contenu rajeunissent. Etc etc. Sa vie est refondue, rembobinée comme un film rejoué à l'envers en 12 fuseaux , jusqu'à sa naissance, une époque où « il ne savait pas son nom », puis au-delà, jusqu'à une époque où « tout retourne à son état premier».

A la fin les ouvriers chargés de la démolition reviennent constater que la maison a disparu.



Il y a mille et une choses à découvrir dans cette nouvelle.

Alejo Carpentier était un musicien et un musicologue réputé. Son récit est construit savamment selon la récurrence ou forme rétrograde c’est-à dire lue de la dernière note à la première, avec des coups de tonnerre et des motifs répétés : la statue de Ceres (déesse de la fertilité et de l’agriculture), l’horloge, le miroir.

Les descriptions de la maison, des meubles qui s’agrandissent, des objets aux différents stade de la vie de Martial sont formidables : précises, foisonnantes, sensorielles, luxuriantes à mesure que la terre originelle reprend ses droits (voir citations).

La magie est déclenchée par le vieux « nègre » qui provoque la régression. Il est une sorte d’intercesseur entre le temps chronologique et le temps à rebours cyclique. Il réapparaîtra plus tard avec Melchor le cocher noir de la propriété et « mage » comme son nom l’indique, qui apprend tant de choses au jeune Martial en cachette du père détesté.

Suite à sa longue confession, on pense que Martial est un homme sans scrupules, on se demande s’il n’a pas tué la marquise mais à mesure qu’on déroule le film à rebours on révise notre jugement. Il devient en effet de plus en plus sympathique. Martial se dépouille de ses attributs colonialistes, des convenances, des tabous, il retrouve sa liberté, son innocence, sa vie est plus agréable, plus ludique, il devient plus joyeux, plus sauvage, plus animal et finit au-delà de sa naissance par fusionner avec la semence nourricière.

Retour aux sources figure dans l’excellente anthologie Histoires étranges et fantastiques d’Amérique latine, dans le recueil Guerre du Temps et autres nouvelles (folio) et je vous recommande chaudement l’écoute du podcast gratuit.
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Histoires étranges et fantastiques d'Amérique l..

Je suis un anaconda. J'ai avalé cette anthologie de 505 pages avec grand plaisir et je ne suis pas repue, je vous préviens. Vous aurez droit à de petits billets sur certaines histoires que je compte bien relire ou écouter.

Claude Couffon un très grand spécialiste a réuni en 1989 la crème de la crème, d'un continent formidablement divers et prolixe (voir la liste complète dans "résumé"). Une trentaine d' histoires signées des plus grands écrivains hispanophones et lusophones du XXe. Tous désormais classiques. Tous ont écrit de superbes textes étranges ou fantastiques. Ne me demandez pas quelle est la différence, je vous goberais tout cru sur votre oreiller de plumes ce soir. Ces définitions varient tous les ans et sont toujours indigestes tant il y a d'exceptions. Je suis bien davantage sensible à la maîtrise du cuento ou conto, qui est considéré là bas comme un des beaux arts.

« J'ai lutté, écrit Quiroga, pour que le conte n'ait qu'une seule ligne, tracée d'une main certaine du début jusqu'à la fin. Aucun obstacle, aucune digression ne devait venir relâcher la tension de son fil, le conte est, au vu de sa fin intrinsèque, une flèche soigneusement pointée qui part de l'arc pour aller directement donner dans le mille. »



Ces fins archers sont tous les héritiers de plusieurs traditions écrites et orales amérindiennes, africaines, européennes. Ils ont le don de vous faire gober le surnaturel comme si de rien n'était. On l'accepte d'autant plus volontiers qu' on aime entendre des histoires, entre plaisir et horreur, qui nous sortent littéralement de l' ordinaire pour mieux l'interroger.



J'ai savouré des histoires qui sont indisponibles à ma connaissance en français actuellement :

-Oscar Cerruto : Les Vautours***** un voyageur croise le regard magnétique d'une femme dans un tramway et plonge dans un cauchemar.

-Juan Bosh : La Tache indélébile*** : un conte fantastique civique...si, si.. qui vous fait perdre la tête (voir citation).

-Juan Jose Arreola : L'Aiguilleur***** : un voyageur cherche en vain son train et dialogue avec l'aiguilleur. Une nouvelle absurde et drôle.

-Elena Garro : le Jour où nous fûmes des chiens****La cruauté du monde vue à travers l'imagination innocente d'une petite fille.

-Virgilio Diaz Grullon : au-delà du miroir*** Un homme à la recherche de sa véritable identité.

-Sergio Galindo : L'homme aux champignons ****Une terrible fricassée familiale.



Merci beaucoup Bobby.

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